• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE LXXXIX.

3.

« Et comme elles allaient porter cette nouvelle aux disciples, Jésus se présenta devant elles, et leur dit : Salut! Elles s’approchèrent, lui embrassèrent les pieds et l’adorèrent (9) ». Et après s’être ainsi approchées de lui avec ce transport de joie, et avoir, par l’attouchement de ses pieds, connu la vérité de sa résurrection, « elles l’adorèrent ». Mais que leur dit Jésus-Christ?

« Alors Jésus leur dit : Ne craignez point (10) ». Il bannit encore toute crainte de leur esprit, afin que cette paix prépare dans leur coeur l’entrée à la foi. « Allez dire à mes frères qu’ils s’en aillent en Galilée, c’est là qu’ils me verront». Considérez encore une fois, mes frères, comment Jésus-Christ se sert de ces femmes, pour annoncer ses mystères à ses disciples. Il veut relever ainsi l’honneur de ce sexe qui était tombé dans le mépris, par l’a chute d’Eve, il anime sa confiance et il le guérit de ses faiblesses.

Je ne doute point, mes frères, qu’il n’y eu ait parmi vous qui souhaiteraient d’avoir été avec ces saintes femmes pour embrasser avec elles les pieds du Sauveur. Mais si ce désir est sincère dans votre coeur, vous pouvez encore aujourd’hui embrasser non-seulement ses pieds ou ses mains, mais même sa tête sacrée, lorsque vous participez à nos redoutables mystères avec une conscience pure et sainte. Car vous le verrez non-seulement ici, mais encore au jour de sa gloire, lorsqu’il viendra accompagné de tous ses anges, si vous êtes charitables envers les pauvres. Il ne vous dira pas seulement ces paroles : « Je vous salue »; mais celles-ci : (82)

« Venez vous que mon Père a bénis, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde ».

Devenons donc, mes frères, reconnaissants envers Dieu et charitables envers nos frères. Ayons de l’amour pour toutes sortes de personnes. Et vous, mes soeurs, qui étant chrétiennes, avez tant de soin d’employer l’or et l’argent pour vous parer, considérez ces femmes de notre Evangile, et renoncez enfin à la vanité et à l’avarice. Si vous avez quelque zèle pour imiter ces saintes femmes, vendez ces ornements superflus dont vous êtes inutilement chargées, et revêtez-vous d-e la compassion et de la miséricorde comme d’un vêtement précieux. Dites-moi, je vous prie, quelle utilité vous pouvez tirer de ces pierres de si grand prix, et de ces habits si magnifiques? Vous me dites que l’esprit s’y satisfait, et qu’il trouve du plaisir dans cette magnificence. Mais, hélas! je vous demande quelle utilité vous retirez de vos vanités, et vous ne .me dites que les maux qu’elles vous causent. Il n’y a rien de plus déplorable que de se plaire dans ces vains ajustements, d’y trouver de la satisfaction, et de s’y attacher. Cette servitude si basse et si honteuse devient encore plus horrible lorsqu’on y trouve du plaisir.

Comment une femme chrétienne pourra-telle s’appliquer comme elle le doit aux exercices d’une piété solide, et mépriser les folies du siècle, lorsqu’elle trouve de la joie à se parer d’or et de pierreries? N’est-il pas vrai que celui qui trouve son repos dans la prison, ne désirera jamais d’en sortir; et que cette personne qui s’est volontairement liée de ces chaînes, ne pourra, jamais se résoudre à les quitter? Elle sera comme la victime d’une passion si basse, et elle, trouvera tant de dégoût aux oeuvres de piété, qu’elle n’en pourra pas même souffrir le nom.

