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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XXII.

1.

Après leur avoir enseigné les dispositions dans lesquelles ils doivent être à l'égard les uns des autres, après avoir cimenté avec soin l'union entre les membres de l'Eglise, il les range en bataille devant les ennemis du dehors, et leur discipline est devenue plus facile. Car de même que celui qui ne sait pas bien administrer les gens de sa maison, sera plus embarrassé dans sa conduite avec les étrangers, de même celui qui a su mettre le bon ordre dans son intérieur, arrangera sans peine sa manière de vivre avec les gens du dehors. Voilà pourquoi l'apôtre, marchant en avant, ajoute aux conseils qu'il a précédemment donnés; cette exhortation nouvelle : « Bénissez ceux qui vous persécutent ». Il ne dit pas Oubliez les injures, ne vous vengez pas; il exige une vertu bien plus haute : l'oubli des injures est le propre d'un philosophe, mais ce que demande l'apôtre n'appartient qu'aux anges. Et après avoir dit: « Bénissez », il ajoute : « Et ne faites point d'imprécation », de peur qu'après avoir béni nous ne maudissions, et afin que nous bénissions sans maudire. Car ceux qui nous persécutent, nous procurent des récompenses. Et maintenant, si vous êtes vigilant, vous gagnerez, outre la récompense de la de la persécution, une autre récompense encore. Votre persécuteur vous procure la première, c'est vous qui vous attirez la seconde, en bénissant, et en montrant ainsi le plus grand signe de l'amour envers le Christ. En effet, de même que maudire son persécuteur, c'est prouver qu'on ressent peu de joie à souffrir la persécution pour le Christ, de même bénir son ennemi , c'est faire preuve d'un grand amour. Gardez-vous donc de l'injurier, afin de vous ménager. à vous-même un plus grand salaire, et de lui prouver, à lui, que votre conduite est l'effet de la vertu, et non de la nécessité, que la persécution est pour vous une pompe et une fête, et non un malheur, un sujet de découragement. Voilà pourquoi le Christ disait : « Réjouissez-vous lorsqu'on dira toute espèce de mal contre vous en mentant». (Matth. V,11.) Voilà pourquoi les apôtres aussi se réjouissaient non-seulement d'avoir été injuriés, mais battus de verges. Outre tous les fruits que nous avons énumérés, il en est encore un qui n'est pas à dédaigner, c'est que par là vous frappez d'étonnement vos adversaires, vous leur faites la leçon par vos oeuvres, vous leur montrez que vous suivez la route qui mène à une autre vie. S'ils vous voient vous réjouir, s'ils voient que les souffrances vous donnent des ailes, à la lumière de vos oeuvres ils reconnaîtront que vous avez d'autres espérances, plus grandes que la vie présente; si, au contraire, vous gémissez, vous vous lamentez, comment voulez-vous qu'ils apprennent que vous attendez une autre vie? Ce n'est pas tout, vous produirez encore un autre bien : Si l'on voit que les outrages, loin de vous causer de la douleur, ne provoquent (368) que vos bénédictions, on cessera de vous persécuter. Voyez donc que de biens naissent de cette conduite : récompense plus grande; persécution moindre; le persécuteur cessera de vous tourmenter, Dieu sera glorifié, et votre sagesse aura été pour l`homme égaré un enseignement pieux. Voilà pourquoi ce ne sont pas seulement ceux qui nous outragent, mais aussi ceux qui nous persécutent, ceux qui nous nuisent par des actions à qui l'apôtre nous commande de rendre le bien pour le mal.

Il ne se contente pas de nous commander de les bénir, mais il va plus loin encore et nous exhorte à leur faire du bien par nos oeuvres. « Soyez dans la joie avec ceux qui sont dans la joie, et pleurez avec ceux qui pleurent (15) ». Comme on peut prononcer des paroles de bénédiction, et s'abstenir d'imprécations, sans que l'amour inspire notre conduite, l'apôtre veut voir en nous l'ardente charité. Voilà pourquoi il ajoute un conseil qui dépasse celui de bénir, le conseil de partager lés chagrins, les souffrances de ceux que nous voyons dans l'affliction. Soit, dira-t-on; l'apôtre a eu raison de nous prescrire de nous affliger avec ceux qui gémissent; mais l'autre prescription à quoi bon? où est la difficulté? — Je réponds qu'il faut en effet plus de sagesse pour se réjouir avec ceux qui se réjouissent que pour se lamenter avec ceux qui se lamentent. La seule nature suffit pour provoquer la sympathie des douleurs, nul n'a le coeur dur comme la pierre, pour ne pas verser de larmes sur les infortunés; mais ce qui demande toute la générosité d'une grande âme, c'est non-seulement de ne pas porter envie à celui qui prospère, mais encore de s'associer à sa joie. Voilà pourquoi l'apôtre a mis cette action la première. Rien ne concilie l'affection autant que cette communauté de sentiments dans la joie et dans la douleur. Gardez-vous donc, quand vous êtes sans afflictions, de rester également sans compassion; quand votre prochain est dans la douleur, vous devez prendre votre part d'une tristesse qui doit être commune. Entrez donc avec ceux qui souffrent en communauté de larmes, afin de rendre leur affliction plus légère; entrez en communauté de joie avec les heureux, afin que le bonheur prenne racine dans le monde, afin de cimenter la charité, et ce sera moins à votre prochain qu'à vous-même que profitera votre conduite; vos larmes vous rendent miséricordieux, cette joie que vous partagez vous délivre de la basse envie. Je voudrais maintenant vous faire remarquer combien Paul est peu exigeant: il ne dit pas : faites cesser le malheur du prochain; souvent vous pourriez répondre : C'est impossible; il vous demande un service plus facile à rendre, et qui dépend de vous. Si vous ne pouvez pas supprimer le malheur, pleurez, et vous repoussez la plus grande partie des chagrins qui l'escortent; quoique vous ne puissiez pas rendre la prospérité plus grande, réjouissez-vous, et vous y ajoutez un appoint considérable. Voilà pourquoi l'apôtre ne se borne pas à dire qu'il ne faut pas porter envie; voilà pourquoi il ordonne, ce qui est bien plus édifiant, de se conjouir, car il y a bien plus de mérite qu'à se montrer exempt d'envie.

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