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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
6.
Et Job, ce coeur de diamant, cet homme plus ferme que le roc, lorsqu’il fut dépouillé de ses biens, frappé de calamités intolérables et privé de tous ses enfants, lorsqu’il vit les vers sourdre de son corps et qu’il entendit sa femme l’accabler de reproches, il supporta tout cela avec facilité; mais lorsqu’il vit ses amis parler mal de lui, et croire qu’il ne souffrait ces malheurs que pour ses péchés, il ne put s’empêcher de se troubler alors, et son grand coeur se sentit ébranlé de cette injure. David aussi oublie toutes ses autres souffrances, et prie Dieu seulement de se souvenir de la douceur avec laquelle il souffrit un médisant : « Laissez-le, » dit-il alors, « qu’il me maudisse, parce que le Seigneur lui en a donné l’ordre, afin qu’il voie l’affliction où je suis réduit, et qu’il me récompense un jour de ces calomnies que je souffre. » Saint Paul ne loue pas seulement les saints pour avoir souffert des maux ou la perte de leurs biens, mais encore pour avoir enduré des injures et des outrages. « Rappelez, » dit-il, en « votre mémoire ce premier temps, auquel, après avoir été illuminés, vous avez soutenu de grands combats, dans les afflictions (117) que l’on vous a fait souffrir, ayant été d’une part exposés devant tout le monde aux injures et aux mauvais traitements. ».
C’est pour cette raison que Jésus-Christ propose dans cette béatitude une grande récompense à ceux qui sont éprouvés de cette manière. Et comme pour empêcher qu’on ne lui dise : Quoi, vous ne défendrez pas vos apôtres de ces outrages! vous ne confondrez pas ces calomniateurs, et vous ne leur fermerez pas la bouche, en récompensant dès ce monde vos fidèles serviteurs! Il parle aussitôt des prophètes, pour nous faire souvenir qu’en leur temps même, Dieu ne s’est point vengé dès cette vie de ceux qui les déshonoraient par leurs médisances. Si donc lorsque Dieu récompensait les hommes par les biens présents, il n’encourageait néanmoins ses plus fidèles amis qu’en leur promettant les biens à venir, combien était-il plus juste que Jésus-Christ traitât de même les apôtres, puisqu’il les appelait à des espérances beaucoup plus grandes, et à une vertu beaucoup plus parfaite?
Mais considérez de combien de préceptes celui-ci est précédé; et ce n’est pas sans raison que Jésus-Christ a suivi cet ordre, il l’a fait pour nous montrer qu’à moins de s’être exercé longtemps, et fortifié dans toutes les autres béatitudes qui précèdent, nul ne peut demeurer ferme et invincible dans ces grands combats. Ainsi il se sert de la première comme d’un degré pour passer à la seconde, et ainsi de suite, et de la sorte c’est comme une admirable chaîne d’or qu’il nous a tissée. Car l’humble de coeur pleurera nécessairement ses péchés. Celui qui pleure ses péchés, sera, comme par une suite nécessaire, doux, juste et miséricordieux. Celui qu’il possédera la douceur, la justice et la miséricorde aura le coeur pur. Celui qui aura ce coeur pur sera sans doute un homme de paix, et celui qui possédera toutes ces vertus ne craindra point les périls; il ne se troublera point de la calomnie et conservera la patience dans les plus grands maux.
