Traduction
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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE IX : CEUX DE THEBAÏDE
[1] Nul récit ne peut égaler les outrages et les tourments endurés par les martyrs de Thébaïde ; on se servait de coquillages au lieu d'ongles de fer pour leur déchirer tout le corps jusqu'à ce qu'ils perdissent la vie; des femmes étaient attachées par un pied, soulevées en l'air et suspendues la tête en bas par des mangonneaux et dans leur corps entièrement nu et sans vêtements, elles présentaient à ceux qui les regardaient le spectacle de tous le plus ignominieux, le plus cruel et le plus inhumain. [2] D'autres encore mouraient attachés à des branches d'arbres : les bourreaux en effet amenaient par des machines les plus fortes branches à un même endroit, ils fixaient sur chacune d'elles les jambes des martyrs, puis ils lâchaient tout de façon à ce que ces branches fussent rejetées à leur position naturelle ; ils avaient ainsi imaginé d'écarteler d'un seul coup les membres de ceux contre lesquels ils essayaient cela. [3] Et tous ces supplices ne duraient pas seulement quelques jours ni une courte période de temps, mais le long espace d'années entières; tantôt c'était plus de dix et tantôt plus de vingt victimes qui étaient mises à mort ; une autre fois elles n'étaient pas moins de trente et même elles approchaient de soixante, et une autre fois encore en une seule journée le nombre montait jusqu'à cent hommes avec beaucoup d'enfants et de femmes qui étaient condamnés à des châtiments variés qui se succédaient les uns aux autres.
[4] Nous avons aussi vu nous-même, étant sur les lieux, un grand nombre de chrétiens subir en masse le même jour les uns la décapitation, les autres le supplice du feu, si bien que le fer qui tuait était émoussé et impuissant à couper et que les tueurs eux-mêmes fatigués se succédaient les uns aux autres en se relayant.1 [5] C'est alors que nous avons contemplé la très admirable ardeur, la force vraiment divine et le zèle de ceux qui croyaient au Christ de Dieu. En même temps, en effet, qu'on prononçait la sentence contre les premiers, d'autres d'un autre côté accouraient vers le tribunal du juge et confessaient qu'ils étaient chrétiens, sans se soucier des terribles douleurs et des multiples genres de tortures auxquelles ils étaient exposés ; mais intrépides ils parlaient avec liberté de la religion du Dieu de l'univers, et ils recevaient avec joie, le sourire aux lèvres et de bonne humeur, la sentence suprême de mort; aussi bien ils chantaient des hymnes et faisaient monter des actions de grâces vers le Dieu de l'univers jusqu'au dernier soupir.
[6] Ils étaient assurément dignes d'admiration; mais d'autres l'étaient remarquablement plus encore. Ils brillaient par la fortune, la naissance, la gloire, l'éloquence et la philosophie, et cependant ils faisaient passer tout cela au second rang, après la vraie religion et la foi en notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ. [7] Tel était Philoromos ; une haute charge dans l'administration impériale à Alexandrie lui avait été confiée, et à cause de sa dignité et de son rang dans la hiérarchie romaine, entouré d'une garde de soldats, il rendait la justice chaque jour ; tel était encore Philéas, évêque de l'église 455 de Thmuis, qui s'était distingué dans sa patrie par les charges, les fonctions publiques, et sa science de la philosophie. [8] Un très grand nombre de leurs parents et de leurs amis ainsi que les magistrats en charge et le juge lui-même les suppliaient, les exhortant à prendre pitié d'eux et à épargner leurs enfants et leurs femmes; ils ne furent jamais amenés par de telles considérations à préférer l'amour de la vie et à mépriser les principes établis par notre Sauveur concernant, la confession et le reniement; avec une résolution courageuse et digne de philosophes, ou plutôt avec une âme religieuse et amie de Dieu, ils résistèrent à toutes les menaces et injures du juge : tous deux curent la tête tranchée.
