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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE XVI : CE QU'ON MENTIONNE AU SUJET DE MONTAN ET DE SES FAUX PROPHÈTES
Contre l'hérésie appelée Cataphrygienne, la puis 87 sance auxiliaire de la vérité suscita donc une arme forte et inexpugnable, Apollinaire de Hiérapolis, dont il a été déjà question auparavant, et avec lui un grand nombre d'autres hommes éloquents de ce pays : ils nous ont laissé une ample matière pour notre récit.1 [2] Un de ceux-ci par exemple commence un ouvrage écrit contre ces hérétiques par dire d'abord qu'il est entré en discussion avec eux pour les réfuter de vive voix. Il débute du reste de cette façon :2
« [3] Depuis déjà un temps fort long, cher Avircius Marcellus, j'ai reçu de ta part l'ordre d'écrire un traité contre l'hérésie de ceux qu'on appelle les sectateurs de Miltiade : mais j'étais en quelque manière fort empêché de le faire jusqu'à ce jour, non pas que je n'eusse de quoi pouvoir confondre le mensonge et rendre témoignage à la vérité, mais je craignais et j'évitais avec grand soin de paraître, à certains, ajouter à ce qui est écrit ou ordonné par la parole du Nouveau Testament de l'Évangile à laquelle il n'est pas possible d'ajouter ni de retrancher lorsqu'on a choisi de régler sa vie selon l'Évangile.3
« [4] Récemment j'étais à Ancyre de Galatie et j'y voyais l'église de ce pays retentissant du bruit de cette nouveauté,, qui n'est pas, comme ils le disent, une prophétie, mais bien plutôt, comme il sera montré, une pseudoprophétie. Autant que je le pus, avec l'aide du Seigneur, je discutai dans l'église, pendant plusieurs jours, sur chacun de ces mêmes sujets et de ceux qui m'étaient proposés par eux : l'église en était réjouie et affermie clans la vérité, tandis que 89 les adversaires étaient, pour le moment, battus et leurs partisans ennuyés. [5] Les prêtres de la région désirèrent après cela que je leur laissasse un mémoire de ce qui avait été dit contre ceux qui résistaient à l'enseignement de la vérité. Au reste, Zotique d'Olrys, notre compagnon dans la prêtrise, était présent. Je ne le fis pas, mais je promis, qu'avec le secours de Dieu, je l'écrirais d'ici et que je me hâterais de le leur envoyer. »4
[6] Apollinaire nous dit ces choses, suivies d'autres au début de son ouvrage, puis il poursuit et fait connaître l'auteur de l'hérésie susdite de celle manière: « Maintenant leur entreprise et l'hérésie récente de ce schisme contre l'Église, eut la cause que voici. [7] On dit qu'il y a, dans la Mysie limitrophe de Phrygie, un bourg appelé du nom d'Ardabau. On raconte que là, à l'origine, un des nouveaux croyants, nommé Montan, alors que Gratus était proconsul d'Asie, dans l'incommensurable désir de son âme pour la primauté, livra en lui passage à l'ennemi. Il