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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE IX.

6.

Que répondrai-je donc? Non, les exemples précipités ne répugnent pas, bien au contraire, ils sont pleinement d'accord avec les préceptes de Jésus-Christ. Car ces préceptes étaient faits pour un temps et non à perpétuité. Et je n'avance pas là une conjecture, mais une vérité déduite des saintes Ecritures. Comment? Saint Luc rapporte les paroles mêmes de Notre-Seigneur à ses apôtres : « Quand je vous ai envoyés sans sac ni besace, sans ceinture ni chaussures, quelque chose vous a-t-il manqué? Rien absolument, répondirent-ils ». (Luc, XXII, 35, 36.) Désormais donc, sachez vous en procurer.

Comment d'ailleurs n'avoir qu'une tunique, une seule? Comment? Quand elle avait besoin d'être lavée, fallait-il rester chez soi ou même sortir par nécessité, mais sans tenir compte des bienséances ? Réfléchissez à l'étrange position qui aurait été faite à saint Paul appelé à parcourir le monde entier pour des oeuvres si grandes et si nobles, la privation d'un vêtement l'eût condamné à s'enfermer; elle aurait fait obstacle à sa haute mission ! Et que serait-il arrivé si l'hiver avait été rigoureux, si les pluies ou les glaces eussent été continuelles, de sorte qu'il eût été impossible de faire sécher cet unique vêtement? Fallait-il encore que l'apôtre demeurât enfermé? Et si le froid avait raidi ses membres, devait-il périr et s'interdire la parole? Car n'allez pas croire que le corps de ces premiers apôtres ait été de diamant. Ecoutez ce que saint Paul dit à Timothée : « Usez d'un peu de vin, à cause de votre estomac et de vos fréquentes maladies »; et d'Epaphrodite : « J'ai cru devoir vous renvoyer cet apôtre qui m'a tant aidé aux jours de ma détresse; il a été malade jusqu'à en mourir, mais Dieu a eu pitié de lui, et non-seulement de lui, mais de moi-même aussi ». (I Tim. V, 23; et Philip. II, 25.) Ils étaient donc sujets à toute maladie ou infirmité. Fallait-il donc qu'ils se laissassent mourir? Non, évidemment. Pour quelle raison donc le Seigneur, à une certaine époque, leur donnait-il le précepte de n'avoir ni sac, ni besace, etc.? Il voulait sur l'heure y pourvoir par un prodige, et montrer que dans l'avenir même il serait encore assez puissant pour y suffire. Et toutefois il n'y suffit point; pourquoi ? Car, enfin , les apôtres valaient mieux incontestablement que les Israélites, dont les vêtements ni la chaussure ne s'usèrent point pendant quarante ans, bien qu'ils parcourussent le désert, brûlés par les rayons d'un soleil capable de calciner les rochers mêmes. Pourquoi donc fit-il moins pour ses apôtres? Pour votre intérêt. Dieu savait que vous ne seriez pas invulnérables, que plus d'une blessure au contraire vous atteindrait; il vous a donc créé le moyen de vous préparer les médicaments ; et la preuve de cette intention divine, écoutez-la. Dieu ne pouvait-il nourrir ses apôtres ? Ce qu'il vous a donné à vous,pécheur, l'aurait-il refusé à Paul ?Lui qui s'est montré généreux pour les Israélites murmurateurs, débauchés, idolâtres, aurait-il été avare à l'égard de Pierre, qui avait tout quitté pour lui ? Lui qui autorise la propriété en faveur des méchants, comment aurait-il été moins gracieux à l'égard de Jean qui, pour lui, avait abandonné jusqu'à son père même? Et cependant, il ne l'a pas voulu; mais c'est par vous qu'il veut les nourrir, afin que vous ayez une occasion de vous sanctifier.

Et, de grâce, remarquez l'excès de sa bonté à votre égard. Il a voulu abaisser ses disciples pour vous relever. S'il les avait mis au-dessus du besoin, ils auraient gagné en admiration et en gloire : mais vous auriez perdu pour votre salut. Loin de les rendre admirables en ce point, il les a voulus nécessiteux et (65) humbles pour vous ouvrir une voie de salut; il leur a donné l'indigence pour vous offrir de gagner le ciel. Un maître se fait moins respecter quand il reçoit quelque chose ; on honore bien davantage celui qui n'accepte rien. Mais aussi le disciple n'y gagne pas, il perd un noble fruit de charité. Voyez-vous la sagesse de Dieu, l'ami et le sauveur du genre humain? Il n'a pas lui-même cherché sa propre gloire ni étudié ses intérêts; il était dans la gloire, et il a voulu s'avilir pour votre bonheur. C'est aussi son plan pour les docteurs de sa loi. Il pouvait nous les montrer vénérables, il a préféré les faire voir abaissés, dans votre intérêt, et vous donner l'occasion de vous enrichir. Oui, pour vous faire moissonner les biens spirituels, Dieu veut que ses ministres éprouvent des besoins temporels. Rien ne l'empêchait de leur donner tout en suffisance; je vous l'ai prouvé par maintes raisons; pour votre intérêt, nous l'avons fait voir, Dieu les a laissés dans le besoin.

Convaincus de ces vérités, livrons-nous désormais non plus à notre caractère accusateur, mais à l'esprit de bienfaisance. Au lieu de scruter les défauts d'autrui, connaissons bien nos propres misères; pensons aux bonnes œuvres du prochain; n'étudions pas moins nos propres péchés , et nous plairons à Dieu. Celui qui ne veut voir dans les autres que leurs péchés, et dans lui-même que ses vertus, celui-là se cause un double dommage. Dans les uns il trouve sujet d'orgueil; dans les autres il rencontre scandale et tentation de négligence. En effet, tandis qu'il se rappelle qu'un tel et une telle sont tombés, lui-même se facilite les chutes et les défaillances; et quand, d'autre part, il croit avoir bien agi, facilement il s'enflera d'orgueil. Qu'un homme, au contraire, oublie ses propres bonnes actions et ne pense qu'à ses péchés ; que dans les autres il cherche volontiers, non les fautes, mais les actes conformes à la vertu; il a dès lors tout à gagner. Et comment? Le voici. La vue du prochain dans l'exercice du bien vous décide, par une sainte envie , à suivre son exemple ; le souvenir de vos péchés, d'autre part, rabaisse votre arrogance et sauve en vous la modestie.

Si nous retenons ces pensées et si nous y conformons notre conduite, nous pourrons atteindre enfin les biens promis de la vie future, parla grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ... Ainsi soit-il.

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