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Probablement Eusèbe s'est trouvé en Egypte à la fin de la persécution, et c'est à cette époque que se rattachent les faits relatés ici ↩
Edition
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Ἐκκλησιαστικὴ ἱστορία
Θ Περὶ τῶν κατὰ Θηβαΐδα.
[8.9.1] Πάντα δ' ὑπεραίρει λόγον καὶ ἃς ὑπέμειναν αἰκίας καὶ ἀλγηδόνας οἱ κατὰ Θηβαΐδα μάρτυρες, ὀστράκοις ἀντὶ ὀνύχων ὅλον τὸ σῶμα καὶ μέχρις ἀπαλλαγῆς τοῦ βίου καταξαινόμενοι, γύναιά τε τοῖν ποδοῖν ἐξ ἑνὸς ἀποδεσμούμενα μετέωρά τε καὶ διαέρια κάτω κεφαλὴν μαγγάνοις τισὶν εἰς ὕψος ἀνελκόμενα γυμνοῖς τε παντελῶς καὶ μηδ' ἐπικεκαλυμμένοις τοῖς σώμασιν θέαν ταύτην αἰσχίστην καὶ πάντων ὠμοτάτην καὶ ἀπανθρωποτάτην τοῖς ὁρῶσιν ἅπασιν παρεσχημένα· [8.9.2] ἄλλοι δ' αὖ πάλιν δένδρεσιν καὶ πρέμνοις ἐναπέθνηισκον δεσμούμενοι· τοὺς γὰρ μάλιστα στερροτάτους τῶν κλάδων μηχαναῖς τισιν ἐπὶ ταὐτὸ συνέλκοντες εἰς ἑκάτερά τε τούτων τὰ τῶν μαρτύρων ἀποτείνοντες σκέλη, εἰς τὴν ἑαυτῶν ἠφίεσαν τοὺς κλάδους φέρεσθαι φύσιν, ἄθρουν τῶν μελῶν διασπασμὸν καθ' ὧν ταῦτ' ἐνεχείρουν ἐπινοοῦντες. [8.9.3] καὶ ταῦτά γε πάντα ἐνηργεῖτο οὐκ ἐπ' ὀλίγας ἡμέρας ἢ χρόνον τινὰ βραχύν, ἀλλ' ἐπὶ μακρὸν ὅλων ἐτῶν διάστημα, ὁτὲ μὲν πλειόνων ἢ δέκα, ὁτὲ δὲ ὑπὲρ τοὺς εἴκοσι τὸν ἀριθμὸν ἀναιρουμένων, ἄλλοτε δὲ οὐχ ἧττον καὶ τριάκοντα, ἤδη δ' ἐγγύς που ἑξήκοντα, καὶ πάλιν ἄλλοτε ἑκατὸν ἐν ἡμέραι μιᾶι ἄνδρες ἅμα κομιδῆι νηπίοις καὶ γυναιξὶν ἐκτείνοντο, ποικίλαις καὶ ἐναλλαττούσαις τιμωρίαις καταδικαζόμενοι. [8.9.4] ἱστορήσαμεν δὲ καὶ αὐτοὶ ἐπὶ τῶν τόπων γενόμενοι πλείους ἀθρόως κατὰ μίαν ἡμέραν τοὺς μὲν τῆς κεφαλῆς ἀποτομὴν ὑπομείναντας, τοὺς δὲ τὴν διὰ πυρὸς τιμωρίαν, ὡς ἀμβλύνεσθαι φονεύοντα τὸν σίδηρον ἀτονοῦντά τε διαθλᾶσθαι αὐτούς τε τοὺς ἀναιροῦντας ἀποκάμνοντας ἀμοιβαδὸν ἀλλήλους διαδέχεσθαι· [8.9.5] ὅτε