fut animé par son esprit, entra subitement en transport et en fausse extase, commença à être rempli d'enthousiasme et se mit à parler, à prononcer des mots étranges, et à prophétiser tout à fait en dehors de l'usage qui est selon la tradition et l'ancienne succession de l'Église.5 [8] Parmi ceux qui étaient alors les auditeurs de ces discours d'origine illégitime, les uns fâchés de voir en lui comme un énergumène, un démoniaque, un possédé de l'esprit d'erreur qui troublait les foules, lui faisaient des reproches et lui imposaient silence, se rappelant la recommandation 91 expresse et la menace du Seigneur concernant la vigilance avec laquelle il faut se garder de la fréquentation des faux prophètes. Les autres au contraire excités comme par un esprit saint et un charisme prophétique, surtout enflés d'orgueil, et oubliant l'ordre du Seigneur encourageaient cet esprit insensé, caressant et séducteur de peuple, charmés et entraînés qu'ils étaient par lui dans l'erreur, au point de ne plus se contraindre à se taire.6 [9] C'est avec un certain art ou plutôt avec ce procédé d'artifice malsain, que le diable machinait la perle de ceux qui l'écoutaient et se faisait honorer par eux sans raison; puis il excitait et échauffait leur esprit engourdi loin de la vraie foi, si bien qu'il suscita encore deux autres femmes et qu'il les remplit de l'esprit impur et que celles-ci se mirent à parler à contresens et à contretemps, d'une façon étrange, comme celui dont il est question plus haut. Et l'esprit proclamait bienheureux ceux qui se réjouissaient et se glorifiaient en lui; il les enorgueillissait par la grandeur de ses promesses; mais parfois aussi il leur adressait en face des reproches très justes et qui méritaient d'être acceptés, afin qu'il parût capable également de reprendre (mais peu de ces Phrygiens étaient dupes de cette feinte). L'esprit arrogant d'autre part enseignait à blasphémer l'Église catholique tout entière qui est sous !e ciel, parce que son génie pseudoprophétique n'avait auprès d'elle obtenu ni honneur ni accès.7 [10] Les fidèles de l'Asie, s'étant en effet assemblés pour cela souvent et en beaucoup d'endroits de ce pays, ont examiné ces discours nouveaux, ils les ont trouvés profanes et 93 ont condamné l'hérésie, ils ont ainsi chassé de l'Église les sectateurs et les ont retranchés de la communion »8
[11] Apollinaire raconte ceci au début; puis tout le long de son ouvrage, il développe la réfutation de leur erreur ; au second livre, au sujet de la mort des hommes cités plus haut, il dit ceci : « [12] Puisqu'ils nous appellent des lueurs de prophètes, parce que nous n'avons pas voulu recevoir leurs prophètes bavards (car ils affirment qu'ils étaient ceux que le Seigneur a promis d'envoyer à son peuple), qu'ils nous répondent devant Dieu : Dites, mes amis, en est-il quelqu'un parmi les gens qui viennent de Montan et des femmes qui ont commencé à parler, qui aitété persécuté par des Juifs ou mis à mort par les pervers ? Aucun. En est-il dont on se soit emparé et qui ail été crucifié pour le nom [de Jésus-Christ]? Mais non. De même, quelqu'une de leurs femmes a-t-elle été jamais battue de verges dans les synagogues des Juifs, ou lapidée? Mais jamais de la vie.9 [13] On dit au contraire, que Montan et Maximilla finirent par une autre mort. On raconte que poussés par un esprit qui trouble la raison, ils se pendirent l'un et l'autre, mais non pas ensemble, et une rumeur persistante concernant le temps de leur lin à tous les deux, affirme qu'ils finirent ainsi et sortirent de l'existence à la façon de Judas.10 [14] De même, c'est un récit fréquent que Théodote, cet admirable et premier administrateur de ce qu'on appelle parmi eux la prophétie, fut un jour enlevé et emporté vers les cieux perdit la raison, se confia à l'esprit d'erreur, puis fut lancé à terre et périt misérable- 95 ment: c'est ainsi du moins qu'on dit que les choses se passèrent.11 [15] Nous ne pensons du reste pas, mon très cher, avoir la certitude de cela sans l'avoir vu : peut-être en effet en lut-il ainsi, peut-être moururent autrement Montan et Théodote, et la femme citée plus haut. »
[16] L'auteur dit encore, dans le même ouvrage, que les saints évêques d'alors ont bien essayé de confondre l'esprit qui était en Maximilla, mais qu'ils en ont été empêchés par d'autres qui le favorisaient ouvertement. [17] Voici comment il s'exprime : « Que l'esprit qui est en Maximilla ne tienne pas le même langage qu'à Astérius Urbanus : « On me chasse ainsi qu'un loup loin des brebis : je ne suis pas loup, je suis parole, esprit, puissance >,. Mais qu'il montre clairement la puissance dans l'esprit; qu'il en convainque; qu'il contraigne par l'esprit à le reconnaître ceux qui sont alors venus pour examiner et discuter avec cet esprit bavard, hommes probes, évêques, Zotique, du bourg de Coumane, et Julien d'Apamée : mais les gens de l'entourage de Thémison leur fermaient la bouche et ne les laissaient pas confondre l'esprit menteur et trompeur de peuple. »12
[18] Dans le même ouvrage encore, après autre chose, afin de réfuter les fausses prophéties de Maximilla, à la fin il indique l'époque où il écrivait et il rappelle les prédictions de la voyante où étaient annoncés des guerres des bouleversements, puis il en montre l'inanité en ces termes: « [19] Et comment cela actuellement ne paraîtait-il pas évidemment encore mensonger ? car voilà plus de treize ans. aujourd'hui, que 97 cette femme est morte et aucune guerre, ni partielle ni générale, n'a eu lieu clans le monde: bien plus, les chrétiens eux-mêmes jouissent d'une paix continuelle par la miséricorde de Dieu. »
