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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE LXXVIII

2.

Ces vierges insensées ayant écouté les sages, suivirent le conseil qu’elles leur avaient donné, mais ce fut inutilement. Et l’Evangile rapporte cette circonstance, ou pour suivre simplement l’ordre. de l’histoire, ou pour nous apprendre que, quand nous deviendrions charitables et compatissants après notre mort, cette charité ne nous servirait, plus de rien pour éviter les maux que notre dureté passée nous a mérité. Car nous voyons que ce désir de faire l’aumône ne sert plus de rien à ces vierges folles, parce qu’elles cherchaient ceux qui vendent l’huile, non en ce monde où on les trouve, mais dans l’autre où on ne les trouve plus.

Nous voyons de même qu’il ne servit de rien au mauvais riche d’avoir après sa mort tant de tendresse pour ses frères. Après qu’il eut témoigné durant toute sa vie une dureté si extrême à l’égard d’un pauvre qu’il voyait, couché à sa porte, il témoigne tout d’un coup comme un’ excès de charité pour ceux. qu’il ne voyait pas. Il veut s’efforcer de leur faire éviter les supplices et les flammes où il se voyait plongé. Il prie qu’on les avertisse afin qu’ils prennent garde de ne point tomber « dans ce lieu de peines et de tourments ». Mais comme cette miséricorde fut inutile à ce mauvais riche, elle, le fut de même à ces vierges folles.

« Car pendant qu’elles étaient allées acheter de l’huile l’Epoux vint, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée (10). Enfin les autres vierges vinrent aussi, et lui dirent : Seigneur, Seigneur, ouvrez-nous (11). Mais il leur, répondit: Je vous dis en vérité que je ne vous connais point (12) ». Ainsi, après tant de travaux et, tant de peines, après tant de triomphes remportés sur la faiblesse de la nature et sur la violence de ses mouvements déréglés, elles se retirent toutes confuses et voient avec douleur, que leurs lampes s’éteignent d’elles-mêmes. Car il n’y a rien de plus sombre et de plus ténébreux, pour parler ainsi, que la virginité qui n’est point accompagnée de charités et d’aumônes. On appelle même assez souvent ceux qui sont sans compassion et sans charité, des âmes noires et ténébreuses.

Que devint donc alors la gloire de leur (3) virginité, lorsque leur Epoux les rejeta de sa présence et qu’elles ne purent le fléchir en frappant à sa porte et en l’appelant par tant de cris redoublés? Que leur servit d’avoir été vierges, lorsqu’elles ouïrent cette parole de tonnerre: « Retirez-vous, je ne vous connais point». Quand cet Epoux irrité a parlé de la sorte, que reste-t-il à ces vierges autre chose que l’enfer, et tous les tourments que l’on y souffre? Ne peut-on pas dire même que cette parole est plus insupportable que l’enfer? Cependant, mes frères, c’est ce que Jésus-Christ répondra à ces vierges folles. Et c’est ce qu’il témoigne encore ailleurs qu’il dira à tous les « ouvriers d’iniquité ». (Matth. VII, 42.)

« Veillez donc parce que vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme doit venir (13) ». Jésus-Christ a soin de redire souvent ces paroles , pour nous apprendre combien il nous est utile d’ignorer le moment de notre mort. Où sont donc ceux qui passent toute leur vie dans la lâcheté et dans la mollesse, et qui ne rougissent pas du nous répondre, lorsque nous les exhortons à faire l’aumône, qu’en mourant ils laisseront leurs biens aux pauvres. Qu’ils écoutent ces paroles et qu’ils se corrigent. On en a souvent vu attendre à leur mort à faire du bien, et mourir si soudainement qu’ils n’ont pu donner aucun ordre pour disposer de leurs biens.

Cette parabole donc regarde la charité qui se fait par les aumônes; mais celle qui suit regarde généralement tous ceux qui ne veulent en rien contribuer au bien de leurs frères, ni de leurs biens, ni de leurs avis, ni de leur autorité, ni de quelque autre manière que ce soit, et qui se tiennent tout renfermés en eux-mêmes.

