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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
11.
Le Samaritain autrefois ayant vu un homme blessé, quoiqu’il ne le connût pas, et qu’il ne lui fût rien, s’arrêta néanmoins et le mit sur son cheval, le mena dans une hôtellerie, et ayant fait venir un médecin pour guérir ses plaies, il donna sur l’heure une partie de l’argent, et promit le reste. Et vous lorsque vous voyez votre frère tombé entre les mains non des voleurs, mais des démons; lorsque vous voyez que la colère lui déchire le coeur, non dans les bois ou dans les lieux écartés, mais au milieu de la ville, vous passez sans rien dire, avec une dureté cruelle et impitoyable, quoique vous n’ayez pas besoin pour le soulager de prêter votre cheval, comme le Samaritain, ou d’aller bien loin, ou de donner de l’argent? Après cette inhumanité envers votre frère, attendez-vous que Dieu vous écoute lorsque vous l’invoquerez?
Des spectateurs passons aux acteurs de ces honteuses luttes. Je m’adresse à vous qui osez outrager votre frère devant tout le monde. Dites-moi, vous faites des blessures, vous frappez avec le pied, vous mordez. Etes-vous donc un sanglier, ou un onagre? Ne rougissez-vous point de quitter la douceur naturelle à l’homme, pour prendre la fureur des bêtes sauvages? Vous êtes pauvre, mais vous êtes libre; vous êtes un artisan, un manoeuvre, mais vous êtes chrétien. La qualité même de (124) pauvre vous engage plus à la douceur et à la paix. C’est aux riches à disputer et non pas aux pauvres: car les richesses mêmes leur donnent mille sujets de divisions et de querelles. Vous n’avez pas la satisfaction des richesses, et vous en attirez la malédiction sur vous, en vous engageant comme les riches dans des inimitiés et des querelles. Vous osez battre et outrager votre frère, vous l’étranglez, et vous le foulez aux pieds devant tout un peuple. Ne voyez-vous pas quelle honte vous encourez en imitant la fureur des bêtes féroces, en les surpassant même en cruauté? Car les bêtes ont toutes choses en commun; elles s’attroupent ensemble; elles marchent ensemble; elles se réjouissent d’être ensemble: et nous, au contraire, nous n’avons rien de commun. Tout est dans la confusion parmi nous; ce ne sont qu’inimitiés, que querelles qu’injures et outrages. Nous n’avons de respect ni pour le ciel, où. nous sommes tous appelés, ni pour la terre qui nous a été donnée pour en jouir tous ensemble; ni pour la nature même qui nous est commune à tous. La passion de la colère, et l’amour des richesses ont tout ravagé dans nos coeurs.
Ne savez-vous point dans quel malheur tomba ce serviteur, qui devait mille talents à son maître et qui osa bien, après qu’on lui eut remis cette dette, étrangler sans compassion un de ses confrères qui lui devait cent deniers? Vous souvenez-vous comment il fut condamné sur l’heure à une éternelle mort? Vous ne tremblez point à cet exemple et vous ne lisez pas dans le sort de ce misérable l’arrêt qui est déjà prononcé contre vous! Car nous sommes aussi nous autres redevables à Dieu d’une infinité de dettes. Et néanmoins sa patience nous attend et il ne nous traite point avec la rigueur dont nous usons envers nos frères. Il ne nous met point le pied sur la gorge, quoique s’il voulait se faire payer de la moindre partie de ce que nous lui devons, il y a déjà longtemps que nous serions tous perdus.
Pensons à ceci, mes très-chers frères, humilions-nous et tenons-nous pour obligés à ceux même qui nous doivent, puisque si nous agissons sagement et chrétiennement envers eux, ils nous serviront à obtenir de Dieu la remise d’une grande dette et qu’en leur donnant peu, nous en recevrons beaucoup. Pourquoi exigez-vous avec violence ce que votre frère vous doit? Quand il voudrait vous le rendre, vous devriez le lui remettre volontairement, afin que Dieu vous en tînt compte un jour et vous rendit le tout. Cependant vous agissez inhumainement et vous faites tous vos efforts pour ne pas perdre un denier de ce qui vous est dû. Il semble que cette violence ne tombe que sur votre frère; mais vous vous percez vous-mêmes en le blessant et vous ne faites qu’accroître le supplice qui vous est réservé dans l’enfer. Que si au contraire vous témoignez un peu de charité, vous obligerez Dieu même à vous traiter avec douceur dans son jugement. Car il veut que nous commencions ici les premiers à pratiquer cette générosité envers nos frères, afin d’en tirer occasion de nous rendre beaucoup plus que nous ne donnons.
