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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XII.

8.

Examinons encore, si vous le voulez, ce qu'il en est des voleurs ou de ceux qui s'enrichissent de toutes manières; laissons de côté les craintes, les périls, la terreur, l'angoisse, le souci et autres choses semblables; supposons qu'un homme. est riche tranquillement, qu'il est assuré de conserver ses biens, ce qui est impossible, mais, supposons-le : quelle joie cet homme goûtera-t-il ? Celle de posséder beaucoup? Mais il n'y a pas là de quoi le rendre heureux : car tant qu'il convoitera davantage, son tourment ne fera qu'augmenter. C'est quand le désir cesse, qu'il procure du plaisir; en effet, si nous avons soif, c'est en buvant à notre gré que nous, éprouvons de la satisfaction; mais si notre soif persiste, quand nous épuiserions toutes les sources, quand nous boirions tous les fleuves, notre malaise n'en serait que plus grand. De même, possédassiez-vous le monde entier, si vous convoitez encore, plus vous acquerrez, plus vous serez tourmenté. Ne vous imaginez donc pas qu'une grande fortune puisse vous procurer quelque joie; vous n'en trouverez qu'en renonçant à vous enrichir; mais si vous continuez à convoiter les richesses,. vos tourments n'auront point de fin. Car cette passion est insatiable plus vous avancerez, plus vous verrez le ternie se reculer. N'est-ce pas là une chose inexplicable, une folie, le comble de la démence? Fuyons donc ce premier de tous les vices; garantissons-nous du moindre contact avec lui, et s'il y en a eu, reculons dès l'abord; comme l'auteur des Proverbes engage à le faire à l'égard de la courtisane : « Eloignez-vous , point de retard, n'approchez pas de la porte (281) de sa maison ». (Prov. V, 8.) Je vous en dirai autant de l'amour des richesses. Car si vous entrez peu à peu dans cet océan de folies, vous aurez de la peine à en sortir; plongé comme en un gouffre, malgré des efforts réitérés, vous vous en tirerez difficilement; et, ce qu'il . y a de plus triste; une fois englouti dans les abîmes de cette convoitise, vous vous perdrez avec tous vos biens.: Ainsi donc; je vous en prie, veillons sur nous dès le commencement, fuyons le mal le plus léger : car ce sont les petites fautes qui .engendrent les grandes. En effet, celui qui, à chaque péché, à coutume de dire : Il n'en arrivera rien, perdra tout insensiblement. Voilà ce qui a introduit le mal, voilà ce qui a ouvert les portes au larron, voilà ce qui a abattu les remparts de -la ville, parce qu'on disait : Il n'en arrivera rien. De même dans le corps, c'est en négligeant les petites maladies qu'on augmente les grandes: Si Esaü n'eût pas vendu son droit d'aînesse, il n'aurait pas été indigne des bénédictions; et s'il ne s'était pas rendu indigne des bénédictions, il n'eût pas conçu le désir d'aller tuer son frère; si Caïn n'avait pas ambitionné le premier rang et qu'il eût tout remis à la volonté de Dieu, il ne fût pas tombé. au second rang ; et une fois descendu au second rang, s'il s'était montré docile aux remontrances, il n'eût point commis le meurtre ; et si après l'avoir commis, il fût entré dans des sentiments de pénitence comme Dieu l'y invitait, et n'eût point répondu avec insolence, il n'eût point subi tous les maux qui lui sont venus à la suite.

Or, si ceux qui ont vécu avant la loi sont tombés peu à peu, par lâcheté, au dernier degré du vice; songez quel sera notre sort, à nous, qui sommes appelés à de plus grands combats, si nous. ne veillons pas sévèrement sur nous-mêmes , si nous ne nous hâtons d'éteindre. les premières étincelles du mal avant qu'elles aient mis le feu au bûcher. Par exemple : Vous vous, parjurez fréquemment? Ne vous contentez pas de vous en corriger, mais cessez même de jurer, et le reste vous sera facile. Il est en effet beaucoup plus difficile de jurer sans se parjurer, que de ne pas jurer du tout. Vous avez l'habitude d'injurier, d'insulter, de frapper même? Faites-vous une loi de ne jamais vous fâcher, de ne jamais crier, et le fruit périra avec la racine. Vous êtes libertin et porté à la luxure?. Faites-vous une loi de ne pas jeter les yeux sur une femme, bien loin de monter au théâtre, de ne pas porter des regards curieux sur des beautés étrangères, quand vous êtes dans les rues. Il est beaucoup plus facile de ne point regarder du tout une belle, femme que de la considérer; de la convoiter et de calmer ensuite le trouble qui en résulte. Les luttes sont ,en effet plus faciles au début; bien. plus, nous n'avons pas même besoin de lutter, si nous n'ouvrons pas la porte à l'ennemi, si nous ne recevons pas les semences du mal. Aussi le Christ punit-il celui qui jette sur une femme un regard impudique, afin de nous épargner une plus grande difficulté : nous ordonnant de chasser l'ennemi de la maison, avant qu'il soit devenu fort et pendant qu'il est possible de l'expulser. Quelle nécessité y a-t-il en effet à se livrer à des opérations inutiles et à en venir aux mains avec des adversaires, quand on peut triompher sans combat et gagner la palme avant la lutte? Il est moins coûteux de s'abstenir de voir de belles femmes, que de se contenir quand on les a vues; dans le premier cas, la peine n'est pas grande, dans le second, ce sont des luttes fatigantes et pénibles.

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