[20] Cela est du second livre; je rapporterai encore de courts passages du troisième, où il parle contre ceux qui se vantaient d'avoir parmi eux aussi beaucoup de martyrs; voici ce qu'il dit : « Lors donc que, confondus par toutes les raisons qu'on leur oppose, ils ne peuvent plus rien alléguer, ils essaient de se rabattre sur les martyrs : ils affirment qu'ils en ont beaucoup et que cela est une preuve manifeste de la puissance de ce qu'on appelle l'esprit prophétique chez eux. Mais cela, ainsi qu'il est naturel, n'est rien moins que vrai. [21] Parmi les autres hérésies aussi, en effet, certaines ont beaucoup de martyrs et assurément, nous ne sommes pas, en dehors de cela, d'accord avec eux, et nous ne reconnaissons pas qu'ils ont la vérité. Et d'abord ceux qu'on appelle Marcionites, de l'hérésie de Marcion, disent qu'ils ont beaucoup de martyrs du Christ, mais ils ne confessent pas le Christ lui-même selon la vérité. »13
Peu après il ajoute encore ces paroles : « [22] C'est pourquoi, d'ailleurs, lorsque ceux de l'Église sont appelés au témoignage de la vraie foi, et qu'ils se rencontrent avec certains martyrs dits de l'hérésie des Phrygiens, ils s'écartent d'eux et meurent sans avoir communion avec eux, parce qu'ils ne veulent pas approuver l'esprit de Montan et de ses femmes. Voilà ce qui est vrai et ce qui s'est passé de notre temps d'une façon manifeste à Apa- 99 mée, près du Méandre, parmi ceux d'Euminie qui ont rendu témoignage avec Gaïus et Alexandre.»
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Voy. DUCHESNE, p. 270, sur le montanisme en gênéral ; et aussi I.. DE LABRIOLLE, La polémique antimontaniste contre la prophétie extatique, dans la Revue d'histoire et littérature religieuses, XI (1900), p. 97. ↩
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τῶν εἰρημένων δὴ τις. Auteur inconnu. Saint Jérôme, De viris, xxxix, semble désigner Rhodon : « Miltiades cuius Rhodon in opero suo quod aduersum Montanum, Priscam, Maximillamque composuit, recordatus est» ; et, ib., XL Apollonius: « Apollonius. .. scripsit aduersus Montanum, Priscam et Maximillam insigne et longum uolumen ... » Valois propose Asterius Urbanus (cf. § 17). Aucun de ces auteurs n'est possible. - Μιλτιάδην: voy. plus haut, m, 4. - κατὰ τόπον BD, κατὰ πόντον AEMRT syr.; cf. RUFIN:per ecclesias Galatiae uicinarumque provinciarum. M. Duchesne a tiré de κατὰ Πόντον la conclusion suivante : « C'est l'église elle-même, l'église du Pont qu'il y a rencontrée. Cette façon de parler... semble bien supposer que l'église du Pont avait encore..., aux environs de l'an 200, son chef-lieu à Ancyre ». Cf. HARNACK, Mission, 12, p. 383. ↩
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Ἀυίρκιε, l'évêque de Hiérapolis, l'auteur de la célèbre inscription. — ἕκαστά τε mss., arm. syr. Rufin a fortement abrégé et supprimé la citation, ἐκτενέστατα SCHWARTZ. Peut-être : καθ' ἕκαστα τι. ↩