Après que Jésus-Christ a convenablement exhorté ses apôtres, il semble qu’il veuille les consoler par les louanges qu’il leur donne. Comme les préceptes qu’il venait de leur donner étaient assez relevés et infiniment au-dessus de l’ancienne loi, pour les empêcher de s’en étonner ou de s’en troubler, et de dire Comment pourrons-nous faire de si grandes choses? considérez ce qu’il leur dit: « Vous êtes le sel de la terre (13). » Il leur montre par là la nécessité où il est de leur donner ces préceptes. Ce n’est pas pour vous en particulier, leur dit-il, que je vous donne ces instructions, c’est pour le salut de toute la terre. Car je ne vous envoie pas comme autrefois les prophètes, à une ville ou à un peuple particulier, mais à la terre, à la mer, mais au monde tout entier, monde de corruption et de vice. Lorsqu’il leur dit : « Vous êtes le sel de la terre, » il montre que toute la nature des hommes était comme affadie et corrompue par le péché. C’est pourquoi il exige principalement de ses apôtres les vertus et les qualités qui leur étaient nécessaires pour toucher et pour convertir les hommes. Car lorsqu’un homme est doux, humble, charitable et juste, il ne renferme pas ces excellentes vertus en lui, mais elles sont comme des sources divines qui coulent et qui se répandent sur les autres. Celui de même qui a le cœur pur, qui est pacifique, et qui souffre persécution pour la vérité, sacrifie sa vie pour le bien de tous. Ne croyez donc point, mes apôtres, que je vous prépare de légers combats, et que ce soit sans raison que je vous appelle « le sel de la terre. » Quoi donc! ils ont corrigé ce qui était gâté? Non, ce n’est pas ce qu’ils ont fait. Le sel ne remédie pas à la pourriture. Les apôtres n’ont point fait cela. Mais lorsque la grâce de Dieu avait renouvelé les coeurs, et qu’après les avoir délivrés de leur corruption, il les mettait comme en dépôt entre les mains des apôtres, c’était alors qu’ils montraient véritablement qu’ils étaient « le sel de la terre, » en les conservant dans cette nouvelle vie qu’ils avaient reçue de Dieu. Il n’appartient qu’à Jésus-Christ de délivrer les hommes de la corruption du péché, mais c’est aux apôtres ensuite à employer tous leurs soins pour les empêcher de retomber dans ce même état. Remarquez, je vous prie, comment Jésus-Christ met ses apôtres au-dessus des prophètes. Car il ne les appelle pas seulement les docteurs de la Judée, mais les maîtres « de toute la terre, » et des maîtres sévères et terribles. Ce qu’il y a d’admirable, c’est que sans flatter, sans s’occuper de plaire, mais en piquant et en brûlant, à la manière du sel, ils se sont ainsi fait aimer de tous les hommes.
Ne vous étonnez donc pas, semble-t-il leur dire, que je quitte les autres, pour m’adresser (118) particulièrement à vous, et que je vous exhorte à vous disposer à tarit de périls. Considérez combien de villes et combien de peuples vous devez instruire. Vous ne devez pas seulement être sages; mais vous devez entendre aussi les autres imitateurs de votre sagesse. Qu’ils doivent être prudents, ceux de qui dépend le salut des autres! Il leur faut une vertu surabondante afin de pouvoir la répandre sur les autres hommes. Si vous n’avez pas assez de vertu pour en communiquer aux autres, vous n’en aurez pas assez pour vous-mêmes.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
6.
Auch David hat alles Leid verziehen, das ihm angetan worden; nur für die erlittenen Schmähungen erbat er von Gott Genugtuung. „Lass ihn“, sagte er, „seine Verwünschungen ausstoßen, weil der Herr es ihm so befohlen, auf dass der Herr meine Erniedrigung sehr, und mit Genugtuung verschaffe für die Verwünschung, die mir heute widerfahren ist“1 . Ebenso lobt der hl. Paulus nicht bloß jene, die in Gefahren sind und ihr Hab und Git vberloren, sondern auch diese, indem er also schreibt: „Denket zurücj an die früheren Tage, da ihr das Licht empfangen und einen schweren Kampf voll Leiden zu erdulden hattet, indem ihr ob der erlittenen Schmähungen und Prüfungen zum Schausspiel gheworden seid“2 . Aus diesem Grunde also hat auch Christus einen großen Lohn dafür verheißen. Es soll auch niemand sagen können:Hier strafst du nicht und bringst die Bösen nicht zum Schweigen, erst dort willst du die Guten belohnen? Deshalb hat er die Propheten erwähnt, um zu zeigen, dass Gott auch im Alten Bunde nicht gleich gestraft hat. Wenn Gott aber schon damals, als die sofortige Vergeltung das Gewöhnliche war, sie auf die Zukunft vertröstete, so ist dies um so mehr jetzt am Platz, wir diese Hoffnung viel deutlicher und das religiöse Bewusst sein viel stärker geworden ist.
S. 253Beachte aber auch, nach wie vielen Geboten erst der Herr solches verheißen hat. Er hat dies nämlich nicht bloß so einfachhin getan, sondern hat deutlich zu verstehen gegeben, dass derjenige, der nicht zu all dem bereit und gerüstet ist, unmöglich sich diesen Kämpfen unterziehen kann. Darum hat er im stetem Fortschreiten von einem Gebot zum anderen uns gleichsam eine goldene Kette geschmiedet. Wer nämlich demütig ist, wird auch seine eigenen Sünden von Herzen bereuen; wer aber reumütig ist, wird auch sanftmütig sein und gerecht und barmherzig; wer aber barmherzig, gerecht und zerknirschten Sinnes ist, der wird auch durchaus reinen Herzens sein: und wer das ist, wird auch friedfertig sein. Wer sodann alle diese Tugenden sich angeeignet hat, der wird auch gegen Verfolgungen gerüstet sein, und nicht die Fassung verlieren, wenn er schlecht von sich reden hört und zahllose Leiden zu ertragen hat.
