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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
5.
N’est-ce pas une bassesse dont on devrait rougir, de faire passer avec art des filets de soie sur des souliers, ce qu’on ne devrait pas faire, même sur des habits? Si vous ne vous rendez pas à ce que je vous dis, écoutez avec quelle force saint Paul condamne cet excès, et reconnaissez-en la grandeur. « Qu’elle ne paraisse point ornée, » dit-il d’une femme, « par la frisure de ses cheveux, par l’or, ou les perles, ou les habits précieux. » Qui pourrait donc vous excuser en voyant que, lorsque saint Paul ne permet pas même à une femme mariée d’être recherchée dans ses habits, vous le soyez dans vos souliers? Ne savez-vous pas combien de malheurs les hommes s’exposent pour aller chercher dans les pays éloignés ces ornements superflus? Il faut construire des navires, il faut avoir des hommes pour tirer à la rame ou pour tenir le gouvernail, ou pour hausser et baisser à propos les voiles. Il faut que tous ces hommes renoncent à leur pays, à leurs femmes et à leurs enfants, à leur vie même, qu’ils courent les mers avec mille peines et mille périls, et qu’ils trafiquent dans des terres étrangères et barbares, et tout cela pour avoir de quoi satisfaire votre vanité et vous faire de beaux souliers? Y a-t-il rien de plus honteux que cette bassesse?
Nos pères avaient en horreur ces ajustements puérils. Ils s’habillaient avec bienséance, et non avec cette mollesse indigne des hommes. Pour moi, je prévois qu’avec le temps, les jeunes gens d’aujourd’hui porteront sans rougir des souliers et des habits comme les femmes en portent. Ce qu’il y a encore d’insupportable, c’est que les pères qui voient ces excès dans leurs enfants, les souffrent sans en témoigner de ressentiment, et les regardent comme des choses indifférentes. (386)
Mais, voulez-vous que je vous dise ce qui me frappe le plus? C’est qu’on fait ces folles dépenses lorsque tant de pauvres meurent de faim. Vous voyez Jésus-Christ au milieu de vous, qui n’a pas même de pain, qui est nu, qui est chargé de fers; de quelles foudres n’êtes-vous point dignes de le négliger ainsi, lorsqu’il manque de ce qui lui est le plus nécessaire, pour employer l’argent dont il devrait être nourri, à embellir vos chaussures de quelque manière nouvelle et extravagante? Jésus-Christ a défendu autrefois à ses disciples de porter des souliers, et nous autres, bien loin de nous priver de cette commodité comme eux, nous ne pouvons pas même souffrir de n’en user qu’autant que la nécessité et la modestie le demandent. Doit-on rire ou pleurer du déréglement de ces personnes, déréglement qui fait voir en même temps la mollesse de leur coeur, la cruauté de leur esprit, la vanité et la légèreté de leur âme?
Un homme qui s’applique à ces niaiseries est-il capable de penser à rien d’utile et de sérieux? Peut-il avoir soin de son âme, ou se souvenir même qu’il a une âme? Ne faut-il pas avoir une âme de terre et de boue, pour s’occuper à ces bagatelles, et ne faut-il pas avoir un coeur de fer, pour donner à cette cruelle vanité et qui était destiné à nourrir les pauvres? Comment votre esprit pourra-t-il s’élever à la piété et à la vertu, si vous l’occupez tout entier de ces soins frivoles? Comment celui qui fait sa gloire d’être bien chaussé, qui veut que, lorsqu’il marche, on admire l’éclat de la soie, les fleurs peintes à l’aiguille, et tout ce que l’art a d’agréable et de curieux dans ces sortes d’ouvrages, pourra-t-il lever les yeux en haut pour voir le ciel ? Comment admirera-t-il 1es beautés du monde, lui qui n’est attentif qu’à celle de ses souliers ?
