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Traité de la virginité
34.
Nous venons de voir que l'Apôtre n'ose conseiller aux époux une trop longue séparation, de peur que Satan ne les circonvienne. Quelles palmes et quelles couronnes ne méritent donc pas ceux qui, sans ce secours, savent toujours vaincre et triompher, et contre lesquels cependant le démon déploie toutes ses ruses et toute son audace ! Il est moins violent envers les personnes mariées, parce qu'il sait qu'au plus fort de la tempête elles trouvent dans le mariage un port et un refuge assuré. D'ailleurs l'Apôtre ne leur permet qu'une courte navigation, et il veut qu'ils reviennent promptement au rivage pour s'y reposer de leurs fatigues, et s'y abriter contre l'orage. Mais les vierges ne peuvent ni ralentir leur course à travers les ondes et les écueils, ni aspirer, au milieu des tempêtes, au calme d'une rive hospitalière. Les pirates craignent d'attaquer les vaisseaux qui ne s'éloignent qu'à une
faible distance du port ou de la rade, car ils s'exposeraient eux-mêmes à un très-grand péril. Mais s'ils rencontrent un navire en pleine mer, son isolement accroît leur audace. Ils l'abordent, et le combat ne cesse que par la prise et la perte des uns ou des autres. C'est ainsi que le démon, cet implacable ennemi de toute vertu, déchaîne contre les vierges les vents, les flots et les orages, et qu'il soulève tous les éléments afin de submerger leur frêle nacelle. II sait en effet qu'elles ne peuvent reculer, (Ephés. VI, 42.) et qu'il leur, faut sans cesse lutter contre les puissances du mal, jusqu'au jour où la mort les déposera au rivage sûr et paisible de l'éternité. Pour l'Apôtre, les vierges sont comme ces vaillants soldats qui dans une sortie voient les portes de la ville se refermer sur eux. La seule voie du salut qui leur reste est de vaincre un ennemi farouche, avec lequel elles ne peuvent conclure ni paix, ni trêve.
Attaquées parle démon avec une rage particulière , les personnes non mariées sont encore tourmentées par l'aiguillon de la concupiscence plus violemment que les autres. Il est évident pour tout le monde que la liberté d'user d'un plaisir, en ralentit le goût et l'ardeur. Et en effet rien de plus vrai que ce proverbe Ce qui est en notre pouvoir, émeut faiblement notre vouloir. Le contraire a lieu lorsqu'après avoir été à notre disposition, une chose nous est interdite : rien n'enflamme le désir comme la privation. Sous ce rapport le mariage offre donc un avantage; il procure plus de paix; si le feu de la concupiscence se rallume dans le coeur des époux, ils peuvent l'éteindre. Mais cette ressource est interdite aux vierges, elles voient les flammes s'élever autour d'elles et les entourer d'un réseau brûlant, et sans qu'il leur soit permis d'arrêter l'incendie, elles doivent se préserver de ses ravages. Etrange condition de la vierge chrétienne ! elle porte au-dedans d'elle-même un brasier ardent, et ne doit pas en être brûlée. Elle nourrit dans son sein une flamme dévorante, et doit en éviter les atteintes. Elle n'est pas libre d'en affaiblir les brûlantes ardeurs, en là laissant se répandre au dehors, et il faut qu'elle réalise dans son âme le prodige que l'auteur des proverbes déclare impossible dans le corps : Qui marchera sur des charbons ardents et ne se brûlera pas les pieds? Or, la vierge chrétienne est soumise à cette épreuve et elle la supporte. Le Sage ajoute : Qui portera du feu dans son sein sans enflammer ses vêtements? (Prov. VI, 27, 28.) Et le coeur de la vierge est le foyer d'une flamme plus vive encore et plus dévorante, et vous oseriez égaler le mariage à la sainte virginité ! L'Apôtre vous le défend, et il trace nettement la ligne qui sépare ces deux états, quand il dit que : Le second s'occupe de Dieu, et le premier du monde.
