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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
3.
Apprenez de là, mes frères, que rien ne fait tomber les hommes d’une chute plus déplorable que l’amour des choses présentes, et que rien au contraire ne nous fait jouir plus paisiblement des biens de cette vie et de ceux de l’autre, que le mépris que nous témoignons de tout ce qui est ici-bas : « Cherchez », dit Jésus-Christ, « le royaume de Dieu, et le reste « vous sera donné comme par surcroît ». (Matth. VI, 33.) Quand il ne nous aurait pas fait cette promesse, nous n’aurions pas dû néanmoins nous mettre en peine des biens de la terre. Mais que devons-nous craindre maintenant, puisqu’en cherchant ceux du ciel, nous devons encore obtenir ceux d’ici--bas? Cependant nous voyons tous les jours des personnes incrédules qui, aussi insensibles que les pierres, quittent les vrais plaisirs pour s’attacher à ceux qui n’en ont que l’ombre. Car quel plaisir solide y a-t-il dans cette vie? J’ai résolu aujourd’hui de vous parler avec liberté. Je vous prie de le souffrir, et je vous ferai voir clairement, si je ne me trompe, que ces bienheureux solitaires qui sont crucifiés au monde et dont la vie inspire tant d’horreur, ont incomparablement plus de plaisir que ceux qui vivent dans la vie la plus molle et la plus sensuelle.
Je n’en prendrai point d’autres témoins que vous-mêmes, puisque souvent, lorsque vous êtes environnés de périls, vous souhaiteriez d’être morts, et que dans cet abattement où vous vous trouvez, vous appelez mille fois heureux ceux qui vivent sur les montagnes et dans le fond des déserts, sans être engagés dans le mariage, ni dans les affaires du monde. Je sais que les artisans même, que les gens d’épée, que ceux qui vivent de leurs revenus sans aucun embarras d’affaires, et qu’enfin ceux qui passent le jour et la nuit au théâtre, ont souvent été de ce sentiment. Quoique ces personnes semblent parfaitement heureuses, quoiqu’elles paraissent vivre dans toutes sortes de délices, et que leurs divertissements se succèdent les (534) uns aux autres, il est certain néanmoins qu’elles trouvent bien du fiel et de l’amertume au milieu de tous ces plaisirs. Si un homme par exemple se trouve malheureusement engagé dans l’amour d’une comédienne, il souffrira plus qu’on ne souffre ni dans la guerre, ni dans les voyages, ni dans une ville qui est assiégée.
Mais pour ne point entrer dans ces oeuvres de ténèbres, laissons le souvenir de ces maux à ceux qui ont été assez malheureux pour les éprouver, et considérons ce qui se passe dans la vie des hommes de quelque condition qu’ils puissent être. Vous verrez que leur état est aussi, différent de celui des solitaires, qu’un port tranquille et assuré l’est de la pleine nier au milieu de la tempête. Car je vous prie de considérer quel est leur bonheur, premièrement par le lieu qu’ils ont choisi pour leur demeure. Ils ont renoncé pour jamais au bruit des villes et de toutes les places publiques. Ils ont préféré à ces lieux pleins de tumulte le silence affreux des montagnes les plus reculées. Ils n’ont plus aucun commerce avec le monde. Rien de tout ce qui est sur la terre ne les inquiète plus. Ils ne sont plus exposés ni aux soins et aux peines de la vie, ni aux pertes qui accompagnent les richesses, ni aux ressentiments de la jalousie, ni à la violence d’un amour impur, ni enfin à toutes les autres passions qui rendent misérables ceux qu’elles possèdent. Ils ne vivent plus que pour Je ciel où ils sont déjà en esprit, et ils se préparent dès ici par avance à ce royaume éternel. Ils s’entretiennent dans une solitude et une paix profonde avec les montagnes et les vallées, les fontaines et les ruisseaux et par-dessus tout avec Dieu, auquel ils parlent sans cesse dans leurs prières. Leur cellule est une demeure de silence-et de paix. Leur âme, dégagée du. poids des vices et des maladies des passions, est toujours libre et. légère, et elle s’élève en haut comme l’air le plus pur et 1e plus serein.
Toute leur occupation est semblable à celte d’Adam avant son péché, lorsqu’étant revêtu de gloire, il parlait -familièrement à Dieu et demeurait dans ce paradis rempli de délices. Car quelle différence y a-t-il entre ces solitaires et Adam, lorsque, avant sa désobéissance, Il était dans ce jardin délicieux pour y travailler? Il n’avait alors aucun soin de la vie comme ces bienheureux solitaires n’en ont point, il s’entretenait avec Dieu dans la joie d’une conscience pure, et ceux-ci le font avec d’autant plus de liberté et de confiance, que la grâce de Jésus-Christ, dont le Saint-Esprit les remplit, est plus grande que celle d’Adam. Vous devriez avoir vu vous-mêmes ce que nous disons, et en être plutôt les témoins que les auditeurs. Mais puisque vous négligez de le faire, et que cette occupation continuelle et ce tumulte de la ville ne vous le permet jamais, nous nous trouvons réduit à suppléer en quelque sorte à cela par- nos paroles, et nous sommes même contraint de- nous borner dans ce dessein, et de vous représenter seulement une partie de ce que font ces saints hommes, parce qu’il serait impossible de décrire ici toute leur vie.
