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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XXXI

2.

Il attend même à dessein que cette jeune fille soit morte, afin de faire, en la ressuscitant, un miracle plus éclatant. Il ne se hâte point, il marche seulement, et s’arrête à parler longtemps avec cette femme, afin de n’arriver qu’après que la jeune fille serait morte, selon ce qui est rapporté dans saint Luc: « Lorsqu’il parlait encore, » dit-il, « il vint quelqu’un lui dire : Ne lui donnez pas la peine de venir chez vous parce que votre fille est morte. » (Luc, VIII, 48.) Ainsi il voulut qu’on ne doutât point de la mort, afin qu’ensuite on ne pût douter de la résurrection. C’est ce qu’il a observé presque partout. C’est ainsi qu’il ne se (253) pressa point d’aller voir Lazare le premier, ou le second, ou le troisième jour. Ce fut donc pour ces raisons qu’il découvrit le miracle arrivé eu la personne de cette femme.

«Mais Jésus se retournant et la voyant lui dit: Ma fille, ayez confiance (22).» Il avait dit de même au paralytique : « Mon fils, ayez confiance. » Comme cette femme était toute troublée, Jésus-Christ commence par l’exhorter à « avoir confiance; » et il l’appelle « sa fille », parce que sa foi la mettait au nombre de ses enfants. Il lui donne même des louanges publiques et lui dit: « Votre foi vous a sauvée. Et cette femme fut guérie à l’heure même (22). » (Luc, VIII, 46.) Saint Luc s’étend bien plus au long en parlant de cette femme. Il rapporte qu’après qu’elle se fut approchée de Jésus-Christ et qu’elle eut été guérie, Jésus-Christ ne l’appelle pas d’abord, mais dit premièrement : « Qui est-ce qui m’a touché? » A quoi saint Pierre et les autres répondirent : « Maître, la foule du peuple vous presse et vous étouffe, et vous demandez qui vous a touché? » Ce qui nous marque en passant que Jésus-Christ était véritablement revêtu de notre chair, et qu’il foulait aux pieds tout faste, puisqu’il se laissait approcher de si près par ces foules, et qu’il ne leur commandait pas de ne le suivre que de loin.

Cependant Jésus-Christ continue de dire « Quelqu’un m’a touché, car j’ai reconnu qu’une vertu est sortie de moi. » S’il use ici d’une expression et d’une image quelque peu matérielle, c’est pour être mieux entendu de cette multitude inculte. Et ce qu’il dit, c’est pour porter cette femme à avouer elle-même ce qui s’est passé. Il ne la découvre pas lui-même, il se contente de lui faire entendre qu’il sait tout clairement, il veut qu’elle vienne d’elle-même tout déclarer, qu’elle publie elle-même le miracle qui s’est accompli, il ne veut pas, en le faisant connaître lui-même, donner lieu à aucun soupçon. Voyez-vous une femme meilleure qu’un chef de synagogue? Elle ne retient point Jésus-Christ, elle ne l’arrête point, et elle se contente de le toucher en passant et du bout du doigt; aussi, quoique venue la dernière, elle est guérie la première : le chef de synagogue entraîne le médecin en personne chez lui; pour la femme, c’est assez qu’elle le touche; sa maladie l’entravait, mais sa foi lui donnait des ailes. Aussi voyez comment le Seigneur La console en lui disant : « Votre foi vous a guérie » Parole qu’il n’eût pas dite, si c’eût été par ostentation qu’il eût produit cette femme en public. Il la dit pour affermir la foi du chef de synagogue, et pour relever publiquement celle de cette femme, ce qui lui cause une joie dans te fond du coeur, beaucoup plus grande que celle qu’elle avait reçue par la guérison si miraculeuse de son corps. N’est-il pas encore visible par ce que je vais dire, que ce n’était point par vanité qu’il produisait cette femme, mais pour mettre en évidence sa foi, et la proposer comme un modèle aux autres? Jésus-Christ n’avait point besoin de ce miracle pour se faire estimer des hommes, et il n’en eût pas moins paru Dieu par cette foule de prodiges et de miracles qu’il avait déjà faits et qu’il devait faire encore dans la suite de sa vie. Mais s’il n’avait point découvert ce qui était arrivé à cette femme, elle n’aurait point reçu les louanges qu’elle avait si justement méritées. C’est pourquoi il rend public ce qu’elle avait fait en secret. Il dissipe cette crainte avec laquelle elle s’était approchée de lui, il lui commande d’avoir de la confiance et la rétablissant dans une parfaite santé, il ajoute à sa guérison une grâce pour la conduire paisiblement dans le chemin du salut en lui disant: « Allez en paix. » (Marc, V, 33.)

« Or Jésus étant venu en la maison de ce chef de synagogue, et voyant les joueurs de flûtes, et une troupe de gens qui faisaient grand bruit (23), il leur dit : Retirez-vous, cette fille n’est pas morte, elle n’est qu’endormie; et ils se moquaient de lui (24). » Vous voyez quel était l’esprit et la disposition de ces princes de la synagogue, de faire venir ainsi des joueurs de flûtes et de cymbales, pour pleurer leurs morts. Que fait donc ici Jésus-Christ? Il chasse tout le monde, excepté les parents de la jeune fille, afin qu’ils fussent témoins que c’était lui et non pas un autre qui l’aurait ressuscitée. Et avant de la ressusciter en effet, il la ressuscite en parole en disant : « Elle n’est pas morte, mais elle dort. »

Il fait la même chose en plusieurs autres endroits de l’Evangile. Et comme on voit qu’ avant que d’apaiser la tempête, il reproche à ses disciples leur peu de foi, de même il dissipe le trouble des personnes présentes; il leur fait voir ici qu’il lui est aussi facile de ressusciter cette fille de la mort que de la réveiller (254) du sommeil. Ce qu’il fit encore à propos de Lazare en disant: « Notre ami Lazare dort. » (Jean, II, 15) Il voulait nous apprendre dans toutes ces rencontres, que la mort n’est plus à craindre aux hommes, puisqu’elle n’est plus une mort et qu’elle est devenue un sommeil. Comme il devait mourir bientôt lui-même, il accoutumait ses disciples, par la mort et par la résurrection des autres, à ne perdre point la foi lorsqu’il serait mort, puisqu’ils voyaient que depuis qu’il était venu au monde, la mort n’était plus qu’un sommeil. Cependant on se moquait de lui, et lui ne s’indignait pas que sa puissance fût mise en doute par ceux même en faveur de qui il allait faire un grand miracle. Il ne fit aucune réprimande au sujet de ces rires qui allaient devenir, ainsi que les flûtes et les cymbales et tout le reste de l’appareil funèbre, une preuve irrécusable de la mort. Comme la plupart du temps les miracles une fois opérés ne rencontrent plus que l’incroyance, Jésus-Christ se sert ici des propres paroles de ces gens pour les convaincre ; il les enlace dans leurs propres filets.

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