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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE XV : COMMENT SOUS VÉRUS POLYCARPE SUBIT LE MARTYRE AVEC D'AUTRES DANS LA VILLE DE SMYRNE
[1] C'est à cette époque que Polycarpe mourut martyr, lors des persécutions très violentes qui bouleversèrent l'Asie. J'ai cru tout à fait utile d'insérer dans cette histoire, le souvenir écrit de sa mort qui nous en été conservé. [2] II existe une lettre, adressée aux églises du Pont au nom de l'église à laquelle il présidait, qui expose en ces termes ce qui le concerne : 1
« [3] L'église de Dieu qui habite Smyrne à celle de Philomélium et à toutes les chrétientés du monde appartenant à la sainte Église catholique : que la miséricorde, la paix, l'amour de Dieu le Père et de 417 notre Seigneur Jésus-Christ surabonde en vous. Frères, nous vous écrivons (voy. l'Appendice) ce qui concerne les martyrs et le bienheureux Polycarpe qui, par son martyre, a comme scellé et fait cesser la persécution. ».2
[4] Ensuite, avant d'en venir à ce dernier, ils racontent ce qui concerne les autres martyrs et décrivent la constance qu'ils ont montrée dans les tourments. Ils disent en effet la surprise dont étaient frappés les spectateurs, rangés en cercle sur les gradins, quand ils les voyaient, déchirés par les fouets, à ce point qu'on apercevait les veines et les artères les plus intérieures, et qu'apparaissaient les entrailles et les parties les plus cachées du corps. Ils étaient ensuite étendus sur des coquillages marins et des pointes aiguës, et, après avoir enduré toutes sortes de supplices et de tortures, enfin ils étaient exposés pour devenir la pâture des fauves. [5] Ils racontent qu'on remarqua surtout le très courageux Germanicus ; fortifié par la grâce de Dieu, il domina la crainte du trépas innée à tout homme. Le proconsul voulait le persuader; il lui alléguait son âge ; il lui disait qu'il était très jeune et dans la fleur de sa vie, et le priait d'avoir compassion de lui-même. Le martyr, sans hésiter, intrépidement, attira sur lui une bête farouche, lui fit presque violence et l'irrita, afin de sortir plus vite de leur monde injuste et pervers. [6] Devant cette mort remarquable, la multitude entière fut stupéfaite en voyant le courage du pieux martyr et la vaillance de toute la race des chrétiens. Puis, elle se reprit à crier en masse : « Enlevez les athées. 419 Qu'on cherche Polycarpe! » [7] Le tumulte, grâce à ces cris, arriva à son comble. Un certain Phrygien de race, qui s'appelait Quintus, venu récemment de son pays, voyant les bêtes et les autres tourments dont il était menacé, sentit son âme fléchir, eut peur et finalement se laissa aller à sauver sa vie. [8] Le texte de la lettre que nous avons citée nous apprend que ce chrétien avait agi trop inconsidérément, en se présentant à la légère au tribunal avec d'autres. Sa chute fut ainsi pour tous un exemple éclatant; elle prouva qu'il ne faut pas affronter de tels périls à l'aventure et sans circonspection.
Voilà tout ce qui concerne ces martyrs. [9] Polycarpe, lui, fut tout à fait admirable. Tout d'abord, au récit de ces scènes, il demeura calme, gardant sa sérénité accoutumée et sa tranquillité d'âme ; il voulut même continuer à habiter la ville. Il céda pourtant à ceux de ses compagnons qui étaient d'un avis contraire et l'exhortaient à s'éloigner ; il se retira dans un domaine peu distant de Smyrne et y vécut avec quelques-uns de ses disciples. Nuit et jour, il ne faisait que persévérer dans les prières qu'il adressait au Seigneur, et il ne cessait d'y demander et d'implorer la paix pour toutes les églises de la terre : c'était du reste tout à fait sa coutume. [10] Pendant sa prière, il eut la nuit une vision. Trois jours avant d'être pris, il vit l'oreiller qui était sous sa tête brûler soudain et se consumer. Il s'éveilla sur-le-champ, interpréta aussitôt la vision à ceux qui étaient là, leur prédit presque ce qui devait arriver et il leur annonça clai- 421 rement qu'il lui faudrait mourir par le feu pour le Christ.3 [11] Ceux qui le cherchaient, le faisaient avec toute l'activité possible. Contraint de nouveau par l'affection et l'attachement des frères, on dit qu'il alla dans un autre domaine. A peine y était-il que les émissaires arrivaient et saisissaient deux des serviteurs qui étaient là; ils en battirent un et grâce à lui ils parvinrent à la retraite de Polycarpe. [12] Ils étaient arrivés le soir. Ils le trouvèrent reposant alors dans une chambre haute d'où il eût pu s'échapper et passer dans une autre maison. Il ne le voulut pas et dit : « Que la volonté de Dieu soit faite. » [13] Lorsqu'il sut que ceux qui le poursuivaient étaient là, dit le récit, il descendit près d'eux, leur parla avec un visage tout à fait serein et très doux. Eux, qui jusque là ne le connaissaient pas, pensaient voir une apparition en contemplant cet homme si chargé d'années, cette physionomie si imposante et si calme, et ils s'étonnaient qu'on mît tant d'acharnement à s'emparer d'un tel vieillard. [14] Aussitôt Polycarpe fit en hâte servir la table et les invita à prendre un copieux repas ; il leur demanda seulement une heure pour prier en liberté. Ils y consentirent : il se leva et, animé par la grâce du Seigneur, il se mit à prier. Ceux qui l'entendaient en étaient frappés, et plusieurs d'entre eux se repentaient d'en vouloir à la vie de cet homme vénérable et pieux.
[15] Voici au reste, pour ce qui suivit, le texte même de la lettre (voy. l'Appendice)
« Quand il eut achevé sa prière et fait mention de tous ceux qu'il avait connus, petits et grands, illustres ou obscurs, de toute l'Église catholique répandue dans le monde, l'heure départir venue, on le plaça sur un âne et on l'emmena à la ville. C'était un jour de grand sabbat. Hérode, l'irénarque, et son père, Nicétas, le croisèrent : ils le prirent sur leur char et, assis près de lui, essayèrent de le décider. Ils lui disaient : « Quel mal y a-t-il à dire ces mots : Seigneur César, et à sacrifier et à sauver sa vie. » [16] Le vieillard se tut d'abord ; ils insistèrent : « Je ne dois pas, reprit-il, faire ce que vous me conseillez ». Voyant alors qu'ils ne gagnaient rien, ils lui dirent des paroles blessantes, le firent descendre avec précipitation si bien qu'en quittant le char, il se déchira le devant de la jambe. Il n'en fut pas plus ému que s'il n'avait rien souffert. Il marchait gaiement et en hâte, se laissant conduire vers le stade.
