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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XVIII.

7.

Donnez-lui donc un argent qui désormais vous est inutile, dont vous n'êtes plus le maître, et il vous donnera un royaume dont vous jouirez à perpétuité, et, avec ce royaume, encore tous les biens d'ici-bas. S'il est héritier avec vos enfants, il allégera leur situation d'orphelins, il les garantira de l'injustice, écartera d'eux les embûches, fermera la bouche aux calomniateurs; et s'ils ne peuvent eux-mêmes pourvoir à l'exécution du testament, il s'en chargera et ne permettra pas qu'on en viole les dispositions, et s'il le permet, il n'en sera que plus empressé à les remplir lui-même avec plus de générosité, dès qu'une fois il y aura été inscrit. Constituez-le donc héritier; car c'est vers lui que vous devez aller : c'est lui qui doit porter le jugement sur tout ce que vous aurez fait ici-bas. Mais il y a des hommes tellement misérables, tellement aveugles, que, quoique sans enfants, ils refusent de prendre ce parti et aiment mieux distribuer leur fortune à des parasites et à des flatteurs, à un tel ou un tel, qu'au Christ même qui leur a fait tant de bien. Peut-il y avoir quelque chose de plus déraisonnable? En comparant ces gens-là à des ânes, à des pierres, on n'exprimerait pas encore suffisamment leur stupidité, leur insensibilité; il est impossible de trouver une image qui peigne leur folie et leur déraison. Comment seraient-ils pardonnables de n'avoir pas nourri le Christ pendant leur vie, quand, sur le point d'aller à lui, ils ne veulent pas même lui laisser une petite partie d'une fortune dont ils ne sont plus les maîtres; quand ils sont à son égard dans des dispositions tellement malveillantes, tellement hostiles, qu'ils ne lui donnaient aucune part de leurs biens désormais inutiles pour eux?

Ne voyez-vous pas combien d'hommes ne sont pas même jugés dignes de mourir ainsi, mais sont enlevés par une mort subite? Mais Dieu vous a laissé la faculté de pourvoir à vos intérêts, de disposer de votre fortune et de mettre ordre à tout dans votre maison. Quelle sera donc votre excuse, si malgré la grâce qu'il vous accorde, vous abusez des bienfaits et adoptez une conduite diamétralement opposée (344) à celle de vos pères dans la foi? Car ils vendaient, de leur vivant, tout ce qu'ils possédaient et en apportaient le prix aux pieds des apôtres; et vous, vous ne donnez pas même en mourant la moindre portion de votre bien aux indigents. Certes il serait bien meilleur, bien plus rassurant, de soulager les pauvres pendant sa vie; mais si vous ne le voulez pas, faites au moins, en mourant, quelque acte de générosité. Ce n'est pas là une preuve de grand amour pour le Christ : c'est de l'amour pourtant. Vous ne seriez pas sans doute au premier rang parmi les agneaux; mais ce n'est pas peu de chose d'être avec eux, et non à gauche, au milieu des boucs. Si vous ne faites pas cela , quel salut pouvez-vous espérer, quand la crainte de la mort, l'inutilité de votre fortune, l'intérêt de vos enfants, l'espoir d'obtenir vous-même une grande indulgence dans l'autre vie, n'ont pu vous inspirer des sentiments d'humanité?

C'est pourquoi je vous exhorte à donner, pendant que vous vivez, la plus grande partie de votre bien aux pauvres. S'il en est qui aient l'âme assez étroite pour s'y refuser, qu'ils deviennent au moins humains par nécessité. Pendant votre vie, vous vous attachiez à votre fortune comme si vous eussiez été immortel mais maintenant que vous savez que vous êtes mortel, renoncez à vos desseins, et disposez de vos biens comme un homme qui doit mourir, ou plutôt comme un homme qui doit jouir d'une vie immortelle. Bien que ce que je vais vous dire soit désagréable et même enrayant, il faut cependant que je vous le dise : Comptez le Seigneur parmi vos esclave. Vous affranchissez des esclaves? Affranchissez le Christ de la faim, du besoin, de la prison, de la nudité. Ces mots vous font frissonner? Ce sera bien plus terrible, si vous ne le faites pas. Ce langage vous frappe aujourd'hui de stupeur; mais quand vous serez sorti de ce monde, quand vous entendrez des choses bien autrement terribles, quand vous verrez des supplices que rien ne peut adoucir, que direz-vous? A qui recourrez-vous? Quel aide, quel défenseur invoquerez-vous? Sera-ce Abraham? Il ne vous écoutera pas. Sera-ce les vierges sages? Elles ne vous donneront point d'huile. Sera-ce votre père, votre aïeul? Mais aucun d'eux, quelque saint qu'il soit, n'aura le pouvoir de faire révoquer cette sentence. Par toutes ces considérations, priez, suppliez, rendez-vous propice Celui qui peut seul effacer votre cédule et éteindre les flammes; dès ce moment nourrissez-le, revêtez-le sans relâche; afin de sortir de ce monde avec de bonnes espérances et de jouir dans le ciel des biens éternels. Puissions-nous tous les obtenir par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soit, avec le Père et l'Esprit-Saint, la gloire, l'honneur et l'empire, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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