Nachdem also der Herr ihnen die entsprechenden Mahnungen erteilt hat, ermutigt er sie auch wieder durch Lob. Da nämlich seine Gebote si erhaben waren, viel mehr als im Alten Testament, so wollte er nicht, dass sie darob beunruhigt und bestürzt würden, und sagte: Wie können wir solches vollbringen? Höre darum, was er weiter sagt:
V.13: „ Ihr seid das Salz der Erde.“
Damit zeigt er, dass er nur aus Notwendigkeit solche Gebote gegeben hat. Denn nicht bloß für die Dauer eures eigenen Lebens, will er sagen, sondern für das ganze Menschengeschlecht ist euch die Verkündigung des Wortes anvertraut. Ich sende euch nicht in zwei Städte, oder in zehn oder hundert, auch nicht zu einem einzigen Volk, wie die Propheten, sondern über Land und Meer, über die ganze Welt und zwar eine schlechte Welt. Mit den Worten: „Ihr seid das Salz der Erde“ zeigt er nämlich, dass die gesamte Menschheit schal geworden und von der Sündenfäulnis angesteckt war. Das ist der Grund, weshalb er von den Aposteln gerade solche Tugenden verlangt, die ganz besonders bei der Leitung3 der großen Massen notwendig und nützlich sind. Wer nämlich sanftmütig ist, bescheiden, S. 254barmherzig und gerecht, der beschränkt seine guten Werke4 nicht bloß auf sich selbst, sondern sorgt dafür, dass diese kostbaren Quellen auch zun Nutzen anderer fließen. Ebenso wird auch der, der reinen Herzens ist und friedfertig, und um der Wahrheit willen Verfolgung leidet, sein Leben so einrichten, dass es zum Nutzen aller dient.Glaubet also nicht, sagt Christus,dass ihr zu leichten und alltäglichen Kämpfen gerufen werdet, und dass es sich für euch um unbedeutende Dinge handle, nein: „Ihr seid das Salz der Erde.“ Nun, und dann? Haben sie vielleicht wiederhergestellt, was schon in Fäulnis übergegangen war? Ganz und gar nicht. Was einmal verdorbenm ist, kann unmöglich mehr etwas nützen, auch wenn man Salz daraufstreut.Das haben sie also nicht getan; vielmehr haben sie nur das, was vorher erneeuert und dann ihnen anvertraut worden und was von jener Fäulnis befreit gebnlöieben, mit Salz vermischt, und haben es so in jener Frische und Kraft erhalten und bewahrt, die sie selbst vom Herrn empfangen hatten. Von der Fäulnis der Sünden zu befreien, war ja Aufgabe und Werk Christi; hingegen niemand mehr in sie zurückfallen zu lassen, hing von ihrem Eifer und ihrer Bemühung ab.
Siehst du da, wie der Herr den Aposteln allmählich zu erkennen gibt, dass sie sogar über den Propheten stehen? Er macht sie ja nicht bloß zu Lehrern von Palästina, sondern zu solchen der ganzen Welt, und dazu nicht bloß zu einfachen Lehrern, sondern zu solchen, die auch gefürchtet waren. Das Wunderbare an der Sache ist nämlich dies, dass sie die Gunst aller gewonnen, nicht durch Schmeicheleien und Augendienerei, sondern dadurch, dass sie beizend wirkten wie Salz. Wundert euch also nicht, will Christus sagen, dass ich die andern außeracht lasse und nur zu euch rede und euch solchen Gefahren entgegensende. Denn erwäget,in wie viele Städte, zu wie vielen Stämmen und Völkern ich euch als Vorsteher senden will. Deshalb sollt ihr nicht bloß klug sein, sondern auch andere klug machen. Denen aber eine solche Aufgabe anvertraut ist, die müssen große Einsicht besiten, denn von ihnen hängt auch das Seelenheil der anderen ab. So stark muss darum S. 255die Macht der Tugend in ihnen sein, dass sie dadurch auch auf andere heilsamen Einfluss ausüben. Wenn also eure Tugend nicht so stark wird, so habt ihr sie selbst nicht in genügendem Maße.