CONTRE LES CLERCS QUI LOGENT DES VIERGES CHEZ EUX.
ANALYSE. Un abus étrange s'est introduit dans l'Église ; on voit des ecclésiastiques et des vierges habiter ensemble sous le même toit. — Ceux qui commettent cette irrégularité ont beau vouloir se justifier, on peut les défier d'apporter aucune raison plausible. — La volupté est la seule et unique cause de ces cohabitations plus voluptueuses qu'un mariage légitime. — Vive peinture de cette volupté. — Je suppose, dit saint Chrysostome , ces sociétés aussi innocentes qu'on veut bien le dire, elles sont encore très-pernicieuses à cause du scandale qu'elles donnent. — Le scandale est un péché toutes les fois que l'action qui le produit n'est pas plus avantageuse que nuisible. — Exemple de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et de saint Paul. — Or, de quelle utilité sont ces sociétés? — Nous verrons qu'elles ne sont d'aucune utilité , qu'elles sont même très-nuisibles soit aux fidèles qui en sont scandalisés, soit aux clercs, soit aux vierges. — Vous, qui habitez avec une vierge, vous êtes fort ou faible ; si vous êtes faible, quittez cette société pour vous-même; si vous êtes fort, quittez-la pour les autres. — Votre force n'est qu'imaginaire, votre faiblesse seule est réelle : voyez plutôt le saint homme Job, voyez saint Paul lui-même, l'un et l'autre se trouvaient faibles pour combattre la volupté, avez-vous la prétention d'être plus fort qu'eux? — Comprenez la parole de Jésus-Christ : Qui potest capere capiat. — Il est moralement impossible que la cohabitation n'allume pas la concupiscence. — Vous voilà donc convaincu , vous êtes forcé d'avouer que rien ne vous fait rester avec une vierge , excepté la concupiscence et la volupté. — Qu'avez-vous à objecter pour votre défense? — Mais une vierge a besoin de protection pour sa personne et pour ses biens. — Mauvaise raison. — La protection que vous exercez sur la personne de cette vierge ne fait que la perdre pour l'éternité et vous-même avec elle. — Quant à celle que vous exercez sur ses biens, elle est tout à fait indigne d'un soldat de Jésus-Christ. — Votre objection n'est pas sincère, vous n'agissez point par charité; car la charité ne fait acception de personne, et votre prétendue protection ne s'étend que sur les vierges. — Pourquoi cette prédilection? — Mais les femmes ont plus besoin de secours que les hommes. — Cette raison ne vaut pas mieux que l'autre. — Les femmes qui sont accablées de vieillesse et d'infirmités ont encore plus besoin d'aide que celles qui sont jeunes et qui se portent bien, et vous ne secourez que celles-ci. — Je vais plus loin et je soutiens que quand même votre charité ne trouverait aucune autre occasion de se déployer, vous devriez vous abstenir de l'exercer en faveur de filles jeunes et belles. — Le bien que vous pouvez faire ainsi n'égale pas le scandale que vous causez. — Celui qui pèche sans scandaliser personne encourt une peine. moindre : vérité prouvée par un exemple de Moïse. — Ne dites pas qu'une jeune fille vous est nécessaire pour prendre soin de votre maison. — La maison d'un ecclésiastique ne doit pas être assez considérable pour exiger une intendante. — Quand même vous auriez besoin de quelqu'un pour cette charge, un frère vous conviendrait mieux. — Vive et spirituelle satire. — Conduite aussi ridicule que dégradante de ces clercs à l'égard des vierges, dans l'intérieur des maisons, et jusqu'à l'église. — Après la correction qui est sévère, hardie, véhémente, ironique, satirique, vient l'exhortation ; elle est pleine de douceur, de charité, d'onction ; elle est pressante, amicale, paternelle. — Saint Chrysostome a, dans cet écrit, quelque chose de l'âpreté de saint Jérôme. — Cette remarque est de M. l'abbé Martin.
-
C'est le Traité de la Providence, adressé à Stagyre, qui devrait se trouver à cette place; un accident, que nous n'avons pu prévoir, nous oblige à le renvoyer plus loin ; c'est une erreur toute matérielle qu'il suffit de signaler pour qu'elle n'existe plus. ↩