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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ii ad Corinthios argumentum et homiliae 1-30 Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
HOMÉLIE XVIII.

2.

C'est pour cela que nous avons cherché de tels hommes, et que nous n'avons pas confié le tout à un seul, car nous voulions qu'il échappât à un pareil soupçon ; . mais nous avons envoyé Tite, et avec lui un autre. Puis, pour expliquer ces mots . « Pour la gloire du Seigneur, et dans l’intérêt de votre zèle », il ajoute: « Ayant ceci pour but, que personne ne nous blâme dans cette abondance que nous dispensons (20) ». Quel est ce langage ? Il est digne de la vertu de Paul, et il montre sa grande sollicitude, et sa condescendance. Pour que personne, veut-il dire, ne vous soupçonne, et ne dirige contre nous quelque blâme , (114) comme si nous- détournions une partie de l'argent qui nous est confié ; pour ce motif nous avons. envoyé des hommes de ce caractère; pour ce motif nous en avons envoyé non pas seulement un, mais deux, mais trois. Voyez-vous comme il les met à l'abri de tout soupçon ? Ce n'est pas, seulement en s'appuyant sur leur prédication' ni même simplement sur lè choix que l'on a fait d'eux, mais il s'autorise de ce qu'ils sont connus, et de ce qu'on les a choisis tout exprès peur qu'ils ne pussent être soupçonnés. Il n'a pas dit non plus : De peur que vous ne nous blâmiez; mais : « Que personne ne nous blâme » ;. c'est-à-dire, personne autre que vous. Ainsi, bien qu'il ait fait cela pour eux ce qu'il donné à entendre par ces mots : « Pour la gloire du Seigneur lui-même, et dans l’intérêt de votre zèle » ; néanmoins il ne veut pas se blesser, et il prend un autre tour : « Ayant ceci pour but ». Et . non content de cela, il les flatte encore dans ce qui vient ensuite : « Dans cette abondance que nous dispensons » ; il accompagne d'un, éloge ce qui serait dur à entendre. Afin de ne pas les contrister, afin qu'ils ne disent pas : Tu crois donc devoir nous soupçonner? Nous sommes donc assez malheureux pour t'être suspects à cet égard? Il leur dit par manière de correctif : Les sommes d'argent que vous envoyez sont considérables, et cette abondance, c'est-à-dire, cette quantité d'argent serait de nature à donner des soupçons aux méchants, si nous ne faisions voir une garantie. « Car nous pour voyons au bien , non-seulement aux yeux de Dieu, mais encore aux yeux des hommes (21) ».

