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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
3.
Considérez, mes frères, combien de raisons Jésus-Christ apporte pour persuader aux hommes de recevoir ses apôtres, et comme il ouvre à ceux-ci les maisons de toute la terre, en leur faisant voir combien tous les hommes leur seront redevables. Nous pourrions compter jusqu’à neuf raisons : La première est que « celui qui travaille mérite qu’on le nourrisse. » La seconde, qu’il les envoie sans rien, et presque tout nus. La troisième, qu’il les expose à des combats et à de grands périls pour le bien de ceux qui les recevraient. La quatrième, qu’il leur donne le pouvoir de faire de grands miracles. La cinquième, qu’à leur seule parole, cette paix qui est le comble de tous les biens devait entrer dans la maison où ils auraient été reçus. La sixième, qu’il menace de punir ceux qui ne les recevraient pas, plus sévèrement que Sodome et que Gomorrhe. La septième, qu’il assure qu’en recevant ses disciples, on le recevrait lui-même et Dieu son Père. La huitième, qu’il promet à ceux qui les recevront la récompense qui est due au juste et au prophète. Et enfin la neuvième, c’est qu’il promet de récompenser jusqu’à un verre d’eau froide qu’on leur donnera.
Il ne faudrait qu’une seule de ces considérations pour persuader aux chrétiens de recevoir avec grande joie dans leurs maisons les ministres de Jésus-Christ. Car, qui serait assez dur pour voir un général d’armée, qui revient du combat, chargé de dépouilles, et en même temps percé de coups et couvert de sang, et qui ne s’estimerait pas heureux de lui ouvrir toutes ses portes, et d’honorer sa maison en l’y recevant?
Vous me direz peut-être: Mais qui ressemble aujourd’hui aux apôtres, pour mériter qu’on le reçoive de la sorte? Jésus-Christ répond à cette pensée en ajoutant ces paroles avec tant de soin : « Celui qui reçoit mon disciple en qualité de juste, de prophète et de disciple, » pour marquer qu’il récompenserait cette charité, non selon le mérite, de celui que l’on reçoit, mais selon le zèle de celui qui l’aurait reçu.
Souvenez-vous donc, mes frères, que si Jésus-Christ nous exhorte ici à recevoir les apôtres, les prophètes, les justes et ses disciples, il nous commande ailleurs de le recevoir lui-même en la personne des pauvres et de ceux qui paraissent lés derniers des hommes, et qu’il menace des plus grands supplices ceux qui refuseraient de les recevoir : « Autant de fois, » dit-il, « que vous avez rendu ces devoirs de charité aux moindres de mes frères, c’est à moi-même que vous les avez rendus. Et autant de fois que vous avez manqué de rendre ces assistances aux moindres de ces petits, vous avez manqué de me les rendre à moi-même. » (Matth. XXV, 40.) Quoique celui qui implore votre charité n’ait rien de grand ni d’estimable, il ne laisse pas d’être homme comme vous, d’être dans le même monde, de voir le même soleil, d’avoir une âme semblable à la vôtre, d’adorer le même Dieu, de participer aux mêmes mystères , d’être appelé au même royaume, et d’y avoir même plus d’entrée et plus de droit que vous par le mérite de sa pauvreté.
Je vous vois souvent combler de dons ces importuns qui viennent au fond de l’hiver vous réveiller au son des trompettes et des instruments de musique. Vous ne refusez pas votre argent à des bouffons, à des gens qui se noircissent le visage pour avoir la liberté d’offenser tout le monde impunément; et si un pauvre, qui n’a pas un morceau de pain, vous va demander l’aumône, vous vous emportez contre lui, vous lui dites cent injures, vous l’accusez de paresse, et vous vous répandez en insultes et en invectives. Vous ne considérez pas que vous êtes vous-mêmes mille fois plus paresseux que ce pauvre que vous outragez, et que néanmoins Dieu ne laisse pas de vous combler de ses biens.
