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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE XXXVI : IGNACE ET SES EPITRES
[1] A cette époque, florissait en Asie Polycarpe, compagnon des apôtres. Il avait été établi évêque de l'Église de Smyrne par ceux qui avaient vu et servi le Sauveur. [2] En ce temps, Papias, lui aussi évêque d'Hiérapolis, était en réputation, ainsi qu'Ignace, maintenant encore si connu. Celui-ci avait obtenu au second rang la succession de Pierre dans l'église d'Antioche.1 [3] On raconte qu'il fut envoyé de Syrie à Rome pour être exposé aux bêtes à cause de son témoignage en faveur du Christ. [4] II fit ce voyage à travers l'Asie, sous la plus étroite surveillance de ses gardes. Dans les villes où il passait, il affermissait les églises par ses entretiens et ses exhortations. Il les engageait avant tout à se prémunir contre les hérésies, qui justement alors commençaient à abonder; il les pressait de tenir fermement à la tradition des apôtres et, pour plus de sécurité, il jugea nécessaire de la fixer par écrit : il était déjà martyr.2 [5] Se trouvant ainsi à Smyrne où était Polycarpe, il adressa une lettre à l'église d'Éphèse où il fait mention d'Onésime, son pasteur. Il en envoya une autre à l'Église de 341 Magnésie sur le Méandre, où il parle également de l'Evêque Damos; une autre à celle de Tralles, dont il dit que Polybe était alors évêque. [6] II écrivit en outre à l'église de Rome pour conjurer instamment qu'on ne fît pas de démarches en vue de le priver du martyre qui était son désir et son espérance. Il est bon de citer quelques courts passages de ces épîtres pour confirmer ce que nous avançons.
Voici donc ce qu'il dit en propres termes : « [7] Depuis la Syrie jusqu'à Rome, j'ai à lutter avec les bêtes sur terre et sur mer, la nuit et le jour : je suis attaché à dix léopards, qui sont les soldats de mon escorte. Quand je leur fais du bien, ils deviennent pires : à leurs injustices, je deviens de plus en plus disciple, mais je n'en suis pas pour cela justifié.3 [8] Du moins que je puisse jouir des bêtes qui me sont préparées : je prie afin de les trouver le plus tôt possible. Je les caresserai afin qu'elles me dévorent rapidement, et qu'elles ne me fassent comme à certains, qu'elles ont eu peur de toucher ; si elles s'y refusent, je les y forcerai.4 [9] Pardonnez-moi ; mais je sais ce qu'il me faut, et voici que je commence à être un disciple. Que les choses visibles ou invisibles n'occupent plus mon désir, afin que j'obtienne Jésus-Christ. Feu, croix, attaque des bêtes, rupture des os, séparation des membres, broiement de tout le corps, supplices du diable, que tout cela vienne sur moi, pourvu seulement que j'obtienne Jésus-Christ. »
[10] Voilà ce qu'il adressait de la ville dont nous avons parlé aux églises que nous avons énumérées. Étant déjà loin de Smyrne, il écrivit de nouveau de 343 Troade aux chrétiens de Philadelphie, ainsi qu'à l'église de Smyrne et en particulier à Polycarpe, son évêque. Il le savait tout à fait homme apostolique, et il lui confiait, comme à un vrai et bon pasteur, son troupeau d'Antioche, dans la pensée qu'il en aurait un soin diligent. [11] S'adressant aux Smyrniens, il se sert de paroles empruntées je ne sais où, en disant ce qui suit du Christ :
« Je sais et je crois qu'après sa résurrection il existe dans sa chair. El lorsqu'il vint auprès des compagnons de Pierre, il leur dit : « Prenez, touchez-moi, et voyez « que je ne suis pas un esprit qui n'a point de corps. » Ils le touchèrent aussitôt et ils crurent. »5
[12] Irénée connut lui aussi le martyre d'Ignace et il parle de ses lettres en ces termes :
«Comme dit un des nôtres, condamné aux bêles pour le témoignage rendu à Dieu : « Je suis le froment de « Dieu et je serai moulu par la dent des bêtes, afin « de devenir un pain sans tache ».
[13] Polycarpe aussi mentionne les mêmes choses dans la lettre aux Philippiens qu'on a de lui. Il dit en propres termes :
« Je vous exhorte tous à obéir et à vous exercer à cette indéfectible patience que vous avez pu contempler de 345 vos yeux, non seulement dans les bienheureux Ignace. Rufus et Zosime, mais encore en d'autres qui sont des vôtres, et en Paul lui-même et dans le reste des apôtres. Soyez convaincus que tous ceux-là n'ont pas couru en vain, mais dans la foi et la justice, et qu'ils sont à la place qui leur revenait de droit auprès du Seigneur, pour lequel ils ont souffert. Car ils n'ont pas aimé ce siècle, mais celui qui est mort pour nous, et que Dieu a ressuscité à cause de nous. »6
[14] Et il ajoute ensuite :
« Vous aussi m'avez écrit, ainsi qu'Ignace, afin que si quelqu'un va en Syrie, il porte vos lettres. J'en aurai soin, si l'occasion favorable se présente, soit que j'y aille moi-même ou que j'envoie quelqu'un qui sera votre messager. [15] Quant aux épîtres qu'Ignace nous avait adressées et toutes celles que nous avions chez nous, nous vous les avons envoyées, comme vous l'avez demandé ; elles sont avec cette lettre. Vous pourrez en recueillir un grand profit; vous y trouverez foi, patience et toute édification qui se rapporte à notre Seigneur. »
Voilà ce que j'avais à dire d'Ignace, Héros lui succéda comme évêque d'Antioche.
