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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
6.
Ne me dites point pour vous excuser que ces pauvres se réjouissent, lorsque vous leur prêtez votre argent, et que même ils vous rendent grâce de votre usure. C’est votre cruauté qui les oblige de trouver cette triste joie dans ce qui les réduit à la dernière pauvreté. (Gen. XII, 3.) Lorsqu’Abraham livra sa propre femme entre les mains des barbares, il se prêta à l’accomplissement de leurs mauvais desseins, mais était-ce de bon gré, ou par la crainte de Pharaon ? C’est ainsi que le pauvre agit. Comme vous êtes assez dur pour ne lui pas donner gratuitement la somme dont il a besoin, il est contraint de rendre grâce à votre avarice, et de recevoir avec joie l’effet de votre cruauté. Vous ressemblez à un homme qui, en délivrant un autre d’un péril de mort imminent, exigerait de lui la récompense de ce service. Cette comparaison vous fait horreur et vous paraît injurieuse. Quoi donc, vous rougiriez d’exiger de l’argent d’un homme pour l’avoir tiré de ce péril, et vous ne rougissez pas d’en exiger si cruellement pour l’avoir assisté dans un besoin moins considérable? Ne prévoyez-vous point déjà que le châtiment vous est réservé pour une telle conduite, et ne vous souvenez-vous point avec quelle sévérité ce crime était défendu dans l’ancienne loi?
Mais quelle est l’excuse dont la plupart se couvrent? Il est vrai, disent-ils, que je prête mon bien à usure, mais c’est pour assister les pauvres. Malheureux, que dites-vous? Dieu rejette avec horreur ces détestables aumônes. Il ne veut point ces sacrifices sanglants. Ne faussez point la loi de Dieu. Il vaut mieux ne rien donner aux pauvres que de leur donner d’un bien si cruellement acquis. Vous faites même souvent qu’un argent qui n’avait été amassé que par de justes travaux, et par des voies très-innocentes, devient enfin un argent maudit de Dieu par vos usures illégitimes, et vous faites le même mal que si vous forciez un sein pur et chaste d’enfanter des scorpions et des vipères.
Mais pourquoi vous parler de la loi de Dieu? N’avouez-vous pas vous-même que l’usure est une chose très-infâme? Si vous, qui profitez de ces usures, ne les regardez néanmoins qu’avec horreur, jugez de quel oeil Dieu les regarde. Que si vous consultez ceux qui ont établi les lois humaines, ils vous diront que l’usure a toujours été regardée comme la marque de la dernière impudence. Et c’est pour cette raison qu’il n’est jamais permis aux personnes constituées en: dignité, ni aux magistrats de se déshonorer par ces gains infâmes. .C’est la loi, dites-vous, qui le leur défend. Tremblez donc de votre indifférence, lorsque vous avez moins de respect pour les lois de Dieu, que les magistrats n’en, put pour les lois civiles, et lorsque vous témoignez estimer moins les oracles du ciel, qu’ils n’estiment les arrêts du sénat de Rome.
Mais si je vous crois, me dites-vous, et que je place mon argent au ciel, il me profitera moins que placé sur la terre. Ne rougissez-vous pas d’autoriser ainsi l’injustice de vos usures? Je l’appelle une injustice; car y a-t-il rien de plus injuste que de semer sans terre, sans- pluie, sans charrue et sans semence ? Que recueillent aussi ceux qui sèment de la sorte, sinon une ivraie qui sera jetée dans le feu? N’y a-t-il point d’autres voies justes et légitimes de gagner sa vie? Ne peut-on pas cultiver les champs, nourrir des troupeaux, engraisser des boeufs, travailler des mains, et ménager son revenu? N’êtes-vous pas déraisonnable? N’êtes-vous pas insensé de passer toute votre vie à labourer et à semer des épines?