« [17] Le tumulte était tel dans le stade qu'on avait peine à rien entendre. Lorsque Polycarpe entra, une voix du ciel lui dit : « Sois courageux, Polycarpe, et agis vaillamment. » Personne ne vit qui parlait, mais beaucoup des nôtres perçurent ces paroles. [18] Le vieillard fut donc amené et le bruit redoubla quand on sut qu'il était pris. Il se présenta donc au proconsul qui lui demanda s'il était Polycarpe : il répondit que c'était lui. Alors le magistrat l'exhorta à renier sa foi : « Aie pitié de ton âge », lui disait-il et d'autres paroles de même genre qu'il leur est coutume de répéter. Puis, 425 il ajouta : « Jure par la fortune de César, repens-toi, dis : « Enlevez les athées. » [19] Polycarpe regarda toute la foule du stade d'un visage grave, étendit la main vers eux, gémit et leva les yeux vers le ciel : « Enlevez les athées », dit-il. [20] Le proconsul insista et dit : « Jure et je te mettrai en liberté; insulte le Christ. » Polycarpe repartit : « II y a quatre-vingt-six ans que je le « sers et il ne m'a pas fait de mal ; comment puis-je blasphémer mon roi et mon Sauveur?» [21] Le proconsul le pressa encore :« Jure par la fortune de César.— Si tu cherches une vaine gloire, dit-il, à me faire jurer par la fortune de César, comme tu le dis en feignant d'ignorer qui je suis, écoute. Je te le déclare librement : je suis chrétien. Si tu désires apprendre la doctrine du christianisme donne-moi un jour et tu l'entendras. » [22] Le proconsul dit : « Persuade le peuple. » Polycarpe dit : « Je veux bien encore te « rendre raison; car nous avons appris à donner aux magistrats et aux autorités établies par Dieu, l'honneur qui leur convient et qui ne nous nuit pas. Quant à ceux-ci, je ne les juge pas dignes d'entendre ma défense. » [23] Le proconsul dit : « J'ai des bêtes et je t'exposerai à elles si tu ne changes pas d'avis. » Polycarpe dit : « Appelle-les ; nous ne changeons jamais pour aller du meilleur au pis, mais il est beau de passer des maux à la justice. » [24] Le gouverneur reprit : 427 « Je te ferai dompter par le feu si tu méprises les fauves, à moins que tu changes d'avis ». Polycarpe dit : ,« Tu me menaces d'un feu qui brûle un moment et s'éteint peu après ; car tu ne connais pas le feu du jugement à venir et le châtiment éternel réservé aux impies. Mais pourquoi tardes-tu ? Fais amener ce que tu voudras. »
« [25] Tandis qu'il prononçait ces paroles et beaucoup d'autres il paraissait rempli de courage et de joie, et son visage étincelait de bonheur. Ainsi tout ce qu'on lui avait dit, l'avait laissé impassible. Le proconsul au contraire restait stupéfait; il envoya le héraut annoncer au milieu du stade : « Polycarpe s'est par trois fois déclaré chrétien. » [26] Lorsqu'on eut entendu cette proclamation, toute la foule des païens et des Juifs habitant Smyrne ne contint plus sa colère et clama à grands cris : « II est le docteur de l'Asie, le père des chrétiens, le destructeur de nos dieux ; c'est lui qui apprend à beaucoup de gens à ne pas sacrifier et à ne pas adorer. » [27] En même temps, ils criaient et demandaient à Philippe l'asiarque de lâcher un lion contre Polycarpe. Celui-ci répondit que cela ne lui était pas permis, parce que les combats des bêtes étaient achevés. Ils se mirent alors à crier unanimement de brûler vif Polycarpe. [28] II fallait en effet que la vision de l'oreiller qu'il avait eue s'accomplit. Lorsque le saint vieillard priait, il avait vu son chevet brûler, et s'étant tourné vers les fidèles qui l'entouraient, il avait dit d'une façon prophétique : « Je dois être brûlé vivant. » [29] Cela 429 fut fait plus rapidement que dit. La foule sur-le-champ courut dans les ateliers et les bains pour y chercher du bois et des fagots, elles Juifs étaient, selon leur coutume, très ardents à cette besogne. [30] Quand le bûcher fut prêt, Polycarpe quitta lui-même tous ses vêtements, enleva sa ceinture et essaya d'ôter lui-même sa chaussure : il n'était plus accoutumé à le faire seul, car chacun des fidèles s'empressait constamment à qui toucherait le plus vite son corps ; la perfection de sa vie était si complète qu'il avait été vénéré même avant qu'il n'eût des cheveux blancs. [31] On plaça donc rapidement autour de lui les matières du bûcher. A ceux qui allaient l'y clouer, il dit : « Laissez-moi comme je suis, celui qui m'a donné d'avoir à souffrir le feu, me donnera de rester tranquillement au bûcher sans être assujetti par vos clous. » On ne le cloua donc pas, mais on le lia. [32] II avait les mains attachées derrière le dos; il ressemblait ainsi à un agneau de choix pris dans un grand troupeau pour un holocauste agréable au Dieu tout- puissant. [33] II dit : « Ô Père de Jésus-Christ, ton Fils aimé et béni par qui nous avons reçu le bienfait de te connaître, Dieu des anges, des Puissances, de toute créature et de toute la race des justes qui vivent en ta présence, je te bénis parce que tu m'as jugé digne, en ce jour et à cette heure, d'être admis au nombre de tes martyrs, de prendre part au calice de ton Christ pour ressuscitera la vie sans fin de l'âme et du corps dans l'incorruptibilité du Saint-Esprit.4 [34] Reçois- 431 moi devant toi aujourd'hui parmi eux, dans un sacrifice généreux et agréable, selon que tu me l'avais préparé et annoncé, et que tu réalises, ô Dieu ennemi du mensonge et véritable. [35] C'est pourquoi je te loue de toutes choses, je te bénis, je te glorifie, par le pontife éternel Jésus-Christ, ton Fils aimé par lequel, à toi, avec lui dans le Saint-Esprit, gloire, aujourd'hui et dans les siècles avenir, Amen » .5
« [36] Dès qu'il eût dit « Amen » et achevé sa prière, les gens du bûcher allumèrent le feu, et une grande flamme s'éleva. Nous vîmes alors un prodige, nous du moins à qui il fut donné de l'apercevoir et nous étions réservés pour raconter aux autres ce qui arriva. [37] Le feu monta en effet en forme de voûte ou comme une voile de vaisseau gonflée par le vent et entoura le corps du martyr. Lui cependant était au milieu, semblable non à une chair qui brûle, mais à l'or et à l'argent embrasés dans la fournaise. Nous respirions un parfum aussi fort que celui qui s'exhale de l'encens et d'autres aromates précieux. [38] Les pervers voyant enfin que les flammes ne pouvaient attaquer sa chair, ordonnèrent au bourreau d'aller le percer de son glaive. [39] II le fit et un flot de sang jaillit, si bien que le feu s'éteignit et que la foule fut tout étonnée qu'il y eût tant de différence entre les incroyants et les élus. Polycarpe était l'un d'entre eux, lui, le docteur apostolique et prophétique le plus admirable de notre temps, évêque 433 de l'église catholique de Smyrne ; toute parole sortie de sa bouche s'est en effet accomplie et s'accomplira.6 « [40] Le mauvais, jaloux et envieux, l'adversaire de la race des justes, quand