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Zotique d'Otrys, distinct de Zotique de Comane, mentionné plus loin, xviii, 13. Otrys, petite ville de Phrygie à 2 milles de Hiérapolis. ↩
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Ἀρδαβαῦ « Localité non identifiée; elle doit être cherchée dans la région, encore peu explorée, qui s'étend à l'est de Balikesri, vers le Makestos et le Rhyndakos» (DUCHESNE, p. 270, n. 2). - La date du proconsulat de Gratus est inconnue. Sur la chronologie du montanisme, voy. DUCHESNE, p. 281. - Sur les phénomènes décrits ici, LABRIOLLE, l. c, p. 108. ↩
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κολύεσθαι σιωπᾶν. L'un des deux verbes paraît surabondant ; κωλύεσθαι manque au syr. ↩
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διάβολος est considéré par Harnack comme une interpolation, - ὀλίγοι...ἐξηπατημένοι: interpolation d'après Har- 519 nack. Cette parenthèse interrompt en effet le développement et paraît contredire l'affirmation du § 4 sur le trouble causé à Ancyre par les nouveaux prophètes. Ce serait une note marginale du iiie siècle passée dans le texte avant le temps d'Eusèbe. ↩
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γάρ, «addition fausse». (SCHWARTZ); paraît répondre à un raisonnement abrégé. - τῆς Ἀσίας, om. syr. - .εἰς τοῦτο : « Christophorsonus legisse videtur εἰς ταὐτό (VALOIS). ↩
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ἀπεκτάνθη. Contredit au § 21 par le même auteur, ce qui donne la mesure de son impartialité. ↩
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λόγος interpolé (SCHWARTZ et HARNACK). ↩
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ἐπίτροπον, «administrateur», (DUCHESNE). ↩
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Valois et Tillemont ont supposé que ἐν τῷ αὐτῷ λόγῳ,... Ὀρβανόν était une note marginale passée dans le texte et qui contenait le nom de l'anonyme. On admet plus généralement que Asterius Urbanus est un auteur montaniste qui a recueilli les oracles du Paraclet. - Coumane est un village de Pamphylie, distinct de Comane du Pont et de Comane de Cappadoce : Κουμάνης ABT, Κουμανῆς DM, Κομάνης ER, Cumana lat. — Θεμίσωνα: voy. ch. xviii. ↩
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Μαρκιανισταί BEMR syr., Marcionistae lat., Μαρκιανίσταί ADT. La forme du mot avec ο est certainement celle du texte antérieur aux versions et à l'archétype. Il est contraire à la méthode d'attribuer à Eusèbe la forme avec a (HARNACK). ↩
Edition
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Ἐκκλησιαστικὴ ἱστορία
ΙϚ Ὅσα περὶ Μοντανοῦ καὶ τῶν μετ' αὐτοῦ ψευδοπροφητῶν μνημονεύεται.
