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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) De sacerdotio libri 1-6 Traité du Sacerdoce
LIVRE QUATRIÈME

6.

CHRYSOSTOME. C’est précisément cette parole à laquelle tu fais allusion qui en a trompé un grand nombre, et les a rendus négligents pour l’étude de la vraie doctrine. Faute d’aller jusqu’au bout de la pensée de l’Apôtre, et de comprendre le sens de ses paroles, ils ont passé toute leur vie dans la somnolence et la paresse, sectateurs fidèles de l’ignorance , non pas de celle dont saint Paul fait l’aveu, mais d’une autre dont il était plus éloigné que qui que ce soit au monde. Mais je réserve ce point pour plus tard, et pour le moment, supposons que l’Apôtre ait ignoré l’art de parler, (603) comme on le prétend, que pourrait-on en conclure pour des hommes de notre temps? Il possédait une puissance bien supérieure à l’éloquence, et capable de produire de plus grands effets; lui de qui la seule présence et le simple aspect, sans même qu’il eût à ouvrir la bouche, suffisaient pour faire trembler les démons. Aujourd’hui tous les hommes ensemble auraient beau prier et pleurer, ils ne pourraient ce que pouvaient les vêtements de saint Paul. Paul par sa prière ressuscitait les morts; il opérait tant de prodiges, qu’il était regardé comme un Dieu par les infidèles. Encore revêtu d’un corps mortel, il avait été jugé digne d’être ravi jusqu’au troisième ciel, et d’apprendre des choses que l’oreille humaine ne peut pas même entendre. Mais les hommes de nos jours... Je m’arrête pour ne rien dire de trop dur ni de trop sévère. Mon dessein n’est pas de les insulter; je m’étonne seulement qu’ils ne rougissent pas de se comparer à ce grand homme.

En effet, si nous considérons non plus les prodiges, mais la vie du bienheureux Apôtre, et sa conduite angélique, nous le verrons encore plus triomphant par ses vertus que par ses miracles. Qui pourrait représenter la vivacité de son zèle, sa douceur, ses continuels dangers, ses sollicitudes incessantes, sa constante anxiété pour le salut de toutes les Eglises; sa compassion envers ceux qui souffrent, ses tribulations; ses persécutions sans cesse renouvelées, et ses morts de tous les jours? Quel endroit de la terre habitable, quel continent, quelle mer n’ont pas connu les combats de ce juste? Le désert même l’a vu plus d’une fois, alors qu’il lui offrait un asile contre le danger. Pas d’embûches auxquelles il n’ait été exposé, mais aussi pas de victoire qu’il n’ait remportée. Toujours combattre, et toujours vaincre, voilà sa vie.

Mas suis-je assez respectueux envers ce grand homme, lorsque j’ose faire son éloge? ses grandes actions ne sont-elles pas au-dessus de tous les discours, et autant au-dessus du mien que les grands orateurs sont au-dessus de moi? Persuadé néanmoins que le bienheureux Apôtre aura plus égard à l’intention qu’au succès, je ne m’arrêterai pas que je n’aie parlé d’un acte qui surpasse autant tout ce que j’ai dit, que saint Paul surpasse les autres mortels. Quel est cet acte? C’est qu’après tant de belles actions, et après avoir mérité une infinité de couronnes, il souhaita d’aller en enfer, d’être livré à un supplice éternel pour sauver et donner à Jésus-Christ ces Juifs, qui l’avaient souvent lapidé, et qui l’auraient tué s’ils en avaient eu le pouvoir. Quelqu’un a-t-il jamais aimé Jésus-Christ à ce point, si l’on peut appeler amour un transport qui réclamerait un terme plus expressif encore?

Nous comparerons-nous encore à un tel homme, après une si grande grâce qu’il a reçue d’en-haut, et une si grande vertu qu’il a tirée de son fond? Ce serait là le comble de la présomption et de la témérité. Mais était-il aussi ignorant qu’on le prétend? Il n’en est rien, comme on va le voir. On appelle ignorant non celui qui n’est pas versé dans les prestiges de l’éloquence profane, mais celui qui ne sait pas combattre pour la défense des dogmes et de la vérité : et l’on a raison. Or, Paul ne se déclare pas ignorant sous l’un et l’autre rapport, mais seulement sous le premier. Lui-même l’affirme, et il fait expressément cette distinction, disant qu’il est ignorant dans l’art de la parole, mais non dans la doctrine. (II Cor. XI, 6.) Il est bien vrai que si, dans le ministre de la parole sainte, je demandais la politesse d’Isocrate, la véhémence de Démosthène, la majesté de Thucydide, la sublimité de Platon, on pourrait m’opposer le passage de saint Paul allégué ici, mais je fais grâce de tout cela au prédicateur de l’Evangile; pour moi, c’est quelque chose de superflu, que tous ces ajustements oratoires des profanes; que me font la rondeur des périodes et les élégances de la déclamation? Qu’il soit pauvre, s’il veut, par la diction, qu’il soit simple et sans art dans l’arrangement des mots, pourvu qu’il soit riche de science et qu’il possède l’art de ne jamais faillir à la règle des dogmes; mais je ne permettrai pas qu’on aille, pour excuser sa propre négligence et sa paresse, ravir à saint Paul le plus illustre de ses avantages, et son principal titre à l’admiration.

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Einleitung Über das Priestertum
Introduction to the treatise on the priesthood

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