il eut vu la grandeur de son martyre, cette vie irréprochable depuis son début, le diadème d'immortalité qui la couronnait et cette victoire remportée d'une façon incontestable, prit soin que le cadavre de Polycarpe ne nous fût pas laissé, quoique beaucoup eussent désiré qu'il en fût ainsi et eussent souhaité d'avoir parte sa sainte dépouille. [41] Certains suggérèrent donc à Nicétas, père d'Hérode et frère d'Alcé, d'intervenir auprès dii gouverneur pour qu'il nous refusât le corps du martyr, de peur, disait-il, que, quittant le crucifié, nous ne nous missions à adorer celui-ci. Ils tinrent ce langage à l'instigation et sur les instances des Juifs : ceux-ci nous épiaient même, lorsque nous allions retirer le cadavre du feu. Ils ignoraient que jamais nous ne pourrons ni abandonner le Christ, qui a souffert pour le salut de ceux qui sont sauvés dans le monde entier, ni adresser nos hommages à un autre.7 [42] Nous l'adorons, lui, parce qu'il est fils de Dieu, et nous aimons aussi à bon droit les martyrs, mais comme des disciples et imitateurs du Seigneur, à cause de leur invincible attachement à notre roi et maître. Puissions-nous leur être unis et devenir leurs compagnons à l'école du Christ. [43] Le centurion voyant la jalousie des Juifs, fit placer le corps au milieu selon leur coutume, et le brûla. De la sorte, ce ne fut que plus tard que nous avons enlevé ses ossements, plus chers que des pierres précieuses et plus estimables que l'or; nous les avons placés dans un lieu con- 435 venable. [44] C'est là que nous nous réunirons dans l'allégresse et la joie lorsque nous le pourrons et quand le Seigneur nous permettra de célébrer le jour natal de son martyre, pour nous souvenir de ceux qui ont combattu avant nous, et pour exercer et préparer ceux qui doivent lutter dans l'avenir. [45] Voilà ce qui concerne le bienheureux Polycarpe. II fut le douzième qui souffrit le martyre à Smyrne, en comptant ceux de Philadelphie, mais c'est de lui seul qu'on se souvient de préférence et dont on parle en tous lieux, même chez les païens. »8
[46] Voilà comment il faut apprécier l'admirable fin de cet homme merveilleux et apostolique qu'était Polycarpe ; les frères de l'église de Smyrne en ont fait le récit dans l'épître que nous avons citée. Dans le même livre, se trouvent encore d'autres martyres qui ont eu lieu dans la même ville à la même époque de la mort de Polycarpe. Parmi eux, Métrodore, qui paraît avoir été prêtre de l'erreur de Marcion, périt par le feu. [47] Un des athlètes d'alors se distingua et fut très célèbre ; il s'appelait Pionius. Ses diverses confessions, la liberté de son langage, les apologies qu'il fit de sa foi devant le peuple et les magistrats, les enseignements qu'il donna à la foule dans ses discours, ses encouragements à ceux qui avaient succombé dans l'épreuve de la persécution, les exhortations qu'il adressait aux frères qui venaient à lui dans la prison, les souffrances et les tourments qu'il eut ensuite à endurer comme, entre autres, d'être percé de clous, son courage au milieu des 437 flammes et enfin sa mort après tous ces merveilleux combats, tout cela est exposé très au long dans la relation écrite qui le concerne. Nous y renverrons ceux qui la désireraient ; nous l'avons insérée dans notre collection des anciens martyres. [48] On montre en outre aussi les passions d'autres chrétiens martyrisés à Pergame, ville d'Asie, Garpus et Papylus, et une femme, Agathonice, qui périrent glorieusement, après avoir confessé leur foi à plusieurs reprises et d'une façon remarquable.
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κατὰ Πόντον ABDM syr., lat. ; κατὰ τόπον ERT SCHWARTZ. On peut hésiter entre les deux leçons. Philomelium n'est pas dans le Pont, mais en Phrygie. De plus, l'adresse authentique, citée ensuite, porte κατὰ πάντα τόπον. Mais, d'autre part, πάντα manque dans Eusèbe, et il faudrait prouver que κατὰ τόπον suffit. Il est probable que certains mss. d'Eusèbe ont été corrigée d'après l'adresse de la lettre 515 et qu'Eusèbe a bien écrit, en dépit de la géographie, κατὰ Πoντον. ↩
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ἐγράψαμεν : l'auteur d'une lettre se place souvent au moment où on la lira et met au passé ce qui est encore pour lui un présent ; KUEHNER, Grammatik der Griech. Sprache, t. II, le partie, par B. GERTH Hlannovre, 1898), p. 168 ; Fr. BLASS, Grammatik des neutestamentlichen Griechisch, § 57, 10 (1e éd., Goettingue, 1896, p. 190). ↩
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ἄθρόυς; : voy. la note sur III, viii, 6. Le texte du Martyrium Polycarpi [G) diffère sur plus d'un point de celui d'Eusèbe. Voici les principales divergences. 15, κύριος EMBT, G; κύριε ABD, Domine trad. lat. de G. ↩
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τοῦ Χριστοῦ σου EB lat., partie des mss. de G; σου om. ABDMT, syr., un ms. de G. ↩
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ἀρχιερέως mss., syr., G ; deum et pontificem, RUFIN (addition antisubordinatienne). — ἐν πνεύματι mss., σύν syr.lat., XÏI G. ↩
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καθολικῆς om. syr., lat. ↩
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δ' Ἄλκης : Eusèbe avait Δάλκης (tous les mss., sauf D, lat., syr.) ; δὲ Ἄλκης; D, corrigé d'aprés G qui a gardé le texte primitif.— τῶν σῳζόμενων om. T, lat.. un ms. de G : d'après M. Schwartz, texte primitif auquel s'est ajouté, ensuite une correction (ou une glose), τοῦ πάντος κόσμου. ↩
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δωδεκάτου paraît avoir été la leçon de l'archétype de nos mss. d'Eusèbe ; mais les traductions supposent un autre texte : κ mit den zwölf von Philadelphia die zeugten » ; syr. ; cum quo etiam alii duodecim ex Philadelphia uenientes... martyrio consummati sunt, lat. Cf. G : Πολύκαρπον ὃ;... δωδέκατος. — μαρτυρήσαντος SCHWARTZ ; μαρτυρήσαντος ὅς mss. ; μαρτυρήσας — 8;... κατατεθειμένων om. lat. — ὑπὸ πάντων μᾶλλον mss.. πάντων μᾶλλον syr., soius inler celcros trad. lat. de G, ὑπὸ πάντων G. Primitivement : πάντων μᾶλλον, glosé ou corrigé par μόνος, qui a passé dans le texte et a été rattaché à πάντων par ὑπό (SCHWARTZ). — A ces observations, il faut ajouter que M. Schwartz considère comme doublons ou interpolations : 18 : προσαχένθος... προσελθόντα (doublon de άγόμενος... εἰσιόντι 10-17); 28 : προσευχόμενος et ἐπιστραφείς (et 10 : εὐχό- 516 μενον), interpolalions antérieures à Eusèbe ; 36 : οἳ ... τὰ γενόμενα 39 : ἐπίσκοπος (suspecté à tort). En revanche, Eusèbe n'a pas la mention de la colombe, § 39 : ἐξῆλθε περιστερὰ καὶ πλῆθος αἵματος, G. — Sur 6, 18 et 19, voy. JUSTIN, Apol., I, vi, 1. ↩
Edition
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Ἐκκλησιαστικὴ ἱστορία
ΙΕ Ὅπως κατὰ Οὐῆρον ὁ Πολύκαρπος ἁμ' ἑτέροις ἐμαρτύρησεν ἐπὶ τῆς Σμυρναίων πόλεως.