[5.16.1] Πρὸς μὲν οὖν τὴν λεγομένην κατὰ Φρύγας αἵρεσιν ὅπλον ἰσχυρὸν καὶ ἀκαταγώνιστον ἐπὶ τῆς Ἱεραπόλεως τὸν Ἀπολινάριον, οὗ καὶ πρόσθεν μνήμην ὁ λόγος πεποίητο, ἄλλους τε σὺν αὐτῶι πλείους τῶν τηνικάδε λογίων ἀνδρῶν ἡ τῆς ἀληθείας ὑπέρμαχος ἀνίστη δύναμις, ἐξ ὧν καὶ ἡμῖν ἱστορίας πλείστη τις ὑπόθεσις καταλέλειπται. [5.16.2] ἀρχόμενος γοῦν τῆς κατ' αὐτῶν γραφῆς, τῶν εἰρημένων δή τις πρῶτον ἐπισημαίνεται ὡς καὶ ἀγράφοις τοῖς κατ' αὐτῶν ἐπεξέλθοι ἐλέγχοις· προοιμιάζεται γοῦν τοῦτον τὸν τρόπον· [5.16.3] «ἐκ πλείστου ὅσου καὶ ἱκανωτάτου χρόνου, ἀγαπητὲ Ἀυίρκιε Μάρκελλε, ἐπιταχθεὶς ὑπὸ σοῦ συγγράψαι τινὰ λόγον εἰς τὴν τῶν κατὰ Μιλτιάδην λεγομένων αἵρεσιν, ἐφεκτικώτερόν πως μέχρι νῦν διεκείμην, οὐκ ἀπορίαι τοῦ δύνασθαι ἐλέγχειν μὲν τὸ ψεῦδος, μαρτυρεῖν δὲ τῆι ἀληθείαι, δεδιὼς δὲ καὶ ἐξευλαβούμενος μή πηι δόξω τισὶν ἐπισυγγράφειν ἢ ἐπιδιατάσσεσθαι τῶι τῆς τοῦ εὐαγγελίου καινῆς διαθήκης λόγωι, ὧι μήτε προσθεῖναι μήτε ἀφελεῖν δυνατὸν τῶι κατὰ τὸ εὐαγγέλιον αὐτὸ πολιτεύεσθαι προηιρημένωι. [5.16.4] προσφάτως δὲ γενόμενος ἐν Ἀγκύραι τῆς Γαλατίας καὶ καταλαβὼν τὴν κατὰ τόπον ἐκκλησίαν ὑπὸ τῆς νέας ταύτης, οὐχ, ὡς αὐτοί φασιν, προφητείας, πολὺ δὲ μᾶλλον, ὡς δειχθήσεται, ψευδοπροφητείας διατεθρυλημένην, καθ' ὅσον δυνατόν, τοῦ κυρίου παρασχόντος, περὶ αὐτῶν τε τούτων καὶ τῶν προτεινομένων ὑπ' αὐτῶν ἕκαστά τε διελέχθημεν ἡμέραις πλείοσιν ἐν τῆι ἐκκλησίαι, ὡς τὴν μὲν ἐκκλησίαν ἀγαλλιαθῆναι καὶ πρὸς τὴν ἀλήθειαν ἐπιρρωσθῆναι, τοὺς δ' ἐξ ἐναντίας πρὸς τὸ παρὸν ἀποκρουσθῆναι καὶ τοὺς ἀντιθέτους λυπηθῆναι. [5.16.5] ἀξιούντων οὖν τῶν κατὰ τόπον πρεσβυτέρων ὅπως τῶν λεχθέντων κατὰ τῶν ἀντιδιατιθεμένων τῶι τῆς ἀληθείας λόγωι ὑπόμνημά τι καταλείπωμεν, παρόντος καὶ τοῦ συμπρεσβυτέρου ἡμῶν Ζωτικοῦ τοῦ Ὀτρηνοῦ, τοῦτο μὲν οὐκ ἐπράξαμεν, ἐπηγγειλάμεθα δέ, ἐνθάδε γράψαντες, τοῦ κυρίου διδόντος, διὰ σπουδῆς πέμψειν αὐτοῖς». [5.16.6] ταῦτα καὶ ἑξῆς τούτοις ἕτερα κατ' ἀρχὰς εἰπὼν τοῦ λόγου, τὸν αἴτιον τῆς δηλουμένης αἱρέσεως προϊὼν τοῦτον ἀνιστορεῖ τὸν τρόπον· «ἡ τοίνυν ἔνστασις αὐτῶν καὶ πρόσφατος τοῦ ἀποσχίσματος αἵρεσις πρὸς τὴν ἐκκλησίαν τὴν αἰτίαν ἔσχε τοιαύτην. [5.16.7] κώμη τις εἶναι λέγεται ἐν τῆι κατὰ τὴν Φρυγίαν Μυσίαι, καλουμένη Ἀρδαβαῦ τοὔνομα· ἔνθα φασί τινα τῶν νεοπίστων πρώτως, Μοντανὸν τοὔνομα, κατὰ Γρᾶτον Ἀσίας ἀνθύπατον, ἐν ἐπιθυμίαι ψυχῆς ἀμέτρωι φιλοπρωτείας δόντα πάροδον εἰς ἑαυτὸν τῶι ἀντικειμένωι πνευματοφορηθῆναί τε καὶ αἰφνιδίως ἐν κατοχῆι τινι καὶ παρεκστάσει γενόμενον ἐνθουσιᾶν ἄρξασθαί τε λαλεῖν καὶ ξενοφωνεῖν, παρὰ τὸ κατὰ παράδοσιν καὶ κατὰ διαδοχὴν ἄνωθεν τῆς ἐκκλησίας ἔθος δῆθεν προφητεύοντα. [5.16.8] τῶν δὲ κατ' ἐκεῖνο καιροῦ ἐν τῆι τῶν νόθων ἐκφωνημάτων ἀκροάσει γενομένων οἳ μὲν ὡς ἐπὶ ἐνεργουμένωι καὶ δαιμονῶντι καὶ ἐν πλάνης πνεύματι ὑπάρχοντι καὶ τοὺς ὄχλους ταράττοντι ἀχθόμενοι, ἐπετίμων καὶ λαλεῖν ἐκώλυον, μεμνημένοι τῆς τοῦ κυρίου διαστολῆς τε καὶ ἀπειλῆς πρὸς τὸ φυλάττεσθαι