On voit donc ces lumières du monde se lever au point du jour, ou plutôt avant le jour, tenir leurs esprits et leurs pensées élevées en Dieu avec un coeur ardent et une âme libre et dégagée, une vigilance modeste, et une attention respectueuse. L’ennui, les soins, les maux de tète, la pesanteur du corps, la distraction des affaires ne les importunent jamais. Ils sont sur la terre comme les anges sont dans le ciel. Ils vont tous ensemble composer un choeur sacré, pour chanter avec une sainte allégresse et d’un commun accord des hymnes et des cantique~ à Dieu, faisant voir sur leur visage la joie qu’ils ressentent dans leur coeur. Ils louent le Seigneur commun de tous, et lui rendent avec ferveur de très-humbles actions de grâce pour toutes les faveurs générales et particulières dont sa bonté comble les hommes. Nous venons de comparer cette vie avec celle d’Adam dans le paradis. Mais nous ne craignons pas maintenant de la comparer avec celle des anges nièmes, puisqu’ils que font clans le ciel que ce que ces saints hommes font sur la terre. Car ils chantent toujours comme ces esprits bienheureux: «Gloire soit à Dieu au plus haut des « cieux, et que la paix soit sur la terre et la « bonne volonté aux hommes ».
On ne leur voit point de ces habits qui traînent par. terre, que la mollesse ou la vanité des hommes a inventés, Ils imitent dans le vêtement ces grands hommes d’autrefois, ces anges visibles sur la terre, ces bienheureux pères des solitaires, Elie, Elisée, et saint Jean Baptiste. Les uns ont des habits de poil de chèvres, les autres de poil de chameaux, les autres se contentent de peaux et de cuirs assez usés.
Après avoir fini leurs saints cantiques, ils (535) mettent les genoux en terre, ils prient Dieu à qui ils viennent d’offrir leurs hymnes, et lui demandent des grâces qui ne viennent pas même dans la pensée des gens du monde. Car ils ne lui demandent jamais rien de tout ce qui périt ici-bas; ils en ont trop de mépris pour en faire le sujet de leurs prières. Ils prient Dieu dans leurs oraisons ferventes, de leur faire la grâce de paraître un jour avec une sainte confiance devant son tribunal terrible, lorsqu’il jugera les vivants et les morts ;et ils le conjurent que personne d’entre eux n’entende cette parole foudroyante : « Je ne vous connais point ». Ils lui demandent la grâce de passer cette vie pénible avec une conscience pure et dans la pratique des bonnes oeuvres, et d’être assistés de son esprit parmi les tempêtes auxquelles elle est exposée. Leur père et l’abbé qui les gouverne président à cette oraison; et, se levant ensuite après ces saintes prières, ils vont, lorsque le soleil commence à paraître, chacun à son ouvrage particulier, d’où ils retirent de grandes sommes d’argent pour la nourriture des pauvres.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
3.
Nichts stößt und treibt den Menschen so mächtig in den Abgrund, nichts bringt ihn so leicht um die ewigen Güter, als wenn er sich an die zeitlichen hängt, wie anderseits auch nichts mehr geeignet ist, ihn in den Genuss beider Güter zu setzen, als wenn er die ewigen allen anderen vorzieht. Sagt ja Christus: „Suchet zuerst das Reich Gottes, und seine Gerechtigkeit und dieses alles wird euch dazugegeben werden“1 . Und würde auch all dies nicht dazugegeben, so dürfte man doch nicht darnach streben. Nun aber gewinnt man sie obendrein, wenn man die ewigen Güter erlangt, und trotzdem lassen sich manche nicht überzeugen, sondern sind hart wie Stein und jagen schattenhaften Freuden nach. Gibt es denn so viel Angenehmes im irdischen Leben? so viel Erfreuliches? Ich will heute mit besonderem Freimute reden; lasset es euch gefallen, damit ihr einsehet, dass ein scheinbar so beschwerliches und drückendes Leben, wie es die Mönche und die Büßer führen, bei weitem lieblicher und begehrenswerter ist als vermeintlich so angenehme und bequeme. Zeugen für meine Behauptung seid ihr selbst, da ihr euch oft bei Widerwärtigkeiten und Trübsalen den Tod wünscht und jene Leute glücklich preist, die im Gebirge, in Höhlen wohnen und ein eheloses Leben fern vom weltlichen Getriebe führen, während ihr Handwerker oder Soldaten seid oder ohne Arbeit müssig im Theater oder bei Tanzunterhaltungen euer Leben hinbringt. Mag ein solches Leben scheinbar auch ein Strudel von allen möglichen Vergnügungen und Freuden sein, es bringt doch in sich ungezählte Bitterkeiten. Wer sich z.B. in eine Tänzerin verliebt, hat weit ärgere Folterqualen auszustehen, als wer tausendmal S. d986 ins Feld ziehen oder die Heimat verlassen muss, und ist elender daran als eine belagerte Stadt.
