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Œuvres Jean Chrysostome (344-407) In epistulam ad hebraeos argumentum et homiliae 1-34 Commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux
HOMÉLIE XXIX.

1.

Deux manières de consoler, bien contradictoires en apparence, donnent au cœur une force merveilleuse, quand on les présente ensemble aussi saint Paul les emploie-t-il l'une et l'autre. L'une a lieu, quand nous disons à une âme navrée, que plusieurs avant elle ont beaucoup plus souffert; à cette pensée, l'âme attristée se calme, parce qu'elle aperçoit de nombreux témoins de ses combats ; c'est ce moyen qu'employait précédemment saint Paul, lorsqu'il rappelait aux Hébreux leurs propres exemples: « Souvenez-vous, disait-il, de ces anciens jours, où récemment appelés à la lumière, vous avez soutenu de grands combats au milieu de diverses souffrances ». (Hébr. X, 32.) L'autre consolation parle un langage tout opposé; vous n'avez pas, dit-elle, souffert un mal bien grand ! Une observation pareille change le cours de vos idées, vous réveille, vous rend plus empressés à souffrir encore. Le premier genre de consolation était un calmant, un topique sur votre âme blessée; le second est un excitant qui ranime une âme affaiblie, relâchée , qui remue un cœur engourdi et terrassé déjà, et le tire d'une première et fâcheuse indécision. Et comme, d'ailleurs, le premier témoignage qu'il leur a rendu pourrait leur donner quelque orgueil, il croit à propos de leur dire cette seconde parole : « Vous n'avez pas encore résisté jusqu'au sang, en combattant contre le péché, et vous avez oublié la consolation... » Et, sans poursuivre alors le fil de son discours, il leur a montré d'abord tous ces héros qui ont résisté jusqu'à l'effusion de leur sang; il a ensuite ajouté que les souffrances de Jésus-Christ font notre gloire et la sienne; et après ces préliminaires, il a pu librement continuer sa course et son exhortation entraînante.

C'est dans le même sens qu'il écrivait aux Corinthiens : « Puissiez-vous n'être attaqués que par une tentation humaine » (I Cor. X, 13), c’est-à-dire petite et supportable. Car pour relever, pour redresser une âme, il suffit de lui inspirer la pensée qu'elle n'a pas encore gravi les plus hauts sommets de la vertu, et de l'en convaincre par les épreuves mêmes qu'elle a traversées déjà. Et voici bien, en effet, ce que dit l'apôtre: Vous n'avez pas encore subi la mort; vous n'avez souffert que jusque dans vos biens et dans votre gloire, que jusqu'à l'exil. Jésus-Christ a pour nous répandu son sang; vous ne l'avez pas même versé pour votre propre compte. Il a combattu, lui, jusqu'à la mort, pour la vérité, et dans votre seul intérêt; et vous n'avez pas encore affronté, vous, des périls où la vie soit en jeu.

« Et vous avez oublié la consolation »...;c’est-à-dire, vous avez laissé tomber vos bras découragés, vous avez été brisés, bien que vous n'eussiez pas encore, ajoute-t-il, résisté jusqu'au sang dans ces combats contre le péché. Cette parole nous montre (577) que le péché souffle comme l'orage, et qu'il est contre nous armé de toutes pièces. Car l'expression : « Vous avez résisté » s'adresse à des soldats fermes et debout.

« La consolation que Dieu vous adresse comme à ses fils, en vous disant : Mon fils, ne négligez pas le châtiment dont le Seigneur vous corrige, et ne vous laissez pas abattre lorsqu'il vous reprend ». Non content de les avoir consolés par les faits, il les encourage surabondamment par les paroles, et leur apporte ce témoignage de 1'Ecriture : « Ne vous laissez pas abattre », dit-il, « lorsqu'il vous reprend ». Ces paroles sont donc de Dieu lui-même. Et ce n'est pas une mince consolation pour nous, sans doute, que de reconnaître ainsi dans les événements les plus fâcheux l'œuvre de Dieu, qui les permet, comme saint Paul l'atteste lui-même : « C'est pourquoi j'ai prié trois fois le Seigneur, et il m'a répondu : Ma grâce vous suffit: car ma force éclate davantage dans la faiblesse ». ( II Cor. XII, 8.) il est donc bien vrai que Dieu permet les épreuves. « Car le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe de verges celui qu'il reçoit au nombre de ses enfants (6) ». On ne peut pas prétendre qu'un seul juste soit sans affliction ; car bien qu'au dehors rien ne paraisse, nous ne savons pas les autres tribulations intimes qu'il subit. Il faut de toute nécessité que le juste passe par ce chemin. C'est la maxime de Jésus-Christ : que la route large et spacieuse conduit à la perdition; tandis que la voie étroite et resserrée mène à la vie. (Matth. VII, 13.) Si donc, par là seulement, on peut arriver à la vie, tandis qu'il est impossible d'y parvenir autrement, concluez que tous ceux qui sont parvenus à la vie, y sont arrivés par la voie étroite.

« Si vous supportez cette rude discipline », continue-t-il, «Dieu vous regardera comme ses enfants. Car, qui est l'enfant que son père ne corrige point? » S'il le forme et l'élève, assurément c'est pour le redresser, et non pour le punir, pour se venger de lui, pour le maltraiter. Saisissez cette idée de l'apôtre. Les événements mêmes qui leur auraient fait croire à l'abandon de Dieu, doivent, selon lui, les convaincre qu'ils ne sont point abandonnés de Dieu. C'est comme s'il leur disait : Parce que vous avez subi de si rudes épreuves,. vous croyez que Dieu vous a délaissés et qu'il vous hait. Au contraire, si vous n'aviez pas ainsi souffert, vous devriez avoir ce soupçon décourageant. Car si Dieu frappe de verges celui qu'il reçoit au nombre de ses enfants, il se peut qu'on ne soit pas de ce nombre; si l'on n'est pas ainsi frappé. — Mais quoi? direz-vous : les méchants ne sont-ils donc jamais atteints? — Ils éprouvent aussi des maux, vous répondrai-je : car pourquoi seraient-ils épargnés? Aussi ne vous dit-on pas : Quiconque est frappé est son enfant; mais seulement : Tout enfant est frappé. Vous ne pouvez donc faire cette objection. Car si les coups tombent sur un grand nombre de méchants mêmes, comme sont les homicides, les brigands, les escrocs, les profanateurs de sépultures, ces misérables sont punis pour leurs crimes; et loin d'être flagellés comme . devrais fils, ils sont châtiés comme scélérats. Vous l'êtes, vous, à titre d'enfants. Voyez-vous comme l'apôtre emprunte partout ses arguments consolants? Il en trouve dans les faits de la sainte Ecriture, dans les textes sacrés, dans leurs propres idées, dans les exemples ordinaires de la vie, dans la coutume universelle.

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