Comment égaler saint Paul? Il ne dit pas : Malheur et douleur à qui viendrait soupçonner pareille chose; tant que ma conscience ne me condamne pas, je tiens pour rien les soupçons d'autrui. Non, mais plus ils sont faibles, plus il s'abaisse à leur niveau.. C’est qu'en effet, lorsqu'un homme est malade, il ne s'agit pas de se fâcher contre lui, il faut tâcher de le guérir. Et cependant, de quel péché sommes-nous aussi éloignés, que ce grand saint était loin de prêter à un tel soupçon? personne, eût-ce été un démon, n'eût élevé, aucun doute sur la manière dont le bienheureux apôtre administrait cette aumône. Eh bien ! quoique si fort à l'abri des interprétations malignes, il fait tout, il met tout en couvre, pour ne pas laisser. même le plus léger prétexte à qui s'aviserait de faire , d'une manière ou d'une autre, quelque supposition mauvaise. Il prévient non-seulement les accusations, mais encore les reproches, le blâme le plus vulgaire et jusqu'au simple soupçon. « Nous avons aussi envoyé avec eux notre frère (22) ». En voilà donc un troisième qu'il adjoint aux deux autres, également avec éloge, et avec son suffrage et celui de plusieurs autres témoins. « Que nous avons », dit-il, « éprouvé souvent en mainte circonstance comme un homme zélé, et à présent comme bien plus zélé encore (Ibid.) ». Après avoir loué les mérites personnels de ce frère, il l'exalte en raison de sa charité pour les Corinthiens, et ce qu'il disait de Tite, que « plus zélé encore lui-même, il était parti de son propre mouvement (17) », il le dit aussi de ce troisième : « Et à présent comme bien plus zélé encore ». Par ces paroles, il fait voir déjà en germe dans leurs coeurs leur amour pour les Corinthiens. Enfin, après avoir montré leurs vertus, il exhorte les Corinthiens dans leur propre intérêt, en disant : « S'il s'agit de Tite, il est mon coopérateur, et il travaille avec ravi pour vous (23) ». Que signifie : « S'il s'agit de Tite? » Voici le sens s'il faut parler de Tite en quelque chose, j'ai à dire qu'il est mon coopérateur, qu'il travaille avec moi. Ou bien encore il entend par là vous faites quelque chose pour Tite, vous n'aurez pas obligé le premier venu, car il est mon coopérateur. Et tout en ayant l'air de le louer, il vante les Corinthiens, en montrant que leurs dispositions envers lui sont telles qu'il suffit, pour leur donner lieu d'honorer quelqu'un, de leur faire voir en cette personne le coopérateur de Paul. Toutefois, il ne s'en tient pas encore là, et il ajoute cet autre motif : « Il travaille avec moi pour vous ». Non-seulement il travaille avec, moi, mais c’est pour des affaires qui vous regardent, c'est pour votre progrès, pour votre avantage, c’est par amitié, par zèle pour vous; il leur dit tout ce qui était le plus capable de lui gagner leur affection. « S'il s'agit de nos frères (Ibid.) ». C'est-à-dire du bien si vous voulez que je vous parle des autres, ils ont aussi les plus grands droits à. vous être recommandés. En effet, eux aussi sont « nos frères », eux aussi « ils sont les apôtres des Eglises», c'est-à-dire, envoyés par les Eglises. Puis, ce qui est au-dessus de tout, « La gloire du Christ». Car c'est à Jésus-Christ que se rapporte tout ce qui leur arrive. (115) Soit donc que volis vouliez les accueillir comme des frères, ou comme les envoyés des Eglises, soit que vous le fassiez pour la gloire du Christ, vous avez de nombreux motifs de bienveillance à leur égard.. Car j'ai à dire de Tite qu'il est mon coopérateur et votre ami dévoué, et j'ai à dire des autres qu'ils sont nos frères, qu'ils sont les apôtres des Eglises, qu'ils sont la gloire de Jésus-Christ.

3. Vous le voyez, ceci prouve qu'en ces derniers étaient inconnus aux Corinthiens. Autrement il leur eût fait honneur comme à Tite, d'avoir de l'affection pour les Corinthiens. Mais sommé ceux-ci ne les connaissaient pas encore, recevez-les, dit-il, comme des frères, comme des envoyés des .Eglises, comme agissant pour la gloire du Christ; c'est pourquoi il ajoute : « Prouvez-leur donc à la face des Eglises quille est votre charité et la gloire que nous mettons en vous (24) »: C'est-à-dire: Faites voir maintenant, d'une part combien vous nous aimez, et de l'autre, combien l'orgueil que: nous avons conçu de vous est légitime et fondés or, vous prouverez tout cela, si vous montrez de la charité envers eux. Il donne à son langage quelque chose de plus redoutable en ajoutant : « A la face des Eglises ». C'est, dit-il, pour la gloire et l'honneur des Eglises;car si vous honorez nos frères, vous honorerez les Eglises. dont ils tiennent leur mission. En effet, l'honneur qu'on rend aux envoyés ne s'arrête pas à eux, il va jusqu'à ceux qui les délèguent, qui les ont choisis, il va plus loin encore, il rend gloire à Dieu même. Honorer les ministres de Dieu, c'est faire monter,nos louanges jusqu'à lui. Devant la communauté des Eglises : et ce n'est pas là up point sans importance : il y a une grande puissance dans la. réunion, c'est nomme si je disais : dans les Eglises. Considérez combien a été grande cette puissance de la réunion. La prière de l'Eglise délivra Pierre de ses liens (Act. XII, 5-7), et ouvrit la bouche de Paul; à son tour, le suffrage de ces deux apôtres revêt de faveurs insignes ceux qui arrivent aux dignités spirituelles. C'est pourquoi celui qui va faire élection de quelqu'un invoque leurs prières, et ceux qui sont initiés aux fonctions sacrées sont appelés à donner leur suffrage, et déclarent ce qu'ils savent, car il n'est pas permis de tout révéler devant ceux qui ne sont pas initiés aux fonctions. sacrées. Dans d'autres cas, il n'y a point de différence entre le prêtre et ses administrés; comme lorsqu'il s'agit de prendre part aux redoutables mystères; car nous y sommes admis tous indistinctement.

