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De la royauté
21.
Comment donc, laissant de côté les considérations générales à propos de l’idée que nous devons nous faire d’un roi, arrivons-nous à parler du présent état de choses? La Philosophie nous apprenait tout à l’heure qu’un roi doit venir souvent au milieu de son armée, et ne point se renfermer dans son palais; car c’est, disait-elle, en se laissant approcher familièrement tous les jours qu’un souverain obtient cette affection, qui est la plus sûre de toutes les gardes. Mais quand le philosophe qui aime le roi lui prescrit de vivre avec les soldats et de partager leurs exercices, de quels soldats entend-il parler? De ceux qui sortent de nos villes et de nos campagnes, de ceux que les pays soumis à ton autorité t’envoient comme défenseurs, et qui sont choisis pour protéger l’État et les lois auxquels ils sont redevables des soins donnés à Leur enfance et à leur jeunesse. Voilà ceux que Platon compare aux chiens fidèles. Mais le berger se garde bien de mettre les loups avec les chiens; car, quoique pris jeunes, et en apparence apprivoisés, un jour ils seraient dangereux pour le troupeau : dès qu’ils sentiraient faiblir la vigilance ou la vigueur des chiens, aussitôt ils se jetteraient sur les brebis et sur le berger. Le législateur ne doit point fournir lui-même des armes à ceux qui ne sont point nés, qui n’ont point été élevés sous l’empire des lois de son pays; car quelle garantie a-t-il de leurs dispositions bienveillantes? Il faut ou une témérité singulière ou le don de la divination pour voir une nombreuse jeunesse, étrangère à nos institutions et à nos mœurs, s’exercer chez nous au métier des armes, et pour ne point s’en effrayer: car nous devons croire, ou que ces barbares se piquent aujourd’hui de sagesse, ou, si nous désespérons d’un tel prodige, que le rocher de Tantale, suspendu au-dessus de nos têtes, ne tient plus qu’à un fil. Ils fondront sur nous dès qu’ils espéreront pouvoir le faire avec succès. Voici déjà que quelques symptômes annoncent la crise prochaine. L’Empire, semblable à un malade plein d’humeurs pernicieuses, souffre en plusieurs endroits; les parties affectées empêchent ce grand corps de revenir à son état de santé et de repos. Or, pour guérir les individus comme les sociétés, il faut faire disparaître la cause du mal : c’est un précepte à l’usage des médecins et des empereurs. Mais ne point se mettre en défense contre les barbares, comme s’ils nous étaient dévoués ; mais permettre que les citoyens, exemptés, quand ils le demandent, du service militaire, désertent en foule, pour d’autres carrières, les rangs de l’armée, qu’est-ce donc, si ce n’est courir à notre perte? Plutôt que de laisser chez nous les Scythes porter les armes, il faudrait demander à nos champs les bras qui les cultivent et qui sauraient les défendre. Mais arrachons d’abord le philosophe à son école, l’artisan à son atelier, le marchand à son comptoir; crions à cette foule, bourdonnante et désœuvrée, qui vit aux théâtres, qu’il est temps enfin d’agir si elle ne veut passer bientôt des rires aux gémissements, et qu’il n’est point de raison, bonne ou mauvaise, qui doive empêcher les Romains d’avoir une armée nationale. Dans les familles comme dans les Etats, c’est sur l’homme que repose la défense commune; la femme est chargée des soins domestiques. Pouvons-nous admettre que chez nous les hommes manquent à leur devoir? N’est-ce pas une honte que les citoyens d’un empire si florissant cèdent à d’autres le prix de la bravoure guerrière? Eh ! quand même ces étrangers remporteraient pour nous de nombreuses victoires, moi je rougirais encore de leur devoir de tels services. Mais
Je le sens, je le vois1 ………………………..
et il ne faut pour le comprendre qu’un peu d’intelligence, lorsqu’entre deux races que je puis appeler l’une virile, l’autre efféminée, il n’existe aucune communauté d’origine, aucun lien de parenté, il suffira du moindre prétexte pour que la race armée veuille asservir la race pacifique : énervée par le repos, celle-ci aura un jour à lutter contre des adversaires aguerris. Avant d’en arriver à cette extrémité vers laquelle nous marchons, reprenons des sentiments dignes des Romains; accoutumons-nous à ne devoir qu’à nous-mêmes nos triomphes; plus d’alliance avec les barbares! Qu’aucune place ne leur soit laissée dans l’Etat!
