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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE X.

3.

Ce genre de vie si parfait selon le judaïsme, et par lui embrassé dès l'enfance, cette noblesse d'origine, ces dangers et ces travaux affrontés jusqu'alors, ce beau zèle, tous ces avantages enfin; ne furent plus aux yeux de Paul que de véritables malheurs et des pertes; il abjura ce qui lui avait été si avantageux, pour gagner Jésus-Christ. Et nous, l'attrait de gagner Jésus ne suffit pas pour nous inspirer le mépris de l'argent : que dis-je? La perte du salut éternel nous effraie moins que celle des biens présents , quoiqu'ils ne soient autre chose que dommage et que ruine. Examinons plutôt en détail , je vous prie, ce qui se trouve au fond des richesses. Ne doit-on pas appeler dommage et ruine, ce qui vous produit d'inexprimables ennuis sans aucune compensation ?Ainsi, répondez-moi, quel avantage trouvez-vous à posséder des vêtements en grand nombre et de grand prix? Que gagnons-nous à les porter? Rien absolument, rien que peine et dommage. N'est-il pas vrai que le pauvre, sous un vêtement grossier et usé, supporte facilement les plus fortes chaleurs de l'été? Il les endure même plus aisément; car un tissu simple et déjà fatigué gêne d'autant moins vos membres et vous facilite la respiration; au contraire, quand il est neuf, fût-il plus léger qu'une toile d'araignée, il vous fatigue davantage. D'ailleurs vous qui êtes heureux d'étaler votre luxe, il vous faut l'une sur l'autre deux et trois tuniques, souvent même un manteau, puis une ceinture, puis des caleçons. On en estime pas moins le pauvre pour n'avoir qu'une tunique ; il n'en supporte que mieux la chaleur de l'été. Nous voyons souvent les riches inondés de sueur, et les pauvres, jamais. Ainsi, puisqu'on trouve le même usage et même un meilleur usage dans ces vêtements grossiers et. qui ne coûtent presque rien; tandis que ceux qu'on aura payés au poids de l'or, ne rendent pas plus de services, dites, n'y voyez-vous pas une inutile dépense, un vrai dommage? Ils ne sont ni plus utiles, ni plus commodes : ils vous ont coûté plus d'argent, voilà tout ! Tout au plus sont-ils de même usage et de même commodité. Seulement vous, riche , vous les avez achetés cent , peut-être même mille écus d'or, et le pauvre a ce qu'il lui faut pour quelques pièces d'argent. Voyez-vous le dommage.? Mais le luxe est aveugle.

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Voulez-vous aussi approfondir ce que vaut cet or dont on aime à parer les femmes et même les chevaux? Ici le mal et le ridicule ordinaire s'augmentent d'un trait de plus : les richesses donnent la folie. Oui, on honore de même manière et les femmes et les chevaux; aux unes comme aux autres on choisit mêmes parures; on veut faire briller celles-là par les mêmes ornements qu'on placera sur les chars, qu'on brodera sur les housses pompeuses où elles-mêmes viendront s'asseoir. Dites-moi, quel profit trouvez-vous à rehausser d'or un cheval, un mulet? Et cette femme ainsi chargée d'or, écrasée de pierreries, en est-elle plus riche? — Mais, dites-vous, les bijoux d'or ne s'usent point. Les gens du métier assurent tout le contraire; dans les bains et même souvent en d'autres endroits, les pierreries et l'or perdent beaucoup de leur prix. Au reste, je veux que vous ayez raison : ces bijoux ne se détériorent jamais ! Mais encore, quel rapport vous donnent-ils? Quand ils sont usés ou perdus, n'est-ce pas un dommage? Et quand ils vous ont attiré la haine et l'envie, n'est-ce pas un malheur? Oui , lorsque d'une part, je les vois sans rapport ni profit pour vous, charger votre femme, et que d'ailleurs ils allument contre vous les regards des envieux, les convoitises des voleurs, n'est-ce pas un dangereux profit? Quoi ! le mari pouvait trouver dans ces valeurs un précieux capital à utiliser dans quelque entreprise lucrative, et le luxe d'une femme dépensière l'arrête, et le voilà réduit à se défendre lui-même contre la famine, à lutter contre une gène extrême, tandis qu'il contemple cette créature chargée d'or, et ce n'est pas une ruine, un malheur? Et cependant le seul nom de la fortune, chez nous Khrmata, signifie biens utiles, et nous rappelle qu'il faut en faire usage, non pour un étalage de bijoutier, mais pour quelque oeuvre honorable et,lucrative. Si donc la folle ambition de l'or en parure vous en interdit le véritable usage, que vous laisse-t-elle enfin, que ruine et malheur? Ne pas oser vous en servir c'est vraiment ménager comme si c'était propriété d'autrui : dès lors cette richesse, sans emploi, est-elle encore un bien utile ?

Sommes-nous mieux avisés de construire des palais splendides, immenses, de les embellir de colonnes, de marbres, de portiques, de promenoirs, de mille ornements divers, d'y placer partout et peintures et statues? On reconnaît souvent, dans ces dernières, les images (lu démon : mais je veux l'oublier pour le moment. Que font encore ces toiles lamées d'or? Une habitation modeste et appropriée à nos besoins nous rend-elle moins de services? Mais, dites-vous, un palais vous ravit, vous enchante ! Oui, pour un jour ou deux; puis le charme s'évanouit. Le soleil lui-même n'excite pas en nous une grande admiration, à cause de l'habitude que nous avons de le voir; un objet d'art en excitera bien moins encore; bientôt nous ne le remarquons pas plus qu'un vase d'argile. A quoi servent pour la commodité d'une habitation, la multitude des colonnes ou la beauté des statues, ou l'or répandu à profusion sur les murs? A rien ; tout cela n'est que luxe insolent, fol orgueil, vrai délire ; les choses nécessaires ou vraiment utiles devraient nous occuper, et non pas d'inutiles folies. Ruine et malheur : telle est la suite de ces excès. En comprenez-vous la superfluité, la frivolité? On n'y trouve rien pour l'utilité, rien même pour l'agrément, puisqu'avec le. temps ce faste engendre la satiété, et ne vous laisse que dommage et que ruine. Mais le goût de la vanité est un voile épais sur nos yeux. Paul abandonne ce qu'il croyait un gain; et nous, nous ne savons renoncer pour Jésus-Christ à ce qui nous perd ?

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