[4.15.1] ἐν τούτωι δὲ ὁ Πολύκαρπος μεγίστων τὴν Ἀσίαν ἀναθορυβησάντων διωγμῶν μαρτυρίωι τελειοῦται, ἀναγκαιότατον δ' αὐτοῦ τὸ τέλος ἐγγράφως ἔτι φερόμενον ἡγοῦμαι δεῖν μνήμηι τῆσδε [4.15.2] τῆς ἱστορίας καταθέσθαι. ἔστιν δὲ ἡ γραφὴ ἐκ προσώπου ἧς αὐτὸς ἐκκλησίας ἡγεῖτο, ταῖς κατὰ τόπον παροικίαις τὰ κατ' αὐτὸν ἀποσημαίνουσα διὰ τούτων· [4.15.3] «Ἡ ἐκκλησία τοῦ θεοῦ ἡ παροικοῦσα Σμύρναν τῆι ἐκκλησίαι τοῦ θεοῦ τῆι παροικούσηι ἐν Φιλομηλίωι καὶ πάσαις ταῖς κατὰ πάντα τόπον τῆς ἁγίας καθολικῆς ἐκκλησίας παροικίαις ἔλεος εἰρήνη καὶ ἀγάπη θεοῦ πατρὸς καὶ κυρίου ἡμῶν Ἰησοῦ Χριστοῦ πληθυνθείη. ἐγράψαμεν ὑμῖν, ἀδελφοί, τὰ κατὰ τοὺς μαρτυρήσαντας καὶ τὸν μακάριον Πολύκαρπον, ὅστις ὥσπερ ἐπισφραγίσας διὰ τῆς μαρτυρίας αὐτοῦ κατέπαυσε τὸν διωγμόν». [4.15.4] τούτοις ἑξῆς πρὸ τῆς ἀμφὶ τοῦ Πολυκάρπου διηγήσεως τὰ κατὰ τοὺς λοιποὺς ἀνιστοροῦσι μάρτυρας, οἵας ἐνστάσεις πρὸς τὰς ἀλγηδόνας ἐνεδείξαντο, διαγράφοντες. καταπλῆξαι γάρ φασι τοὺς ἐν κύκλωι περιεστῶτας, θεωμένους τοτὲ μὲν μάστιξι μέχρι καὶ τῶν ἐνδοτάτω φλεβῶν καὶ ἀρτηριῶν καταξαινομένους, ὡς ἤδη καὶ τὰ ἐν μυχοῖς ἀπόρρητα τοῦ σώματος σπλάγχνα τε αὐτῶν καὶ μέλη κατοπτεύεσθαι, τοτὲ δὲ τοὺς ἀπὸ θαλάττης κήρυκας καί τινας ὀξεῖς ὀβελίσκους ὑποστρωννυμένους, καὶ διὰ παντὸς εἴδους κολάσεων καὶ βασάνων προϊόντας καὶ τέλος θηρσὶν [4.15.5] εἰς βορὰν παραδιδομένους. μάλιστα δὲ ἱστοροῦσιν διαπρέψαι τὸν γενναιότατον Γερμανικόν, ὑπορρωννύντα σὺν θείαι χάριτι τὴν ἔμφυτον περὶ τὸν θάνατον τοῦ σώματος δειλίαν. βουλομένου γέ τοι τοῦ ἀνθυπάτου πείθειν αὐτὸν προβαλλομένου τε τὴν ἡλικίαν καὶ ἀντιβολοῦντος κομιδῆι νέον ὄντα καὶ ἀκμαῖον οἶκτον ἑαυτοῦ λαβεῖν, μὴ μελλῆσαι, προθύμως δ' ἐπισπάσασθαι εἰς ἑαυτὸν τὸ θηρίον, μόνον οὐχὶ βιασάμενον καὶ παροξύναντα, ὡς [4.15.6] ἂν τάχιον τοῦ ἀδίκου καὶ ἀνόμου βίου αὐτῶν ἀπαλλαγείη. τούτου δ' ἐπὶ τῶι διαπρεπεῖ θανάτωι τὸ πᾶν πλῆθος ἀποθαυμάσαν τῆς ἀνδρείας τὸν θεοφιλῆ μάρτυρα καὶ τὴν καθόλου τοῦ γένους τῶν Χριστιανῶν ἀρετήν, ἀθρόως ἐπιβοᾶν ἄρξασθαι· αἶρε τοὺς [4.15.7] ἀθέους· ζητείσθω Πολύκαρπος. καὶ δὴ πλείστης ἐπὶ ταῖς βοαῖς γενομένης ταραχῆς, Φρύγα τινὰ τὸ γένος, Κόϊντον τοὔνομα, νεωστὶ ἐκ τῆς Φρυγίας ἐπιστάντα, ἰδόντα τοὺς θῆρας καὶ τὰς ἐπὶ τούτοις ἀπειλάς, καταπτῆξαι τὴν ψυχὴν μαλακισθέντα [4.15.8] καὶ τέλος τῆς σωτηρίας ἐνδοῦναι. ἐδήλου δὲ τοῦτον ὁ τῆς προειρημένης γραφῆς λόγος προπετέστερον ἀλλ' οὐ κατ' εὐλάβειαν ἐπιπηδῆσαι τῶι δικαστηρίωι σὺν ἑτέροις, ἁλόντα δ' οὖν ὅμως καταφανὲς ὑπόδειγμα τοῖς πᾶσιν παρασχεῖν, ὅτι μὴ δέοι τοῖς τοιούτοις ῥιψοκινδύνως καὶ ἀνευλαβῶς ἐπιτολμᾶν. ἀλλὰ [4.15.9] ταύτηι μὲν εἶχεν πέρας τὰ κατὰ τούτους. τόν γε μὴν θαυμασιώτατον Πολύκαρπον τὰ μὲν πρῶτα τούτων ἀκούσαντα ἀτάραχον μεῖναι, εὐσταθὲς τὸ ἦθος καὶ ἀκίνητον φυλάξαντα, βούλεσθαί τε αὐτοῦ κατὰ πόλιν περιμένειν· πεισθέντα γε μὴν ἀντιβολοῦσι τοῖς ἀμφ' αὐτὸν καὶ ὡς ἂν ὑπεξέλθοι παρακαλοῦσι, προελθεῖν εἰς οὐ πόρρω διεστῶτα τῆς πόλεως ἀγρὸν διατρίβειν τε σὺν ὀλίγοις ἐνταῦθα, νύκτωρ καὶ μεθ' ἡμέραν οὔτι ἕτερον πράττοντα ἢ ταῖς πρὸς τὸν κύριον διακαρτεροῦντα εὐχαῖς· δι' ὧν