Ce n'est pas comme 'sous l'ancienne Loi, où les mets du prêtre n'étaient pas ceux du simple fidèle; où il .n'était pas permis au peuple d'avoir part aux mêmes choses que le pontife. Il n'en est plus ainsi die nos jours : un seul corps, un seul calice est offert à tous. Dans les prières, on peut voir aussi que le peuple est pour beaucoup. Pour les énergumènes, pour les personnes soumises à une pénitence, les prières viennent à la fois du prêtre et des fidèles; ils disent tous la même, et c'est une prière .pleine de miséricorde. Quand nous avons exclu de l'enceinte sacrée ceux qui ne peuvent participer à la. sainte table, c'est à une prière d'un autre genre qu'il faut avoir recours; mais alors encore tout le monde indistinctement se prosterne à terre et se relève. Quand on donne et que l'on reçoit le baiser de paix, tout le monde y est admis. 'Dans la célébration même des très-redoutables mystères, le prêtre prié pour le peuple, mais le peuple prie aussi pour le prêtre , car ces mots : « Et avec votre esprit », n'ont pas d'autre sens. L'action de grâces leur est commune également , car ce n'est pas le prêtre seul qui rend grâces, mais le peuple tout entier. En effet, c'est après avoir reçu l'assentiment des fidèles, et après qu'ils sont convenus que cela est juste et légitime (Dignum et justum est), que le prêtre commence l'action de grâces. Et pourquoi s'étonnerait-on que le peuple parle .conjointement avec le prêtre , puisqu'alors aussi le peuple s'associe aux Chérubins eux-mêmes et aux puissances célestes pour faire monter en commun les hymnes sacrées vers Dieu? Or si je vous ai dit tout cela, c'est afin que même parmi les simples fidèles, chacun soit vigilant, afin que nous apprenions que nous gommes cous un seul corps, que nous ne, différons ensemble que comme certains membres diffèrent des autres, c'est afin que vous ne rejetiez pas tous les soins sur les prêtres , mais que pour votre part aussi , vous vous inquiétiez de l'Eglise tout entière, comme de votre corps commun. Car cela nous procure une plus grande sécurité, et un accroissement de vertu plus considérable.

