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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
4.
Eloignons de nous, mes frères, ces opinions puériles et ces fables judaïques. Ecoutons plutôt ce que dit saint Paul : « Tous ceux qui ont péché sans la loi périront aussi sans la loi (Rom. II, 12) , » ce qu’il dit de ceux qui l’ont précédée; « et tous ceux qui ont péché dans la loi seront jugés par la loi, » ce qu’il dit de tous ceux qui sont venus après Moïse. « Car Dieu, » dit le même apôtre, « découvre du ciel sa colère et sa vengeance contre toute l’impiété et l’injustice des hommes. L’affliction et le désespoir accablera tout homme qui fait le mal, le juif premièrement, et puis le gentil. » Les histoires saintes et profanes nous font assez voir selon cette parole de saint Paul, combien les gentils dans tous les siècles ont souffert de maux. Car qui peut dire ce qu’ont enduré les Babyloniens ou les Egyptiens? Et pour faire voir que ceux qui ont précédé Jésus-Christ, et qui sans l’avoir pu connaître ont fui l’idolâtrie et adoré le vrai Dieu en réglant leurs moeurs selon la justice, seront comblés de tous biens, il ne faut que considérer ce que dit saint Paul : « La gloire, l’honneur, la paix à tout homme qui fait le bien, au juif premièrement, et au gentil. » (Ibid.) Ainsi vous voyez clairement par tout ce que nous venons de dire, que Dieu récompense toujours les bons, comme il punit toujours les méchants.
Où sont donc ceux qui croient qu’il n’y a point d’enfer? Si ceux qui ont précédé l’avènement de Jésus-Christ, qui n’ont jamais entendu parler de l’enfer ni de la résurrection, et qui ont souffert de si grands maux en ce monde, ne laissent pas d’être encore punis après cette vie, que deviendrons-nous nous autres, après avoir reçu de Dieu des connaissances si saintes et si relevées?
Mais comment se peut-on persuader, me direz-vous, que ceux qui n’ont jamais entendu parler de l’enfer durant leur vie y tombent après leur mort? Ne pourraient-ils pas dire à Dieu : Si vous nous aviez menacé de ces flammes éternelles, nous les aurions appréhendées, et nous aurions mieux vécu? Et moi je vous dis sur cela, mes frères, que ces personnes auraient donc été bien plus sages que nous puisque nous entendons à tout moment parler de l’enfer, sans y faire la moindre réflexion et sans en devenir meilleurs. Mais sans m’arrêter à cela, ne peut-on pas dire que celui qui n’est point retenu par les peines qu’il voit tous les jours dans ce monde le serait bien moins par tout ce qu’on pourrait lui dire de celles de l’autre? Car les choses présentes touchent beaucoup plus les hommes grossiers et charnels que celles qu’ils ne voient pas, et qui ne leur doivent arriver que longtemps après.
Vous me direz, peut être: Si nous avons aujourd’hui tant de sujets de crainte, que n’ont pas eu ceux qui ont précédé Jésus-Christ? Dieu les a-t-il traités avec toute la justice qu’il serait à souhaiter? Oui, mes frères, la conduite de Dieu est très-juste. Car nos obligations sont beaucoup plus grandes que n’ont été les leurs, Il était donc bien raisonnable que ceux qui étaient chargés de plus de préceptes, fussent aussi soutenus d’un plus grand secours. C’est ce que Dieu a fait en augmentant notre crainte. Que si nous avons l’avantage de mieux connaître l’avenir que ceux qui ont précédé Jésus-Christ, ils ont eu eux aussi leur avantage sur nous: c’est d’avoir vu dès ce monde des châtiments épouvantables qui les retenaient dans le devoir.
Il y en a encore qui nous disent: Où est la justice de Dieu de punir et sur la terre et dans l’enfer ceux qui n’ont péché que sur la terre? Voulez-vous bien rue permettre de vous répondre à cela par vous-mêmes, et que sans me mettre en peine de chercher d’autres raisons, je vous prie seulement de vous rendre attentifs à ce que vous pensez, et à ce que vous dites tous les jours? J’ai souvent ouï plusieurs d’entre vous se plaindre, lorsqu’ils voyaient conduire un voleur au supplice et dire hautement : Quoi ! ce scélérat a tué cent hommes durant sa vie, et il ne mourra qu’une fois? Où est la justice? Vous avouez vous-mêmes qu’une mort ne suffit pas à ce voleur pour le punir selon la justice : pourquoi donc jugez-vous autrement en cette rencontre, sinon parce qu’il s’agit de vous-mêmes? Tant il est vrai que l’amour-propre couvre l’âme de ténèbres, et l’empêche de voir ce qui est juste. Ainsi quand nous jugeons les autres, nous voyons clairement tout ce qu’il faut voir: mais quand nous nous jugeons nous - mêmes, nous sommes aveugles.
