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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
5.
N’est-ce donc pas un étrange aveuglement, d’amasser et de garder tant de trésors dans un lieu où ils se corrompent, et de n’en pas confier la moindre partie à un autre lieu où ils ne se peuvent perdre et où ils s’augmentent même beaucoup, alors surtout que nous savons que c’est en ce lieu que nous devons vivre pour jamais? De là vient que les païens ne croient rien de tout ce que nous leur disons, parce qu’ils veulent reconnaître la vérité de notre religion, non par nos paroles, mais par nos actions et par la conduite de notre vie. Lorsqu’ils nous voient occupés à bâtir des maisons magnifiques, à embellir nos jardins, à faire faire des bains délicieux et à acheter de grandes terres, ils ne peuvent croire que nous nous regardions ici comme des étrangers qui se préparent à quitter la terre pour aller vivre en un autre lieu. Si cela était ainsi, disent-ils, ils vendraient tout ce qu’ils ont ici et l’enverraient par avance au lieu où ils désirent d’aller. Voilà la manière dont ils raisonnent, en considérant ce qui se passe tous les jours dans le monde. Car nous voyons que les personnes riches achètent des maisons principalement dans les villes et dans les lieux où ils croient qu’ils doivent passer leur vie.
Nous faisons nous autres tout le contraire. Nous nous tuons, et nous consumons tout notre temps et tout notre bien pour avoir quelques champs et quelques maisons sur cette terre où nous nous croyons étrangers et que nous devons bientôt quitter, et nous ne donnons pas même de notre superflu pour acheter le ciel, quoique nous puissions le faire avec si peu d’argent, et que l’ayant acheté une fois, nous devions le posséder éternellement.
C’est pour cela que, sortant de cette vie tout pauvres et tout nus, nous serons punis du plus grand supplice, et nous tomberons dans cet extrême malheur, non-seulement pour avoir vécu dans cette indifférence, mais encore pour avoir rendu les autres semblables à nous. Car, lorsque les païens voient que ceux qui ont part à de si grands mystères sont si passionnés pour les choses présentes, ils s’y attachent eux-mêmes bien plus fortement; et ainsi : « Ils amassent, » comme dit saint Paul, «des charbons de feu sur notre tête. » (Rom. XII, 10.) Que si nous leur apprenons ainsi à désirer avec plus d’ardeur les choses de la terre, nous qui devrions leur apprendre à les mépriser, comment pourrons-nous être sauvés, puisque nous mériterons d’être perdus, pour cela même que nous aurons contribué à perdre les autres?
Ne savez-vous pas que Jésus-Christ dit que nous devons être «le sel et la lumière du monde »; le sel pour conserver ceux qui se corrompent par les délices, et la lumière pour éclairer ceux qui s’aveuglent par l’amour des biens d’ici-bas? Lors donc qu’au lieu de les éclairer, nous augmentons leurs ténèbres, et qu’au lieu de les préserver de la corruption, nous les corrompons, quelle espérance nous reste-t-il de notre salut? Certes, mes frères, il ne nous en reste aucune, et nous ne devons nous attendre qu’à nous voir lier les pieds et les mains, pour être jetés dans l’enfer, où le feu nous dévorera, après que l’amour de l’argent nous aura déchirés et consumés sur la terre.
Considérons ces choses, mes frères, et rompons les liens de cette erreur qui nous trompe, pour ne pas tomber dans des fautes qui nous conduiront au feu éternel; car celui qui est esclave de l’argent, est chargé de chaînes dès cette vie et s’en prépare d’éternelles pour l’autre. Mais celui qui se dégage de cette passion sera libre et durant sa vie et après sa mort. C’est dans cette liberté que je prie Dieu de nous établir, afin que, brisant le joug si pesant de l’avarice, nous puissions trouver dans la charité des ailes qui nous élèvent jusqu’au ciel, par la grâce et la miséricorde de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l’empire, avec le Père et le Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
5.