τὴν τῶν ψευδοπροφητῶν ἐγρηγορότως παρουσίαν· οἳ δὲ ὡς ἁγίωι πνεύματι καὶ προφητικῶι χαρίσματι ἐπαιρόμενοι καὶ οὐχ ἥκιστα χαυνούμενοι καὶ τῆς διαστολῆς τοῦ κυρίου ἐπιλανθανόμενοι, τὸ βλαψίφρον καὶ ὑποκοριστικὸν καὶ λαοπλάνον πνεῦμα προυκαλοῦντο, θελγόμενοι καὶ πλανώμενοι ὑπ' αὐτοῦ, εἰς τὸ μηκέτι κωλύεσθαι σιωπᾶν. [5.16.9] τέχνηι δέ τινι, μᾶλλον δὲ τοιαύτηι μεθόδωι κακοτεχνίας ὁ διάβολος τὴν κατὰ τῶν παρηκόων ἀπώλειαν μηχανησάμενος καὶ παρ' ἀξίαν ὑπ' αὐτῶν τιμώμενος ὑπεξήγειρέν τε καὶ προσεξέκαυσεν αὐτῶν τὴν ἀποκεκοιμημένην ἀπὸ τῆς κατ' ἀλήθειαν πίστεως διάνοιαν, ὡς καὶ ἑτέρας τινὰς δύο γυναῖκας ἐπεγεῖραι καὶ τοῦ νόθου πνεύματος πληρῶσαι, ὡς καὶ λαλεῖν ἐκφρόνως καὶ ἀκαίρως καὶ ἀλλοτριοτρόπως, ὁμοίως τῶι προειρημένωι. καὶ τοὺς μὲν χαίροντας καὶ χαυνουμένους ἐπ' αὐτῶι μακαρίζοντος τοῦ πνεύματος καὶ διὰ τοῦ μεγέθους τῶν ἐπαγγελμάτων ἐκφυσιοῦντος, ἔσθ' ὅπηι δὲ καὶ κατα κρίνοντος στοχαστικῶς καὶ ἀξιοπίστως αὐτοὺς ἄντικρυς, ἵνα καὶ ἐλεγκτικὸν εἶναι δοκῆι ὀλίγοι δ' ἦσαν οὗτοι τῶν Φρυγῶν ἐξηπατημένοι, τὴν δὲ καθόλου καὶ πᾶσαν τὴν ὑπὸ τὸν οὐρανὸν ἐκκλησίαν βλασφημεῖν διδάσκοντος τοῦ ἀπηυθαδισμένου πνεύματος, ὅτι μήτε τιμὴν μήτε πάροδον εἰς αὐτὴν τὸ ψευδοπροφητικὸν ἐλάμβανε πνεῦμα, [5.16.10] τῶν γὰρ κατὰ τὴν Ἀσίαν πιστῶν πολλάκις καὶ πολλαχῆι τῆς Ἀσίας εἰς τοῦτο συνελθόντων καὶ τοὺς προσφάτους λόγους ἐξετασάντων καὶ βεβήλους ἀποφηνάντων καὶ ἀποδοκιμασάντων τὴν αἵρεσιν, οὕτω δὴ τῆς τε ἐκκλησίας ἐξεώσθησαν καὶ τῆς κοινωνίας εἴρχθησαν». [5.16.11] ταῦτα ἐν πρώτοις ἱστορήσας καὶ δι' ὅλου τοῦ συγγράμματος τὸν ἔλεγχον τῆς κατ' αὐτοὺς πλάνης ἐπαγαγών, ἐν τῶι δευτέρωι περὶ τῆς τελευτῆς τῶν προδεδηλωμένων ταῦτά φησιν· [5.16.12] «ἐπειδὴ τοίνυν καὶ προφητοφόντας ἡμᾶς ἀπεκάλουν, ὅτι μὴ τοὺς ἀμετροφώνους αὐτῶν προφήτας ἐδεξάμεθα τούτους γὰρ εἶναί φασιν οὕσπερ ἐπηγγείλατο τῶι λαῶι πέμψειν ὁ κύριος, ἀποκρινάσθωσαν ἡμῖν πρὸς θεοῦ· ἔστιν τις, ὦ βέλτιστοι, τούτων τῶν ἀπὸ Μοντανοῦ καὶ τῶν γυναικῶν λαλεῖν ἀρξαμένων ὅστις ὑπὸ Ἰουδαίων ἐδιώχθη ἢ ὑπὸ παρανόμων ἀπεκτάνθη; οὐδείς. οὐδέ γέ τις αὐτῶν κρατηθεὶς ὑπὲρ τοῦ ὀνόματος ἀνεσταυρώθη; οὐ γὰρ οὖν. οὐδὲ μὴν οὐδὲ ἐν συναγωγαῖς Ἰουδαίων τῶν γυναικῶν τις ἐμαστιγώθη ποτὲ ἢ ἐλιθοβολήθη; [5.16.13] οὐδαμόσε οὐδαμῶς, ἄλλωι δὲ θανάτωι τελευτῆσαι λέγονται Μοντανός τε καὶ Μαξίμιλλα. τούτους γὰρ ὑπὸ πνεύματος βλαψίφρονος ἑκατέρους ὑποκινήσαντος λόγος ἀναρτῆσαι ἑαυτοὺς οὐχ ὁμοῦ, κατὰ δὲ τὸν τῆς ἑκάστου τελευτῆς καιρὸν φήμη πολλὴ καὶ οὕτω δὲ τελευτῆσαι καὶ τὸν βίον καταστρέψαι Ἰούδα προδότου δίκην, [5.16.14] καθάπερ καὶ τὸν θαυμαστὸν ἐκεῖνον τὸν πρῶτον τῆς κατ' αὐτοὺς λεγομένης προφητείας οἷον ἐπίτροπόν τινα Θεόδοτον πολὺς αἱρεῖ λόγος ὡς αἰρόμενόν ποτε καὶ ἀναλαμβανόμενον εἰς οὐρανοὺς παρεκστῆναί τε καὶ καταπιστεῦσαι ἑαυτὸν τῶι τῆς ἀπάτης πνεύματι καὶ δισκευθέντα κακῶς τελευτῆσαι· φασὶ γοῦν τοῦτο οὕτως γεγονέναι. [5.16.15.1] ἀλλὰ μὴ ἄνευ τοῦ ἰδεῖν ἡμᾶς