Et ne me dites point que vous travaillez beaucoup. Il n’est pas question de savoir si vous faites quelque chose, mais si vous faites ce qu’il serait nécessaire que vous fissiez. Si vous ne me parlez que de votre trafic, de vos usures et (291) de vos adresses pour amasser de l’argent, je vous réponds que ce n’est point là un travail ni des actions de chrétien. Les oeuvres d’un chrétien sont les aumônes, la prière, la défense des pauvres, la protection des opprimés, et tout ce qui a du rapport à ces actions. Quoi que vous fassiez, en ne vous occupant point à ces choses, votre vie n’est qu’une oisiveté et une paresse. Cependant, Dieu ne vous dit pas
Puisque vous êtes paresseux, je ne ferai plus luire sur vous mon soleil, je couvrirai la lune de ténèbres, je vous rendrai toute la terre stérile, et je tarirai toutes les sources, je sécherai tous les fleuves et tous les étangs, j’anéantirai tout l’air, et je retiendrai toutes les pluies. Dieu, dis-je, n’agit point de la sorte, mais il verse sans cesse avec une grande abondance toutes tes richesses de sa bonté. Il fait luire son soleil et il répand ses pluies, non-seulement sur des lâches et des paresseux, mais sur des méchants et des scélérats.
Souvent, lorsque vous voyez un pauvre, vous vous écriez : Ce misérable me met en colère, il est jeune, il est sain et robuste, il peut travailler et il ne le fait pas, et après cela il veut qu’on lui donne de quoi nourrir sa paresse. C’est un vagabond qui s’est enfui et qui s’est dérobé lui-même à son maître. Voilà les reproches que vous faites à ce pauvre. Mais vous devriez vous les faire à vous-même; ou plutôt si vous lui en aviez donné la liberté, vous devriez trouver bon qu’il vous les fit, et qu’il dît de vous plus justement que vous n’avez dit de lui : Cet homme me met en colère; il est sain, il est fort et robuste, et cependant il est lâche, et il ne fait rien de ce que Dieu lui commande; c’est un serviteur désobéissant et rebelle; c’est un fugitif qui s’est dérobé à son maître et qui est maintenant vagabond dans une terre étrangère, c’est-à-dire plongé dans toutes sortes de crimes: dans l’ivrognerie, dans la gourmandise,. dans les larcins et les vols. Il me reproche ma paresse et moi j’aurais à lui reprocher ses crimes, ses fourberies, ses parjures, ses mensonges, ses rapines, et mille autres dérèglements.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
3.
S. d514 Siehst du, welche Mittel der Herr anwendet, um die Menschen bereitwillig zu machen, und wie er den Aposteln die Häuser der ganzen Welt öffnet? Er zeigt ja durch alle seine Reden, dass sie ihre Schuldner seien. Zuerst mit den Worten: „Der Arbeiter ist seines Lohnes wert“; sodann dadurch, dass er sie ganz arm aussendet; drittens, indem er sie in Krieg und Kampf schickt für diejenigen, die sie aufnahmen; viertens dadurch, dass er ihnen sogar die Gabe der Wunderwirkung verlieh; fünftens, indem er durch den Mund seiner Jünger die Quelle alles Guten, den Frieden, in die Wohnung derer bringt, die sie aufnehmen; sechstens, indem er jenen, die ihnen die Aufnahme verweigerten, schwerere Strafen androht als über Sodoma kamen; siebtens, indem er darauf hinweist, dass diejenigen, die ihnen Aufnahme gewähren, zugleich ihn und den Vater aufnehmen; achtens, indem er den Lohn eines Propheten und eines Gerechten verheißt; neuntens, indem er selbst für einen Becher kalten Wassers großen Lohn verspricht. Von all diesen Punkten wäre schon jeder für sich allein hinreichend gewesen, sie anzuziehen. Oder sag mir doch, wer könnte mit ansehen, wie ein Feldherr, mit tausend Wunden bedeckt und mit Blut überströmt, nach vielen Siegen aus dem Krieg