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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) Commentaire sur la première épitre aux Corinthiens
HOMÉLIE XXXV.

3.

N'allez pas penser qu'il en est ainsi parmi vous seulement ; c'est ce qui arrive partout. Je n'ai point ici pour but de blâmer le don des langues; je veux dire seulement qu'il m'est inutile si le langage que je parle n'est pas clair et intelligible pour les autres. Puis pour que ses auditeurs ne se révoltent pas contre lui, il se met à leur niveau, en disant : « Celui qui me parle sera un barbare pour moi, et je serai un barbare pour lui » : ce n'est point la faute des langues, c'est celle de notre ignorance. Voyez-vous comme il amène peu à peu ses auditeurs aux propositions qui ont un rapport intime et particulier avec son sujet; fidèle en ceci à son habitude de tirer ses exemples de loin pour arriver à ce qui rattache à son sujet, d'une manière intime et spéciale. Il. parle d'abord de la flûte et de la lyre, instruments souvent imparfaits, souvent inutiles, et il parle ensuite de la trompette, instrument plus utile, pour arriver à la voir humaine.

Ainsi plus haut, quand il voulait montrer qu'il n'était défendu aux apôtres de recevoir le prix de leurs travaux, après avoir parlé des agriculteurs, des bergers et des soldats, il a abordé plus franchement son sujet , en parlant des prêtres sous l'ancienne loi. Voyez quel soin il prend toujours de disculper le don des langues pour rejeter toujours la faute sur ceux qui l'ont reçu. Il ne dit pas : je serai un barbare; il dit : Je serai un barbare pour celui qui parle. Il ne dit pas non plus : Celui qui parle est un barbare, mais: Celui qui parle est pour moi un barbare. Que devons-nous donc faire, dit-il? Loin de jeter aucun blâme sur le don des langues , nous devons exhorter les autres à l'acquérir, et c'est ce qu'il fait lui-même.

Après ses accusations et ses réprimandes, après avoir montré l'inutilité de ce don, il donne à ses. disciples ce conseil : puisque vous avez tant d'ardeur pour les dons spirituels, désirez d'en être enrichis pour l'édification de 1'Eglise (12). Voyez-vous comme il n'a toujours et partout qu'un seul et même but? Il posé ici une sorte de règle pour l'utilité de bien des gens et pour celle de l'Église. II n'a pas dit : Désirez de posséder les dons, mais désirez d'en être « enrichis » , c'est-à-dire, souhaitez d'en posséder « beaucoup ». Loin de vous les interdire, je veux que vous en ayez en abondance, à condition que vous en userez pour l'intérêt commun. « Que celui donc qui parle une langue demande à Dieu de l'interpréter (13). Car si je prie en une langue que je n'entends pas, c'est mon cœur qui prie, mais mon esprit n'en retire aucun fruit (14). Que dois-je donc faire ? Je prierai de coeur; mais je prierai aussi avec intelligence;je chanterai de tueur des cantiques, mais je. les chanterai aussi avec intelligence (15) ». Il montre ici à ses frères qu'il est en leur pouvoir de recevoir de Dieu le don d'interprétation. Demandez-le à Dieu, dit-il, c'est-à-dire, adressez-lui ce qui fait votre richesse, votre prière. Car ce que vous demanderez à Dieu avec empressement et avec ardeur, vous le recevrez. Demandez-lui donc non-seulement le don des langues, mais celui d'interprétation, pour être utile à tout le monde et ne pas garder votre don spirituel pour vous seul. « Car si je prie en une langue que je n'entends pas, c'est mon cœur qui prie, mais mon esprit n'en retire aucun fruit. »

Voyez-vous comme, s'élevant peu à peu , il montre qu'en cet état on est inutile aux autres et à soi-même, puisque la prière ne produit aucun fruit pour l'intelligence. Qu'un homme, en effet, parle persan ou quelque autre langue , sans savoir ce qu'il dit, il sera un barbare , non-seulement pour les autres , mais pour lui-même , puisqu'il ne comprendra pas les mots qu'il prononce. Il y, avait anciennement bien des hommes qui avaient le don de prier dans une langue étrangère. Ils priaient et parlaient dans cette langue , soit dans la langue des Perses, soit dans la langue des Romains, sans savoir ce qu'ils disaient. Voilà pourquoi saint Paul disait : Si je prie dans une langue inconnue, il n'y a que mon cœur qui prie. C'est-à-dire que le don spirituel qui m'a été donné me fait remuer la langue, sans que mon intelligence en retire aucun fruit. Qu'y a-t-il donc ici de meilleur et de vraiment utile? Comment faire? Que faut-il demander à Dieu? De se servir du don des langues, pour prier avec le cœur et avec l'intelligence.. Voilà pourquoi l'apôtre disait : « Je prierai avec le coeur, je prierai avec l'intelligence; je chanterai des cantiques avec le coeur, je chanterai des cantiques avec l'intelligence ». Que veut-il dire par là? Il veut dire que l'esprit doit comprendre ce que dit la langue , autrement il y aura encore un autre malentendu. Si vous ne louez Dieu que du coeur, comment celui qui tient la place du peuple répondra-t-il amen à la fin de votre action de grâces, s'il n'entend pas ce que vous dites? Ce n'est pas que votre action de grâces ne soit bonne; mais les autres ne sont pas édifiés (16, 17.) Voyez comme ici encore tout est tiré au cordeau , comme il cherche toujours l'édification de l'Église. Le peuple, ici ce sont les laïques, et c'est pour lui, il nous le montre clairement, un véritable malheur que de ne pouvoir. répondre amen à la fin d'une action de grâces. Cela veut dire : si vous louez Dieu dans la langue des barbares, sans savoir ce que vous dites, sans pouvoir l'interpréter, le laïque ne peut répondre amen. Il n'entend pas les mots qui terminent votre prière; et quand vous avez dit : in saecula saeculorum, il ne peut répondre amen. Puis encore, par forme de consolation , et pour ne pas avoir l'air de trop rabaisser le don des langues, puisque, comme il l'a dit plus haut, celui qui possède ce don parle à Dieu la langue des mystères, s'édifie lui-même et prie avec (539) le coeur, il revient sur ces avantages d'où il tire une grande source de consolation, et il dit Votre action de grâces est bonne, car c'est le coeur qui vous inspire; mais l'auditeur né vous comprend pas ; il ne sait pas ce que vous dites, et par conséquent il ne retire pas grand fruit de vos paroles.

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