δεῖσθαι καὶ ἱκετεύειν εἰρήνην ἐξαιτούμενον ταῖς ἀνὰ πᾶσαν τὴν οἰκουμένην ἐκκλησίαις, τοῦτο γὰρ καὶ εἶναι ἐκ τοῦ παντὸς αὐτῶι σύνηθες. [4.15.10] καὶ δὴ εὐχόμενον, ἐν ὀπτασίαι τριῶν πρότερον ἡμερῶν τῆς συλλήψεως νύκτωρ ἰδεῖν τὸ ὑπὸ κεφαλῆς αὐτῶι στρῶμα ἀθρόως οὕτως ὑπὸ πυρὸς φλεχθὲν δεδαπανῆσθαι, ἔξυπνον δ' ἐπὶ τούτωι γενόμενον, εὐθὺς ὑφερμηνεῦσαι τοῖς παροῦσι τὸ φανέν, μόνον οὐχὶ τὸ μέλλον προθεσπίσαντα σαφῶς τε ἀνειπόντα τοῖς ἀμφ' αὐτὸν ὅτι δέοι αὐτὸν διὰ Χριστὸν πυρὶ τὴν ζωὴν μεταλλάξαι. [4.15.11] ἐπικειμένων δὴ οὖν σὺν πάσηι σπουδῆι τῶν ἀναζητούντων αὐτόν, αὖθις ὑπὸ τῆς τῶν ἀδελφῶν διαθέσεως καὶ στοργῆς ἐκβεβιασμένον μεταβῆναί φασιν ἐφ' ἕτερον ἀγρόν· ἔνθα μετ' οὐ πλεῖστον τοὺς συνελαύνοντας ἐπελθεῖν, δύο δὲ τῶν αὐτόθι συλλαβεῖν παίδων· ὧν θάτερον αἰκισαμένους ἐπιστῆναι δι' αὐτοῦ τῆι τοῦ [4.15.12] Πολυκάρπου καταγωγῆι, ὀψὲ δὲ τῆς ὥρας ἐπελθόντας, αὐτὸν μὲν εὑρεῖν ἐν ὑπερώιωι κατακείμενον, ὅθεν δυνατὸν ὂν αὐτῶι ἐφ' ἑτέραν μεταστῆναι οἰκίαν, μὴ βεβουλῆσθαι, εἰπόντα· τὸ [4.15.13] θέλημα τοῦ θεοῦ γινέσθω. καὶ δὴ μαθὼν παρόντας, ὡς ὁ λόγος φησί, καταβὰς αὐτοῖς διελέξατο εὖ μάλα φαιδρῶι καὶ πραοτάτωι προσώπωι, ὡς καὶ θαῦμα δοκεῖν ὁρᾶν τοὺς πάλαι τοῦ ἀνδρὸς ἀγνῶτας, ἐναποβλέποντας τῶι τῆς ἡλικίας αὐτοῦ παλαιῶι καὶ τῶι σεμνῶι καὶ εὐσταθεῖ τοῦ τρόπου, καὶ εἰ τοσαύτη γένοιτο [4.15.14] σπουδὴ ὑπὲρ τοῦ τοιοῦτον συλληφθῆναι πρεσβύτην. ὁ δ' οὐ μελλήσας εὐθέως τράπεζαν αὐτοῖς παρατεθῆναι προστάττει, εἶτα τροφῆς ἀφθόνου μεταλαβεῖν ἀξιοῖ, μίαν τε ὥραν, ὡς ἂν προσεύξοιτο ἀδεῶς, παρ' αὐτῶν αἰτεῖται· ἐπιτρεψάντων δὲ ἀναστὰς ηὔχετο, ἔμπλεως τῆς χάριτος ὢν τοῦ κυρίου, ὡς ἐκπλήττεσθαι τοὺς παρόντας εὐχομένου αὐτοῦ ἀκροωμένους πολλούς τε αὐτῶν μετανοεῖν ἤδη ἐπὶ τῶι τοιοῦτον ἀναιρεῖσθαι μέλλειν σεμνὸν [4.15.15] καὶ θεοπρεπῆ πρεσβύτην. ἐπὶ τούτοις ἡ περὶ αὐτοῦ γραφὴ κατὰ λέξιν ὧδέ πως τὰ ἑξῆς τῆς ἱστορίας ἔχει· «ἐπεὶ δέ ποτε κατέπαυσε τὴν προσευχὴν μνημονεύσας ἁπάντων καὶ τῶν πώποτε συμβεβληκότων αὐτῶι, μικρῶν τε καὶ μεγάλων, ἐνδόξων τε καὶ ἀδόξων, καὶ πάσης τῆς κατὰ τὴν οἰκουμένην καθολικῆς ἐκκλησίας, τῆς ὥρας ἐλθούσης τοῦ ἐξιέναι, ὄνωι καθίσαντες αὐτὸν ἤγαγον εἰς τὴν πόλιν, ὄντος σαββάτου μεγάλου. καὶ ὑπήντα αὐτῶι ὁ εἰρήναρχος Ἡρώιδης καὶ ὁ πατὴρ αὐτοῦ Νικήτης· οἳ καὶ μεταθέντες αὐτὸν εἰς τὸ ὄχημα, ἔπειθον παρακαθεζόμενοι καὶ λέγοντες· τί γὰρ κακόν ἐστιν εἰπεῖν, κύριος Καῖσαρ, καὶ θῦσαι καὶ διασώιζεσθαι; ὃ δὲ τὰ μὲν πρῶτα [4.15.16] οὐκ ἀπεκρίνατο, ἐπιμενόντων δὲ αὐτῶν, ἔφη· οὐ μέλλω πράττειν ὃ συμβουλεύετέ μοι. οἳ δὲ ἀποτυχόντες τοῦ πεῖσαι αὐτόν, δεινὰ ῥήματα ἔλεγον καὶ μετὰ σπουδῆς καθήιρουν, ὡς κατιόντα ἀπὸ τοῦ ὀχήματος ἀποσῦραι τὸ ἀντικνήμιον· ἀλλὰ γὰρ μὴ ἐπιστραφείς, οἷα μηδὲν πεπονθώς, προθύμως μετὰ σπουδῆς ἐπο[4.15.17]ρεύετο, ἀγόμενος εἰς τὸ στάδιον. θορύβου δὲ τηλικούτου ὄντος ἐν τῶι σταδίωι, ὡς μηδὲ πολλοῖς ἀκουσθῆναι, τῶι Πολυκάρπωι εἰσιόντι εἰς τὸ στάδιον φωνὴ ἐξ οὐρανοῦ γέγονεν· ἴσχυε, Πολύκαρπε, καὶ ἀνδρίζου. καὶ τὸν μὲν εἰπόντα οὐδεὶς εἶδεν, [4.15.18] τὴν δὲ φωνὴν τῶν ἡμετέρων πολλοὶ ἤκουσαν. προσαχθέντος οὖν