und dem Schlachtgetümmel heimkehrt, ohne dass er ihm alle Türen des ganzen Hauses öffnete und ihn bei sich aufnähme? Und wer ist denn ein solcher Feldherr, fragst du? Gerade deswegen hat der Herr hinzugefügt: „Im Namen eines Jüngers, eines Propheten, eines Gerechten“, damit du wissest, dass er den Lohn nicht nur nach der Würde des Ankömmlings, sondern auch nach der guten Meinung des Gastgebers bemisst. Hier redet er allerdings von Propheten, Gerechten und Jüngern; anderswo dagegen befiehlt er auch, die ganz Armen und Verlassenen aufzunehmen, und bedroht diejenigen mit Strafe, die dies nicht tun. „Denn was ihr einem von diesen Geringsten nicht getan, das habt ihr auch mir nicht getan“1 . Und dasselbe sagt er auch in umgekehrter Form. Denn wenn auch ein solcher nicht gerade als Apostel oder Jünger S. d515 kommt, so ist er doch wenigstens ein Mensch, bewohnt dieselbe Erde, schaut dieselbe Sonne, hat die gleiche Seele, denselben Herrn, nimmt an denselben Geheimnissen teil wie du, ist zum gleichen Himmel berufen wie du, und besitzt einen großen Rechtstitel, die Armut und das Bedürfnis nach der notwendigen Nahrung. Jetzt aber entlässest du diejenigen, die dich zur Winterszeit mit Flöten und Pfeifen im Schlafe stören und dich ganz nutzlos belästigen mit vielen Geschenken; ebenso erhalten jene, die Schwalben feilbieten, die Possenreißer und Allerweltslästerer, ihren Lohn für ihre Gauklerkunststücke. Kommt aber ein Armer daher und bittet um Brot, so antwortest du mit tausend bösen Reden und Beleidigungen, nennst ihn einen Faullenzer, schmähst ihn, beschimpfst ihn und verspottest ihn. Und dabei denkst du nicht, dass du selber ebenfalls müßig bist, und dass dir Gott dennoch das gibt, was an ihm liegt.
Da sag mir nicht, dass auch du etwas arbeitest; zeige mir vielmehr, ob du etwas von dem tust und betreibst, was notwendig ist. Wenn du mich da auf dein Gewerbe verweisest und deine Handelsgeschäfte, sowie auf deine Sorge für die Vermehrung von Hab und Gut, so könnte wohl auch ich dir antworten, dass das eigentlich gar keine Arbeit ist. Wahre Arbeit ist vielmehr das Almosengeben, das Gebet, die Hilfeleistung für Unglückliche und ähnliche gute Werke, in denen wir ganz und gar untätig sind. Und doch hat Gott deswegen nie zu uns gesprochen: Weil du müßig bist, will ich die Sonne nicht mehr aufgehen lassen; weil du nichts von dem tust, was notwendig ist, will ich den Mond auslöschen, die Erde unfruchtbar machen, die Seen, die Quellen und Flüsse verstopfen, die Luft vernichten und den jährlichen Regen zurückhalten; nein, vielmehr gibt er dir all das in reichlichem Maße. Ja, er lässt diese Gaben selbst einige genießen, die nicht nur nichts tun, sondern sogar Böses tun. Wenn du also einen Armen siehst, so sag nicht: Ich bin wütend darüber, dass dieser Mensch, der jung und kräftig ist und nichts besitzt, ernährt werden soll ohne etwas zu arbeiten; vielleicht ist es ein Sklave, der irgendwo davongelaufen ist und seinen Herrn verlassen hat. Das alles sage, wie schon S. d516 bemerkt, zu dir selbst, oder vielmehr lasse es den anderen mit Freimut zu dir sagen, und er wird dies mit mehr Recht tun: Ich bin ergrimmt darüber, dass du müßig gehst, obwohl du gesund bist, und dass du nichts von dem tust, was Gott befiehlt, dass du vielmehr den Geboten des Herrn entfliehst, dich gleichsam in einem fremden Lande herumtreibst, mit Schlechtigkeit dich abgibst, der Trunkenheit huldigst, Diebstahl und Raub begehst und fremde Familien zugrunde richtest. Du wirfst anderen Faulheit vor; ich aber muss dir deine Sünden vorhalten, da du anderen nachstellst, fluchst, lügst raubst und tausend Missetaten begehst.
-
Mt 25,45 ↩