Je vous demande donc encore : A quoi vous servent tous ces ornements d’un si grand prix et si inutiles? Car si vous me dites que vous y trouvez votre satisfaction, je vous ai déjà fait voir que ce n’est pas là un avantage, mais un très-grand mal. Vous me répondrez peut-être que vous vous faites ainsi admirer de tous ceux qui vous regardent. Mais n’est-ce pas encore là un autre mal, que ces ornements magnifiques soient la pâture de votre orgueil? Puis donc que vous ne pouvez me dire quel avantage vous retirez de ce luxe, permettez que je vous énumère les maux qui vous en reviennent. Premièrement, vous savez vous-mêmes que vous en avez plus d’inquiétude que de plaisir. Et j’ose dire que la plupart de ceux qui vous voient, et particulièrement les esprits les plus stupides, ont plus de satisfaction de toute cette vaine magnificence que vous n’en avez vous-même. Là vôtre est mêlée de chagrin, la leur est toute pure, et vous prenez bien de la peine pour leur donner de quoi contenter leurs yeux. De plus, ces préoccupations de votre vanité vous tiennent l’esprit sans cesse attaché à de basses pensées et vous exposent aux atteintes de l’envie. Les femmes qui demeurent auprès de vous, brûlant du désir d’être aussi parées que vous, s’arment ensuite contre leurs maris, et leur font une guerre furieuse.

N’est-ce pas encore un mal bien considérable que d’être livrée tout entière à des soins si vains et si inquiets; de négliger la beauté de son âme, et l’amour de son salut, de se remplir d’orgueil, de vanité et de folie, d’être comme enivrée de l’amour du siècle, de quitter volontairement ces ailes saintes qui vous élèvent à Dieu, que de se rendre semblable, non pas à l’aigle comme cela devrait être, mais aux chiens et aux pourceaux? Car au lieu de tendre toujours au ciel, vous allez comme ces animaux chercher dans la terre ce qui peut plaire à vos sens, sans craindre de prostituer la dignité de votre âme, et de l’asservir à des choses si basses et si indignes de vous.

Vous me répondrez peut-être encore que, lorsque vous paraissez dans les rues ou dans les assemblées, tout le monde vous regarde et tient les yeux arrêtés sur vous. C’est pour cela-même que vous devriez fuir ces ornements, afin de ne point attirer ainsi sur vous les regards de tous les hommes, et de ne point donner lieu à la médisance. Nul de ceux qui vous regardent ne vous estime autant que vous vous l’imaginez. Tout le monde se rit de vous, comme d’une femme vaine et ambitieuse, qui désire de se faire voir, et qui est toute plongée dans l’amour et dans la vanité du siècle.

Que si, après cela, vous entrez dans nos églises, vous n’y trouverez que des personnes qui auront de l’horreur de ces vains ajustements. Ce ne seront pas seulement les spectateurs de votre luxe qui vous détesteront de la sorte, les prophètes mêmes le feront : Isaïe, (83) celui de tous qui a la plus grande voix, dira de vous dès que vous entrerez ici : « Voici ce que dit le Seigneur aux princesses, filles de Sion: Parce qu’elles ont marché avec pompe, la tête levée, les yeux volages et égarés, qu’elles ont traîné après elles ces longues queues de leurs robes, le Seigneur les dépouillera avec honte de tous ces vains ornements, et la boue succédera aux parfums, et les liens de cordes aux ceintures de perles et de diamants ». (Is. III, 16.)

C’est là, mes très-chères soeurs, la récompense que vous devez attendre de vos vanités. Mais ce n’est point seulement contre les filles de Sion que le Prophète parle. Ces menaces sont contre toutes celles qui les imitent. Saint Paul parle de même qu’Isaïe, lorsqu’il commande à Timothée « d’avertir les femmes de ne se parer ni avec des cheveux frisés, ni avec des ornements d’or ou de perles, ni des habits somptueux». (I Tim, II, 9.) C’est donc toujours un mal de se parer avec l’or; mais c’est un mal encore bien plus grand, lorsqu’on vient ainsi parée à l’église, et qu’on passe en cet état parmi tant de pauvres. Si vous aviez dessein de soulever tout le monde contre vous, vous n’en pourriez pas trouver un meilleur moyen, que de sacrifier ainsi les biens que vous avez reçus de Dieu à la cruelle satisfaction de votre luxe. Considérez cette troupe de pauvres, parmi lesquels vous passez. Votre magnificence les irrite au milieu de la faim qui les presse et qui les dévore, et leur nudité crie vengeance contre ces vêtements superbes et cet appareil diabolique. Ne vaudrait-il pas mieux donner du pain à ceux qui n’en ont point, que de se percer l’oreille pour y suspendre la nourriture des pauvres et la vie d’une infinité de misérables?

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Traductions de cette œuvre
Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV) Comparer

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité