Traduction
Masquer
Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
5.
Ne croyez pas néanmoins qu’il suffise simplement d’être en butte à la médisance pour mériter d’être proclamés bienheureux ; le Seigneur ajoute deux conditions nécessaires, la première que les injures soient souffertes pour lui, la seconde qu’elles soient fausses. Sans ces deux conditions, on devient non pas bienheureux , mais très-malheureux de subir les médisances des hommes.
Considérez encore la récompense qu’il attache à cette béatitude ; « parce qu’une grande récompense, » dit-il, « vous est réservée dans les cieux. » Pour vous, quoique vous ne voyiez pas toutes les béatitudes se terminer par la promesse du royaume des cieux, ne vous découragez pas pour cela; car bien qu’elles diffèrent par les noms, ces récompenses se réduisent cependant tontes en effet au seul royaume des cieux. Lorsque Jésus-Christ dit que ceux qui pleurent seront consolés, que les miséricordieux recevront miséricorde, que ceux qui ont le coeur pur verront Dieu, et que les hommes de paix seront appelés les enfants de Dieu, c’est toujours le royaume du ciel qu’il désigne par toutes ces béatitudes différentes, puisque ceux qui les recevront jouiront indubitablement de ce royaume. Ne croyez donc pas qu’il ne soit que pour les pauvres d’esprit; il est pour ceux qui ont faim et soif de la justice; il est pour les doux, il est pour toue les autres sans exception. Telle est la récompense qu’il promet généralement à tous, afin que vous ne vous promettiez rien de terrestre ou de sensible. Car vous ne pourriez pas être « heureux, » si vous n’aviez qu’une récompense périssable, qui passerait avec cette vie, et s’enfuirait plus vite qu’une ombre. Mais après avoir dit, «une grande récompense vous est réservée dans les cieux, » il ajoute aussitôt cette autre consolation:
« Car c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous (12).» Comme le royaume des cieux qu’il leur promet, était un bonheur qui n’était encore qu’en espérance , il les console par avance, en leur montrant l’union et la conformité qu’ils ont avec les prophètes, qui ont souffert avant eux ces traitements si injustes. Ne croyez pas, leur dit-il, que vous soyez ainsi persécutés par les hommes, parce que vous leur enseignerez des choses dangereuses et mauvaises ; ni qu’ils vous traitent de la sorte, parce que vous serez les auteurs de quelques dogmes faux et erronez. Ces mauvais traitements ne viendront pas de la mauvaise doctrine que vous publierez, mais de la mauvaise vie de ceux qui vous écouteront. Ces calomnies ne tomberont pas sur vous qui les souffrirez, mais sur. ceux qui vous les feront souffrir. Tous les siècles passés en sont témoins. Quand ils ont si maltraité les prophètes, qu’ils les ont bannis, qu’ils les ont lapidés, et qu’ils leur ont fait souffrir tant de maux: ils l’ont fait par une fureur injuste, et non point pour avoir découvert en eux quelque sentiment impie et contraire à la loi de Dieu. Ne vous troublez donc point de ces violences. Le même esprit qui animait leurs pères les animera encore.
Considérez comme il relève le courage de ses disciples en les rapprochant de Moïse et d’Elie , et les mettant sur le même rang. C’est ce que saint Paul fait en écrivant aux Thessaloniciens : « Vous êtes devenus les imitateurs des églises de Dieu, qui ont embrassé la foi de Jésus-Christ dans la Judée, puisque vous avez souffert les mêmes persécutions de vos concitoyens que ces églises ont souffertes de la part des Juifs, qui ont tué même le Seigneur Jésus, et leurs propres prophètes ; qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes. » (I Thess. II, 14.) Telle est donc la pensée de Jésus-Christ. Dans les autres béatitudes il disait en général: « Heureux sont les pauvres ; heureux (116) sont les miséricordieux; » mais ici il détermine les personnes, et s’adressant spécialement à ses disciples, il leur dit : « Vous êtes bienheureux lorsque les hommes vous diront des paroles outrageuses, et qu’ils publieront toute sorte de mal de vous; » pour montrer que ce serait là particulièrement leur partage, et que les prédicateurs de l’Evangile devaient s’y attendre plus que tous les autres.
Il laisse encore entrevoir dans ces paroles sa grandeur et son égalité avec son père. Les prophètes, semble-t-il dire, ont souffert ces traitements à cause de mon Père; vous les souffrirez, vous autres, à cause de moi; et lorsqu’il dit: « Les prophètes qui ont été avant vous, » il montre qu’ils sont eux-mêmes devenus prophètes. Puis, pour leur faire comprendre que rien n’était pour eux plus utile ni plus glorieux que la persécution, il ne leur dit pas: Les hommes voudront mal parler de vous; ils voudront vous persécuter; mais je m’opposerai à eux, et je les empêcherai de le faire. Il veut que ses apôtres se mettent au-dessus de toute la malignité des hommes, non en n’étant point exposés à leurs médisances, mais en les souffrant avec courage, et en en faisant voir la fausseté par l’innocence et la sainteté de leur vie. Car l’un est bien plus glorieux que l’autre; car être frappé et ne pas ressentir les coups c’est bien plus que de n’être point frappé. C’est pour ce sujet que Jésus-Christ dit: « Car une grande récompense vous est réservée dans les cieux. »
Mais saint Luc nous apprend que Jésus-Christ s’est plus étendu en cet endroit, et a dit des choses qui peuvent nous consoler davantage. Car il ne dit pas seulement: bienheureux ceux qui souffrent l’injure à cause de Dieu, mais il dit encore malheur à ceux dont tout le monde dira du bien. « Malheur à vous, » dit-il, « lorsque tous les hommes diront du bien de vous.» (Luc VI,,26.) Cependant les hommes bénissaient les apôtres; mais non pas « tous. » C’est pourquoi Jésus-Christ ne dit pas: « Malheur à vous lorsque les hommes, » mais, lorsque « tous les hommes diront du bien de vous. » Car il est impossible que ceux qui sont véritablement vertueux soient loués de tous les hommes.
Jésus-Christ ajoute ensuite « Lorsqu’ils rejetteront votre nom comme mauvais, réjouissez-vous alors, et tressaillez de joie. » (Luc VI, 22) Il leur promet de les récompenser, non-seulement pour les périls et les mauvais traitements auxquels ils auront été exposés pour lui, mais encore pour les médisances et les calomnies qu’on aura publiées contre eux. C’est pourquoi il ne dit pas: Lorsqu’ils vous persécuteront et qu’ils vous tueront; mais « lorsqu’ils publieront faussement toute sorte de mal de vous.» Car il y a quelque chose dans les calomnies, qui pénètre plus avant dans nos coeurs, que ne font souvent les mauvais traitements même. Dans les dangers, nombre de consolations adoucissent la peine; c’est par exemple, la voix publique qui encourage l’athlète, qui l’applaudit, le couronne, et proclame son triomphe. Mais dans la calomnie nous perdons même toutes ces consolations. On ne se figure pas que c’est la plus poignante persécution; on s’imagine qu’il ne faut qu’une vertu médiocre pour la supporter avec patience, quoiqu’on en ait vu recourir au fatal lacet pour se soustraire au supplice d’une mauvaise réputation. Et pourquoi s’étonner qu’il en soit ainsi chez les autres hommes, quand on voit un Judas, ce traître, ce déhonté, ce scélérat qui s’était fait un front à ne plus rougir de rien, céder lui-même à l’infamie et se pendre plutôt que de la supporter plus longtemps.
Traduction
Masquer
Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
5.