Ecoutez comme du temps des apôtres on admettait dans d'autres circonstances encore, les simples fidèles à donner leur avis. Quand (115) on voulut choisir les sept diacres, on commença par consulter le peuple ; et quand Pierre élut Matthias, il consulta tous ceux qui étaient là, les femmes comme les hommes. C'est qu'il ne s'agit pas ici d'orgueil du côté des chefs, ni de servitude de la part des subordonnés; l'autorité y est toute spirituelle, et ce qui la distingue principalement, ce n'est pas de chercher de plus grands honneurs, c'est de prendre sur elle la plus grande partie des peines et de la sollicitude dont vous êtes l'objet. En effet, comme l'Eglise doit être pour nous une seule et même demeure, nos dispositions à tous doivent être celles d'un seul et même corps, de même qu'il n'y a qu'un baptême, qu'une table sainte, qu'une source de purification , qu'une seule création, qu'un. seul Père. Pourquoi donc sommes-nous divises, lorsque tant de choses nous réunissent? Pourquoi ces déchirements entre nous? Car nous sommes obligés de déplorer encore une fois ce dont j'ai bien souvent gémi ; le présent est lamentable : quelle profonde désunion nous sépare les uns des autres , quand nous devrions imiter la connexion des membres d'un même corps. ,Ce serait le moyen grâce auquel le plus grand pourrait tirer parti même du plus petit: Car si Moïse apprit de son beau père quelque chose d'utile qu'il ne savait lui-même, à plus forte raison cela arriverait-il dans l'Eglise. Et pourquoi l'homme spirituel ne savait-il pas alors ce que savait l'infidèle ? C'était pour que tous apprissent alors. que Moïse était un homme; que pour diviser les eaux de lamer, pour ouvrir les flancs du rocher, il avait besoin du secours de Dieu; et que tout cela était l'oeuvre, non pas de la nature humaine, mais dé .la puissance divine; enfin que de nos jours, dans l'Eglise, si l'un ne donne pas un avis utile, un autre se lève et donne le sien.

Et fût-il d'une condition inférieure, si ce qu'il dit est bon, sanctionnez son avis, et quand cet homme serait de la classe la plus. humble, ne le méprisez pas. Car; nul dans ces derniers rangs n'est à une aussi grande distance de son prochain, que l'était Jéthro de son gendre Moïse; toutefois celui-ci , ne dédaigna pas d'écouter son beau-père, il accueillit au contraire son avis, il s'y rangea, et il l'a .consigné par écrit, il n'a pas rougi de le transmettre à l'histoire (Exod. XVIII), renversant en cela l'orgueil du plus grand nombre des hommes. C'est pour cela qu'il a laissé ses divers événements de sa vie gravés comme sur le marbre il savait que le récit en serait utile à beaucoup de gens. Ainsi, ne dédaignons pas ceux qui nous donnent de bons conseils, fussent-ils de simples fidèles, même de rang infime, et quand nous avons fait nous-même une proposition, ne prétendons pas à toute force la voir adopter; que tout ce qui paraît avantageux reçoive la sanction de tous. Car souvent, à forée d'ardeur et d'attention, ceux qui voient trouble, distinguent certaines choses mieux que ceux dont la vue"est perçante. Ne dites pas : Pourquoi m'appelez-vous afin de donner mon avis, si vous n'écoutez pas ce que je dis; ce reproche est celui d'un despote, et non pas d'un conseiller. Le conseiller n'a d'autre droit que de faire connaître sa façon de penser; s'il se produit quelque manière de voir plus utile, et que ce même homme veuille néanmoins imposer la sienne, alors, comme je viens de le dire, ce n'est plus un conseiller, c'est un tyran. Gardons-nous donc d'une pareille conduite; mais, dépouillant notre âme de tout orgueil et de toute infatuation, ayons en vue non pas de maintenir uniquement notre opinion, mais de donner, l'avis le plus utile, le moyen de prévaloir, quand même cet avis ne viendrait pas de nous. Car nous gagnerons beaucoup, si nous n'avons pas trouvé ce qu'il faut à l'accueillir lorsque les. autres nous paraîtront l'offrir ; nous recevrons de Dieu une grande récompense, et c'est en même temps le meilleur moyen. d'en retirer de la gloire. En effet; si l'homme qui ouvre des avis utiles fait preuve de sagesse; nous autres, en les accueillant, nous nous attirons la réputation d'esprits judicieux et d'âmes droites. Voilà pour les familles et pour, les cités, et aussi pour l'Eglise, la ligne à suivre pour atteindre à un plus grand développement; voilà également pour nous tous le plan de conduite, qui après avoir été le meilleur pour la vie présente, nous vaudra les biens du. monde à venir : puissions-nous tous obtenir cette faveur par là grâce et la charité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire; puissance et honneur du Père, ainsi qu'au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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