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Odyssée, XVII, 193. ↩
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Rede an den Selbstherrscher Arkadios οder über das Königthum
21.
Wie kamen wir nun von der allgemeinen Darstellung, da unsere Rede den König zu schildern unternahm, auf der Dinge jetzigen Zustand? Die Philosophie forderte, daß der König häufig mit Kriegern umgehe, aber nicht in den Gemächern weile; denn sie lehrte ihn, das Wohlwollen, welches einzig des Königs stärkste Wache ist, durch täglichen Umgang gewinnen. Mit was für Kriegern also soll der König gemäß der Forderung des Philoso- S. 98 phen, des Verehrers des Königs, den Körper bilden und sich im Lager aufhalten? Offenbar mit solchen, welche ihm das Land und die Städte, kurz das beherrschte Gebiet, als Streiter geben und als Wächter für Staat und Gesetze auswählen, von welchen sie erzogen und gebildet worden; denn diese sind es, welche Platon mit Hunden verglich. Doch darf der Hirt unter die Hunde nicht Wölfe mengen, wenn sie auch einst jung aufgenommen wurden und zahm zu werden scheinen, oder er wird ihnen zum Verderben die Heerde anvertrauen, denn sobald sie den Hunden einige Schwäche oder Trägheit ansehen, werden sie über sie, die Heerde und die Hirten herfallen. Und der Gesetzgeber darf die Waffen nicht denjenigen geben, welche in seinen Gesetzen nicht geboren und erzogen wurden; denn er hat von solchen kein Unterpfand des Wohlwollens. Nur ein kecker Mann, oder Wahrsager kann eine zahlreiche fremde Jugend, die nach eigenen Gebräuchen lebt, in seinem Lande kriegerische Uebungen treiben sehen, ohne in Furcht zu gerathen. Wahrlich! entweder muß man vertrauen, daß sie alle Philosophen sind, oder, ganz daran verzweifelnd, glauben, Tantalos Stein hänge über dem Staate an zarten Fäden; denn sie werden heranstürmen, sobald sie glauben, daß ihnen der Versuch gelingen werde. Hievon haben schon einige Vorspiele statt, und es sind einige Theile des Reichs, wie eines S. 99 Körpers, entzündet, weil sich das Fremdartige nicht zu gesunder Harmonie mit ihm vereinigen kann. Ausstossen also muß man das Fremdartige aus Körpern und Staaten, würden Aerzte und Heerführer sagen. Doch keine Gegenmacht wider sie rüsten, und, als wären jene heimische Truppen, vielen auf Verlangen Dienstfreiheit gewähren, und den Unserigen gestatten, sich mit andern Dingen abzugeben, was ist dieß anders, als das Verfahren von Menschen, die ins Verderben eilen? Denn ehe man Skythen hier in Waffen gehen läßt, soll man von dem lieben Ackerbau Männer auffordern, für ihn zu streiten, und so sehr ausheben, daß wir auch den Philosophen der Schule, den Handwerker der Werk, statt entreißen und den Krämer der Bude, und den Dronenpöbel aufregen, der vor lauter Muße ganz in den Theatern lebt, und ihn bereden, einmal auch ernst zu seyn, ehe er vom Lachen zum Weinen kömmt, da weder schlechtere, noch bessere Scham es hindert, daß die Römer ihre eigene Kraft zeigen; denn wie in einem Hause, eben so ist auch in den Staaten das Schützende dem Männlichen; das auf die Sorge für das Innere Gerichtete dem Weiblichen anvertraut. Wie kann man nun ertragen, daß das Männliche bei uns fremdartig ist? Ist es nicht schändlich, daß das bevölkerteste Reich Andern den Kriegsruhm einräumt? Ja ich meines Theils würde mich schämen, wenn sie auch viele Siege S. 99 für uns erkämpften, von ihnen Vortheil zu ziehen! Fürwahr jenes kenn‘ und weiß ich nur zu wohl, (denn jedem Verständigen leuchtet es ein) daß, wenn das eben genannte Männliche und Weibliche weder verschwistert, noch sonst verwandt ist, ein geringer Umstand hinreichen wird, daß die Bewaffneten über die Städter gebieten wollen; und streiten werden dereinst Unkriegerische gegen die Kampfgeübten. Bevor es also dahin kömmt, wohin es bereits gedeiht, müssen wir den Römergeist wecken und uns gewöhnen selbst Siege zu erkämpfen, keine Gemeinschaft duldend, sondern von jedem Posten die Barbaren entfernend.