2.
«Que chacun de vous sache maintenir son vase dans la sanctification et dans l'honneur, et non point en suivant les mouvements de la concupiscence, comme les païens qui ne connaissent point Dieu (4, 5) ». — « Que chacun de vous sache», dit-il, « maintenir son vase ». C'est qu'en effet c'est une oeuvre qui suppose un grand savoir, que d'éviter le libertinage. Donc, nous maintenons notre vase, quand il reste pur et dans la sanctification; mais quand il est impur, c'est que le péché le tient naturellement. Car ce n'est plus notre volonté que le corps accomplit, mais ce que le péché lui commande. « Non point en suivant les mouvements de la concupiscence », dit-il. Ici l'apôtre montre le moyen de pratiquer la tempérance, les mouvements de la concupiscence doivent être retranchés. C'est l’amour des plaisirs, la passion des richesses, l'indolence de l'âme, son inertie, ce sont tous les vices de ce genre qui nous portent à la concupiscence et aux dérèglements. « Comme les païens qui ne connaissent point Dieu ». Si telles sont leurs moeurs, c'est qu'ils ne s'attendent pas à voir le jour de l'expiation. « Que nul ne franchisse ses limites, ni n'augmente sa part, en cette affaire, aux dépens de son frère (6) ».
L'apôtre a bien raison de dire: « Que nul ne franchisse ses limites ». Dieu affecte, à chaque homme, une femme au plus; il fixe des limites naturelles; ce commerce n'admet qu'une seule femme. Le commerce avec une seconde est en dehors des limites, il y a vol, la part est démesurée. Disons mieux, il y a là un crime plus détestable que toute espèce de brigandage. Car nous éprouvons moins de douleur, quand on nous vole notre argent, ou notre or, que quand on brise le coffre-fort du bien conjugal. Vous appelez un homme votre frère, et vous augmentez votre part à ses dépens, et contre toute justice? Ici, c'est de l'adultère qu'il parle; plus haut, il avait en vue toute espèce de fornication. Aga moment de dire, qu'on ne doit pas franchir ses limites qu'on ne doit pas augmenter sa part aux dépens de son frère, l'apôtre prévient une restriction; n'allez pas croire, dit-il, que je ne (207) pense qu'aux égards que vous devez à vos frères, il vous est également défendu de posséder les femmes des autres, et les femmes qui se trouvent non mariées, défendu d'avoir des femmes en commun. Toute espèce de fornication est interdite; aussi ajoute-t-il : «Parce que le Seigneur est le vengeur de tous ces péchés». Il leur a d'abord adressé une prière, il les a touchés par le sentiment de l'honneur, en disant : « Comme les païens»; il entreprend ensuite de démontrer tout ce qu'il y a là de dérèglement; c'est ce à quoi tend l'expression: « Ni n'augmente sa part, aux dépens de son frère». Il ne reste plus qu'à dire le plus important, c'est ce que fait l'apôtre de cette manière : « Parce que le Seigneur est le vengeur de tous ces péchés, comme nous vous l'avons déjà déclaré et attesté». En effet, nous ne commettrons pas impunément de pareilles actions, les plaisirs que nous goûterons ne compenseront pas les châtiments qui nous attendent.