Vous me répondrez peut-être que les fruits de la terre sont sujets à trop d’accidents, que (445) souvent la grêle, les brouillards, les eaux et les chaleurs ruinent tout. Mais y a-t-il là autant de périls à craindre que vous en courez par l’usure? Toutes ces intempéries de l’air ne peuvent au plus que gâter le fruit sans nuire à la terre qui le porte; au lieu qu’ici on perd très-souvent le fonds, et qu’avant cette perte, on souffre mille inquiétudes. Car l’usurier ne jouit jamais en paix de son bien, Jamais il n’y trouve de repos. Quand on lui apporte de l’argent, il ne considère point ce qu’il a, mais ce qu’il n’a pas; et quelque grande que soit la rente qu’on lui paie, il s’afflige toujours de ce qu’elle n’égale pas le fonds. C’est pourquoi il ne peut, dans cette impatience avare, se donner le temps d’amasser quelque somme considérable. Il replace cet argent à mesure qu’il le reçoit. Il contraint ces revenus injustes de lui produire d’autres revenus semblables, comme une vipère produit encore d’autres vipères.
Je me sers de cette comparaison, parce que l’usure ronge plus l’âme d-e l’avare qui l’exige, que les vipères ne. rongent les entrailles qui leur ont donné la vie. Ce sont là « les liens injustes » dont parlait tantôt le Prophète, « et ces chaînes pesantes » qui accablent ceux qui les portent. Je vous donne, dit l’usurier, non afin que vous jouissiez de ce que je vous donne, mais afin que vous me rendiez plus que je ne vous ai donné. Quoi ! Dieu ne veut pas que vous redemandiez même ce que vous avez donné: « Donnez», dit-il, « à ceux dont vous n’espérez rien recevoir (Luc, VI, 40)», et vous exigez plus nième que vous ne donnez? Vous redemandez comme une dette, un argent qui n’est point sorti de vos mains. Croyez-vous augmenter votre bien par un moyen par lequel vous ne vous amassez qu’un trésor de colère et de vengeance?
Donc, mes frères, pour éviter de tomber sous les coups de la colère de Dieu, et dans ces abîmes de feu, renonçons éternellement à l’usure. Desséchons cette racine empoisonnée qui ne porte que des fruits de mort, et n’aspirons plus qu’à ce gain dont parle saint Paul, qui est le seul gain qui soit grand et légitime, c’est-à-dire : « La piété avec ce qui nous suffit « pour vivre ». (I Tim. vi, 6.) C’est de ce trésor que nous devons nous enrichir; afin de passer ici paisiblement notre vie et de jouir ensuite des biens éternels que je vous souhaite, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, avec le Père et le saint-Esprit, est la gloire, la puissance et l’empire, dans. tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. (446)
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
6.
Komme mir also nicht mit dem Einwand, derjenige, der sich das Geld ausleiht, freue sich doch und danke für die Anleihe. Denn das tut er nur, weil du so hart bist. Auch Abraham lieferte sein Weib den Barbaren aus, aber keineswegs gern, sondern aus Furcht vor Pharao, um sich gegen Feindseligkeiten sicherzustellen. So handelt auch der Arme; weil du ihm nicht einmal das umsonst gewährst, sieht er sich ob deiner Hartherzigkeit genötigt, dir zu danken. Bei dir aber hat es den Anschein, als ob du noch einen Lohn verlangest dafür, dass du ihm aus seiner Not geholfen hast. Beileibe S. d816 nicht, entgegnest du. Aber wie kannst du so sagen? Wenn du ihn aus einem größeren Elende rettest, verlangst du nichts dafür; wenn du ihm aber eine geringere Hilfe gewährst, legst du eine solche Lieblosigkeit an den Tag? Weißt du nicht, welche Strafe eine solche Handlungsweise nach sich ziehen muss? Hast du nicht gehört, dass dies auch im Alten Bunde geahndet wurde? Wie lautet aber die Ausrede, welche die meisten gebrauchen? Wenn ich Zinsen nehme, so bin ich in der Lage, den Armen zu helfen, sagen sie. Das mag ganz recht sein, mein Lieber; aber solche Opfer will Gott nicht. Deute nicht am Gesetze herum! Es ist besser, den Armen gar nicht zu geben, als auf diesem Wege, dass du gerecht erworbenes Vermögen durch den Gewinn, den du auf schlechte Weise daraus ziehst, oft ungerecht machst; es ist das gerade so, wie wenn jemand einen Schoß, der eine gute Frucht birgt, zwänge, Skorpione zur Welt zu bringen. Doch, ich brauche mich gar nicht auf Gottes Gesetz zu berufen. Nennt ihr nicht selber eine solche Handlungsweise schmutzig? Wenn nun ihr trotz eurer Gewinnsucht so urteilet, dann bedenke, was für ein Urteil Gott über euch fällen wird. Und willst du auch die bürgerlichen Gesetze heranziehen, so wirst du sehen, dass auch sie derartige Geschäfte als die größte Schamlosigkeit brandmarken. Männern, welche Ehrenämter bekleiden und zum großen Rate, der Senat heißt, gehören, ist es nicht gestattet, sich mit solchen Geschäften zu entehren; ja, ein eigenes Gesetz untersagt ihnen solchen Erwerb. Ist es darum nicht schauderhaft, wenn du eine Ehre, welche die römischen Gesetzgeber dem Senate wahrten, nicht auch dem Himmelreiche zuerkennst? Wenn dir vielmehr der Himmel weniger gilt als die Erde und du dich einer solchen Widersinnigkeit nicht einmal schämst? Gäbe es etwas Törichteres, als wenn jemand mit aller Gewalt ohne Erdreich, ohne Regen, ohne Pflug säen wollte? Die Folge davon ist, dass Leute, die sich auf einen derartigen Landbau verlegen, nur Unkraut ernten, das ins Feuer geworfen wird.
