2.
« Moïse ayant lu devant tout le peuple toutes les ordonnances de la loi, prit du sang des veaux et des boucs avec de l'eau , de la laine teinte en écarlate et de l'hysope et en jeta sur (523) le livre même et sur tout le peuple, en disant : C'est le sang du testament et de l'alliance que Dieu a faite en votre faveur (19, 20) ».Pour quelle raison, dites-moi , se fait cette aspersion et du livre, et du peuple, sinon parce qu'un sang précieux était figuré ainsi, bien des siècles à l'avance? Pourquoi l'hysope ? Parce que son feuillage épais et spongieux retenait mieux le sang. Pourquoi l'eau? Pour montrer cette purification qui se fait aussi par l'eau. Pourquoi la laine? Pour mieux absorber aussi le sang. Il montre ici que le sang et l'eau étaient la même chose : et en effet le baptême est le symbole de sa passion.
« Il jeta encore du sang sur le tabernacle et sur tous les vases qui servaient au culte. Selon la loi, enfin, presque tout se purifie avec le sang, et les péchés ne sont pas remis sans effusion de sang (21, 22) ». Pourquoi le mot « presque ? » Pourquoi ce correctif ? Parce que la purification d'alors n'était point parfaite, non plus que la rémission des péchés; la justification était incomplète et pour une partie très-peu considérable. Chez nous, au contraire, écoutez : « C'est le sang de la nouvelle alliance. qui est répandu pour vous pour la rémission des péchés ». (Matth. XXVI, 28.) Le livre aujourd'hui est l'âme des chrétiens que Dieu purifie ; les fidèles sont les livres de la nouvelle alliance. Quels sont les vases servant au culte? Eux encore. Et le tabernacle? Eux toujours. Car « j'habiterai en eux », dit-il, « et je marcherai en eux ». Mais on ne les aspergeait ni avec la laine ni avec l'hysope? Pourquoi ? Parce que leur purification n'était plus corporelle, mais spirituelle; le sang même était spirituel ici. Comment? Parce qu'il ne coula pas des veines d'animaux sans raison, mais d'un corps préparé par le Saint-Esprit. Voilà le sang dont Jésus-Christ, et non plus Moïse, nous arrosa par la parole déjà rapportée : « C'est le sang de la nouvelle alliance pour la rémission des péchés ». Cette parole tenant lieu de l'hysope imprégnée de sang, nous a tous arrosés. Jadis le corps était purifié extérieurement, ce n'était qu'une purification matérielle. Mais ici la purification toute spirituelle pénètre Pâme et n'est pas une simple aspersion, c'est une source vive qui jaillit dans nos âmes : Ceux qui sont initiés aux saints mystères me comprennent. Moïse ne répandait l'aspersion que sur la surface, et après l'aspersion il fallait se laver de nouveau : on ne pouvait garder longtemps cette rosée de sang. Dans nos âmes il n'en va pas ainsi : le sang se mêle à leur nature ; il les rend fortes et chastes; il y produit une beauté que le langage humain ne peut expliquer.
L'apôtre démontre encore que la mort du Sauveur n'a pas seulement une vertu confirmative, mais une vertu purificative. La mort, en effet, qui paraissait une exécration, surtout celle qu'on subissait sur une croix, cette mort nous a purifiés, dit-il, et par une purification inappréciable, et pour des faits bien autrement graves. Si les sacrifices antiques ont précédé,c'est en vue de ce sang; ainsi s'explique l'immolation des agneaux, et tout ce qui s'est fait enfin.
« Il était donc nécessaire que ce qui n'était que figure des choses célestes, fût purifié par le sang des animaux; mais que les choses célestes elles-mêmes le fussent par des victimes plus excellentes que n'ont été les premières (23) ». Quelles sont ces figures des choses célestes ? Quelles sont les choses que l'apôtre nomme maintenant célestes ? Entend-il par là le ciel, les anges? Non, il désigne ainsi ce que nous avons. Nos saints mystères sont donc dans le ciel, ils sont célestes, bien qu'ils se célèbrent sur la terre. Car les anges, bien que sur terre, sont appelés anges du ciel , et les chérubins sont célestes, bien qu'ayant apparu sur la terre. Apparu, que dis-je? Ils vivent sur la terre, comme dans le paradis; mais cette circonstance ne fait rien ; ils sont célestes par nature. « Et notre conversation à nous-mêmes est dans les cieux » (Philip. III, 20), bien que nous habitions ici-bas. — Ainsi, « les choses célestes mêmes ». C'est la sagesse que nous pratiquons, nous qui sommes appelés là-haut. — « Par des victimes », ajoute-t-il, « meilleures que les premières ». Qui dit « meilleur », suppose la comparaison de supériorité avec « bon ». Ainsi alors déjà il y avait des institutions bonnes et des copies de ce qui est au ciel; et les copies mêmes n'étaient pas un mal, car autrement vous déclarez mauvais les originaux eux-mêmes.