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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE XIV.

1.

Jésus-Christ a déclaré bienheureux ceux qui pleurent, malheureux ceux qui rient. Quel est donc le sens de ces paroles de son apôtre : « Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur? » Il ne contredit point son maître, oh non ! Jésus-Christ, en effet, annonce malheur à ceux qui rient de ce rire mondain qui a sa raison dans les choses du temps, et il proclame bienheureux ceux qui pleurent, mais non pas ceux qui le font pour quelque raison humaine, comme la perte d'un bien temporel , mais ceux qui ont la componction chrétienne, pleurant leurs misères, expiant leurs péchés et même ceux d'autrui. La joie recommandée ici, loin d'être contraire à ces larmes, s'engendre à leur source pure et féconde. Pleurer ses véritables misères, et les confesser, c'est se créer une joie et un bonheur. D'ailleurs il est bien permis de gémir sur ses péchés et de se réjouir en l'honneur de Jésus-Christ. Les Philippiens souffraient de rudes épreuves, comme le rappelle l'apôtre : « Il vous a été donné », leur disait-il, « non seulement de croire en Jésus-Christ, mais de souffrir pour lui » (Philip. I, 29); pour cette raison , il ajoute : « Réjouissez-vous dans le Seigneur ». C'est dire en d'autres termes Vivez de manière à goûter une joie pure. Tant que rien n'empêchera vos progrès dans le service de Dieu, réjouissez-vous en lui. C'est là le sens, à moins que cette préposition « en » ne soit synonyme de « avec »; le sens alors serait: Réjouissez-vous sans cesse d'être « avec le Seigneur ».

« Je vous le dis encore une fois, réjouissez-vous ». Expression qui prouve la confiance de saint Paul, et par laquelle il montre que, tant qu'on s'appuie sur Dieu, on doit sans cesse être dans la joie; fût-on d'ailleurs accablé, frappé de toute manière, on la possède toujours. Écoutez, en effet, saint Luc nous raconter au sujet des apôtres « qu'ils sortaient du conseil des juifs en se réjouissant d'avoir été trouvés dignes de recevoir pour son nom la flagellation ». (Act. V, 41.) Si les coups et les fers, que chacun regarde comme ce qu'il y a de plus affreux, engendrent une telle joie, quelle autre douleur au monde pourra enfin nous créer la peine? — « Je vous le répète, réjouissez-vous ». L'apôtre a eu raison de réitérer cette recommandation ; la nature des événements commandait la douleur; maïs cette répétition de termes encourageants leur impose le devoir de se réjouir en dépit des événements.

« Que votre modestie et modération soit connue de tous les hommes ». Paul avait parlé un peu auparavant de ceux « qui ont pour Dieu leur ventre, dont la gloire est dans leur honte même, qui n'ont de goût (89) que pour les choses de la terre ». Ces paroles étant de nature à inspirer à ses néophytes de la haine pour les méchants, Paul les avertit de n'avoir rien de commun avec eux, mais cependant de traiter avec modestie et modération non pas seulement leurs frères, mais même leurs ennemis et leurs adversaires.

« Le Seigneur est proche; ne vous inquiétez de rien ». Car quelle pourrait être, dites-moi, la raison de votre découragement? Serait-ce parce qu'ils se dressent contre vous, ou parce que vous les voyez vivre dans les délices? « Ne vous inquiétez de rien ». L'heure du jugement va sonner; dans peu, ils rendront compte de leurs oeuvres. Vous êtes dans l'affliction, eux dans les délices? Tout cela finira bientôt. Ils complotent, ils menacent? Mais leurs coupables desseins ne réussiront pas toujours; le jugement est suspendu sur leurs têtes, tout va changer ! « Ne vous inquiétez de rien ». Déjà la part de chacun est faite. Montrez seulement votre patience et modération envers ceux qui vous préparent sans cesse les persécutions; et tout va s'évanouir comme un songe, pauvreté, mort, fléaux de tout genre qui vous menacent, tout finira : « Ne vous inquiétez de rien ».

« Mais qu'en tout, par la prière et par la supplication, avec action de grâces, vos demandes et vos vœux soient connus devant Dieu. Dieu est proche; je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » c'était déjà une consolation; en voilà une seconde; voilà un antidote capable de dissiper toute peine, tout chagrin, tout ennui. Mais quel est ce médicament? Prier, en toutes choses rendre grâces. Ainsi Dieu ne veut pas que nos prières soient de simples demandes; il les exige unies à l'action de grâces pour les bien - faits que nous avons déjà reçus. Comment, en effet, demander quelques faveurs pour l'avenir, si nous ne sommes pas reconnaissants des faveurs passées? — « En tout », dit-il, c'est-à-dire en toutes choses, recourez à « la prière et à la supplication ». Donc il faut remercier Dieu de tout, même de ce qui paraît fâcheux. C'est vraiment là que se reconnaît le coeur reconnaissant. La nature des choses l’exige; ce sentiment sort spontanément d'une âme vraiment reconnaissante et pleine d'amour pour Dieu. Demandez-lui donc des faveurs qu'il puisse approuver et connaître; car il dispose tout pour notre plus grand bien, même à notre insu ; et une preuve que tout se fait pour notre plus grand bien, c'est cette ignorance même où il nous laisse du succès de nos prières.

« Et que ta paix de Dieu, qui surpasse toutes nos pensées, garde vos esprits et vos coeurs en Jésus-Christ ». Qu'est-ce à dire? Entendez, dit l'apôtre, que la paix de Dieu, celle qu'il a faite avec les hommes, surpasse toute pensée. Qui jamais, en effet, attendit et osa espérer ces biens de l'avenir? Ils surpassent non-seulement toute parole, mais toute pensée humaine. Pour ses ennemis, pour ceux qui le haïssaient, qui le fuyaient, pour eux Dieu n'a pas refusé de livrer son Fils unique pour faire la paix avec nous. Telle est la paix, ou, si vous voulez, telle notre délivrance; telle la charité de Dieu.

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