Nous trouvons même un éloge tacite de la virginité dans l'obligation qu'il impose aux époux de ne point se refuser l'un à l'autre, de peur que l'incontinence ne donne lieu à Satan de les tenter. Ce mot incontinence nous révèle toute la pensée de l'Apôtre; il explique le principal motif de la loi du mariage, et il est en même temps la critique de notre lâcheté. Oui, qui ne rougirait de mériter ce reproche, et qui ne tiendrait à s'en justifier? Car saint Paul ne s'adresse pas ici à tous les époux; il parle seulement à ceux qui sont moins courageux, et il semble leur dire : Si vous êtes dominés par la chair et le plaisir, et si vous ne respirez que la volupté, connaissez votre épouse. Mais certes il y a dans ce langage plus d'ironie et de blâme que de louange et d'approbation. S'il n'eût voulu atteindre fortement l'époux voluptueux, il eût employé le mot de faiblesse, et non celui d'incontinence qui renferme un reproche, et presque un outrage. Une expression plus modérée et plus indulgente n'aurait pas aussi énergiquement stigmatisé notre lâcheté. Ainsi il regarde comme incontinents les époux qui ne peuvent clé temps à autre vivre comme frère et sueur.
Que peuvent maintenant alléguer ceux qui considèrent la virginité comme inutile? Plus elle est rigoureusement observée, et plus elle est glorieuse. Le mariage au contraire mérite d'autant moins notre estime qu'on en use avec moins de modération. En effet l'Apôtre a dit : Je permets le mariage, et je ne l'ordonne pas. (I Cor. VII, 6.) Ce qui n'est que toléré peut-il être méritoire? Mais le même apôtres objecterez-vous, a dit, en parlant des vierges : A leur égard je n'ai point de précepte du Seigneur. (Ibid. V, 25.) Pouvez-vous conclure dé là qu'il place au même. rang le mariage et la virginité? nullement. Il conseille la virginité et il tolère le mariage. Sans doute il ne présente comme obligatoire, ni la virginité, ni le mariage; mais que les motifs de cette double réserve sont différents ! Saint Paul ne fait point une obligation du mariage, afin de laisser toute liberté à ceux qui veulent s'en abstenir, et il n'impose point la virginité, afin de ne pas induire dans le péché ceux qui ne seraient pas assez forts pour en porter le fardeau. Je ne commande pas la virginité, dit-il, parce que j'en connais les difficultés, mais je ne prescris pas non plus l'usage indéfini du mariage, ce qui serait porter une loi d'incontinence. J'ai dit seulement aux époux : Ne vous refusez pas l'un à l'autre, pour vous empêcher de vous dégrader par le péché, mais non de vous élever à un état plus parfait. Ainsi le but et l'intention de l'Apôtre est bien moins de permettre indéfiniment l'usage du . mariage, que de tolérer la lâcheté des époux. Et si vous désirez connaître toute sa pensée, écoutez cette parole: Je voudrais que vous fussiez tous en l'état ou je suis moi-même. (I Cor. VII, 7.) Voudriez-vous donc abolir le mariage, ô grand Apôtre? Non sans doute, répond-il, puisque je ne le blâme, ni ne le condamne, puisque même je le permets comme un remède contre l'incontinence , néanmoins je souhaite que tous soient vierges comme moi. c'est pourquoi j'ai. dit en commençant : Il est avantageux à l'homme de ne s'approcher de la femme.
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Vom jungfräulichen Stande (BKV)