Dieu a étendu le ciel au-dessus de la terre. Il y a placé le soleil et l’a fait si beau et si lumineux, afin d’attirer vos yeux en haut, et vous voulez au contraire les tenir toujours baissés vers la terre comme les pourceaux, vous dérobant au dessein que Dieu a sur vous, pour favoriser celui du démon? Car c’est le démon qui est l’auteur de ces vanités. C’est lui qui a inventé ces ajustements honteux, pour vous séduire et pour détourner votre esprit de la vue des véritables beautés. C’est lui qui fait tous ses efforts pour vous faire descendre du ciel en terre, et il y réussit si pleinement que Dieu vous montrant le ciel et le démon un soulier, vous quittez le ciel pour vos souliers. Je n’en accuse point la matière, parce que c’est l’ouvrage de Dieu, mais l’embellissement et le luxe, parce que c’est l’ouvrage du démon.
On voit un jeune homme marcher les yeux attachés en terre, quoique Dieu lui commande de les élever au ciel, et qui met sa gloire non à bien vivre, mais à être bien chaussé. On le voit dans les rues marcher sur le bout du pied. Il craint comme le feu, ou qu’un peu de boue, durant l’hiver, ou qu’un peu de poudre durant l’été, ne ternisse l’éclat de ses beaux souliers. Quoi! vous plongez votre âme dans la boue par une passion si basse et vous ne daignez pas la relever, ni la tirer de cette honte, et toute votre crainte c’est qu’un peu de poudre ne gâte votre soulier?
Considérez-en la fin et l’usage, et vous perdrez cette vaine crainte. Le soulier n’est-il pas fait pour aller sans crainte au milieu des boues et pour traverser les chemins les plus mauvais? Si vous appréhendez tarit de marcher, de peur que ces souliers si précieux ne se gâtent, prenez-les donc à votre cou, ou bien attachez-les à votre tête, afin qu’ils ne servent qu’à vous parer. Vous riez quand je dis cela, mes frères, et moi j’ai envie de pleurer en vous te disant. Car cette folie me perce le coeur, et cet attachement à des riens m’arrache des soupirs. Vous en verrez qui, pour éviter que leur soulier ne touche à la boue, se mettent en danger de tomber dedans.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
5.
Wir wollen also die Sache einmal näher prüfen und sehen, was für ein Unheil sie ist. Wenn ihr Seidenbänder, die man nicht einmal für Kleider verwenden soll, sogar bei den Schuhen verwendet, verdient ihr da nicht vollauf, dass man darüber spottet und lacht? Wenn du aber meine Ansicht verachtest, so höre wenigstens auf die Worte des hl. Paulus, der dies ganz nachdrücklich verbietet; dann wirst du schon merken, wie lächerlich es ist. Was sagt also der Apostel? „Nicht mit Haargeflechten, mit Gold oder Perlen oder S. d706 kostbarer Gewandung1 “2 . Welche Nachsicht verdientest du also, wenn der hl. Paulus deiner Gattin nicht einmal kostbare Gewänder erlauben will, und du diese eitle Torheit sogar auf die Schuhe ausdehnst, und dir tausenfache Mühe gibst um einer so lächerlichen, schimpflichen Sache willen? Dafür wird ja ein ganzes Schiff ausgerüstet, werden Ruderer gemietet mit einem Unter- und Obersteuermann, wird das Segel gespannt und das Meer durchfahren, dafür verlässt der Kaufmann Weib, Kind und Heimat, und vertraut sein eigenes Leben den Wogen an, zieht in Barbarenländer und besteht tausenderlei Gefahren, nur wegen dieser Seidenbänder, damit du sie nach all dem Mühen auf deinen Schuhen anbringen und das Leder damit zieren könnest. Was gäbe es doch Schlimmeres als solch eine Torheit? Das war in alten Zeiten nicht so; da hatte man Schuhe, die sich für Männer schickten. Jetzt aber bin ich darauf gefasst, dass unsere jungen Leute im Laufe der Zeit sogar noch Weiberschuhe anziehen ohne sich zu schämen. Das Traurigste dabei ist, dass sogar die Väter dies mit ansehen ohne unwillig zu werden, ja es im Gegenteil für eine ganz unschuldige Sache halten.