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καὶ αὐτὸς ἐπίσκοπος : BDER ajoutent : ἀνὴρ τὰ πάντα ὅτι μάλιστα λογιώτατος καὶ τῆς γραφῆς εἰδήμων. Cette interpolation, dénoncée par Valois, est défendue à tort par Heinichen. ↩
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ἐπιπολαζούσας mss., syr. : ἀναφυείσας καὶ ἐπιπολαζούσας A ; copiosius coeperant pullulare, RUFIN. ↩
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ὅ ἐστίν...τάγμα: glose fort anciennement passée dans le texte. ↩
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σύντομα mss., mss. d'Ignace ; συντόμως syr. et trad. syr. d'Ign. ; acriores, RUFIN; σύντονα conjecture de Vossius, cité par Valois, qui remarque que ce dut être le texte lu par Rufin. ↩
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cf. Luc, xxiv, 39 ; mais λάβετε, et la fin du logion, viennent d'ailleurs, de l'Evangile aux Hébreux d'après saint JEROME, De uiris inl., xvi (p. 17, 24 RICHARDSON), et In Is., XVIII, prol. (P. L., t. XXIV, col. 628). Mais Eusèbe connaissait cet apocryphe. La dernière partie se lisait aussi dans la Doctrine de Pierre (ORIGENE, De principiis, praef., 8 ; P. G., t. XI, col. 119 C).Cf. RESCH, Agraphia (Leipzig, 1889), p. 411, apokryphon 41. ↩
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Eusèbe a quelques leçons différentes du texte donné par le ms. de la lettre ; il omet, après πειθαρχεῖν, τῷ λόγῳ τῆς δικαιοσύνης; noter de plus : ἀσκεῖν : ὑπομένειν POL. ; λοιποῖς (d'accord avec la vieille trad. lat.) : ἄλλοις POL. ↩
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Kirchengeschichte (BKV)
36. Kap. Ignatius und seine Briefe.
Damals1 tat sich in Asien der Apostelschüler Polykarp hervor. Von denen, welche den Herrn noch gesehen und ihm gedient, hatte er die bischöfliche Würde der Kirche zu Smyrna erhalten. Zu seiner Zeit machte sich Papias, Bischof der Kirche zu Hierapolis, bekannt sowie der jetzt noch von den meisten Kirchen hochgefeierte Ignatius, der zweite Nachfolger des Petrus auf dem Bischofstuhle der Kirche in Antiochien. Nach der Überlieferung wurde Ignatius von Syrien aus nach Rom geschickt und dort wegen seines Glaubens an Christus den wilden Tieren zur Beute ausgeliefert. Als er unter strengster militärischer Bewachung durch Asien transportiert wurde, stärkte er in den einzelnen Städten die Kirchengemeinden, mit denen er zusammentraf, durch mündliche Belehrungen und Mahnungen. Vor allem legte er ihnen besonders nahe, sie sollten sich vor den Häresien hüten, die gerade damals zum ersten Male auftauchten. Auch schärfte er ihnen ein, sie sollten unentwegt an der Überlieferung der Apostel festhalten, welche er, um ihnen Sicherheit zu geben, nunmehr auch durch schriftliches Zeugnis mitzuteilen für notwendig hielt. Als er in Smyrna weilte, wo Polykarp lebte, schrieb er einen Brief an die Gemeinde in Ephesus, worin er ihres Hirten Onesimus ge- S. 146 denkt,2 und einen Brief an die Gemeinde in Magnesia am Mäander, worin er den Bischof Damas erwähnt,3 und noch einen Brief an die Gemeinde in Tralles, deren Vorsteher nach seiner Mitteilung damals Polybius war.4 Außerdem schrieb er einen Brief an die Gemeinde der Römer, worin er diese ersucht, sie möchten ihn nicht vom Martyrium losbitten und ihn nicht dadurch der ersehnten Hoffnung berauben. Zum Beweise des Gesagten dürfte es gut sein, aus diesem Briefe ganz kurz einiges anzuführen. Ignatius schreibt wörtlich:5 „Von Syrien bis Rom kämpfe ich mit wilden Tieren zu Wasser und zu Land, bei Tag und bei Nacht, an zehn Leoparden gefesselt, worunter ich die militärische Bewachung verstehe, die, je mehr man ihr Gutes tut, um so schlimmer wird. Aus ihren Kränkungen lerne ich immer mehr. Doch deswegen bin ich noch nicht gerechtfertigt. Ich möchte der Bestien, die mir bestimmt sind, genießen; ich hoffe, sie auf mich gefaßt zu finden. Locken will ich sie, mich auf der Stelle zu fressen. Nicht sollen sie sich, wie sie es da und dort gemacht haben, scheuen, mich anzugreifen. Und wenn sie zögern und sich sträuben, dann werde ich sie zwingen. Verzeihet mir! Was mir frommt, das weiß ich. Nun erst fange ich an, Jünger zu werden. Nichts von den sichtbaren und unsichtbaren Wesen soll mich reizen; denn Jesus Christus will ich gewinnen. Es mögen über mich kommen Feuerqualen, Kreuzigung, aufgehetzte Tiere, es mögen meine Gebeine zerstreut, meine Glieder zerhackt, mein ganzer Leib zermalmt werden, es möge der Teufel mich schinden: wenn ich nur Jesus Christus finde!