Doch wir wollen nicht näher darauf eingehen, das überlassen wir der Erfahrung der hiervon Betroffenen. Wir wollen lieber vom Leben der großen Menge reden. Da finden wir zwischen ihrem und dem Leben der Mönche einen so großen Unterschied, wie zwischen einem Hafen und einer sturmgepeitschten See. Schon ihre Behausungen sind ein Beweis ihres Glückes. Fern von dem Lärm der Märkte und Städte haben sie ihren Aufenthalt in den Bergen gewählt, wo sie vom weltlichen Treiben unberührt und von den Widerwärtigkeiten der Menschen verschont bleiben; da gibt es keinen irdischen Kummer, kein Weh, keine Sorgen, keine Gefahren, keine Nachstellungen, keinen Neid, keine Eifersucht, keine unerlaubten Liebschaften oder dergleichen. Ihre Sorge gilt nur mehr dem Himmelreich, sie verkehren nur mit den Tälern, den Bergeshöhen, den Quellen, der Ruhe und dem Frieden und vor allem mit Gott. In ihrer Zelle gibt es keinen Lärm, ihre Seele, frei von Leidenschaften und Makeln, ist leicht und empfänglich und reiner als die klarste Luft. Ihre Arbeit ist dieselbe wie die Adams, als er im Anfange, noch vor dem Falle, in Herrlichkeit gekleidet mit Gott innig verkehrte in jenem überglückseligen Lande, das er bewohnte. Oder wo sollten unsere Mönche schlimmer dran sein als Adam vor der Sünde, da er mit der Bebauung des Paradieses betraut war? Er kannte keine weltlichen Sorgen. Sie kennen sie ebenfalls nicht. Er verkehrte reinen Gewissens mit Gott. Sie desgleichen; ja, sie gehen noch weit vertraulicher mit Gott um, weil sie vom Heiligen Geiste mit größeren Gnaden ausgestattet werden. Ihr solltet es mit eigenen Augen beobachten. Das wollt ihr aber nicht; ihr weilet lieber im Strudel des Marktgetümmels. So will ich euch denn wenigstens eine Schilderung davon entwerfen. Da wir aber unmöglich ihr ganzes Leben beschreiben können, wollen wir wenigstens einen Teil ihrer Lebensweise herausgreifen.
Diese Leuchten der Welt erheben sich mit Sonnenaufgang, ja schon lange vor dem ersten Sonnenstrahle gesund, ausgeruht und munter von ihrem Lager; denn S. d987 es drückt sie weder Leid noch Sorge, weder Kopfschmerz noch Kummer noch der Wust der Geschäfte oder sonst etwas dergleichen; ihr Leben gleicht eher dem der Engel im Himmel. Kaum haben sie heiter und fröhlich ihr Lager verlassen, so bilden sie einen Chor und stimmen mit reinem Gewissen alle zusammen wie aus einem Munde zu Ehren Gottes, des Schöpfers aller Dinge, Hymnen an, zum Preis und Dank für seine Wohltaten, die sie und ihre Mitmenschen von ihm empfangen. Sehen wir also ganz ab von Adam und fragen wir, wenn es beliebt, welcher Unterschied bestehe zwischen den Engeln und dem Chor dieser Männer, die auf Erden Gott lobpreisen und singen: „Ehre sei Gott in der Höhe und Friede den Menschen auf Erden, die guten Willens sind“2 . Ihre Kleidung steht im Einklang mit ihrer Manneswürde, sie tragen keine Gewänder wie die Entnervten und Verweichlichten, die lange Kleider nachschleppen, sondern wie jene Engel im Fleische, wie Elias, Elisäus, Johannes und die Apostel. Diese Kleider sind teils aus Ziegen, teils aus Kamelhaaren, ja einige begnügen sich mit bloßen Fellen, die schon längst schäbig geworden sind. Wenn sie dann ihre Hymnen gesungen haben, so werfen sie sich auf die Knie und tragen dem Herrn, den sie gepriesen, Bitten vor, wie sie manch anderen gar nicht einmal in den Sinn kommen. Nicht um Dinge dieser Erde bitten sie, davon kommt kein Wort über ihre Lippen, sondern sie flehen, dass sie einst vertrauensvoll vor dem furchtbaren Gerichte erscheinen dürfen, wenn der eingeborene Sohn Gottes kommen wird zu richten die Lebendigen und Toten; dass zu keinem die entsetzlichen Worte gesprochen werden:„Ich kenne euch nicht“3 ; dass sie reinen Gewissens und reich an guten Werken dieses mühereiche Leben vollenden und bei günstigem Winde dieses gefährliche Meer durchfahren können. Das Gebet wird von ihrem Obern, der ihr Vater ist, geleitet. Nach Beendigung ihrer heiligen und andauernden Gebete erheben sie sich beim Aufgang der Sonne, um an ihre Arbeit zu gehen und S. d988 durch sie reiche Mittel zur Unterstützung der Notleidenden zu erwerben.