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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Galatas commentarius Commentaire sur l'épître aux Galates
CHAPITRE II.

3.

Il parlait ainsi, non pas qu'il eût des doutes, ou qu'il ignorât les intentions des apôtres, mais, comme je l'ai dit plus haut, il croyait utile d'employer cette tactique. Ensuite, afin de ne pas paraître les accuser parce qu'il avait adopté une marche contraire, et de ne pas être suspect d'animosité, il corrige aussitôt son expression et dit : « Ceux qui paraissaient être les plus considérables ne m'ont rien appris de nouveau ». Qu'est-ce à dire? C'est-à-dire, ce que vous dites, vous, je l'ignore, mais ce que je sais bien, c'est qu'ils ne m'ont pas . fait d'opposition, qu'ils ont été du même sentiment que moi, qu'ils ont été d'accord avec moi. Voilà ce que signifie cette parole: « Ils m'ont donné les mains », ils ne m'ont rien appris, ils n'ont rien corrigé à mon enseignement, ils n'y ont rien ajouté. « Les plus considérables » ne m'ont rien appris de nouveau. C'est-à-dire: ils connaissaient mes doctrines, et ils n'y ont rien ajouté, rien corrigé, et cela sachant que j'étais venu pour communiquer avec eux. J'étais venu suivant la révélation du Saint-Esprit, pour communiquer avec eux, et j'avais Tite avec moi quoiqu'il fût incirconcis ; ils ne me dirent rien de plus que ce que je savais, et n'exigèrent point que Tite se fit circoncire.

« Mais au contraire » ... Qu'est-ce que cela, « Au contraire? » D'après certaines personnes, Paul dit que non-seulement il n'apprit rien des apôtres, mais que ce furent les apôtres qui apprirent quelque chose de lui : ce que, pour ma part, je ne saurais admettre. Qu'avaient-ils à apprendre encore de lui ? Chacun d'eux était parfaitement instruit. Ce n'est donc pas là ce qu'il veut dire quand il se sert de cette expression : « Au contraire» : il veut faire entendre que les apôtres, non-seulement ne lui firent pas de reproches, mais qu'ils étaient si loin de le blâmer qu'ils lui donnèrent des éloges: car l'éloge est le contraire du blâme. Ensuite, comme il était naturel qu'on lui fit cette objection : S'ils vous donnaient des éloges, comment se fait-il donc qu'ils ne supprimèrent pas la circoncision ? Puisqu'ils vous donnaient des éloges, ils auraient dû la supprimer. De dire qu'ils la condamnaient, il trouvait que c'était trop hardi,. et que ce serait se mettre en opposition avec ce dont ils étaient convenus. D'un autre côté, avouer que ce n'était qu'une tolérance , l'exposait nécessairement à une autre objection, et il le voyait bien. S'ils approuvaient votre enseignement, aurait-on pu lui dire, et s'ils toléraient en même temps la pratique de la circoncision, ils étaient en (593) contradiction avec eux-mêmes. — Comment se tirer de là ? Il pouvait bien répondre qu'on faisait cela par condescendance pour la faiblesse juive, mais cet aveu eût compromis entièrement l'œuvre et le but de l'Evangile. Aussi passe-t-il ce- point sous silence, et le laisse-t-il à l'état de doute et comme en suspens, en s'exprimant ainsi : « Quant à ceux qui paraissaient être les plus considérables (je ne m'arrête point à ce que... »). C'est comme s'il disait: Je n'accuse, ni ne critique ces saints ils savent ce qu'ils font, car ils rendront compte à Dieu de leurs actions ; mais ce que je me propose, c'est de prouver qu'ils ne voulaient pas abolir mes doctrines,.ni les corriger, ni y ajouter quelque chose comme si elles eussent été incomplètes, et que tout au contraire ils les approuvèrent tous ensemble. Et de cela j'ai pour témoin Tite et Barnabé. Voilà pourquoi il ajoute : « Ayant reconnu que la charge de prêcher l'Evangile de l'incirconcision m'avait été donnée, comme à Pierre celle de prêcher l'Evangile de la circoncision (7)... » Il ne prend pas ces mots circoncision et incirconcision au pied de la lettre, il s'en sert pour faire la distinction des Juifs et des gentils. Puis il ajoute: « Car celui qui a agi efficacement dans Pierre pour,le rendre apôtre des circoncis, a aussi agi efficacement en moi pour me rendre apôtre des gentils (8) ».

