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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) Commentaire sur l'épître de Saint Paul à Tite
HOMÉLIE VI.

2.

Pourquoi donc, saint apôtre, ordonnes-tu à Tite de fermer la bouche aux contradicteurs; s'il faut les éviter, lorsqu'il font tout pour leur perte ? — Saint Paul dit très-bien qu'il ne faut jamais les réfuter en vue de leur être utile car jamais ils n'en retireront le moindre profit puisqu'ils ont l'âme pervertie. Mais s'ils veulent perdre aussi les autres, c'est alors qu'il faut lutter contre eux, les combattre, et leur résister de toutes ses forces. Si donc tu en vois d'autres se corrompre, et que tu sois dans la nécessité de parler, ne te tais point, ferme leur la bouche pour guérir ceux qui vont à (433) leur perte. Un homme qui a du zèle et qui est vertueux, ne peut pas toujours éviter le combat. Seulement qu'il ait soin de se conduire de la manière que je viens de dire. Car souvent l'inoccupation et une philosophie inutile font qu'on donne tous ses soins à la parole: or c'est se préparer un grand châtiment que de parler inutilement lorsqu'il faudrait ou enseigner, ou prier, ou rendre grâces. Il ne faut pas croire que nous devons épargner nos richesses, mais non, nos paroles : il faudrait plutôt encore être économes de celles-ci que de celles-là, et ne pas nous livrer sans réflexion à tout le monde.

Que veulent dire ces paroles : « Qu'ils apprennent à être les premiers à s'appliquer aux bonnes oeuvres? » C'est comme s'il y avait: Qu'ils n'attendent pas que les pauvres aillent vers eux, mais qu'eux-mêmes cherchent avec soin quels sont ceux qui ont besoin de leur aide. En effet, lorsqu'on se soucie des pauvres, c'est de cette manière qu'on s'en soucie, c'est avec le plus grand soin et le plus grand zèle, et, lorsqu'on agit ainsi, il y a moindre profit pour ceux qui acceptent que pour ceux qui donnent : car l'aumône donne accès auprès de Dieu. Au contraire, le combat dont nous avons parlé n'a jamais de fin, parce qu'il est très-difficile de corriger un hérétique. Or, de même que ce serait de la paresse, si l'on ne donnait pas ses soins à ceux dont on peut espérer la conversion, de même ce serait de la folie, ce serait une extrême démence que de perdre son temps auprès de ceux qui sont travaillés d'une maladie incurable : ce serait leur donner plus d'audace.

« Que les nôtres aussi apprennent à être les premiers à s'appliquer aux bonnes oeuvres pour les usages nécessaires, afin qu'ils ne soient pas sans fruit ». Remarquez-vous qu'il s'occupe plus de ceux qui donnent que de ceux qui reçoivent? Il pouvait sans doute les passer sous silence pour bien des raisons : mais, dit-il, je prends souci des nôtres. En quoi donc, dites-moi, l'apôtre veille-t-il à leurs intérêts.? Le voici si d'autres qu'eux découvrant ces trésors spirituels de l'aumône, se les appropriaient en nourrissant les docteurs, ils ne feraient, eux, aucun profit, ils resteraient sans fruit. Ainsi, dites-moi, le Christ, qui avec cinq pains a nourri cinq mille hommes, qui avec sept pains en a nourri quatre mille, n'aurait-il pas pu se nourrir lui-même, lui et ceux qui vivaient avec lui? Pourquoi donc se laissait-il nourrir par des femmes ? « Il y avait là des femmes qui le suivaient et le servaient ». (Marc, XV, 41.) Il nous apprend par là qu'il prend soin de ceux qui font le bien. Saint Paul ne pouvait-il pas ne rien recevoir de personne, lui qui de ses propres mains fournissait aux autres leur subsistance ? Vous le voyez cependant recevoir .et demander; pour quel motif? écoutez : « Ce n'est pas que je recherche des présents, mais je cherche un fruit abondant pour votre compte ». (Philipp. IV, 27.) Au commencement, lorsque, vendant tous leurs biens, les fidèles venaient en déposer le prix aux pieds des apôtres, vous voyez les apôtres s'inquiéter plus de ceux qui donnaient que de ceux qui recevaient. S'ils avaient eu peu de souci des pauvres, ils n'auraient pas puni Saphire et Ananie, lorsqu'ils eurent retenu une partie de leur argent. Quelqu'un leur commandait-il de tout donner à l'Eglise? ce n'est pas saint Paul, car il dit : « Non point à regret ni par contrainte ». (II Cor. IX, 7.) Mais quoi ! saint apôtre, veux-tu être un obstacle pour les pauvres? — Nullement, répond-il, mais ce n'est pas à leur intérêt, c'est à celui des bienfaiteurs que je veille en ce moment. Voyez encore le prophète, il ne pense pas seulement aux pauvres lorsqu'il donne les meilleurs conseils à Nabuchodonosor, il ne dit pas seulement : Donne aux pauvres, mais: « Rachète tes péchés par des aumônes, et tes iniquités en faisant miséricorde aux pauvres » (Dan. IV, 24) ; c'est-à-dire : Répands tes richesses non pas seulement pour nourrir les autres, mais pour t'arracher toi-même au châtiment. De même le Christ dit : «Vends ce que tu as et le donne aux pauvres, puis viens et me suis ». (Matth. XIX, 21.) Voyez-vous ici encore que ce précepte était donné à ceux qui voulaient suivre Jésus? Comme les richesses sont un empêchement pour la vertu, il ordonne de les donner aux pauvres, et apprend à l'âme à être miséricordieuse, à mépriser l'or, à fuir l'avarice; car celui qui apprend à donner à celui qui n'a rien, apprendra ensuite à ne rien recevoir de ceux qui sont riches. C'est par là que nous nous rendons semblables à Dieu. Il y a plus de difficulté à rester vierge, à jeûner, à coucher sur la terre, mais rien n'a autant de force et de puissance que la miséricorde pour éteindre la flamme de nos péchés : c'est de toutes les vertus la plus grande, elle rapproche du souverain Maître lui-même ceux (434) qui la cultivent, et en cela il n'y a rien que de juste. Car être vierge, jeûner, coucher sur la dure, cela ne profite qu'à celui qui tient cette conduite, nul autre n'est sauvé par là; la miséricorde au contraire s'étend à tous et embrasse tous les membres de Jésus-Christ. Or il y a bien plus de grandeur dans les belles actions qui s'étendent à tous les hommes que dans celles qui ne servent qu'à un seul.

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