αὐτοῦ, θόρυβος ἦν μέγας ἀκουσάντων ὅτι Πολύκαρπος συνείληπται. λοιπὸν οὖν προσελθόντα ἀνηρώτα ὁ ἀνθύπατος εἰ αὐτὸς εἴη Πολύκαρπος, καὶ ὁμολογήσαντος, ἔπειθεν ἀρνεῖσθαι, λέγων· αἰδέσθητί σου τὴν ἡλικίαν, καὶ ἕτερα τούτοις ἀκόλουθα, ἃ σύνηθες αὐτοῖς ἐστι λέγειν, ὄμοσον τὴν Καίσαρος τύχην, [4.15.19] μετανόησον, εἶπον, αἶρε τοὺς ἀθέους. ὁ δὲ Πολύκαρπος ἐμβριθεῖ τῶι προσώπωι εἰς πάντα τὸν ὄχλον τὸν ἐν τῶι σταδίωι ἐμβλέψας, ἐπισείσας αὐτοῖς τὴν χεῖρα στενάξας τε καὶ ἀναβλέψας εἰς τὸν [4.15.20] οὐρανόν, εἶπεν· αἶρε τοὺς ἀθέους. ἐγκειμένου δὲ τοῦ ἡγουμένου καὶ λέγοντος· ὄμοσον, καὶ ἀπολύσω σε, λοιδόρησον τὸν Χριστόν, ἔφη ὁ Πολύκαρπος· ὀγδοήκοντα καὶ ἓξ ἔτη δουλεύω αὐτῶι, καὶ οὐδέν με ἠδίκησεν· καὶ πῶς δύναμαι βλασφημῆσαι τὸν βασιλέα [4.15.21] μου, τὸν σώσαντά με; ἐπιμένοντος δὲ πάλιν αὐτοῦ καὶ λέγοντος· ὄμοσον τὴν Καίσαρος τύχην, ὁ Πολύκαρπος, εἰ κενοδοξεῖς, φησίν, ἵνα ὀμόσω τὴν Καίσαρος τύχην, ὡς λέγεις προσποιούμενος ἀγνοεῖν ὅστις εἰμί, μετὰ παρρησίας ἄκουε. Χριστιανός εἰμι. εἰ δὲ θέλεις τὸν τοῦ Χριστιανισμοῦ μαθεῖν λόγον, δὸς ἡμέραν [4.15.22] καὶ ἄκουσον. ἔφη ὁ ἀνθύπατος· πεῖσον τὸν δῆμον. Πολύκαρπος ἔφη· σὲ μὲν καὶ λόγου ἠξίωκα, δεδιδάγμεθα γὰρ ἀρχαῖς καὶ ἐξουσίαις ὑπὸ θεοῦ τεταγμέναις τιμὴν κατὰ τὸ προσῆκον τὴν μὴ βλάπτουσαν ἡμᾶς ἀπονέμειν· ἐκείνους δὲ οὐκ ἀξίους ἡγοῦμαι [4.15.23] τοῦ ἀπολογεῖσθαι αὐτοῖς. ὁ δ' ἀνθύπατος εἶπεν· θηρία ἔχω· τούτοις σε παραβαλῶ, ἐὰν μὴ μετανοήσηις. ὃ δὲ εἶπεν· κάλει. ἀμετάθετος γὰρ ἡμῖν ἡ ἀπὸ τῶν κρειττόνων ἐπὶ τὰ χείρω μετάνοια, καλὸν δὲ μετατίθεσθαι ἀπὸ τῶν χαλεπῶν ἐπὶ τὰ δίκαια. [4.15.24] ὃ δὲ πάλιν πρὸς αὐτόν· πυρί σε ποιήσω δαμασθῆναι, ἐὰν τῶν θηρίων καταφρονῆις, ἐὰν μὴ μετανοήσηις. Πολύκαρπος εἶπεν· πῦρ ἀπειλεῖς πρὸς ὥραν καιόμενον καὶ μετ' ὀλίγον σβεννύμενον· ἀγνοεῖς γὰρ τὸ τῆς μελλούσης κρίσεως καὶ αἰωνίου κολάσεως [4.15.25] τοῖς ἀσεβέσι τηρούμενον πῦρ. ἀλλὰ τί βραδύνεις; φέρε ὃ βούλει. ταῦτα δὲ καὶ ἕτερα πλείονα λέγων, θάρσους καὶ χαρᾶς ἐνεπίμπλατο καὶ τὸ πρόσωπον αὐτοῦ χάριτος ἐπληροῦτο, ὥστε μὴ μόνον μὴ συμπεσεῖν ταραχθέντα ὑπὸ τῶν λεγομένων πρὸς αὐτόν, ἀλλὰ τοὐναντίον τὸν ἀνθύπατον ἐκστῆναι πέμψαι τε τὸν κήρυκα καὶ ἐν μέσωι τῶι σταδίωι κηρῦξαι· τρὶς Πολύκαρπος ὡμολόγησεν ἑαυτὸν Χριστιανὸν εἶναι. τούτου λεχθέντος ὑπὸ τοῦ κήρυκος, [4.15.26] πᾶν τὸ πλῆθος ἐθνῶν τε καὶ Ἰουδαίων τῶν τὴν Σμύρναν κατοικούντων ἀκατασχέτωι θυμῶι καὶ μεγάληι φωνῆι ἐβόα· οὗτός ἐστιν ὁ τῆς Ἀσίας διδάσκαλος, ὁ πατὴρ τῶν Χριστιανῶν, ὁ τῶν ἡμετέρων θεῶν καθαιρέτης, ὁ πολλοὺς διδάσκων μὴ θύειν μηδὲ [4.15.27] προσκυνεῖν. ταῦτα λέγοντες, ἐπεβόων καὶ ἠρώτων τὸν ἀσιάρχην Φίλιππον ἵνα ἐπαφῆι τῶι Πολυκάρπωι λέοντα· ὃ δὲ ἔφη μὴ εἶναι ἐξὸν αὐτῶι, ἐπειδὴ πεπληρώκει τὰ κυνηγέσια. τότε ἔδοξεν αὐτοῖς ὁμοθυμαδὸν ἐπιβοῆσαι ὥστε ζῶντα τὸν Πολύκαρ[4.15.28]πον κατακαῦσαι. ἔδει γὰρ τὸ τῆς φανερωθείσης αὐτῶι ἐπὶ τοῦ προσκεφαλαίου ὀπτασίας πληρωθῆναι· ὅτε ἰδῶν αὐτὸ καιόμενον προσευχόμενος, εἶπεν ἐπιστραφεὶς τοῖς μετ' αὐτοῦ πιστοῖς προφητικῶς· δεῖ με ζῶντα καῆναι. ταῦτα οὖν μετὰ [4.15.29] τοσούτου τάχους ἐγένετο θᾶττον