Damit du indes nicht glaubest, es genüge zur Seligkeit, dass man dir einfach Übles nachredet, so stellt der Herr eine doppelte Bedingung auf: erstens, dass dies seinetwegen geschehe, und zweitens, dass das, was man gegen uns sagt, nicht wahr sei. Wenn nämlich dies nicht der Fall wäre, so wäre derjenige, gegen den man Böses redet, nicht nur nicht glückselig, sondern sogar unglücklich. S. 249Beachte dann wiederum, welchen Preis er dafür aussetzt: „Denn euer Lohn ist groß im Himmel.“ Du sollst aber den Mut nicht verlieren, wenn er auch nicht bei jeder Seligpreisung das Himmelreich verheißt. Denn wenn er auch seinen Belohnungen verschiedene Namen gibt, sie führen doch alle ins Himmelreich ein. Wenn er zum Beisspiel sagt: „Die Trauernden werden getröstet werden“, „die Barmherzigen werden Barmherzigkeit erlangen“, „die ein reines Herz haben werden Gott anschauen“, „die Friedfertigen werden Kinder Gottes genannt werden“, so bezeichnet er mit all dem nichts anderes, als das Himmelreich; denn wer diese Belohnungen empfängt, dem wird auch das Himmelreich voll und ganz zuteil werden. Denke also nicht, das Himmelreich sei nur der Lohn für die Armen im Geiste; nein, es gehört auch denen, die nach Gerechtigkeit hungern, sowie den Sanftmütigen, und überhaupt allen anderen auch. Gerade deshalb hat der Herr jedesmal eine Seligpreisung vorausgeschickt, damit du nichts Irdisches erwartest. Derjenige könnte ja doch wohl kaum glücklich sein, der mit Dingen belohnt wird, die mit diesem Leben ein Ende nehmen, die schneller vorbei eilen, als ein Schatten. Zu den Worten: „Euer Lohn ist groß“, fügt der Herr aber auch noch einen anderen Trost hinzu; er sagt: „Denn so haben sie die Propheten verfolgt, die vor euch lebten.“ Da nämlich gerade das Himmelreich erwartet und erhofft wurde, so tröstet er sie mit ihm, das heißt mit der Gemeinschaft derer, die vor ihnen Böses erduldet hatten. Glaubet nicht, will er sagen, dass ihr solches zu leiden bekommt, weil ihr Dinge sagen und befehlen werdet, die den Menschen zuwider sind, oder dass ihr von ihnen wegen Verkündigung schlechter Lehren werdet verworfen werden; nein, die Nachstellungen und Gefahren kommen nicht von der Schlechtigkeit euerer Predigt, sondern von der Böswilligkeit eurer Zuhörer. Infolgedessen sprechen diese Verfolgungen auch nicht gegen euch, die ihr Böses erduldet, sondern gegen jene, die Böses tun. Dafür ist die ganze Vergangenheit Zeuge. Den Propheten warfen sie auch nicht Lasterhaftigkeit und gottlose Gesinnung vor, wenn sie die einen steinigten, die anderen vertrieben, wieder anderen S. 250tausenderlei Böses zufügten. Das soll euch also nicht beunruhigen; denn auch jetzt noch ist für all ihre Handlungen die gleiche Gesinnung maßgebend.
Siehst du da, wie der Herr den Mut seiner Jünger aufrichtet, indem er ihnen ihren Platz nahe bei Moses und Elias anweist? So sagt auch der hl. Paulus in seinem Briefe an die Thessalonicher: „Ihr habt die Kirchen Gottes nachgeahmt, die in Judäa sind. Denn auch ihr habt das gleiche erlitten von euren Stammesgenossen, was jene von den Juden, die auch den Herrn Jesus getötet haben und ihre eigenen Propheten, die euch verfolgt haben, die Gott missfallen, und aller Menschen Feind sind“1 . Auf dasselbe hat Christus seine Jünger auch hier vorbereitet. Bei den anderen Seligpreisungen sagte er: „Selig sind die Armen, und die Barmherzigen“; hier dagegen gebraucht er sie nicht in unbestimmter Form, sondern wendet sich direkt an sie mit den Worten: „Selig seid ihr, wenn euch die Menschen schmähen und verfolgen, und euch alles Schlechte nachsagen.“Damit will er zeigen, dass sie gerade dadurch sich von anderen unterscheiden werden, und dass dies vor allen anderen der besondere Anteil der Verkündiger des Evangeliums sei. Zugleich weist er aber auch hier auf seine eigene Würde hin und auf die Gleichheit der Ehre, die ihm mit dem Vater zukommt. „Denn“, sagt er, „wie jene um des Vaters willen, so werdet auch ihr solches um meinetwillen leiden.“ Wenn er aber sagt: „Die Propheten, die vor euch waren“, so deutet er damit an, dass auch sie schon Propheten geworden waren. Als sodann der Herr ihnen klar machen wollte, dass gerade das ihnen am meisten nütze und ihnen zum Ruhme gereiche, da sagte er nicht: Sie werden Böses wider euch reden und euch verfolgen, ich aber werde dies verhindern; denn nicht darin sollen sie nach dem Willen des Herrn ihr Heil finden, dass niemand ihnen Böses nachsagt, sondern dadurch, dass die böse Nachrede hochherzig ertragen und die Schmäher durch ihre Taten widerlegen. Das ist viel mehr wert als das andere, wie es auch etwas viel Größeres ist, geschlagen zu werden, S. 251ohne es übel zu nehmen, als überhaupt nicht geschlagen zu werden.