Si nous tenions la balance aussi droite, lors. que nous examinons ce qui nous touche, que ce qui se passe dans les autres, nous jugerions de nous-mêmes selon l’équité. Car combien avons-nous commis de crimes, qui ne méritent pas une ou deux, mais dix mille morts? (300)
Souvenons-nous seulement, pour ne rien dire de tout le reste, combien de fois nous avons participé indignement aux saints mystères, et cependant selon saint Paul nous nous sommes rendus autant de fois coupables du corps et du sang de Jésus-Christ. Quand donc vous parlez avec tant d’ardeur contre les homicides, pensez à vous en même temps. Ce meurtrier a tué un homme, et vous vous êtes rendu coupable de la mort d’un Dieu. Ce voleur, lorsqu’il a commis ses crimes, était banni de nos saints mystères; mais vous avez commis les vôtres, lorsque vous aviez l’avantage d’approcher de cette table sacrée.
Que dirai-je encore de ceux qui dévorent leurs frères, en quelque sorte, qui déchirent leur réputation et l’infectent du venin de leur langue? Que dirai-je de ceux qui ravissent le pain du pauvre? Si celui qui ne donne pas l’aumône tue le pauvre, combien est plus meurtrier celui qui lui ravit son sang et sa vie? N’est-il pas vrai encore que les avares sont plus cruels que les voleurs, et que les usuriers sont plus barbares que les meurtriers et les violateurs des sépulcres? Com bien en voyons-nous à qui il ne suffit pas d’avoir pillé le bien des autres, mais qui sont encore altérés de leur sang?
Non, non, dites-vous, personne n’est assez cruel pour cela : Vous le dites maintenant; mais dites-le, lorsque vous aurez un ennemi. Dites-vous alors ces paroles à vous-mêmes, et arrêtez votre colère pour ne pas tomber dans le malheur de Sodome et de Gomorrhe, et pour ne pas vous exposer aux supplices de Tyr et Sidon; ou plutôt pour ne point offenser Jésus-Christ, ce qui est encore bien plus horrible. Car quoique plusieurs regardent l’enfer comme le plus grand de tous les maux, je ne cesserai jamais néanmoins de publier et de soutenir que c’est un mal sans comparaison plus grand, de voir Jésus-Christ irrité contre nous, que d’être condamné au feu de l’enfer. Et je vous conjure, mes frères, d’entrer avec nous dans cette pensée, parce que c’est le moyen d’éviter l’enfer et de mériter la gloire de Jésus-Christ, par la grâce et la miséricorde de ce même Sauveur, à qui est la gloire et l’empire dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
4.
Kommen wir also nicht mit solch albernen Dingen und Judenfabeln daher. Höre nur, was Paulus hierüber sagt: „Alle, die ohne das Gesetz gesündigt haben, werden auch ohne das Gesetz zugrunde gehen“; er meint damit jene, die in der Zeit vor dem Gesetz gelebt haben. „Und alle, die in dem Gesetz gesündigt haben, werden durch das Gesetz gerichtet werden“1 ; das sagte er von all denen, die nach Moses lebten. Ferner: „Geoffenbart wird der Zorn Gottes vom Himmel über jegliche Gottlosigkeit und Ungerechtigkeit der Menschen“2 , und: „Unwille, Zorn, Trübsal und Wehe über die Seele eines jeden Menschen, der Böses tut, zuerst des Juden, dann des Heiden“3 . Und doch haben die S. d533 Heiden unendlich viel Ungemach erduldet hienieden. Das beweisen auch die Geschichtsbücher der Heiden, sowie auf unserer Seite die Hl. Schrift. Denn wer könnte wohl die tragischen Schicksale der Babylonier erzählen, oder diejenigen der Ägypter? Gleichwohl werden diejenigen, die Christus vor seiner Erscheinung im Fleische nicht kannten, dagegen sich vom Götzendienst enthielten, und nur Gott allein anbeteten und ein tadelloses Leben führten, ebenfalls aller Güter teilhaft werden. Denn höre nur, was Paulus sagt: „Ruhm und Ehre und Friede jedem, der das Gute tut, zuerst dem Juden, dann dem Heiden“4 . Siehst du, wie auch diesen großer Lohn für ihre guten Werke vorbehalten ist, dagegen Strafe und Buße jenen, die das Gegenteil tun?