ἢ ἐλέγετο, τῶν ὄχλων παραχρῆμα συναγόντων ἐκ τῶν ἐργαστηρίων καὶ ἐκ τῶν βαλανείων ξύλα καὶ φρύγανα, μάλιστα Ἰουδαίων προθύμως, ὡς ἔθος αὐτοῖς, [4.15.30] εἰς ταῦτα ὑπουργούντων. ἀλλ' ὅτε ἡ πυρὰ ἡτοιμάσθη, ἀποθέμενος ἑαυτῶι πάντα τὰ ἱμάτια καὶ λύσας τὴν ζώνην, ἐπειρᾶτο καὶ ὑπολύειν ἑαυτόν, μὴ πρότερον τοῦτο ποιῶν διὰ τὸ ἀεὶ ἕκαστον τῶν πιστῶν σπουδάζειν ὅστις τάχιον τοῦ χρωτὸς αὐτοῦ ἐφάψηται· ἐν παντὶ γὰρ ἀγαθῆς ἕνεκεν πολιτείας καὶ πρὸ τῆς πολιᾶς ἐκε[4.15.31]κόσμητο. εὐθέως οὖν αὐτῶι περιετίθετο τὰ πρὸς τὴν πυρὰν ἡρμοσμένα ὄργανα· μελλόντων δὲ αὐτῶν καὶ προσηλοῦν αὐτόν, εἶπεν· ἄφετέ με οὕτως· ὁ γὰρ διδοὺς ὑπομεῖναι τὸ πῦρ δώσει καὶ χωρὶς τῆς ὑμετέρας ἐκ τῶν ἥλων ἀσφαλείας ἀσκύλτως [4.15.32] ἐπιμεῖναι τῆι πυρᾶι. οἱ δὲ οὐ καθήλωσαν, προσέδησαν δὲ αὐτόν. ὃ δ' ὀπίσω τὰς χεῖρας ποιήσας καὶ προσδεθεὶς ὥσπερ κριὸς ἐπίση[4.15.33]μος, ἀναφερόμενος ἐκ μεγάλου ποιμνίου ὁλοκαύτωμα δεκτὸν θεῶι παντοκράτορι, εἶπεν· ὁ τοῦ ἀγαπητοῦ καὶ εὐλογητοῦ παιδός σου Ἰησοῦ Χριστοῦ πατήρ, δι' οὗ τὴν περὶ σὲ ἐπίγνωσιν εἰλήφαμεν, ὁ θεὸς ἀγγέλων καὶ δυνάμεων καὶ πάσης κτίσεως παντός τε τοῦ γένους τῶν δικαίων οἳ ζῶσιν ἐνώπιόν σου, εὐλογῶ σε ὅτι ἠξίωσάς με τῆς ἡμέρας καὶ ὥρας ταύτης, τοῦ λαβεῖν μέρος ἐν ἀριθμῶι τῶν μαρτύρων ἐν τῶι ποτηρίωι τοῦ Χριστοῦ σου εἰς [4.15.34] ἀνάστασιν ζωῆς αἰωνίου ψυχῆς τε καὶ σώματος ἐν ἀφθαρσίαι πνεύματος ἁγίου· ἐν οἷς προσδεχθείην ἐνώπιόν σου σήμερον ἐν θυσίαι πίονι καὶ προσδεκτῆι, καθὼς προητοίμασας, προφανερώσας [4.15.35] καὶ πληρώσας ὁ ἀψευδὴς καὶ ἀληθινὸς θεός. διὰ τοῦτο καὶ περὶ πάντων σὲ αἰνῶ, σὲ εὐλογῶ, σὲ δοξάζω διὰ τοῦ αἰωνίου ἀρχιερέως Ἰησοῦ Χριστοῦ τοῦ ἀγαπητοῦ σου παιδός, δι' οὗ σοι σὺν αὐτῶι ἐν πνεύματι ἁγίωι δόξα καὶ νῦν καὶ εἰς τοὺς [4.15.36] μέλλοντας αἰῶνας, ἀμήν. ἀναπέμψαντος δὲ αὐτοῦ τὸ ἀμὴν καὶ πληρώσαντος τὴν προσευχήν, οἱ τοῦ πυρὸς ἄνθρωποι ἐξῆψαν τὸ πῦρ, μεγάλης δὲ ἐκλαμψάσης φλογὸς θαῦμα εἴδομεν οἷς ἰδεῖν ἐδόθη, οἳ καὶ ἐτηρήθησαν εἰς τὸ ἀναγγεῖλαι τοῖς λοιποῖς [4.15.37] τὰ γενόμενα. τὸ γὰρ πῦρ καμάρας εἶδος ποιῆσαν ὥσπερ ὀθόνης πλοίου ὑπὸ πνεύματος πληρουμένης, κύκλωι περιετείχισε τὸ σῶμα τοῦ μάρτυρος, καὶ ἦν μέσον οὐχ ὡς σὰρξ καιομένη, ἀλλ' ὡς χρυσὸς καὶ ἄργυρος ἐν καμίνωι πυρούμενος· καὶ γὰρ εὐωδίας τοσαύτης ἀντελαβόμεθα ὡς λιβανωτοῦ πνέοντος ἢ ἄλλου τινὸς [4.15.38] τῶν τιμίων ἀρωμάτων. πέρας γοῦν ἰδόντες οἱ ἄνομοι μὴ δυνάμενον τὸ σῶμα ὑπὸ τοῦ πυρὸς δαπανηθῆναι, ἐκέλευσαν [4.15.39] προσελθόντα αὐτῶι κομφέκτορα παραβῦσαι ξίφος, καὶ τοῦτο ποιήσαντος, ἐξῆλθεν πλῆθος αἵματος, ὥστε κατασβέσαι τὸ πῦρ καὶ θαυμάσαι πάντα τὸν ὄχλον εἰ τοσαύτη τις διαφορὰ μεταξὺ τῶν τε ἀπίστων καὶ τῶν ἐκλεκτῶν· ὧν εἷς καὶ οὗτος γέγονεν ὁ θαυμασιώτατος ἐν τοῖς καθ' ἡμᾶς χρόνοις διδάσκαλος ἀποστολικὸς καὶ προφητικὸς γενόμενος ἐπίσκοπος τῆς ἐν Σμύρνηι καθολικῆς ἐκκλησίας· πᾶν γὰρ ῥῆμα ὃ ἀφῆκεν ἐκ τοῦ στόματος αὐτοῦ, καὶ ἐτελειώθη καὶ τελειωθήσεται. [4.15.40] «ὁ δὲ ἀντίζηλος καὶ βάσκανος πονηρός, ὁ ἀντικείμενος τῶι γένει τῶν δικαίων, ἰδὼν τὸ μέγεθος αὐτοῦ τῆς μαρτυρίας καὶ τὴν ἀπ' ἀρχῆς ἀνεπίληπτον πολιτείαν