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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE V.

3.

Rien de plus étranger à l'âme chrétienne que l'orgueil. Je dis l'orgueil, et non pas la franchise et le courage. Leur faux air de famille ne les empêche pas d'être essentiellement différents. Autre est l’humilité, autre le servilisme, l'adulation, l'esprit rampant. Voulez-vous de tout cela des exemples frappants ?Les contraires parfois sont étrangement rapprochés, comme l'ivraie du froment, comme la rose des épines; tin enfant s'y laisse tromper; mais l'homme fait, celui qui est habile dans la culture spirituelle, saura distinguer le bien d'avec le mal. Et, tenez; proposons à vos réflexions quelques exemples tirés des saintes Ecritures mêmes.

Qu'est-ce que flatterie, servilisme , esprit rampant? Siba profite d'un mauvais moment pour flatter David et accuser son maître; Achitophel fait pis encore auprès d'Absalon. David ne leur ressemble pas, il est humble. Les trompeurs sont nécessairement flatteurs, comme ces mages de Babylone, qui s'écrient : «Vive le roi dans les siècles ! » Saint Paul, dans les Actes, par exemple, discute avec les juifs, sans jamais les flatter, mais aussi sans oublier l'humilité. Il sait parler avec liberté : « Mes frères», dit-il, «je n'ai rien fait ni contre la nation, ni contre les coutumes de nos pères, et cependant j'ai été enchaîné à Jérusalem et livré à la justice ». (Act. XXVIII, 17.) Et pour mieux reconnaître ici le langage de l'humilité, écoutez comment il parle quand il veut les reprendre avec force : « C'est avec raison que l'Esprit-Saint a dit de vous : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez pas ; vous verrez de vos yeux, et vous n'apercevrez pas». (Act. XXV, 26.) Reconnaissez-vous là le courage?

Considérez encore avec quelle fermeté héroïque Jean-Baptiste traite le roi Hérode : « Il ne vous est pas permis d'avoir la femme de votre frère ». (Marc, VI,18.) Voilà la confiance, voilà la force ! Ainsi ne parlait pas un Séméi : « Sors », criait-il à David, « sors, homme de sang». (II Rois, XVI, 7.) Il parlait hardiment sans doute; mais la hardiesse n'est pas le courage; ici, c'était audace, outrage, excès de langue. De même quand Jésabel insultait Jéhu Voilà, s'écriait-elle, l'assassin de son maître ! C'était audace et non pas franchise. Elie aussi, mais par franchise et fermeté, trouvait un vif reproche : « Ce n'est pas moi qui trouble le peuple; c'est vous et la maison de votre père ! » ( III Rois, XVIII, 18.) Le même Elie traitait avec une égale fermeté tout le peuple réuni : « Pourquoi», disait-il, « boiter ainsi des deux jambes et entre deux partis? » Frapper (34) ainsi donnait la preuve d'un franc parler, d'un vrai courage.

Vous faut-il d'autres exemples à la fois d'humilité et de liberté? Entendez cette phrase de Paul: « C'est le moindre souci que celui d'être jugé par vous ou par tout homme mortel; je ne voudrais pas me juger moi-même, car bien que ma conscience ne me reproche rien, je ne suis pas pour cela justifié ». (I Cor. IV, 3.) Voilà les inspirations qui conviennent aux chrétiens. Ajoutez-y celle-ci : « Comment ! un d'entre vous, ayant une affaire litigieuse contre un de ses frères, ose se faire juger auprès des infidèles et non par-devant les saints ! » (Ibid.) — Préférez-vous connaître à quelle basse flatterie se dégradent les juifs insensés? Ecoutez ce qu'ils disent: « Nous n'avons point d'autre roi que César». (Jean, XIX, 15.) — Aimez-vous mieux connaître l'humilité? Ecoutez de nouveau les protestations de saint Paul. « Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes, nous prêchons Jésus-Christ comme Seigneur, et nous comme vos serviteurs en Jésus-Christ ». (Ibid.) — Voulez-vous voir, à l'égard du même homme, l'audace et la flatterie? David subit l'audacieux langage de Nabal; et bientôt la basse adulation des Ziphéens; celui-là lui jetait des paroles de malédiction; ceux-ci le trahissaient, au moins par leur volonté et leur complot. — Verrez-vous plus volontiers, non plus l'adulation, mais la sagesse en action? Considérez David épargnant Saül qui était tombé dans ses mains. — Vous plaît-il de retrouver la vile flatterie? Rappelez-vous les misérables qui assassinèrent Isboseth 1, crime affreux pour lequel David les fit mourir. Enfin, pour abréger, définissons l'audace, comme aussi la franchise et la force. La première a lieu quand on s'irrite, quand un reproche violent se formule sans une cause grave et juste; quand on se venge, quand de toute autre injuste manière on s'emporte : la seconde se trouve à braver les périls et l'a mort, à mépriser les amitiés ou les ressentiments quand il s'agit de la volonté de Dieu. L'adulation et le servilisme se reconnaissent à servir certaines personnes bien au-delà de leurs besoins et des convenances, par convoitise de quelque avantage temporel; l'humilité se manifeste par les mêmes services, mais qu'on rend uniquement pour des motifs agréés de Dieu; l'homme humble descendant ainsi de sa dignité, pour accomplir une oeuvre grande, admirable et parfaite.

Heureux, si nous savons, si nous pratiquons ces maximes ! Les savoir, en effet, ce n'est pas assez : « Ce ne sont pas ceux qui entendent la loi », dit saint Paul, « mais bien ceux qui la pratiquent, qui seront justifiés ». (Rom. II, 13.) Bien plus la connaissance du précepte vous condamne, quand les oeuvres manquent, et la pratique du devoir. Abordons la pratique aussi, afin de gagner la récompense, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, etc.


  1. Le manuscrit porte Miphiboseph, soit inadvertance de l'orateur, soit faute des copistes. (Note des Bénédictins.) ↩

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