Faites donc grâce à tous ceux qui vous sont redevables, remettez aux uns l’argent qu’ils vous doivent, aux autres les offenses que vous en avez reçues, et exigez ensuite de Dieu la récompense de cette conduite si généreuse. Tant que vous presserez les hommes de vous payer, Dieu ne sera point votre débiteur. Mais quand vous leur remettrez ce qu’ils vous doivent pour vous adresser à Dieu, il récompensera votre générosité par une magnificence toute divine. Si un homme, vous voyant prendre l’un de vos débiteurs à la gorge pour lui faire payer ses dettes, vous conjurait de le laisser et se chargeait lui-même de cette dette; et qu’en sa considération vous eussiez laissé aller cet homme libre, n’est-il pas vrai que ce répondant si charitable se tiendrait pour votre obligé, quoiqu’il se fût chargé de toute la dette que vous exigiez de l’autre? Comment donc Dieu ne nous récompensera-t-il pas à l’infini, puisque pour obéir à sa loi, nous remettons à nos débiteurs tout ce qu’ils nous doivent sans leur redemander la moindre chose?
Ne considérons point, mes frères, ce plaisir cruel que nous trouvons à exiger des autres tout ce qu’ils nous doivent, mais envisageons le péril où nous nous exposons pour jamais, et la perte que nous faisons volontairement des richesses éternelles. Elevons-nous aujourd’hui au-dessus de tout. Remettons aux hommes ou l’argent qu’ils nous doivent, ou le mal qu’ils ont commis contre nous, afin que notre juge nous traite plus favorablement dans ce que nous lui devons et qu’il nous accorde, par cette facilité à pardonner les injures, ce que nous n’avons pu obtenir de lui par toutes les autres vertus. Ce sera le moyen de jouir éternellement (125) des biens du ciel que je vous souhaite, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire maintenant et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
11.
Als der Samaritan einen unbekannten Verwundeten sah, der ihn weiter gar nichts anging, da ging er zu ihm hin, lud ihn auf sei Lasttier, führte ihn in die Herberge, berief den Arzt, und bezahlte die eine Hälfte bar, die andere versprach er ihm für später. Du hingegen siehst einen Menschen, der nicht unter Räuber, sondern unter eine Rotte von Dämonen gefallen und gefangen ist, und dies nicht in der Einsamkeit, sondern S. 267mitten auf offenem Markt, und du willst kein Geld opfern, kein Lasttier mieten und es einen weiten Weg machen lassen, nein, du hast nur Worte feil, zögerst und besinnst dich, und gehst vorbei ohne Mitleid und Erbarmen! Wie kannst du erwarten, dass der Gott des Guten dir einmal gnädig sein werde? Aber auch an euch will ich mich wenden, die ihr vor aller Augen euch so unwürdig benehmet, und besonders an den Urheber der Beleidigung und des Unrechts. Sage mir, du bringst Wunden bei, schlägst aus und beißest? Bist du denn ein wütender Eber geworden oder ein wilder Esel? Und du schämst dich nicht einmal, wirst nicht rot darüber, dass du wie ein wildes Tier geworden bist, und deine eigene Menschenwürde preisgegeben hast? Wenn du auch arm bist, du bist doch wenigstens frei; wenn du auch ein Handwerker bist, du bist doch ein Christ. Gerade deshalb musst du dich also beherrschen, weil du arm bist; denn nur die Reichen pflegen miteinander im Streite zu liegen, nicht die Armen, und zwar die Reichen deshalb, weil sie mehr Anlässe zu Feindschaften haben. Nachdem dir also die Annehmlichkeiten des Reichtums versagt sind, willst du da trotzdem seine Nachteile auf dich nehmen, als da sind: Feindschaften, Eifersucht und Streit? Und dazu würgst du uns bedrohst deinen Bruder, und wirfst ihn öffentlich vor aller Augen zu Boden? Und du denkst gar nicht daran, dass dein Benehmen noch viel unwürdiger ist, weil du dich unvernünftigen Tieren gleichstellst, ja dass du schlimmer geworden bist als sie? Sie haben ja alles gemeinsam, bilden zusammen Herden, und leben miteinander. Wir hingegen haben nichts Gemeinsames. Bei uns geht alles darunter und darüber, gibt es Streitigkeiten, Eifersucht, Beschimpfungen, Feindschaften, Schmähreden. Wir respektieren weder den Himmel, zu dem wir alle gemeinsam berufen sind, noch die Erde, die uns zum gemeinsamen Anteil geworden, ja nicht einmal unsere eigene Natur! Zorn und Habsucht zerstören und richten alles zugrunde.
