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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam i ad Timotheum argumentum et homiliae 1-18 Commentaire sur la première épitre à Timothée
HOMÉLIE IV.

3.

« Honneur et gloire dans tous les siècles, ainsi soit-il », continue l'apôtre. L'honneur et la gloire ne viennent pas des paroles, et ce n'est pas en paroles que Dieu lui-même nous a honorés, mais par des actes effectifs; nous aussi honorons-le donc par nos actions L'honneur qu'il nous fait nous touche, et celui que nous lui rendons ne l'atteint pas, car il n'a pas besoin de ce qui vient de nous, tandis que nous avons besoin de ses faveurs. En sorte que lui rendre gloire, c'est travailler à notre élévation. De même que celui qui ouvre les yeux pour voir la lumière du soleil, fait un acte utile à lui-même, et qu'en admirant la beauté de cet astre il-ne lui fait point une faveur, car il ne le rend pas plus brillant et le soleil demeure ce qu'il est; de même et bien plus encore en est-il par rapport à Dieu celui qui vénère Dieu et lui rend honneur, se sauve lui-même et se procure le plus grand des biens. Comment? Parce qu'il suit la voie de la vertu et est glorifié par Dieu même. « Ceux qui me glorifient, je les glorifierai » dit-il. (I Rois, II, 30.) Comment donc dit-il qu'il est glorifié par nous, puisqu'il ne jouit pas de l'honneur que nous lui rendons? Eh ! De même qu'il dit. avoir faim et avoir soif, il s'approprie ce qui est de l'humanité, afin de nous attirer à lui; il s'approprie et les honneurs et les offenses, afin que nous craignions d'en commettre contre nos frères; et nous ne nous laissons pas gagner.

« Glorifions Dieu et exaltons-le dans notre corps » (I Cor. VI, 20) et dans notre esprit. Comment un homme peut-il le glorifier dans son corps? Et comment dans son esprit? L'esprit ici veut dire l'âme, par opposition au corps. Mais comment le glorifier dans son corps? Comment dans son âme? On le glorifie dans son corps en évitant l'impureté, l'ivrognerie, la gourmandise, la vaine parure, en ne prenant de son corps que le soin utile pour la santé; celui-là le glorifie qui ne commet point d'adultère; celle-là, qui ne se parfume point, qui ne farde point son visage, qui se contente de ce que Dieu a formé, sans y rien ajouter par l'art. Pourquoi, en effet, dites-moi, ajouter ce qui vient de vous-même à l'oeuvre que Dieu a parfaite? Vous ne vous êtes pas formée vous-même; et, comme si vous étiez une ouvrière d'un talent supérieur, vous essayez de rectifier l'ouvrage; en vous parant ainsi, vous insultez le Créateur pour vous attirer de nombreux amants. — Mais comment faire, me direz-vous? Je ne le voudrais pas; c'est mon mari qui m'y contraint. — Non, cela n'arrive qu'à celles qui veulent provoquer l'amour. Dieu vous a faite belle, pour être admiré dans son oeuvre et non pour être outragé; ne lui offrez point pour ses dons un tel retour, mais une conduite modeste et réglée. Dieu vous a faite. belle pour accroître le mérite de votre retenue ; car on ne peut mettre sur la même ligne la modestie d'une femme pleine d'attraits et celle d'une femme à qui nul ne songera. Ecoutez ce que dit l'Ecriture au sujet de Joseph, «qu'il était jeune et beau de visage ». (Gen. XXXIX, 6.) Que nous fait donc à nous qu'il fût beau ? L'Ecriture le dit pour que nous admirions à la fois sa beauté et sa chasteté. Dieu vous a faite belle ! Pourquoi donc vous défigurer? Celles qui se couvrent d'une couche de fard, ressemblent à l'homme qui barbouillerait de rouge une statue d'or; c'est une boue rouge et blanche que vous répandez sur vous-même.

Mais, dira-t-on, celles qui sont laides ont raison d'en agir ainsi. — Pourquoi donc, dites-moi ? Pour cacher leur laideur? Peine perdue. Quand donc la nature est-elle vaincue par l'artifice? Et après tout, en quoi la laideur vous afflige-t-elle ? Parce qu'on la repousse? Ecoutez cette parole d'un sage : « N'ayez point d'éloignement pour un homme à cause de son aspect, et ne louez point un homme pour sa beauté ». (Ecclésiast. XI, 2.) Admirez Dieu, le grand artiste, et non un homme qui n'est pas l'auteur de sa propre beauté. Quel avantage apporte la beauté? Aucun , mais plutôt des difficultés plus grandes, plus de malveillance, de dangers et de soupçons. Telle femme n'eût jamais été soupçonnée sans sa beauté; telle autre, si elle n'use d'une réserve consommée, d'une réserve extrême, aura bien vite une mauvaise renommée. Un mari soupçonne celle qui est sa compagne : Que peut-il y avoir de plus pénible? Il ne trouvera point tant de plaisir à la voir que de souffrances dans ses soupçons. Le plaisir s'émousse à la longue; la nonchalance et le laisser-aller pas. sent pour impudence, l'âme devient vulgaire et pleine d'arrogance ; et c'est la beauté surtout qui amène ces malheurs; sans elle, il ne se trouvera plus tant d'inconvénients; sans elle, on ne verra pas des chiens insulter l'agneau, mais il paîtra dans une paix profonde, sans que le loup le trouble et l'attaque, et le berger pourra demeurer assis auprès de lui. Ce qui est extraordinaire, ce n'est pas que l'une soit belle et que l'autre ne le soit pas; c'est qu'une femme ait- de mauvaises moeurs sans être belle, et que celle qui l'est soit vertueuse.

