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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
5.
Représentez-vous un homme noir et hideux, qui jette le feu par les yeux et qui ait au lieu de bras et de mains, deux épouvantables dragons qui lui sortent des épaules. Que sa bouche ait au lieu de dents des épées tranchantes pressées l’une contre l’autre, et qu’il coule de sa langue une source d’un poison mortel. Que son ventre soit plus dévorant qu’une fournaise, et qu’il consume en un moment tout ce qu’on y jette. Que ses pieds aient des ailes et soient plus légers et plus prompts que la flamme la plus vive. Qu’il ait au lieu de visage une tête mêlée de chien et de loup. Que sa parole ne soit point celle d’un homme, mais plutôt un hurlement qui n’ait rien que de triste et de terrible. Enfin qu’il ait un feu dans ses mains, et des flambeaux ardents pour mettre le feu partout.
Peut-être que ce que je vous dis vous fait peur; mais ce n’est pas encore assez, et il faut ajouter le reste. Représentons-nous donc encore que ce monstre dévore tous ceux qu’il rencontre; qu’il suce leur sang et qu’il se rassasie de leur chair. Il semble que je dis beaucoup, mais je dis trop peu. L’avare est, sans comparaison, encore pire. C’est la mort même qui n’épargne personne. C’est l’enfer qui engloutit tout. C’est l’ennemi commun de tous les hommes, qui voudrait qu’il, n’y en eût plus un seul, afin que ce qu’ils ont tous ne fût qu’à lui seul. Mais l’excès de sa passion ne s’arrête pas encore là. Après avoir dans son coeur détruit tous les hommes, il voudrait encore anéantir la terre et en changer la substance en celle de l’or. Il ne voudrait pas voir seulement des campagnes, mais des montagnes, des fontaines et des fleuves d’or.
Et pour vous faire voir que nous n’en disons pas encore assez, supposons qu’il n’y ait personne qui ose accuser cet homme possédé de l’avarice, qu’il ne craigne ni les lois, ni la justice des-hommes: vous le verrez alors, l’épée à la main, tuer ce qui se présentera à lui pour avoir son bien, sans épargner ni ami, ni parent, ni frère, ni son père même. Mais laissons là les fictions. Demandez à un avare, si tous les jours ces pensées ne lui passent pas dans L’esprit, s’il ne forme pas continuellement des desseins contre ses amis, contre ses proches, contre son propre père? Il n’est pas même besoin de l’interroger. Tout le monde sait assez que ceux qui sont frappés de ce mal s’ennuient de ce que leurs pères vivent trop longtemps, qu’ils trouvent fâcheux et onéreux de devenir pères eux-mêmes, et que cette affection si tendre que la nature inspire pour les enfants, n’a pour eux que du dégoût et de l’amertume. On en a vu même qui n’ont pas craint de procurer la stérilité à leurs femmes, et de faire violence à la nature. Et s’ils n’ont pas été assez cruels pour tuer leurs enfants après leur naissance, ils l’ont été assez pour les empêcher de naître.
Ne vous étonnez donc pas que nous dépeignions ainsi les avares, puisque nous ne pouvons égaler leur méchanceté par nos paroles. Mais voyons de quelle manière nous pourrons chasser d’eux ce démon qui les possède. Je crois que le moyen de les guérir est de leur (237) persuader que l’avarice même est un grand obstacle pour amasser de grandes richesses, Car poursuivre un petit gain c’est souvent le moyen de faire de grandes pertes. Et cette vérité est si connue qu’elle est même passée en proverbe. Il arrive souvent que, pour vouloir prêter à gros intérêts, on agit avec une précipitation aveugle, qui ne permet pas même de s’enquérir à qui l’on prête, et que l’on perd tout, intérêt et principal. D’autres étant tombés dans de grands périls, et n’ayant pas voulu s’en délivrer pour un. peu d’argent, ont perdu tout ensemble leur bien et leur vie. Quelques-uns auraient pu acheter des charges et des emplois qui leur auraient été très-avantageux; mais ils ont eu peur de dépenser tant d’argent, et ils ont perdu tout ce qu’ils avaient voulu épargner. Comme ils ne savent point semer, et qu’ils veulent toujours moissonner, en ne semant point ils ne moissonnent point non plus. Car on ne peut ni moissonner toujours, ni gagner toujours. Ne sachant donc pas dépenser à propos, ils ne savent pas non plus l’art de gagner. Lors même qu’ils veulent se marier, ils sont souvent trompés par leur avarice. Car ou ils se méprennent en croyant riche une femme pauvre, ou ils s’abusent encore davantage, en en prenant une qui est riche effectivement, mais dont les nombreux défauts leur font souffrir mille maux.