ἐστεφανωμένον τε τὸν τῆς ἀφθαρσίας στέφανον καὶ βραβεῖον ἀναντίρρητον ἀπενηνεγμένον, ἐπετήδευσεν ὡς μηδὲ τὸ σωμάτιον αὐτοῦ ὑφ' ἡμῶν ληφθείη, καίπερ πολλῶν ἐπιθυμούντων τοῦτο ποιῆσαι καὶ κοινωνῆσαι τῶι ἁγίωι αὐτοῦ σαρκίωι. ὑπέβαλον γοῦν τινες Νικήτην, τὸν τοῦ Ἡρώιδου [4.15.41] πατέρα, ἀδελφὸν δὲ δ' Ἄλκης, ἐντυχεῖν τῶι ἡγεμόνι ὥστε μὴ δοῦναι αὐτοῦ τὸ σῶμα, μή, φησίν, ἀφέντες τὸν ἐσταυρωμένον, τοῦτον ἄρξωνται σέβειν. καὶ ταῦτα εἶπον ὑποβαλόντων καὶ ἐνισχυσάντων τῶν Ἰουδαίων· οἳ καὶ ἐτήρησαν μελλόντων ἡμῶν ἐκ τοῦ πυρὸς αὐτὸν λαμβάνειν, ἀγνοοῦντες ὅτι οὔτε τὸν Χριστόν ποτε καταλιπεῖν δυνησόμεθα, τὸν ὑπὲρ τῆς τοῦ παντὸς κόσμου τῶν σωιζομένων σωτηρίας παθόντα, οὔτε ἕτερόν τινα [4.15.42] σέβειν. τοῦτον μὲν γὰρ υἱὸν ὄντα τοῦ θεοῦ προσκυνοῦμεν, τοὺς δὲ μάρτυρας ὡς μαθητὰς καὶ μιμητὰς τοῦ κυρίου ἀγαπῶμεν ἀξίως ἕνεκα εὐνοίας ἀνυπερβλήτου τῆς εἰς τὸν ἴδιον βασιλέα καὶ διδάσκαλον· ὧν γένοιτο καὶ ἡμᾶς συγκοινωνούς τε καὶ συμ[4.15.43]μαθητὰς γενέσθαι. ἰδὼν οὖν ὁ ἑκατοντάρχης τὴν τῶν Ἰουδαίων γενομένην φιλονεικίαν, θεὶς αὐτὸν ἐν μέσωι, ὡς ἔθος αὐτοῖς, ἔκαυσεν, οὕτως τε ἡμεῖς ὕστερον ἀνελόμενοι τὰ τιμιώτερα λίθων πολυτελῶν καὶ δοκιμώτερα ὑπὲρ χρυσίον ὀστᾶ αὐτοῦ [4.15.44] ἀπεθέμεθα ὅπου καὶ ἀκόλουθον ἦν. ἔνθα, ὡς δυνατόν, ἡμῖν συναγομένοις ἐν ἀγαλλιάσει καὶ χαρᾶι παρέξει ὁ κύριος ἐπιτελεῖν τὴν τοῦ μαρτυρίου αὐτοῦ ἡμέραν γενέθλιον εἴς τε τὴν τῶν προηθληκότων μνήμην καὶ τῶν μελλόντων ἄσκησίν τε καὶ [4.15.45] ἑτοιμασίαν. τοιαῦτα τὰ κατὰ τὸν μακάριον Πολύκαρπον· σὺν τοῖς ἀπὸ Φιλαδελφείας δωδεκάτου ἐν Σμύρνηι μαρτυρήσαντος, ὃς μόνος ὑπὸ πάντων μᾶλλον μνημονεύεται, ὡς καὶ ὑπὸ τῶν ἐθνῶν ἐν παντὶ τόπωι λαλεῖσθαι». [4.15.46] τὰ μὲν δὴ κατὰ τὸν θαυμάσιον καὶ ἀποστολικὸν Πολύκαρπον τοιούτου κατηξίωτο τέλους, τῶν κατὰ τὴν Σμυρναίων ἐκκλησίαν ἀδελφῶν τὴν ἱστορίαν ἐν ἧι δεδηλώκαμεν αὐτῶν ἐπιστολῆι κατατεθειμένων· ἐν τῆι αὐτῆι δὲ περὶ αὐτοῦ γραφῆι καὶ ἄλλα μαρτύρια συνῆπτο κατὰ τὴν αὐτὴν Σμύρναν πεπραγμένα ὑπὸ τὴν αὐτὴν περίοδον τοῦ χρόνου τῆς τοῦ Πολυκάρπου μαρτυρίας, μεθ' ὧν καὶ Μητρόδωρος τῆς κατὰ Μαρκίωνα πλάνης πρεσβύτερος δὴ εἶναι δοκῶν πυρὶ παραδοθεὶς ἀνήιρηται. τῶν γε μὴν [4.15.47] τότε περιβόητος μάρτυς εἷς τις ἐγνωρίζετο Πιόνιος· οὗ τὰς κατὰ μέρος ὁμολογίας τήν τε τοῦ λόγου παρρησίαν καὶ τὰς ὑπὲρ τῆς πίστεως ἐπὶ τοῦ δήμου καὶ τῶν ἀρχόντων ἀπολογίας διδασκαλικάς τε δημηγορίας καὶ ἔτι τὰς πρὸς τοὺς ὑποπεπτωκότας τῶι κατὰ τὸν διωγμὸν πειρασμῶι δεξιώσεις παραμυθίας τε ἃς ἐπὶ τῆς εἱρκτῆς τοῖς παρ' αὐτὸν εἰσαφικνουμένοις ἀδελφοῖς παρετίθετο, ἅς τε ἐπὶ τούτοις ὑπέμεινεν βασάνους, καὶ τὰς ἐπὶ ταύταις ἀλγηδόνας καθηλώσεις τε καὶ τὴν ἐπὶ τῆς πυρᾶς καρτερίαν τήν τε ἐφ' ἅπασιν τοῖς παραδόξοις αὐτοῦ τελευτὴν πληρέστατα τῆς περὶ αὐτοῦ γραφῆς περιεχούσης, τοὺς οἷς φίλον, ἐπὶ ταύτην ἀναπέμψομεν τοῖς τῶν ἀρχαίων συναχθεῖσιν ἡμῖν μαρτυρίοις ἐντεταγμένην. [4.15.48] ἑξῆς δὲ καὶ ἄλλων ἐν Περγάμωι πόλει τῆς Ἀσίας ὑπομνήματα μεμαρτυρηκότων φέρεται, Κάρπου καὶ Παπύλου καὶ γυναικὸς Ἀγαθονίκης, μετὰ πλείστας καὶ διαπρεπεῖς ὁμολογίας ἐπιδόξως τετελειωμένων.