Dites-moi : Quelle est la qualité des yeux? Est-ce d'être humides, bien mobiles, bien arrondis, d'un beau bleu, ou bien d'être clairs et perçants ? C'est assurément d'être perçants, et en voici la preuve : Quelle est la qualité d'une lampe? Est-ce de jeter un vif éclat et d'éclairer toute la maison, ou d'être bien façonnée et bien arrondie? C'est d'éclairer, dirons-nous sans hésiter; c'est ce qu'on recherche en elle, le reste est indifférent. C'est pour cela que nous disons sans cesse à la servante qui en est chargée : Vous avez mal préparé la lampe. C'est que le fait d'une lampe est d'éclairer. L'oeil de- même; il n'importe pas qu'il soit de telle ou telle façon, dès lors qu'il remplit convenablement sa fonction; on le dira mauvais s'il a la vue faible, si son organisme laisse à désirer; nous disons de ceux qui n'y (291) voient pas, les yeux ouverts, qu'ils ont des yeux détestables. Nous appelons ainsi tout ce qui ne remplit pas la fonction à laquelle il est destiné, et ne pas bien voir est le défaut des yeux. Et le nez, quelle est sa qualité? Est-ce d'être bien droit, bien lisse des deux côtés? parfaitement symétrique? ou bien d'être bien disposé pour l'odorat, ou bien apte à percevoir promptement les odeurs, pour les transmettre au cerveau? Ceci sera clair pour tout le monde, grâce à cette comparaison : L'instrument appelé croc, quand est-il bien fait? Est-ce quand il peut accrocher fort et retenir, ou quand il est façonné avec élégance? Evidemment, c'est le premier qui est bon. Et les dents, quand dirons-nous qu'elles sont bien faites? quand elles sont bien tranchantes et mâchent facilement la nourriture, ou quand elles sont bien rangées ? Evidemment ce sont les premières. Il en est de même de tout le corps, si nous lui faisons subir la critique de la raison; nous trouverons que les hommes bien portants sont beaux, dès lors que chacun de leurs membres remplit avec exactitude sa fonction spéciale. Ainsi en est-il d'un instrument, d'un animal, d'une plante : ce n'est point d'après ses formes ou sa couleur, mais d'après son usage que nous en jugeons; de même encore nous appelons beau serviteur, celui qui est propre au service et non un jeune et gentil fainéant.

Voyez-vous maintenant ce que c'est qu'être belle ? Lorsque nous jouissons tous de la même façon des avantages les plus grands et les plus magnifiques, nous ne sommes frustrés en rien. Je m'explique : Tous de la même façon nous voyons le monde, le soleil, la lune, les étoiles; nous respirons l'air, nous avons part à l'eau et aux aliments , que nous soyons beaux ou laids. Et s'il faut dire quelque chose de surprenant, celles qui ne sont pas belles, ont une santé plus vigoureuse et jouissent mieux de ces dons. Les belles femmes, en effet, prennent garde aux saisons, ne s'exposent point à la fatigue, mais s'adonnent à l'oisiveté et vivent à l'ombre ; de là vient que leurs facultés physiques sont énervées. Les autres femmes, au contraire, débarrassées de ces soucis , usent simplement et largement de ces facultés.

Ainsi donc « glorifions Dieu et portons-le dans notre corps ». Ne nous parons point c'est là un soin frivole et inutile. N'enseignez point à vos maris à n'aimer que le plaisir des yeux, car s'ils vous voient ainsi parées, ils ne songent qu'à votre visage , ils se laisseront bientôt séduire ; mais si vous leur apprenez à aimer vos moeurs et votre modestie, ils ne seront pas facilement infidèles, car ce ne sont point ces qualités, mais les vices contraires qu'ils trouveront chez une femme sans pudeur. Ne leur enseignez point à se laisser gagner par un sourire, par un extérieur efféminé, de peur de préparer des poisons contre vous-mêmes; apprenez-leur à se plaire à la modestie, et vous leur plairez, si votre extérieur même est modeste; mais si vous êtes évaporées, effrontées, comment pourrez-vous tenir un langage respectable? Qui ne se rira pas de vous, qui ne vous raillera pas? Et qu'est-ce que porter Dieu dans son esprit? C'est pratiquer la vertu, parer son âme, car ceci n'est point défendu. Nous glorifions Dieu, quand nous sommes pleinement vertueux, et nous sommes nous-mêmes glorifiés en même temps, non comme des hommes qui se parent, mais bien autrement: « Car », dit l'apôtre, « j'estime qu'il n'y a point de proportions entre les souffrances du temps présent et la gloire future qui doit se révéler en nous » (Rom. VIII, 18), :gloire à laquelle je souhaite que nous ayons tous part en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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Commentaire sur la première épitre à Timothée
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