Wo bleiben da jene, die nicht an die Hölle glauben? Wenn doch schon diejenigen, die vor dem Erscheinen Christi lebten, und weder von Hölle noch von Auferstehung auch nur den Namen hörten, nicht bloß hienieden gestraft wurden, sondern auch in der anderen Welt noch Strafe finden werden, um wieviel mehr wird es dann uns so gehen, die mit so erhabenen religiösen Lehren genährt wurden? Wie ist es aber denkbar, fragst du, dass diejenigen, die nie etwas von der Hölle gehört haben, in die Hölle stürzen? Die können ja sagen: Wenn du uns mit der Hölle gedroht hättest, so hätten wir uns eher gefürchtet und hätten mehr Maß gehalten. Jawohl; nicht wahr, so wie wir jeden Tag von der Hölle reden hören, ohne uns in unserem praktischen Leben auch nur im geringsten darum zu kümmern! Außerdem ist aber auch das noch zu erwähnen, dass derjenige, der sich durch die Strafe nicht einschüchtern lässt, da er bereits hienieden zu leiden hat, noch viel weniger durch jene wird im Zaum gehalten werden. Die weniger Einsichtigen und religiös Gestimmten pflegen ja durch die Dinge, die vor ihnen liegen und alsbald in Erfüllung gehen, noch eher zur Vernunft gebracht zu werden, als durch diejenigen, die erst lange Zeit nachher eintreffen sollen. Allein, sagst du, uns ward ein stärkeres Motiv der Furcht gegeben und insofern ist S. d534 jenen Unrecht geschehen. Ganz und gar nicht. Fürs erste wurde ja an jene nicht die gleiche Anforderung gestellt wie an uns, von denen viel mehr verlangt wird. Wer aber die schwerere Aufgabe zu erfüllen hat, bedurfte auch einer größeren Hilfe. Es ist aber keine geringe Hilfe, dass das Motiv der Furcht verstärkt wurde. Wenn wir aber vor den anderen etwas voraus haben, weil wir die zukünftigen Dinge kennen, so haben die anderen vor uns voraus, dass über sie sogleich schwere Strafen verhängt wurden.
Indes machen die meisten dagegen einen anderen Einwand. Wo bleibt da die Gerechtigkeit Gottes, sagen sie, wenn einer, der hienieden gesündigt, hier u n d in der anderen Welt gestraft wird? Darf ich euch vielleicht daran erinnern, wie ihr selbst zu reden pflegt, damit ihr uns keine weiteren Einwände mehr macht, sondern aus euch selbst die Lösung gebt? Ich habe schon oft von Menschen gehört, sie hätten, wenn sie gerade erfuhren, ein Mörder sei im Gefängnis hingerichtet worden, voll Unwillen geäußert: Dieser elende, verworfene Mensch hat dreißig Mordtaten begangen, ja vielleicht noch viel mehr, und er selbst hat den Tod nur einmal leiden müssen; wo bleibt da die Gerechtigkeit? Ihr gesteht also von selbst ein, dass ein einmaliger Tod hierfür keine genügende Strafe ist. Warum habt ihr aber dann hier die entgegengesetzte Ansicht? Weil ihr hier nicht über andere, sondern über euch selbst urteilt. So sehr trübt die Eigenliebe den Blick für die Gerechtigkeit. Wenn wir über andere zu richten haben, dann beurteilen wir alle mit großer Strenge; haben wir über uns selbst zu richten, so sind wir geblendet. Würden wir dagegen mit uns selbst ebenso strenge ins Gericht gehen wie mit den anderen, so würden wir ein unparteiisches Urteil fällen. Auch wir haben ja Sünden auf dem Gewissen, für die wir nicht nur zwei oder dreimal, sondern tausendmal den Tod verdient hätten. Um von allem anderen zu schweigen, erinnern wir uns nur daran, wie viele Christen unwürdig an den hl. Geheimnissen teilnehmen! Dafür sind sie aber „schuldig des Leibes und des Blutes S. d535
Christi“5 . Redest du also von einem Mord, so denke an dich selbst. Jener hat ja nur einen Menschen umgebracht, du aber bist schuldig am Tode des Herrn; der eine6 , ohne dass er an den hl. Geheimnissen teilgenommen hätte; wir7 ,obwohl wir uns dem hl. Tische nahen dürfen. Und was soll ich von denen sagen, die ihre eigenen Brüder gleichsam beißen und verzehren8 und fortwährend Gift wider sie speien, und was von denen, die den Armen noch den Bissen Brot vom Munde nehmen? Wenn schon derjenige ein Mörder ist, der kein Almosen gibt, dann um so mehr, wer den anderen das Ihrige nimmt. Und sind nicht die Habsüchtigen schlimmer als viele Diebe, und die Räuber schlimmer als viele Mörder und Grabschänder? Und wie viele rauben nicht bloß, sondern verlangen auch noch gierig nach Blut?
Nein, sagst du, Gott bewahre! Jetzt sagst du Gott bewahre! Ja, wenn du einen Feind hast, dann sage: Gott bewahre; dann erinnere dich an das, was ich gesagt habe und führe ein recht gewissenhaftes Leben, damit nicht auch uns einst das Schicksal Sodomas erwarte, nicht auch wir das Los Gomorrhas teilen und die Strafen von Tyrus und Sidon gewärtigen müssen; oder vielmehr, damit wir Christus nicht beleidigen, was von allen Dingen das Schlimmste und Schrecklichste wäre. Ja, wenn auch manchen die Hölle als etwas Furchtbares erscheint, ich werde doch nicht aufhören, immer wieder zu rufen, dass Christum beleidigen schlimmer und schrecklicher ist als jede Hölle. Und euch bitte ich, von dieser Gesinnung durchdrungen zu sein; denn auf diese Weise werden wir sowohl der Hölle entgehen, als auch an der Herrlichkeit Christi teilnehmen, die wir alle erlangen mögen durch die Gnade und Liebe unseres Herrn Jesus Christus, der die Ehre und die Macht besitzt von Ewigkeit zu Ewigkeit. Amen!