Ce n’est point le bien d’une femme, mais sa vertu, qui enrichit son mari et sa, maison. A quoi sert cette grande dot qu’une femme apporte, lorsque ses profusions et son luxe dissipe tout, ou lorsqu’elle se plaît à être vue et à être aimée? Que si elle aime la dépense et la bonne chère, elle a beau être riche, elle ruinera bientôt son mari. Ce n’est pas seulement dans le choix d’une femme qu’ils se trompent de la sorte, mais encore dans les esclaves qu’ils achètent Car n’en voulant point avoir de bons, parce qu’ils coûtent trop cher, ils en achètent à vil prix, et ils perdent au lieu de gagner. Je vous conjure donc, vous qui êtes possédés de cette passion, de bien penser à ce que je dis. Je ne vous parle point maintenant ni des tourments de l’enfer, ni de la gloire du ciel, parce que vous êtes sourds à ces vérités. Considérez seulement les pertes que vous avez faites si souvent par le trop grand désir de gagner, eu en donnant votre argent à intérêt, ou en achetant des esclaves, ou en choisissant une femme, ou dans les tutelles et dans toutes les autres choses semblables, et ces seules considérations vous pourront suffire présentement pour vous porter à haïr l’avarice. Ainsi vous vous conduirez avec plus de sûreté dans cette vie même, et lorsque vous serez un peu plus avancés, vous deviendrez capables d’entendre les vérités qui vous apprendront à être sages non -plus selon le monde mais selon Dieu. Les yeux de votre âme se fortifieront peu à peu, et s’accoutumeront à voir et même à aimer la lumière du Soleil de justice, pour jouir ensuite des biens qu’il a promis, que je prie Dieu de nous accorder, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. (238)
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
5.
Da aber dies in Wirklichkeit nicht möglich ist, so stellen wir uns wenigstens einmal in Gedanken vor, wir befreiten einen solchen Menschen von all seinen Fesseln! Dann werden wir erst klar erkennen, wie stark seine Raserei ist. Doch haben wir keine Angst vor dem wilden Tiere, wenn wir es auch zeigen, wie es ist; wir stellen es uns ja nur in Gedanken vor und haben es nicht in Wirklichkeit vor uns. Denkt euch also einen Menschen, dem Feuer aus den Augen sprüht, der ganz schwarz ist, dem an beiden Schultern anstatt der Arme Schlangen hängen, dessen Mund an Stelle der Zähne mit scharfen Schwertern besetzt ist und wo an Stelle der Zunge eine Gift und Verderben sprudelnde Quelle fließt! Sein Bauch, gefräßiger als ein Feuerofen, vertilgt alles, was in ihn hineingeworfen wird. Seine Füße sind geflügelt und rascher als Feuer. Sein Gesicht hält die Mitte zwischen dem eines Hundes und eines Wolfes. Nichts Menschliches hat seine Stimme an sich; sie ist im Gegenteil widerwärtig, abstoßend, schrecklich. Auch in den Händen trägt er Feuer. Vielleicht erscheint euch das schrecklich, was ich gesagt habe. Aber meine Schilderung entspricht der Wirklichkeit noch lange nicht. Wir müssen noch ganz andere Dinge dazufügen. Denkt euch, das Ungetüm zerfleische alle, die ihm begegnen, verschlinge sie und reiße ihre Leiber in Stücke. Aber auch so ist noch viel schrecklicher der Geizige, der allen nachstellt wie die Hölle, der alle verschlingt und ein öffentlicher Feind des Menschengeschlechtes geworden ist. Er möchte, dass es keine Menschen mehr gäbe, um selber alles zu besitzen. Und selbst das genügt ihm noch nicht. Wenn er durch seine S. d408 Habsucht alles zugrunde gerichtet hat, dann möchte er auch noch die Natur der Erde ändern und sie in Gold verwandelt sehen; ja nicht bloß die Erde, auch die Berge, die Täler, die Quellen, kurz alles, was man sehen kann.
