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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE V.

7.

Mais rien de tout cela ne nous a réconciliés. Et il ne nous abandonne pas encore; il insiste,'nous menace de l'enfer, nous promet son royaume, afin de nous attirer; mais nous restons toujours insensibles. Qu'y a-t-il de pire que cette dureté? Si un homme en avait autant fait, ne nous serions-nous pas mis cent fois à son service ? O lâcheté ! O ingratitude ! Nous vivons toujours dans le péché et dans le crime; et si nous faisons quelque peu de bien, à l'exemple des serviteurs ingrats, nous l'examinons scrupuleusement, nous exigeons rigoureusement la récompense, s'il en mérite une. Et pourtant la récompense sera plus grande, si vous agissez sans espoir de récompense : car en parler, en tenir un compte exact, est le propre d'un mercenaire plutôt que d'un serviteur reconnaissant. Il faut tout faire pour le Christ, et non pour la récompense; car c'est pour s'attirer notre amour, qu'il nous a menacés de l'enfer, qu'il nous a promis son royaume. Aimons-le donc, comme il faut l'aimer : car c'est là la grande récompense, le royaume, le plaisir, la volupté, la gloire, l'honneur, c'est là cette félicité infinie que la langue ne peut exprimer ni l'esprit comprendre. Mais je ne sais comment j'ai été entraîné à dire ces choses, à exhorter des hommes qui ne dédaignent ni le pouvoir, ni la gloire présente, à les mépriser cependant pour l'amour du Christ; quoique, du reste, ces grands et généreux personnages aient porté l'amour jusque-là. Ecoutez comme Pierre brûle de charité pour lui et le préfère à son âme, à sa vie, à tout; et après qu'il l'eut renié, il pleura, non à cause du châtiment, mais (221) parce qu'il avait renié son bien-aimé: tourment plus cruel que les plus durs supplices. Et tout cela se passait avant la grâce du Saint-Esprit; souvent il insistait et disait : « Où « allez-vous ? » Et auparavant : « A qui irons-nous? » Et encore : « Je vous suivrai partout où vous irez ». (Jean, XIII, 36, et VI, 69; Matth. VIII, 19.) Car le Christ était tout pour eux; ils ne préféraient ni le ciel ni le royaume des cieux à leur bien-aimé. Vous êtes tout pour moi, lui disaient-ils.

Et pourquoi s'étonner que Pierre fût dans ces sentiments? Ecoutez ce que le prophète avait dit : Qu'y a-t-il pour moi dans le ciel? « et que désiré-je de vous sur la terre? » (Ps. LXXII.) C'est-à-dire, de tout ce qui est en haut, de tout ce qui est en bas, je ne désire rien que vous. Voilà l'amour, voilà l'affection, si nous aimons ainsi, le présent ni l'avenir ne seront rien pour nous au prix de cet attachement, et nous obtiendrons le royaume dans les délices de son amour. Et comment cela, direz-vous? En réfléchissant combien de fois nous l'avons outragé après tant de bienfaits, sans qu'il cessât de nous exhorter; combien de fois nous l'avons négligé, tandis que lui ne nous néglige point, lui, mais qu'il accourt, qu'il nous invite et nous attire à lui. Ces pensées et d'autres semblables pourront allumer en nous cet amour. Si celui qui aime ainsi était un homme de basse condition, et que l'objet de cet amour fui un roi ; ce roi ne serait-il pas enchanté d'une si grande affection ? Certainement il le serait.

Mais quand c'est le contraire qui a lieu ; quand la beauté, la gloire, les richesses de celui qui nous aime sont ineffables, et que nous sommes absolument sans valeur, comment ne mériterions-nous pas mille châtiments, nous, êtres vils et abjects, si, étant aimé à l'excès par un être si grand, si admirable, nous répudiions son amour? Il n'a besoin de rien de ce qui nous appartient, et il ne laisse pas de nous aimer; nous avons le plus grand besoin de ses dons, et nous ne répondons point à son amour, nous lui préférons la richesse, l'amitié des hommes, le repos, les aides du corps, le pouvoir et la gloire, tandis qu'il nous estime au-dessus de tout. Il avait un Fils, légitime et unique; il l'a sacrifié pour nous; et nous lui préférons mille choses ! Ne méritons-nous pas l'enfer et le supplice, fût-il deux fois, trois fois, mille fois plus grand? Qu'aurons-nous à dire, quand nous préférons les ordres de Satan aux lois du Christ, quand nous sacrifions notre salut, quand nous préférons les œuvres du vice à celui qui a tout souffert pour nous? Quel pardon espérer pour une telle conduite? Comment là justifier? C'est impossible. Tenons-nous donc fermes pour ne pas courir au précipice; venons à résipiscence; réfléchissons à tout cela et rendons-lui gloire par nos oeuvres (car il ne suffit pas de le glorifier en paroles), afin de jouir de sa gloire. Puissions-nous l'obtenir par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, en qui,la gloire, la force, l'honneur appartiennent au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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