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Après avoir exigé des serviteurs une grande vertu (car c'est une grande vertu que d'être en toutes choses un ornement pour la doctrine de Dieu notre Sauveur, et que de ne donner à ses maîtres aucune occasion de se plaindre même pour les plus petites choses), l'apôtre donne (426) un juste motif de la conduite qu'ils doivent tenir. Et quel est ce motif ? C'est que, dit-il, « la grâce de Dieu, salutaire à tous les hommes, a été manifestée». Comment ceux qui ont Dieu pour docteur ne seraient-ils pas tels que je viens de le dire, après avoir déjà trouvé grâce pour mille fautes? Car vous le savez: entre autres considérations, il y en a une quia le plus grand poids pour détourner l'âme du mal et la faire rougir d'elle-même, c'est de voir que malgré les mille péchés dont elle doit compte, bien loin d'être punie, elle trouve grâce et obtient mainte faveur. Dites-moi en effet , si quelqu'un après avoir subi mille offenses de la part de son esclave, ne le fait point battre de verges, mais lui accorde son pardon pour tout le passé, lui dit de craindre le châtiment pour l'avenir, lui recommande de prendre garde de retomber dans les mêmes errements, puis le comble de grands biens, y a-t-il quelqu'un selon vous, qui ne change pas de conduite en s'entendant pardonner ainsi? Ne croyez pas cependant que la grâce s'arrête au pardon des péchés déjà commis; elle nous prémunit encore pour l'avenir, car c'est là aussi un de ses effets. Si ceux qui font le mal ne devaient jamais être punis, ce ne serait plus là de la grâce, ce serait une manière de nous exciter à courir à notre ruine et à notre perte.
Car « la grâce de Dieu, salutaire à tous les hommes, a été manifestée : nous enseignant que, renonçant à l'impiété et aux passions mondaines, nous vivions dans le présent siècle sobrement, justement et religieuse« ment, en attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ ». Voyez-vous comme à côté des récompenses il place la vertu ? De plus c'est bien là l'effet de la grâce de nous arracher aux biens terrestres pour nous conduire au ciel. L'apôtre nous montre ici deux avènements, et il y en a deux en effet, l'un de grâce, l'autre de rétribution ou de justice. — « Renonçant à l'impiété et aux passions mondaines ». C'est là le résumé de toute la vertu. Il ne dit pas : Fuyant l'impiété, mais - « Renonçant à l'impiété ». Le renoncement montre un grand éloignement, une grande haine, une grande aversion. Détournons-nous, dit-il, de la perversité et des passions du siècle avec toute l'ardeur du zèle que nous mettons à nous éloigner des idoles. car ce sont aussi des idoles que les passions du siècle, que la cupidité : et c'est ce qu'il appelle de l'idolâtrie. Toutes nos passions pour les biens qui regardent la vie présente sont des passions du siècle, tous nos désirs pour des biens qui périssent dans ce bas monde, sont des désirs mondains. Rejetons-les tous, car le Christ est venu pour que nous renoncions à l'impiété : par impiété il entend les fausses doctrines, par passion du siècle il entend une vie coupable. «Afin que nous vivions dans ce présent siècle sobrement, justement et religieusement ».