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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Ephesios commentarius Commentaire sur l'épître aux Éphésiens
HOMÉLIE XVI.

1.

Il ne suffit pas d'être exempt de vices, pour arriver au royaume des cieux, il faut encore s'appliquer avec ardeur à la pratique de la vertu. On échappe à la géhenne en s'abstenant du vice : mais on n'obtient pas le royaume si l'on n'a été vertueux. Ne savez-vous pas qu'il en est de même dans les jugements du monde, lorsqu'on examine les actions en présence de toute la ville assemblée? C'était autrefois un usage de décerner une couronne d'or, non pas à celui qui n'avait fait aucun mal à ses concitoyens (car cela n'est qu'un titre à n'être point puni), mais à celui qui leur avait rendu de grands services. Telle était la route qui menait à cet honneur. Mais je ne sais comment j'ai presque omis ce qu'il importait surtout de vous dire. Je reviens sur le premier des points que j'ai distingués, en ajoutant une légère correction. Quand je vous disais qu'il suffit pour échapper à l'enfer d'avoir évité le péché, je me suis rappelé, tout en parlant, une menace terrible dirigée non pas contre ceux qui auront commis telle ou telle faute, mais contre ceux qui auront négligé les bonnes oeuvres. Quelle est cette menace? Au jour terrible marqué pour le jugement, le Juge assis à son tribunal, place les brebis à droite, les boucs à gauche, et dit aux brebis : « Venez, les bénis de mon Père, héritez du royaume qui vous est préparé depuis la fondation du monde : car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ». (Matth. XXV, 34, 35.) Cela se conçoit : car tant de charité devait avoir sa récompense; mais comment expliquer que ceux qui n'ont pas fait part de leurs biens aux indigents, ne soient pas punis simplement par la privation de récompense, mais encore envoyés au feu, de l'enfer? D'abord cela s'explique aussi facilement que le reste. Par là nous sommes instruits que si ceux qui auront fait le bien doivent jouir des biens célestes, ceux à qui l'on ne pourra reprocher aucun mal, et qui auront seulement négligé les bonnes oeuvres, seront précipités dans le feu de la géhenne avec les coupables.

Ensuite, on pourrait dire aussi que l'absence de bonnes oeuvres constitue un vice : car c'est le fait de la nonchalance, et la paresse est une espèce de vice : que dis-je? c'en est le principe et la racine maudite : car la paresse enseigne tous les vices. Abstenons-nous donc des sottes questions comme celle-ci, par exemple: Celui qui n'aura fait ni bien ni mal, quel séjour occupera-t-il? Ne pas avoir fait de bien, c'est (520) avoir fait du mal. Dites-moi : si vous aviez un serviteur qui ne fût ni voleur, ni insolent, ni enclin à répondre, d'ailleurs exempt d'ivrognerie et de tout vice du même genre, mais qui restât tout le jour sans rien faire, et n'accomplit aucun des devoirs de son service, est-ce que vous ne le fouetteriez pas? est-ce que vous ne le mettriez pas à la torture? Je le ferais, me répondra-t-on. Et pourtant quel mal vous aurait-il fait? Le mal, le voilà justement. Mais si vous le voulez, prenons un autre exemple. Supposez un cultivateur qui ne fasse point de mal à nos propriétés, qui s'abstienne de toute rapine, de toute entreprise injuste, qui seulement se lie les mains et reste tranquille à la maison, sans s'occuper ni de semer, ni de creuser des sillons, ni d'atteler des boeufs, ni rie soigner les vignes, ni de travailler d'aucune façon à la terre. Est-ce que nous ne le châtierons pas? Cependant il n'a pas fait de mal, nous n'avons rien à lui reprocher : mais n'avoir rien fait, c'est là son tort : et l'opinion commune le déclare coupable, pour n'avoir pas accompli sa tâche.

Dites-moi, en effet : si chaque manoeuvre, chaque artisan, se contentait de ne faire aucun tort, ni aux gens d'une autre profession, ni à ses confrères, et vivait d'ailleurs dans l’oisiveté, ne serait- ce pas notre perte, notre ruine à tous? Voulez-vous maintenant que nous considérions le corps? La main aura beau ne pas frapper la tête, ne pas couper la langue, ne pas crever l'oeil, s'abstenir, en un mot, de tous sévices de ce genre : si elle demeure oisive, et qu'elle ne rende pas au corps les services qu'elle lui doit, ne faudra-t-il pas la couper plutôt que de promener avec soi un membre dont l'inaction sera funeste au corps tout entier? Et la bouche? c'est en vain qu'elle ne mangera pas la main, ne mordra pas la poitrine : si elle manque à sa tâche, ne vaut-il pas mieux qu'elle soit fermée? En conséquence, s'il est vrai également des serviteurs, des artisans et du corps, qu'on peut se mettre en faute non-seulement en faisant le mal, mais encore en négligeant de faire le bien, à plus forte raison est-ce vrai pour le corps du Christ.

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Commentaire sur l'épître aux Éphésiens
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