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Ces héros de la sainte virginité dédaignaient ces biens réellement superflus, le plaisir et les richesses, la gloire et tous les rêves d'un bonheur terrestre; et ils méprisaient même ces autres biens que nous- estimons indispensables, les habitations, les villes et les divers produits des arts. C'est ce que l'Apôtre entend par cette sainteté et cette ardeur soutenue, qui sont l'apanage exclusif , de la virginité. S'il est beau et s'il est glorieux de maîtriser les désirs des sens, et de comprimer l'effervescence des passions, il est vraiment admirable de persévérer dans une vie de ce genre. Sans cela, la vertu demeure stérile, et ne peut opérer le salut. Nous le voyons tous les jours dans le nombre infini de ceux qui ne sont véritablement vierges que de nom, tant ils se rapprochent peu d'Elie, d'Elisée et de Jean-Baptiste; ils en sont plus éloignés que la terre ne l'est du ciel. Reconnaissons donc que toute virginité qui ne s'appuie pas sur une sainteté soutenue, et une ardeur constante, s'affaiblit bientôt et dégénère; mais avouons aussi qu'avec l'aide de ces deux vertus, elle devient le germe et la source de tous les biens. L'arbre grandit et se développe, quand les racines plongent dans un sol vigoureux et fertile; et de même la virginité, plantée pour ainsi dire dans une vie vertueuse, produit des fruits admirables de sainteté. C'est à une vie pénitente et crucifiée qu'elle demande sa force et son accroissement ; et c'est cette vie elle-même qui imprima à ces saints prophètes un si généreux essor. Elle dégagea leurs pieds de toute entrave, et leur donna des ailes pour s'envoler aux cieux. Combien la pauvreté devient facile et légère quand on n'a ni une épouse à soigner, ni des enfants à élever; et combien cette même pauvreté nous rapproche du ciel, en nous délivrant de toute crainte , de tout péril et de toute inquiétude !