8.
Eh bien, nous les demanderons à ce qui n'est pas écrit, à ce qui se passe aujourd'hui, car il ne faut négliger aucun moyen de conviction, il ne faut pas, par une complaisance irréfléchie pour nous-mêmes, nous faire du tort à nous-mêmes.
Ne voyez-vous pas des malheureux, des mutilés sans nombre, en proie à mille maux? Pourquoi des meurtriers punis; d'autres, qui ne le sont pas. Ecoutez Paul : « Il y a des personnes dont les péchés sont connus avant le jugement; il yen à d'autres qui ne se découvrent qu'ensuite ». (I Tim. V, 24.) Combien y en a-t-il d'échappés parmi les meurtriers; combien, parmi les violateurs de sépultures? Mais laissons cela. Combien y en a-t-il que vous ne voyez pas rigoureusement punis? Les uns sont frappés d'une maladie cruelle ; d'autres, livrés à de perpétuelles tortures; d'autres encore, à des maux innombrables. Eh bien, quand vous voyez un homme coupable, comme ces malheureux, et beaucoup plus coupable encore, demeurer impuni , ne sentez-vous pas que, malgré vous, vous reconnaissez qu'il y a un enfer? Rassemblez ceux qui, sur cette terre, avant vous, ont subi un châtiment rigoureux, considérez que Dieu ne fait pas acception des personnes, que vous avez fait mille et mille actions mauvaises, que vous n'avez éprouvé aucun traitement qui ressemble au leur, et alors vous comprendrez l'enfer. Car Dieu nous en a mis la pensée dans l'âme, à tel point que jamais personne n'a pu l'ignorer. Poètes, philosophes, auteurs de fictions, en un mot, tous les hommes ont raisonné sur la rémunération dans une autre vie, et ont parlé de la foule de ceux qui subissent, dans les enfers, des châtiments. Si leurs récits sont des fables, il n'en est pas de même chez nous. Je n'ai pas voulu vous effrayer par ce discours, ni charger vos âmes d'un poids incommode, au contraire, je voudrais leur donner les ailes de la sagesse. Je voudrais bien, moi aussi, qu'il n'y eût pas de châtiment, je le voudrais, plus que vous tous, moi qui vous parle. Pourquoi? c'est que chacun de vous ne tremble que pour son âme à lui; ruais moi, j'aurai des comptes à rendre de mon administration, de sorte que c'est moi, plus que vous tous, qui aurai de la peine à y échapper. Mais il n'est pas possible qu'il n'y ait ni enfer ni supplice. Que ferai-je? Voici maintenant des doutes et des objections : où est donc la bonté de Dieu? Partout. Mais c'est un point que je développerai dans un autre temps; ne confondons pas, avec ces réflexions, ce que nous avons dit sur l'enfer. Quant à présent, gardons le profit que nous avons retiré de ces paroles; ce n'est pas un mince profit, que d'être convaincu qu'il existe un enfer. Le souvenir de pareil discours est un remède amer mais efficace pour nous purger de toute corruption, si nous savons le conserver dans notre esprit. Donc, il faut en user, purifions ainsi notre coeur, rendons-nous dignes de voir ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, les biens que n'a pas compris le coeur de l'homme; puissions-nous tous en jouir, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l'honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.