34. Der jungfräuliche Stand ist bewunderungswürdig uud verdient viele Kronen.
Wenn er nämlich diejenigen, welche im Ehestande leben, S. 201 längere Zeit von einander zu trennen sich fürchtet, damit der Teufel keinen Zûgang erspähe; welche Kronen mögen wohl jene verdienen, die schon von Anbeginn dieses Mittel nicht brauchten und bis zum Ende unbesiegt ausharrten? Dazu kommt noch, daß sich die Nachstellungen des Teufels Beiden nicht gleichmäßig nahen; denn er ist, dünkt mich, jenen nicht lästig, weil er weiß, daß sie einen nahen Zufluchtsort haben und alsbald, wenn sie einen heftigern Angriff erfahren, sich in den Hafen zurückflüchten dürfen. Denn der heilige Paulus erlaubt ihnen nicht länger zu schiffen, sondern trägt ihnen auf, wenn sie etwa ermüdet sind, zurückzukehren, indem er ihnen gestattet, wieder zusammen zu kommen. Die Jungfrau dagegen ist genöthigt, immer zu schiffen, und ohne Hafen das Meer zu durchmessen. Und ob sich auch der heftigste Sturm erhebt, auch dann ist es ihr nicht erlaubt, das Schiff in den Hafen zu führen und der Ruhe zu pflegen. Gleichwie nämlich die Frevler auf dem Meere die Schiffenden nicht da, wo eine Stadt, ein Ankerplatz oder Hafen sich findet, angreifen — denn, das hieße ja sich vergeblich gefährden —; dagegen wenn sie das Schiff auf hoher See überraschen, wo sie die Noth der Hilfebedürftigen zur Kühnheit antreibt. Alles in Bewegung setzen und wagen und nicht eher ruhen, als bis sie dieselben in den Grund bohren, oder dieses selber erleiden: so erregt auch dieser schreckliche Seeräuber der Jungfrau starke Fluthen, heftigen Sturm und unerträgliche Wogen, er mischt Alles drunter und drüber, um durch Gewalt und Heftigkeit das Schiff zu zerstören. Denn er hörte ja, daß es der Jungfrau nicht gegönnt sei „wieder zusammen zu kommen,“1 sondern daß sie beständig gegen die Geister der Bosheit streiten und kämpfen müsse, bis sie endlich in den windstillen Hafen einlaufe. Denn Paulus, der die Jungfrau wie einen muthigen Krieger außerhalb der Mauern ausgeschlossen hat, gestattet nicht, daß ihr die Thore geöffnet werden, wenn auch der Feind noch so S. 202 sehr gegen sie tobt, ja wenn er auch dadurch noch grausamer würde, weil ein Waffenstillstand für den Gegner eine Unmöglichkeit ist. Allein nicht nur der Teufel, sondern auch selbst der Stachel der Wollust setzt den Unverheirateten mit Heftigkeit zu; und das ist Jedem bekannt. Denn nicht leicht erfaßt uns die Begierde nach dem, was wir schon genießen, weil die Sicherheit dem Geiste gestattet, sorglos zu sein. Dasselbe bestätigt uns auch ein voltsthümliches, aber sehr wahres Sprichwort: „Was man“, heißt es, „in seiner Gewalt hat, ist nicht geeignet die Begierde zu reizen.“ Werden wir aber am Gebrauch dessen, was wir früher besaßen, verhindert, so ereignet sich das Gegentheil, daß auch dasjenige, was, so lang es in unserm Besitz war, von uns verachtet wurde, unsere Begierde heftig entzündet, sobald uns die Macht darüber entwischt. Darum haben die Ehegatten erstens eine größere Ruhe; zweitens aber, wenn die Flamme zuweilen höher emporschlägt, unterdrückt sie alsbald wieder der hinzukommende Beischlaf. Die Jungfrau hingegen, die nichts hat, um das Feuer zu löschen, ist, wenn sie dasselbe entstehen und hoch auflodern sieht, weil sie es nicht zu löschen vermag, nur auf das Eine bedacht, daß sie im Kampf mit dem Feuer nicht selber verbrenne. Gibt es aber etwas Unbegreiflicheres als das, nämlich einen ganzen Herd im Innern zu tragen und doch nicht zu verbrennen, die Flamme im geheimen Gemache der Seele zu häufen und doch die Gesinnung unversehrt zu bewahren? Denn Niemand erlaubt ihr, diese Kohlen hinauszuschaffen; sie muß im Gegentheil das in ihrer Seele behalten, was der Verfasser der Sprichwörter in Bezug auf die Natur der Körper als unmöglich erklärt. Was sagt aber dieser? „Kann Jemand auf glühenden Kohlen wandeln, ohne seine Fußsohlen zu verbrennen?“2 Sieh’ aber, diese wandelt einher und erduldet die Pein. „Oder kann Jemand Feuer in seinem Busen verbergen, ohne daß seine Kleider verbrennen?