Gibt es denn nicht genug Erwerbszweige, die gerecht sind. Landbau, Schaf- und Viehzucht, Handwerke, S. d817 Verwaltung des Vermögens? Wie kannst du so wahnsinnig und töricht sein, Disteln zu bauen? Ja, aber die Früchte der Erde sind so vielen Unfällen ausgesetzt: Hagel, Brand, Regenwetter; so wirfst du ein. Mag sein, aber die Geldgeschäfte noch größeren. Mag beim Landbau alles mögliche eintreten, der Schaden trifft nur den Ertrag; das Kapital, der Acker nämlich, bleibt erhalten. Beim Geldgeschäft jedoch haben oft schon viele das ganze Kapital eingebüßt; sie schweben daher auch, bevor noch ein Unglück eintritt, in beständiger Unruhe. Ein Geldverleiher genießt ja eigentlich nie sein Vermögen, auch wenn die Zinsen einlaufen, hatte er keine Freude an diesem Gewinne, ist vielmehr voll Bedauern, dass die Zinsen das Kapital noch nicht überholt haben. Bevor also noch diese böse Frucht aufgetragen ist, arbeitet er daran, sie zur Welt zu bringen, indem er die Zinsen zum Kapital schlägt und wendet selbst Gewalt an, um diese Schlangenbrut, wenn sie noch unreif ist, vor der Zeit aushacken zu lassen. So nämlich kann man die Zinsen nennen, weil sie weit schlimmer sind als jene Bestien und die Seelen der Unglücklichen zerfleischen und verschlingen. Das ist eben die Fessel der Ungerechtigkeit, das die Kette der ungerechten Abmachungen. Denn sagt man: ich gebe, nicht damit du empfangest, sondern damit du noch mehr zurückgebest. Und doch hat Gott verboten, wiederzunehmen, was man einmal gegeben hat; denn er sagt: „Leihet dar, ohne etwas entgegenzuhoffen“1 . Du aber forderst mehr zurück, als du gegeben hast, ja du zwingst den Empfänger, etwas als seine Schuld an zusehen, was du ihm gar nicht gegeben hast. Allein, anstatt dein Verrmögen zu vergrößern, wie du meinst, schürst du dir nur das ewige Feuer an. Damit uns also so etwas nicht wilderfahre, lasset uns den Schoß, der mit den unheilvollen Zinsen schwanger geht, seiner Bürge entledigen, diese ungerechten Geburtswehen beseitigen, diesen Verderben kreisenden Leib vertilgen und allein dem wahren Gewinn nachgehen. Welcher ist das? Höre, was Paulus sagt: „Es ist aber großer Gewinn die Frömmigkeit mit S. d818 Genügsamkeit“2 . Das also sei allein der Reichtum, mit dem wir uns bereichern wollen, auf dass wir hier den Frieden finden und dort die künftigen Güter erlangen durch die Gnade und Güte unseres Herrn Jesus Christus, dem die Ehre und die Macht gebührt mit dem Vater und dem Heiligen Geiste, jetzt und allezeit und in alle Ewigkeit. Amen!