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Traité de la virginité
TRAITÉ DE LA VIRGINITÉ.
Traduit par l'abbé J. DUCHASSAING
(Voyez tome Ier, chapitre VIII , page 83.)
Tome II, p. 125-171
ANALYSE. Il n'y a point de véritables vierges parmi les hérétiques, parce qu'elles ne sont point chastes, n'étant pas épouses d'un seul, comme l'ordonne saint Paul. — En second lieu, elles n'embrassent la virginité que par horreur du mariage, qu'elles regardent comme un crime. — Elles ne peuvent donc prétendre à la même récompense que les vierges catholiques. — L'Apôtre, qui conseille la continence, n'en fait point un précepte, et les hérésiarques, qui s'éloignent de sa doctrine, placent leurs disciples dans une condition pire que celle des païens. — Enfin , la virginité des hérétiques est injurieuse à Dieu , car, ayant renoncé à la foi, leurs vierges ne sauraient avoir le coeur pur. — D'ailleurs, la profession de la virginité exige, pour être méritoire, une pleine liberté de se marier, ce qui ne se rencontre pas chez les hérétiques, qui réprouvent le mariage. — L'Église, au contraire, loue le mariage, et le regarde comme le port de la continence pour ceux qui veulent en bien user. — Quant aux personnes qui n'ont pas besoin de ce secours contre l'effervescence des passions, l'Église les exhorte à ne point se marier, mais elle ne le leur défend pas. — Elle ne condamne et ne chasse de son sein que ceux qui profanent la sainteté du mariage. — Car le mariage est bon, mais la virginité est bien meilleure, et elle lui est autant supérieure que les anges le sont aux hommes.
La virginité est avantageuse au catholique selon l'enseignement de l'Apôtre; et dans le plan premier de la création, elle devait seule régner sur la terre, car le péché, qui a été cause de la mort, l'a été également du mariage. — Adam et Eve ne lui doivent point la naissance, les anges n'ont point été multipliés par cette voie, et si nos premiers parents fussent demeurés fidèles, Dieu eût pourvu à la propagation du genre humain par un moyen qui nous est inconnu. — Aujourd'hui même le mariage n'est permis que pour remédier à l'incontinence, en sorte que l'Apôtre veut que les chrétiens, à l'exemple des juifs, s'en abstiennent certains jours, afin de mieux vaquer au jeûne et à la prière. — Mais si ce même apôtre dit que la continence est un don de Dieu, il n'exclut point la coopération de l'homme, et ne parle ainsi que par humilité. — L'auteur trace alors une vive et effrayante peinture des mariages mal assortis, et rappelle aux vierges, ainsi qu'aux veuves, qu'après avoir fait veau de continence, elles ne peuvent se marier sans pécher grièvement. — Il prouve ensuite que le mariage est avec raison appelé une chaîne, parce qu'il est une suite non interrompue de soins et d'inquiétudes, et surtout parce que le devoir conjugal soumet les époux l'un à l'autre. — Cette soumission est pour eux une obligation grave , et dont ils ne peuvent s'affranchir que momentanément et d'un mutuel consentement. — Il se trouvait aussi des vierges qui faisaient consister la virginité à ne point se marier, et qui du reste se permettaient les parures et les amusements du monde ; mais si elles imitent ainsi les vierges folles de l'Évangile, elles seront, comme celles-ci, exclues du royaume des cieux. — L'excellence de la virginité se montre surtout en ce qu'elle nous facilite l'exercice de la prière et des bonnes oeuvres. — Quelques-uns s'autorisaient du nom d'Abraham pour mettre le mariage au-dessus de la virginité, mais l'auteur montre que les apôtres sont plus élevés en gloire que ce patriarche ;et tout en avouant qu'un homme riche, marié et chargé d'affaires, peut mener une vie juste et vertueuse, il affirme que les exemples en sont rares. — Enfin, il termine en disant que dans la loi nouvelle on exige plus de perfection que dans l'ancienne, parce que les dons et les grâces du Saint-Esprit nous y sont donnés plus abondamment.