“ Solche Worte schrieb Ignatius von der erwähnten Stadt aus an die aufgezählten Gemeinden. Als er bereits Smyrna hinter sich hatte, wandte er sich von Troas aus an die Christen in Philadelphia, die Gemeinde in Smyrna und noch eigens an deren Bischof Polykarp. Diesen preist er als apostolischen Mann und übergibt als echter, guter Hirte ihm die Herde von S. 147 Antiochien mit der Bitte, eifrig für sie zu sorgen.6 In einem Briefe an die Gemeinde zu Smyrna schreibt er, ohne daß ich seine Quelle anzuführen weiß, über Christus also:7 „Ich weiß und glaube, daß er nach der Auferstehung im Fleische erschienen ist. Als er zu denen kam, die bei Petrus waren, sagte er zu ihnen: ‚Fasset mich an und berühret mich und erkennet, daß ich nicht ein körperloser Geist bin!’ Und sogleich berührten sie ihn und glaubten an ihn.“ Das Martyrium des Ignatius sowie seine Briefe werden von Irenäus erwähnt. Derselbe sagt:8 „So erklärte auch einer von den Unsrigen, der wegen seines Glaubens an Gott zu den wilden Tieren verurteilt worden war; er hatte behauptet: ‚Gottes Weizen bin ich, und ich werde von den Zähnen der wilden Tiere gemahlen, um als reines Brot erfunden zu werden.’“ Auch Polykarp gedenkt dieser Schriften in dem sog. Briefe an die Philipper. Wörtlich sagt er:9 „Ich ermahne euch alle, gehorsam zu sein und euch in aller Geduld zu üben, welche ihr mit eigenen Augen nicht nur an den Heiligen Ignatius, Rufus und Zosimus, sondern auch an noch anderen Männern, die in eurer Mitte weilten, sowie an Paulus selbst und den übrigen Aposteln beobachten konntet, und überzeugt zu sein, daß alle diese Männer nicht ins Leere gelaufen sind, sondern im Glauben und in der Gerechtigkeit gelebt haben und an den ihnen gebührenden Platz zum Herrn gelangt sind, mit dem sie gelitten hatten. Denn sie liebten nicht die gegenwärtige Welt, sondern den, welcher für uns gestorben und unsertwegen von Gott auferweckt worden ist.“ Sodann fährt Polykarp fort:10 „Ihr sowohl als Ignatius habt mir geschrieben, daß, im Falle jemand nach Syrien ginge, er die von euch gesandten Schreiben mitnehmen möchte. Dies wird bei passender Gelegenheit geschehen entweder durch mich selbst oder durch einen S. 148 meiner Boten, den ich auch in eurem Namen schicken werde. Die Briefe, welche Ignatius an uns geschickt hat, senden wir euch eurem Auftrage gemäß mit allen anderen, die in unserem Besitze sind. Sie sind diesem Briefe beigegeben. Ihr könnt aus denselben großen Nutzen ziehen. Denn ihr Inhalt ist Glaube, Geduld und jegliche Erbauung, die zu unserem Herrn führt.“ Soviel über Ignatius.11 Sein Nachfolger auf dem Bischofstuhle in Antiochien war Heros.
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κατὰ τούτους (scil. χρόνους) = zu den Zeiten Trajans. Vgl. v. Harnack, „Gesch. der altchristl. Lit. II 1, S. 10 f., Schwartz, S. 21, bezieht jedoch diese Zeitbestimmung auf die beiden soeben erwähnten Bischöfe. ↩
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Eph. 1. 2. 6. ↩
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Magn. 2. ↩
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Trall. 1. ↩
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Röm. 5. ↩
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An Polykarp 7. ↩
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Smyrn. 3. ↩
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Gegen die Häres. V 28, 4; vgl. Ignatius, Röm. 4. ↩
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Polykarp, Phil. 9. ↩
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Ebd. 13. ↩
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Herausgegeben sind die Briefe des Ignatius und der Brief Polykarps u. a. von Karl Bihlmeyer, „Die apostolischen Väter“ I (Tübingen 1924) S. 82—120. ↩