De même que par l'incirconcision il désigne les gentils, de même ce sont les Juifs qu'il désigne par la circoncision. Il montre qu'il est l'égal des apôtres, et c'est au premier d'entre eux et non aux autres qu'il se compare, afin de prouver qu'ils étaient tous égaux en dignité. Après avoir fourni cette preuve de leur unité de vues, il parlé désormais avec plus d'assurance et de liberté ; et il ne s'en tient plus seulement aux apôtres, il remonte jusqu'au Christ, et. rappelle la grâce qu'il en a reçue : il en prend les apôtres à témoin et dit: « Ceux qui paraissaient comme les colonnes de l'Eglise, Jacques, Céphas et Jean, ayant reconnu la grâce que j'avais reçue, nous donnèrent la main à Barnabé et à moi pour marque de la société et de l'union qui était entre eux et nous ». Il ne dit pas : « Ayant entendu parler de la grâce que j'avais reçue », mais : « Ayant reconnu », c'est-à-dire, ayant appris par les faits mêmes, « ils nous donnèrent la main à moi et à Barnabé pour marque de là société et de l'union qui était entre eux et nous ». Avez-vous remarqué comme peu à peu il a prouvé que son enseignement était approuvé du Christ et des apôtres? Car le Christ ne lui aurait pas accordé sa grâce et ne l'aurait pas laissée agir efficacement en lui, s'il n'avait approuvé sa prédication. Quand Paul est obligé de se comparer à quelqu'autre, il ne parle que de Pierre; quand il doit invoquer un témoignage, c'est celui des trois apôtres réunis, et il a soin de prononcer leur nom avec éloge: « Jacques, Céphas et Jean qui paraissaient comme les colonnes de l'Eglise ». Et d'un autre côté, s'il dit « Qui paraissaient», ce n'est pas qu'il leur refuse cette qualité, mais il s'appuie sur l'opinion générale et dit: Ces grands personnages qui sont élevés au-dessus des autres, et dont on parle partout , peuvent rendre témoignage pour mon enseignement, et prouver qu'il est approuvé du Christ; ils le savent par les faits, et l'expérience même n'a fait qu'affermir leur conviction. C'est pourquoi ils m'ont donné la main, et non pas seulement à moi, mais aussi à Barnabé , « Afin que nous prêchassions l'Evangile aux gentils et eux aux circoncis (9)».

O l'admirable prudence ! O preuve irréfutable de la bonne harmonie des apôtres entre eux l Paul montre que leur doctrine est sa doctrine, et que sa doctrine est leur doctrine. Des deux côtés on était d'accord pour que ceux-ci prêchassent les Juifs dans ce sens, et pour que lui prêchât les gentils comme il faisait : aussi ajoute-t-il : « Afin que nous préchassions l'Evangile aux gentils et eux aux circoncis ». Voyez-vous comme ici, en parlant de la circoncision, il ne fait pas allusion à la chose elle-même, mais bien aux Juifs? Toutes les fois en effet qu'il parle de la chose elle-même et qu'il l'attaque, il place en regard l'incirconcision, comme lorsqu'il dit: « La circoncision vous est utile, si vous accomplissez la loi; mais si vous la violez, votre circoncision ne devient qu'une incirconcision » (Rom II, 25) ; et ailleurs : « La circoncision n'a pas plus de valeur que l'incirconcision ». (Gal V, 6.) Quand c'est aux Juifs qu'il fait allusion et non à cette pratique elle-même, il ne se sert pas du mot incirconcision comme terme contraire, mais du mot de gentils. Car ce sont les Juifs qu'on oppose aux gentils, et la circoncision à l'incirconcision. Par exemple lorsqu'il dit : « Celui qui agit efficacement (594) dans Pierre pour en faire l'apôtre de la circoncision, agit efficacement en moi pour que je sois l'apôtre des gentils », et lorsqu'il disait tout à l'heure : « Nous, pour prêcher l'Evangile aux gentils, eux, pour le prêcher à la circoncision », ce n'était pas à la circoncision même qu'il faisait allusion; par ce mot il désignait le peuple Juif et l'opposait aux gentils. « Ils nous recommandaient seulement de nous ressouvenir des pauvres : ce que j'ai eu aussi grand soin de faire (10) ».

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