“3 S. 203 Diese aber, welche ein wildes und prasselndes Feuer nicht in den Kleidern, sondern im Innern hat, erträgt und verbirgt die Flamme. Sage mir, wird es noch Jemand geben, der es wagt, die Ehe mit der Jungfrauschaft zu vergleichen, ja ihr überhaupt gegenüber zu stellen? Der heilige Paulus, welcher einen gewaltigen Unterschied zwischen beiden aufstellt, gestattet es nicht. „Denn diese“, sagt er, „sorgt für das, was des Herrn, jene für das, was der Welt ist.“4 Nachdem er also die Verheiratheten zusammengestellt und sich zu Gunsten der Jungfrau erklärt hat, höre, was er jenen zum Vorwurfe macht: „Kommet“, sagt er, wieder zusammen, damit euch der Satan nicht versuche.“5 Und als wollte er zeigen, daß man nicht das Ganze seiner Versuchung zuschreiben dürfe, sondern das Meiste unserer Trägheit, fügt er als Hauptgrund hinzu: „Wegen eurer Unenthaltsamkeit.“ Wer erröthet nun nicht, wenn er dieses hört? Wer möchte nicht trachten, dem Vorwurfe der Unenthaltsamkeit zu entrinnen? Denn diese Ermahnung geht nicht Alle an, sondern nur die Nachlässigsten. Wenn du, sagt er, ein solcher Sklave der Gelüste, wenn du so verweichlicht bist, daß du stets nach dem Beischlafe verlangest und rennest, so komm’ mit dem Weibe zusammen. Es ist also nicht die Erlaubniß eines Billigenden und Empfehlenden, sondern eines Spottenden und Scheltenden. Denn hätte er das Herz der Vergnügungssüchtigen nicht kräftig treffen wollen, so würde er das Wort „Unenthaltsamkeit“, welches theils stark ist, theils einen großen Tadel enthält, wohl nicht gebraucht haben. Denn warum sagt er nicht: „Wegen eurer Schwäche?“ Weil dieses Wort mehr der Ausdruck eines Nachsichtigen wäre. Unenthaltsamkeit aber ein Uebermaß von Leichtfertigkeit anzeigt. Es ist also ein Zeichen der Unenthaltsamkeit, sich der Hurerei nicht enthalten zu können, ohne daß man dem Weibe anhängt und den Beischlaf genießt. Was werden nun hier diejenigen sagen, welche den jungfräulichen Stand S. 204 für überflüssig erklären? Denn je mehr sich dieser anstrengt, desto größeres Lob verdient er; die Ehe geht aber dann, wenn man sich ihrer mehr als zur Genüge bedient, am meisten alles Lobes verlustig. „Dieses aber“, heißt es, „sage ich aus Nachsicht, nicht als Befehl;“6 denn wo Nachsicht ist, hat das Lob keinen Platz. Wenn er aber von den Jungfrauen redet, sagt er: „Ich habe kein Gebot vom Herrn,7 Hält er also die Sache für gleich? Mit nichten! Denn in Bezug auf die Jungfrau gibt er einen Rath, hier aber eine Erlaubniß; aber keines von Beiden befiehlt er, nicht aus gleichen Gründen, sondern hier, damit der, welcher sich von der Unenthaltsamkeit frei machen will, nicht verhindert würde, wie durch eine zwingende Vorschrift verpflichtet; dort, damit der, welcher sich zur Jungfrauschaft nicht emporzuschwingen vermag, nicht verurtheilt würde, als ein durch ein Gesetz Gebundener. Ich befehle nicht, sagt er, Jungfrau zu bleiben; denn ich fürchte die Schwierigkeit der Sache. Ich befehle nicht, häufig mit dem Weibe zusammenzukommen; denn ich will kein Gesetzgeber der Unenthaltsamkeit sein. Ich sagte: „Kommet zusammen“, um zu verhindern, daß Jemand in den Abgrund gerissen werde, nicht um ein höheres Streben zu verwehren. Denn das ist nicht sein hauptsächlicher Wunsch, daß wir beständig des Weibes genießen; sondern er hat es nur wegen der Unenthaltsamkeit der Trägen gebilliget. Da du den Willen des Paulus kennen zu lernen verlangst, so höre, wie er lautet: „Ich wünsche“, sagt er, „daß alle Menschen seien, wie ich, enthaltsam.“8 „Indem du nur wünschest, daß alle Menschen enthaltsam seien, so willst du, daß sich Niemand verheirathe.“ Nein, denn ich verhindere ja darum diejenigen nicht, welche dieß wollen, und klage sie nicht an; sondern während ich bete und wünsche, daß Alle wie ich seien, erlaube ich auch jenes, der Hurerei willen; deßhalb sagte ich auch Anfangs: „Es ist gut für den Menschen, kein Weib zu berühren,“ weil ich das mehr wünsche.