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Ne voyez-vous pas en effet qu'en voulant garder la continence, malgré son mari, cette femme s'expose à être plus que lui-même, punie de ses crimes et de ses désordres? Et comment, me direz-vous? — Parce qu'en lui refusant le légitime usage du mariage, elle le porte à se précipiter dans le vice. Saint Paul exige pour ce refus le consentement mutuel des deux parties ; comment donc excuser la femme qui prétend imposer à son mari le sacrifice absolu de ses droits? — Mais c'est là une odieuse servitude ! — Je l'avoue; mais qui vous forçait à vous y soumettre? C'était avant le mariage, et non après qu'il fallait faire toutes ces réflexions. Aussi l'Apôtre , qui vient de nous représenter combien la chaîne du mariage est lourde et pesante, se hâte-t-il de nous indiquer les moyens de nous y soustraire. N’avez-vous point de femme ? dit-il, ne cherchez point à vous marier. C'est ainsi qu'il nous amène indirectement à mieux accueillir la virginité en faisant ressortir les tribulations du mariage; toutefois il ajoute : Si vous épousez une femme, vous ne péchez point: et si une fille se marie, elle ne pèche point. Voilà donc le grand mérite du mariage, on peut le contracter sans péché ! La virginité seule mérite l'admiration; tout l'avantage des époux, c'est de pouvoir se dire qu'ils n'ont point failli, point violé la loi. Nous étonnerons-nous maintenant que l'Apôtre nous exhorte à garder la continence, puisque le lien conjugal, quelque dur qu'il soit, demeure indissoluble.