Wäre es also nicht die größte Torheit, all unsere Schätze da aufzuspeichern, wo sie verderben und zugrunde gehen, hingegen dort, wo sie unversehrt bleiben, ja sich noch vermehren, auch nicht das geringste zu hinterlegen, obgleich wir ja doch die ganze Ewigkeit dort wohnen sollen! Darum glauben auch die Heiden unseren Worten nicht mehr; sie wollen eben von uns Beweise durch Taten, nicht durch Worte haben. Wenn sie aber dann sehen, dass wir uns herrliche Paläste bauen, Gärten und Bäder anlegen und Grundbesitz erwerben, dann wollen sie nicht mehr glauben, dass wir uns auf das Leben in einer anderen Welt bereit halten. Wenn das so wäre, sagen sie, so würden sie all ihre irdische Habe verkauft und den Erlös dorthin vorausgesandt haben, und so ziehen sie aus dem, was wir hienieden tun, ihre Schlüsse. Wir sehen ja, wie die ganz reichen Leute gerade in jenen Städten Häuser, Grundstücke und alles andere sich erwerben, in denen sie zu wohnen beabsichtigen. Wir machen es umgekehrt. Diese Welt, die wir binnen kurzem verlassen müssen, suchen wir mit vieler Mühe zu erwerben, und setzen nicht bloß unser Geld, sondern sogar unser eigenes Blut an ein S. 208paar Äcker und Häuser. Um aber den Himmel uns zu erkaufen, wollen wir nicht einmal den Überfluss opfern, obwohl wir denselben um geringen Preis erstehen können, und er ganz und immer unser b leibt, wenn wir ihn nur einmal erworben haben. Deshalb werden wir die schwersten Strafen zu erleiden haben, wenn wir entblößt und arm ins Jenseits kommen. Ja, nicht bloß ob unserer eigenen Armut werden wir diese unerträglichen Peinen tragen müssen, sondern auch deshalb, weil wir andere ebenfalls in diese Lage gebracht haben. Wenn die Heiden sehen, wie diejenigen, denen so große Geheimnisse anvertraut sind, nach solchen Dingen jagen, dann werden sie sich nur um so mehr an das Irdische klammern. So werden wir auch aus diesem Grunde einen gewaltigen Höllenbrand für uns zubereiten. Denn, wenn wir, die da berufen sind, die Heiden zur Verachtung alles Irdischen anzuhalten, wenn gerade wir am meisten von allen die Begierde darnach in ihnen entflammen, wie sollen wir selber Rettung finden, wenn wir für das Verderben anderer Rechenschaft ablegen müssen? Hörst du nicht, wie Christus sagt, er habe uns in diese Welt gesandt, damit wir ihr Salz seien und ihr Licht, damit wir diejenigen bewahren, die der Fäulnis der Schwelgerei verfallen sind, und jene erleuchten, die nach der Sucht nach Geld geblendet worden? Wenn wir sie also in ihrer Finsternis noch bestärken und sie noch lässiger machen, welche Hoffnung wird uns dann bleiben für unser eigenes Heil? Rein gar keine! Vielleicht werden wir unter Wehklagen und Zähneknirschen, gebunden an Händen und Füßen, in das höllische Feuer geschleudert werden, weil die Sorge um Reichtum uns ganz verzehrt hat.
Nachdem wir also all dies erwogen, wollen wir uns der Fesseln dieser Verirrung entledigen, um nicht jene Ketten tragen zu müssen, die uns dem unauslöschlichen Feuer überlieferten. Der Sklave des Geldes wird immerdar in diesem wie im anderen Leben in Fesseln geschlagen sein; wer sich aber von dieser Leidenschaft losmacht, wird hier und drüben die Freiheit genießen. Damit diese auch uns zuteil werde, lasset uns das harte Joch des Geizes zerschmettern und unseren Flug zum S. 209Himmel nehmen, durch die Gnade und Liebe unseres Herrn Jesus Christus, der Ruhm und Macht besitzt in alle Ewigkeit. Amen.