Hier also sagt Christus: „Euer Lohn ist groß im Himmel.“ Lukas dagegen sagt, der Herr habe dies noch mit viel stärkerem und tröstlicheren Worten ausgedrückt. Denn dort preist er nicht bloß diejenigen glücklich, die um Gottes willen böse Nachrede erfahren, sondern ruft auch das Wehe aus über jene, von denen alle Menschen Gutes reden. „Wehe euch“, sagt er, „wenn euch alle Menschen loben“2 . Zwar wurden auch die Apostel gelobt, aber nicht von allen. Darum sagte der Herr nicht: Wenn euch die Menschen loben, sondern:„Wenn euch alle Menschen loben“. Denn es ist ja nicht möglich, dass diejenigen, die ein tugendhaftes Leben führen, von allen gelobt werden. Auch sagt er an einer anderen Stelle: „Wenn sie euren Namen verwerfen, als wäre er schlecht, freuet euch und frohlocket“3 . Er verheißt eben großen Lohn nicht bloß für die Gefahren, denen sie sich unterzogen, sondern auch für die bösen Reden, die sie erfuhren. Darum sagte er auch nicht: Wenn sie euch vertreiben und töten, sondern:„Wenn sie euch schmähen und euch alles Böse nachreden.“ Böse Reden schmerzen ja meistens mehr, als böse Taten. Bei Verfolgungen gibt es gar vieles, das einem die Mühsal erleichtert; so zum Beispiel, wenn man allseits Ermunterung erfährt, wenn man viele Freunde hat, die einem Beifall klatschen, Ehrenkränze erteilen und Lob spenden. In diesem Falle aber, wo es sich um böse Nachrede handelt, fehlt auch dieser Trost. Freilich ist es scheinbar nichts Großes, üble Nachrede zu ertragen, und doch schmerzt es den, der damit kämpfen muss, mehr als offene Verfolgungen. Ja, es haben schon manche zum Stricke gegriffen, weil sie das böse Gerede nicht ertragen konnten. Doch was brauchen wir uns über andere zu verwundern? Hat ja doch jenen ausgeschmähten und abscheulichen Verräter, der über nichts mehr errötete, gerade das am meisten zum Selbstmord durch den Strick getrieben! Und selbst Job, der härter S. 252war, als Diamant und Stein, hat alles leicht ertragen, da ihm sein Eigentum genommenm ward und er unerträgliche Leiden zu erdulden hatte, als er plötzlich seine Kinder verlor und sehen musste, wie sein eigener Leib eine Brutstätte von Würmern geworden war, und zu gleicher Zeit seine eigene Frau ihn noch belästigte. Als er dagegen sah, wie seine Freunde ihn schmähten und misshandelten, und schlecht von ihm dachten, und wie sie sagten, er habe all dies seiner Sünden wegen zu leiden, und es sei nur eine Strafe für seine Schlechtigkeit, da verlor selbst dieser ausgezeichnete und große Mann seine Fassung und ward erschüttert.