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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Ephesios commentarius Commentaire sur l'épître aux Éphésiens
HOMÉLIE X.

2.

Voyez-vous bien que la différence de nature est sans effet, que la volonté seule est efficace? Or, par la volonté, les démons sont inférieurs à tout. Mais un ange? dira-t-on, je ne saurais lui tenir tête : trop grande est la distance qui nous sépare. Eh bien ! vous ne devez pas plus tenir tête à un homme qu'à un ange. Ce qui distingue l'ange de vous, c'est sa nature, laquelle ne saurait créer ni un mérite, ni un sujet de reproche : entre homme et homme au contraire, il n'y a pas de différence de nature; toute différence vient de la volonté. Par conséquent, si vous ne vous révoltez pas contre les anges, à plus forte raison ne devez-vous pas vous révolter contre les hommes qui sont devenus anges en dépit de leur nature. Supposez, en effet, qu'il y ait un homme aussi vertueux que sont les anges, il sera à une plus grande distance au-dessus de vous que l'ange lui-même. Pour quelle raison? Parce que ce qui chez l'un est un simple don de la nature est chez l'autre une conquête du libre arbitre. De plus, l'ange est séparé de vous par les cieux, il habite le ciel; tandis que l'autre vit avec vous et fions donne un sujet d'émulation. Mais que dis-je? un tel homme est placé plus loin de vous que les anges eux-mêmes. Il est écrit en effet : « Notre séjour est dans les cieux ». (Philip. III, 20.) Maintenant, pour vous convaincre que la distance est plus grande, écoutez où le chef est assis : Sur le trône royal, dit l'Evangile. Donc un tel homme est séparé de nous par toute la distance qui nous sépare du trône royal. Mais la dignité à laquelle je le vois élevé n'est propre, direz-vous, qu'à exciter ma jalousie. Voilà ce qui a tout bouleversé, ce qui a enfanté mille troubles, non-seulement dans le monde, mais encore dans l’Eglise. Et comme des vents furieux déchaînés contre un port tranquille, y causent plus de désastres que tous les écueils et tous les passages difficiles : ainsi l'amour de la gloire n'a qu'à pénétrer quelque part pour tout confondre et tout bouleverser.

Vous avez vu plus d'une fois l'incendie dévorer de grands édifices : vous avez vu la fumée monter au ciel, et le feu tout embraser, tandis que chacun ne songe qu'à soi, au lieu de courir éteindre les flammes : souvent le désastre a pour spectatrice la ville tout entière, une foule de curieux qui ne s'inquiètent point de prêter main-forte, et n'ont d'autre occupation que de montrer du doigt à tous ceux qui surviennent le théâtre du fléau, les flammes qui s'échappent par les fenêtres, les poutres qui tombent , l'enceinte tout (492) entière arrachée de ses fondations et s'écroulant sur le sol. Un bon nombre, plus hardis, plus téméraires que les autres, ne craignent pas de s'approcher des bâtiments qui brûlent, non pour tendre la main aux habitants ou pour éteindre le feu, mais pour jouir du spectacle mieux à leur aise, pour être à portée de ne rien perdre des incidents qui échappent souvent aux curieux du dehors. Si par hasard il s'agit d'une maison grande et magnifique, on voit là un spectacle attendrissant, et qui arrache des larmes. Et c'est en effet un spectacle attendrissant que ces chapiteaux réduits en cendres, que ces colonnes brisées, les unes par l'action du feu, les autres par les mains de ceux qui les ont élevées, pour que l'incendie n'étende pas plus loin ses ravages. On voit alors ces statues qui naguère se dressaient avec tant de majesté, découvertes par la chute des lambris qui les protégeaient, et tristement exposées aux injures de l'air. Que dire des trésors renfermés dans la maison, des étoffes brochées d'or, des vases d'argent ? Les appartements où le maître pénétrait seul avec sa femme, le dépôt où était mis en réserve étoffes et,parfums, les écrins de pierres précieuses ; tant de serviteurs chargés d'offices différents ; tout ce que cette demeure contenait de richesses et d'habitants n'est plus qu'eau, feu, boue, poussière et poutres à demi brûlées.

Pourquoi rue suis-je étendu sur ce tableau? Ce n'est pas que j'aie voulu perdre mon temps à vous décrire un incendie: à quoi bon? Mais j'ai tâché de vous mettre sous les yeux, autant qu'il est en moi, les malheurs de l'Eglise. Pareils à un incendie véritable, ou à un carreau de foudre, ils atteignent le faîte même de l'Eglise, sans réveiller personne. La maison de nos pères est en feu : et nous dormons d'un sommeil profond, et nous ne nous apercevons de rien. Qui, en effet, n'a pas été atteint par ce feu? Quelle image est restée débout dans l'Eglise ? Car l'Eglise n'est pas autre chose qu'un palais bâti avec nos âmes. Mais ce palais n'est point également précieux dans toutes ses parties : parmi les pierres qui le constituent, il en est de belles et de brillantes, il en est de moins éclatantes et de moins précieuses, bien que supérieures encore à toute autre. Les uns, en bon nombre, jouent le rôle de l'or qui décore les lambris ; d'autres figurent les statues qui embellissent l'enceinte ; d'autres sont comparables à des colonnes. On peut, en effet, appeler de ce nom ces hommes dont le mérite ne gît pas seulement dans la constance, mais encore dans l'éclat que projette, pour ainsi dire, l'or de leurs chapiteaux. La foule enfin, est ce qui constitue toute cette vaste enceinte : elle est comme les pierres dont les murs sont formés.

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Commentaire sur l'épître aux Éphésiens
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