Und soll ich auch das sagen, was die Sache noch schlimmer macht, dass nämlich so etwas geschieht, wo es doch so viele Arme gibt? Soll ich euch Christus vor Augen stellen, wie er hungert und seiner Kleider beraubt ist, wie er überall umherirrt und mit Banden gefesselt ist? Wie viele Blitzstrahlen würdet ihr nicht verdienen, wenn er ihn, der sich vor Hunger nicht zu helfen weiß, missachtet und dafür solche Sorgfalt auf den Schmuck des Schuhleders verwendet? Als der Herr den Jüngern seine Satzungen gab, da erlaubte er ihnen nicht einmal, überhaupt Schuhe zu tragen; wir dagegen wollen nicht nur nicht barfüßig gehen, sondern nicht einmal solche Schuhe tragen, wie es sich gehört. Was gäbe es also Schlimmeres, was Lächerlicheres als solch eine Verunzierung? So etwas tut ja nur ein verweichlichter, gefühlloser, roher, zimperlicher Mensch, der S. d707 nichts Rechtes zu tun hat. Oder wie könnte sich einer jemals mit etwas Notwendigem und Nützlichem abgeben, der seine Zeit mit solch überflüssigen Dingen vergeudet? Wie wäre ein solcher Jüngling imstande, sich um seine Seele zu kümmern, oder überhaupt daran zu denken, dass er eine Seele hat? Der wird ja notwendig ein erbärmlicher Wicht sein, wer solche Dinge bewundern muss, und roh, wer um solcher Sachen willen die Armen vernachlässigt, und aller Tugend bar, wer seine ganze Aufmerksamkeit solchen Gegenständen widmet. Wer sich für den Glanz von Seidenbändern, die Pracht der Farben und das Epheugeranke derartiger Gewebe interessiert, wann soll der zum Himmel aufblicken können? Wann soll derjenige die himmlische Schönheit bewundern, den es nach der Schönheit von Leder gelüstet und der also am Boden kriecht?
Gott hat den Himmel ausgebreitet und die Sonne angezündet, um deinen Blick nach oben zu lenken; du aber zwingst dich gleich den Schweinen, zur Erde zu sehen, und bist dem Teufel gehorsam. Er ist es ja, der böse Dämon, der diese Schamlosigkeit ersonnen hat, um dich von jener Schönheit abzuziehen. Darum hat er dich zu solchen Dingen hingezogen, darum wird Gott, der dir den Himmel zeigt, gleichsam besiegt vom Teufel, der dir Häute zeigt, oder vielmehr nicht einmal Häute, denn auch sie sind ja Werke Gottes, sondern unnötigen Luxus und übertriebene Künstelei. So geht der Jüngling mit dem Blick zur Erde gesenkt, der eigentlich das Himmlische betrachten sollte, und er bildet sich mehr auf diese Eitzelkeiten ein, als wenn er eine große Tat vollbracht hätte, stolziert auf offenem Markte umher und macht sich selber ganz unnötig Sorgen und Kummer, es könnten seine Schuhe mit Kot beschmutzt werden, wenn es Winter, oder sie könnten mit Staub bedeckt werden, wenn es Sommer ist.
Was sagst du da, o Mensch? Deine ganze Seele hast du in den Schmutz geworfen um solch einer Torheit willen und merkst nicht, wie sie auf dem Boden herumgezogen wird; für deine Schuhe dagegen bist du so ängstlich besorgt! Lerne sie doch recht gebrauchen und schäme dich, dass du so große Achtung vor ihnen S. d708 hast! Die Schuhe sind ja dafür da, dass sie mit Kot und Schmutz in Berührung kommen und mit jedem Unrat, der auf dem Boden liegt. Wenn dir aber das nicht gefällt, so ziehe sie aus und hänge sie dir um den Hals oder lege sie auf den Kopf.