Erinnerst du dich nicht an jenen Knecht, der tausend Talente schuldete, und, nachdem diese ihm nachgelassen worden waren, hinging und wegen hundert S. 268Denaren seinen Mitknecht würgte? Weißt du nicht, wie schlimm es ihm dafür erging, und wie er ewiger Strafe überantwortet wurde? Fürchtest du dich nicht vor diesem Beispiel? Hast du nicht Angst, es könnte auch dir das gleiche widerfahren? Auch wir haben ja bei unserem Herrn viele und schwere Schulden. Und doch übt er Geduld und Langmut; er fällt nicht über uns her, wie wir über unsere Mitmenschen, er quält uns nicht und würgt uns nicht. Und doch, hätte er auch nur den geringsten Teil unserer Schulden von uns zurück verlangen wollen, wir wären längst verloren gewesen. Das wollen wir also beherzigen, Geliebte, wollen uns demütigen, und gegen unsere Schuldner Nachsicht üben. Denn wenn wir einsichtig sind, dann werden wir um ihretwillen die größte Nachsicht erlangen und für eine geringe Gabe großen Lohn erhalten. Was verlangst du also gewalttätig die Schuld zurück, während du sie ihm doch nachlassen solltest, selbst wenn er sie zurückbezahlen wollte? Denn dann würdest du alles von Gott erhalten? Statt dessen setzest du alles in Bewegung, brauchst Gewalt und erregst Streit, damit du ja nichts von deinem Eigentum verlierest. Während du aber deinen Nächsten zu bedrohen glaubst, zückst du nur das Schwert gegen dich selbst, und vermehrst die Strafe, die deiner in der Hölle wartet. Wenn du hingegen in diesem Leben auch nur ein wenig einsichtig bist, so bereitest du dir selber damit ein mildes Gericht. Gerade deshalb wollte ja Gott, dass wir mit solcher Hochherzigkeit den Anfang machen, damit er so Veranlassung habe, uns nur um so mehr zurückzuerstatten. So viele Geld und Sündenschuldner du also auch hast, wenn du allen Freiheit und Verzeihung gewährst, so verlange von Gott Ersatz für solche Seelengröße. Solange nämlich jene deine Schuldner sind, wirst du Gott nicht zu deinem Schuldner haben; wenn du sie aber freilässest, so wirst du Gott dafür gewinnen und von seiner großen Freigebigkeit den Lohn für deine große Frömmigkeit erbitten können.
Wenn ein Mensch an dir vorbeiginge und sähe, wie du deinen Schuldner gefangen hältst, und dir dann sagte, du solltest ihn freigeben, weil er die ganze Schuld auf S. 269sich nehmen wolle, so würde er sich, wenn du den anderen wirklich freigelassen, schwerlich undankbar gegen dich zeigen wollen, da er ja alles auf sich genommen hatte. Wie sollte da Gott nicht viel mehr, ja tausendfältigen Ersatz bieten, wenn wir auf sein Gebot hin unsere Schuldner von jeder weiteren Verpflichtung frei entlassen und weder wenig noch viel von ihnen zurückfordern? Sehen wir also nicht auf die vorübergehende Annehmlichkeit, die wir empfinden, wenn wir Schulden zurückfordern; blicken wir vielmehr auf die Strafe, die wir darob im anderen Leben zu gewärtigen haben, wenn wir selbst unsere ewigen Interessen schädigen. Erheben wir uns also über alle Bedenken, schenken wir unseren Schuldnern ihr Geld und ihre Beleidigungen, damit wir uns selber die Rechenschaft erleichtern. Und was wir mit anderen Tugenden nicht zu erreichen vermochten, das wollen wir erringen, indem wir unserem Nächsten verzeihen, und so der ewigen Güter teilhaft werden, durch die Gnade und Liebe unseres Herrn Jesus Christus, der die Ehre und die Macht besitzt, jetzt und in alle Ewigkeit. Amen!