καὶ θαυμασιωτάτην ὁρμὴν θείαν τε ὡς ἀληθῶς δύναμιν καὶ προθυμίαν τῶν εἰς τὸν Χριστὸν τοῦ θεοῦ πεπιστευκότων συνεωρῶμεν. Ἅμα γοῦν τῆι κατὰ τῶν προτέρων ἀποφάσει ἐπεπήδων ἄλλοθεν ἄλλοι τῶι πρὸ τοῦ δικαστοῦ βήματι Χριστιανοὺς σφᾶς ὁμολογοῦντες, ἀφροντίστως μὲν πρὸς τὰ δεινὰ καὶ τοὺς τῶν πολυειδῶν βασάνων τρόπους διακείμενοι, ἀκαταπλήκτως δὲ παρρησιαζόμενοι ἐπὶ τῆι εἰς τὸν τῶν ὅλων θεὸν εὐσεβείαι μετά τε χαρᾶς καὶ γέλωτος καὶ εὐφροσύνης τὴν ὑστάτην ἀπόφασιν τοῦ θανάτου καταδεχόμενοι, ὥστε ψάλλειν καὶ ὕμνους καὶ εὐχαριστίας εἰς τὸν τῶν ὅλων θεὸν μέχρις αὐτῆς ἐσχάτης ἀναπέμπειν ἀναπνοῆς. [8.9.6] θαυμάσιοι μὲν οὖν καὶ οὗτοι, ἐξαιρέτως δ' ἐκεῖνοι θαυμασιώτεροι οἱ πλούτωι μὲν καὶ εὐγενείαι καὶ δόξηι λόγωι τε καὶ φιλοσοφίαι διαπρέψαντες, πάντα γε μὴν δεύτερα θέμενοι τῆς ἀληθοῦς εὐσεβείας καὶ τῆς εἰς τὸν σωτῆρα καὶ κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν Χριστὸν πίστεως, [8.9.7] οἷος Φιλόρωμος ἦν, ἀρχήν τινα οὐ τὴν τυχοῦσαν τῆς κατ' Ἀλεξάνδρειαν βασιλικῆς διοικήσεως ἐγκεχειρισμένος, ὃς μετὰ τοῦ ἀξιώματος καὶ τῆς Ῥωμαϊκῆς τιμῆς, ὑπὸ στρατιώταις δορυφορούμενος, ἑκάστης ἀνεκρίνετο ἡμέρας, Φιλέας τε τῆς Θμουϊτῶν ἐκκλησίας ἐπίσκοπος, διαπρέψας ἀνὴρ ταῖς κατὰ τὴν πατρίδα πολιτείαις τε καὶ λειτουργίαις ἔν τε τοῖς κατὰ φιλοσοφίαν λόγοις· [8.9.8] οἳ καὶ μυρίων ὅσων πρὸς αἵματός τε καὶ τῶν ἄλλων φίλων ἀντιβολούντων, ἔτι μὴν τῶν ἐπ' ἀξίας ἀρχόντων, πρὸς δὲ καὶ αὐτοῦ τοῦ δικαστοῦ παρακαλοῦντος ὡς ἂν αὐτῶν οἶκτον λάβοιεν φειδώ τε παίδων καὶ γυναικῶν ποιήσοιντο, οὐδαμῶς πρὸς τῶν τοσούτων ἐπὶ τὸ φιλοζωῆσαι μὲν ἑλέσθαι, καταφρονῆσαι δὲ τῶν περὶ ὁμολογίας καὶ ἀρνήσεως τοῦ σωτῆρος ἡμῶν θεσμῶν ὑπήχθησαν, ἀνδρείωι δὲ λογισμῶι καὶ φιλοσόφωι, μᾶλλον δὲ εὐσεβεῖ καὶ φιλοθέωι ψυχῆι πρὸς ἁπάσας τοῦ δικαστοῦ τάς τε ἀπειλὰς καὶ τὰς ὕβρεις ἐνστάντες, ἄμφω τὰς κεφαλὰς ἀπετμήθησαν.