« Car Dieu agit avec les hommes comme un maître qui, devant faire un long voyage hors de son pays, appela ses serviteurs et leur mit son bien entre les mains (14). Et ayant donné cinq talents à l’un, deux à l’autre, et un à l’autre, à chacun selon son industrie, il partit aussitôt (15). Celui donc qui avait reçu cinq talents s’en alla, les fit valoir, et il en gagna cinq autres (46). Celui qui en avait reçu deux, en gagna de même encore deux autres (17). Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla faire un trou dans la terre, et y cacha l’argent de son maître (18). Longtemps après le maître de ces serviteurs étant revenu, leur fit rendre compte (19). Et celui qui avait reçu cinq talents, vint lui en présenter cinq autres en lui disant: Seigneur, vous m’aviez mis cinq talents entre les mains, « en voici cinq autres que j’ai gagnés par-dessus (20). Son maître lui répondit: Bien ! serviteur bon et fidèle, parce que vous avez été fidèle en peu de choses, je vous établirai sur beaucoup, entrez dans la joie de votre Seigneur (21). Celui qui avait reçu deux talents vint aussi se présenter et dit: Seigneur, vous m’avez mis deux talents entre les mains, en « voici deux autres que j’ai gagnés par-dessus « (22). Son maître lui répondit: Bien! serviteur bon et fidèle, parce que vous avez été fidèle en peu de choses, je vous établirai sur beaucoup. Entrez dans la joie de votre Seigneur (23). » Pourquoi cette parabole nous représente-t-elle Dieu comme un maître, après que celle des vierges, qui précède, parle de lui comme d’un époux? C’est pour nous apprendre par cette qualité d’époux, l’union très-étroite que Jésus-Christ veut avoir avec les vierges qui quittent tout pour son amour. Car c’est en cela proprement que consiste la virginité. C’est pourquoi saint Paul en parle de la sorte:

« La vierge », dit-il, « qui n’est point mariée, a soin de ce qui regarde le Seigneur, afin qu’elle soit sainte de corps et d’esprit ». (I Cor. VII, 32.) Si l’on objecte que dans saint Luc la parabole est rapportée tout différemment, on pourra répondre que les deux évangélistes ne racontent pas la même parabole. Dans la parabole de saint Luc; un capital égal produit des revenus inégaux. Une mine en rend cinq entre les mains d’un serviteur et dix entre les mains d’un autre. Aussi ces serviteurs ne reçoivent-ils pas des récompenses égales. Dans notre évangéliste, au contraire, le rapport est en proportion de l’argent confié, c’est pourquoi la couronne est égale; elle est inégale chez saint Luc, parce que, je le répète, un même argent a rendu ici plus et là moins.

Mais remarquez, mes frères, dans l’une et dans l’autre des paraboles, que Dieu ne revient pas tout de suite redemander compte de l’argent qu’il avait donné en dépôt, mais qu’il laisse passer beaucoup de temps. On voit aussi dans la parabole de la vigne, qu’après l’avoir donnée aux vignerons, il va faire un grand voyage; voulant nous faire comprendre par toutes ces circonstances avec quelle patience il nous supporte. Il me semble aussi voir dans (4) ces paroles une allusion à la résurrection générale.

Il est remarquable encore que dans cette parabole des talents il n’y a ni vignerons ni vigne, mais que tous sont ouvriers; car il ne parle pas ici seulement aux princes des Juifs, ou au peuple, mais généralement à tous. Et considérez, mes frères, que lorsque ces serviteurs s’approchent de leur maître pour lui offrir ce qu’ils ont gagné dans leur trafic, ils reconnaissent tous avec une grande franchise, et ce qui vient d’eux, et ce qui vient de leur maître. L’un lui dit humblement qu’il a reçu cinq talents, et l’autre deux, et ils avouent tous deux par cette humble reconnaissance que c’est de lui qu’ils ont reçu le moyen d’agir. Ils lui témoignent tous qu’ils ne sont pas ingrats, et ils lui attribuent ce qu’ils ont comme venant uniquement de lui.

Que leur répond donc leur maître : « Bien! serviteur bon et fidèle ». Car c’est être « bon que d’être attentif et appliqué à faire du bien à ses frères: « Bien ! serviteur bon et fidèle, parce que vous avez été fidèle en peu de choses, je vous établirai sur beaucoup. Entrez dans la joie de votre Seigneur » : Ce seul mot renferme tout le bonheur de l’autre vie. Mais ce serviteur paresseux et lâche ne lui parle pas comme les deux autres.

« Celui qui n’avait reçu qu’un talent vint ensuite et dit : Seigneur, je sais que vous êtes un homme rude et sévère, que vous moissonnez où vous n’avez point semé, et que vous recueillez où vous n’avez rien mis (24). C’est pourquoi, comme je vous appréhendais, j’ai été cacher votre talent dans la terre. Le voici.: Je vous rends ce qui est à vous (25). Son maître lui répondit : Serviteur méchant et paresseux : Vous saviez que je moissonne où je n’ai point semé, et que je recueille où je n’ai rien mis (26). Vous deviez donc mettre mon argent entre les mains des banquiers, afin qu’à mon arrivée je retirasse avec usure ce qui est à moi (27) ». C’est-à-dire : Ne deviez-vous pas parler, avertir et conseiller vos frères? Ils .ne me croient pas, dites-vous. Mais que vous importe qu’ils vous croient ou qu’ils ne vous croient pas? Peut-on rien voir de plus doux que cette conduite? Il n’en est pas ainsi chez les hommes, mais celui qui a été chargé de prêter l’argent est obligé aussi d’en exiger l’intérêt.

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