ἐπίστασθαί τι [5.16.15.2] τῶν τοιούτων νομίζωμεν, ὦ μακάριε· ἴσως μὲν γὰρ οὕτως, ἴσως δὲ οὐχ οὕτως τετελευτήκασιν Μοντανός τε καὶ Θεόδοτος καὶ ἡ προειρημένη γυνή». [5.16.16] αὖθις δ' ἐν τῶι αὐτῶι φησιν λόγωι τοὺς τότε ἱεροὺς ἐπισκόπους πεπειρᾶσθαι μὲν τὸ ἐν τῆι Μαξιμίλληι πνεῦμα διελέγξαι, κεκωλύσθαι δὲ πρὸς ἑτέρων, συνεργούντων δηλαδὴ τῶι πνεύματι· [5.16.17] γράφει δὲ οὕτως· «καὶ μὴ λεγέτω ἐν τῶι αὐτῶι λόγωι τῶι κατὰ Ἀστέριον Ὀρβανὸν τὸ διὰ Μαξιμίλλης πνεῦμα «διώκομαι ὡς λύκος ἐκ προβάτων· οὐκ εἰμὶ λύκος· ῥῆμά εἰμι καὶ πνεῦμα καὶ δύναμις», ἀλλὰ τὴν ἐν τῶι πνεύματι δύναμιν ἐναργῶς δειξάτω καὶ ἐλεγξάτω καὶ ἐξομολογεῖσθαι διὰ τοῦ πνεύματος καταναγκασάτω τοὺς τότε παρόντας εἰς τὸ δοκιμάσαι καὶ διαλεχθῆναι τῶι πνεύματι λαλοῦντι, ἄνδρας δοκίμους καὶ ἐπισκόπους, Ζωτικὸν ἀπὸ Κουμάνης κώμης καὶ Ἰουλιανὸν ἀπὸ Ἀπαμείας, ὧν οἱ περὶ Θεμίσωνα τὰ στόματα φιμώσαντες οὐκ εἴασαν τὸ ψευδὲς καὶ λαοπλάνον πνεῦμα ὑπ' αὐτῶν ἐλεγχθῆναι». [5.16.18] ἐν ταὐτῶι δὲ πάλιν ἕτερα μεταξὺ πρὸς ἔλεγχον τῶν τῆς Μαξιμίλλης ψευδοπροφητειῶν εἰπών, ὁμοῦ τόν τε χρόνον καθ' ὃν ταῦτ' ἔγραφεν, σημαίνει καὶ τῶν προρρήσεων αὐτῆς μέμνηται δι' ὧν πολέμους ἔσεσθαι καὶ ἀκαταστασίας προεμαντεύσατο, ὧν καὶ τὴν ψευδολογίαν εὐθύνει, ὧδε λέγων· [5.16.19] «καὶ πῶς οὐ καταφανὲς ἤδη γέγονεν καὶ τοῦτο τὸ ψεῦδος; πλείω γὰρ ἢ τρισκαίδεκα ἔτη εἰς ταύτην τὴν ἡμέραν ἐξ οὗ τετελεύτηκεν ἡ γυνή, καὶ οὔτε μερικὸς οὔτε καθολικὸς κόσμωι γέγονεν πόλεμος, ἀλλὰ καὶ Χριστιανοῖς μᾶλλον εἰρήνη διάμονος ἐξ ἐλέου θεοῦ». [5.16.20] καὶ ταῦτα δ' ἐκ τοῦ δευτέρου συγγράμματος. καὶ ἀπὸ τοῦ τρίτου δὲ σμικρὰς παραθήσομαι λέξεις, δι' ὧν πρὸς τοὺς αὐχοῦντας ὡς ἄρα πλείους καὶ αὐτῶν μεμαρτυρηκότες εἶεν, ταῦτά φησιν· «ὅταν τοίνυν ἐν πᾶσι τοῖς εἰρημένοις ἐλεγχθέντες ἀπορήσωσιν, ἐπὶ τοὺς μάρτυρας καταφεύγειν πειρῶνται, λέγοντες πολλοὺς ἔχειν μάρτυρας καὶ τοῦτ' εἶναι τεκμήριον πιστὸν τῆς δυνάμεως τοῦ παρ' αὐτοῖς λεγομένου προφητικοῦ πνεύματος. τὸ δ' ἐστὶν ἄρα, ὡς ἔοικεν, παντὸς μᾶλλον οὐκ ἀληθές. [5.16.21] καὶ γὰρ τῶν ἄλλων αἱρέσεών τινες πλείστους ὅσους ἔχουσι μάρτυρας, καὶ οὐ παρὰ τοῦτο δήπου συγκαταθησόμεθα, οὐδὲ ἀλήθειαν ἔχειν αὐτοὺς ὁμολογήσομεν. καὶ πρῶτοί γε οἱ ἀπὸ τῆς Μαρκίωνος αἱρέσεως Μαρκιανισταὶ καλούμενοι πλείστους ὅσους ἔχειν Χριστοῦ μάρτυρας λέγουσιν, ἀλλὰ τόν γε Χριστὸν αὐτὸν κατ' ἀλήθειαν οὐχ ὁμολογοῦσιν». καὶ μετὰ βραχέα τούτοις ἐπιφέρει λέγων· [5.16.22] «ὅθεν τοι καὶ ἐπειδὰν οἱ ἐπὶ τὸ τῆς κατ' ἀλήθειαν πίστεως μαρτύριον κληθέντες ἀπὸ τῆς ἐκκλησίας τύχωσι μετά τινων τῶν ἀπὸ τῆς τῶν Φρυγῶν αἱρέσεως λεγομένων μαρτύρων, διαφέρονταί τε πρὸς αὐτοὺς καὶ μὴ κοινωνήσαντες αὐτοῖς τελειοῦνται διὰ τὸ μὴ βούλεσθαι συγκαταθέσθαι τῶι διὰ Μοντανοῦ καὶ τῶν γυναικῶν πνεύματι. καὶ ὅτι τοῦτ' ἀληθές, καὶ ἐπὶ τῶν ἡμετέρων χρόνων ἐν Ἀπαμείαι τῆι πρὸς Μαιάνδρωι τυγχάνει γεγενημένον ἐν τοῖς περὶ Γάϊον καὶ Ἀλέξανδρον ἀπὸ Εὐμενείας μαρτυρήσασι πρόδηλον».