Damit ihr aber seht, dass ich seine Raserei noch nicht erschöpft habe, so setzt den Fall, es sei niemand da, der ihn tadle oder reize, sondern nehmt an, er werde nicht mehr durch die Furcht vor den Gesetzen gehemmt, und ihr werdet sehen, wie er alsbald ein Schwert ergreift und alle niedermacht, ohne irgend jemand zu verschonen, weder den Freund, noch die Verwandten, nicht den Bruder und selbst nicht den eigenen Vater. Ja, wir brauchen uns dies nicht einmal bloß vorzustellen. Fragen wir nur gleich selbst, ob er nicht in der Tat fortwährend solche Gedanken mit sich herumträgt, ob er nicht wenigstens im Herzen alle angreift und niedermacht, die Freunde, die Verwandten, ja selbst die eigenen Eltern? Aber es ist nicht einmal notwendig, ihn zu fragen. Es wissen ja ohnehin alle, dass jene, die von solchem Laster angesteckt sind, nur unwillig ihren alten Vater ertragen, und selbst das lästig und unangenehm empfinden, was allen anderen das Süßeste und Liebste ist, nämlich Kinder zu haben. Viele haben aus diesem Grunde sich kinderlos, die Natur unfruchtbar gemacht, nicht indem sie die geborenen Kinder umgebracht, sondern dadurch, dass sie sie nicht einmal geboren werden ließen.
Wundert euch also nicht, dass wir einen Geizhals in dieser Weise schilderten; er ist ja eigentlich noch schlechter, als ich gesagt habe. Überlegen wir vielmehr, wie wir ihn von seinem Dämon befreien könnten. Wie werden wir also das erreichen? Wenn wir ihm die klare Überzeugung beibringen, dass sein Geiz ihm gerade dazu am meisten hinderlich ist, nämlich um Reichtümer zu erwerben; denn wer auch das Kleinste gewinnen will, wird großen Schaden leiden. Das ist sogar schon zum Sprichwort geworden. So ist es schon oft vorgekommen, dass diejenigen, die ihr Geld für hohe Zinsen ausleihen wollten, aus lauter Gewinnsucht sich die Schuldner nicht genau ansahen, und dann mit den Zinsen auch das ganze Kapital verloren. Andere haben selbst nicht in S. d409 Lebensgefahr einen geringen Teil opfern wollen und verloren deshalb zugleich Leben und Vermögen. Wieder andere wären in der Lage gewesen, einträgliche Stellen oder sonst etwas Ähnliches sich zu verschaffen, haben aber dann aus Knauserigkeit alles verloren. Da sie eben nicht zu säen verstehen, sondern immer nur ans Einheimsen denken, so geht ihnen oft die ganze Ernte verloren. Niemand kann immerfort Ernte halten, niemand fortwährend Gewinn machen. Da sie also nichts ausgeben wollen, verstehen sie auch keinen Gewinn zu machen. Ja, selbst wenn es sich darum handelte, eine Frau nehmen zu müssen, es ginge ihnen gerade so. Denn entweder werden sie hintergangen und erwischen statt einer Reichen eine Arme, oder sie bekommen eine Reiche, die aber dafür tausend Fehler und Untugenden hat, und dann sind sie noch schlimmer daran, als im ersten Falle. Denn nicht Vermögen, sondern Tugend macht wahrhaft reich. Oder was nützt Reichtum, wenn die Frau rechten Aufwand macht und das Geld verschwendet und alles fortträgt, schneller als der Wind? Was nützt der Reichtum, wenn sie sich der Unzucht ergibt und ein Heer von Liebhabern nach sich zieht? Was nützt er, wenn sie sich dem Trunke ergibt? Wird sie nicht in kürzester Zeit den Mann an den Bettelstab bringen? Aber nicht bloß beim Heiraten, auch beim Einkaufen schaden die Geizigen sich selbst, da sie aus lauter Interesse nicht die Sklaven anschaffen, die etwas wert sind, sondern die man recht billig haben kann.
Erwägt also alles das; denn was ich über die Hölle und den Himmel zu sagen hätte, könnt ihr noch gar nicht fassen. Denkt an den Schaden, den euer Geiz euch oft einträgt, beim Ausleihen von Geld, beim Einkaufen, beim Heiraten, bei Anstellungen und in allen anderen Dingen, und lasset endlich ab von eurer Liebe zum Geld. Nur so könnt ihr sowohl dieses zeitliche Leben in Ruhe und Sicherheit genießen, und, wenn ihr auch nur ein wenig Fortschritte macht, auch die Lehren der wahren Weisheit fassen und bei genauem Zusehen die Sonne der Gerechtigkeit selber schauen und der Güter teilhaftig werden, die uns durch sie verheißen wurden und die wir alle erlangen mögen durch die S. d410 Gnade und Liebe unseres Herrn Jesus Christus, der Ehre und Macht besitzt in alle Ewigkeit. Amen!