XXVI - HÉRON
[1] Il y eut un certain Héron qui était mon voisin, Alexandrin d'origine, jeune homme du monde bien doué pour l'intelligence, pur dans sa vie. Lui aussi, après beaucoup de labeurs atteint d'orgueil, se rompit le cou et eut des sentiments de superbe contre les pères, ayant outragé même le bienheureux Evagre, en disant ceci : « Ceux qui obéissent à ton enseignement sont des dupes; car il ne faut pas s'attacher à d'autres maîtres que le Christ. » Or il abusait même du Témoignage dans le sens de sa folie et il disait ceci : « Le Sauveur lui-même a dit : Ne donnez pas le nom de maître sur la terre » (Matth. 23, 8). [2] Lui aussi, il fut si enténébré que lui aussi plus lard fut mis aux fers, ne voulant pas même s'approcher des mystères. La vérité m'est chère. Il fut sobre, à l'extrême, dans son genre dévie : ainsi beaucoup racontaient, qui furent en familiarité avec lui, que souvent il mangeait au bout de trois mois, se contentant de la communion aux mystères, et si quelque part lui apparaissait un légume sauvage. Quant à moi, j'en ai fait l'épreuve avec le bienheureux Albanius, quand j'allai en Scété. [3] Or Scété était éloigné de nous de quarante milles. Durant ces quarante milles, nous mangeâmes deux fois et nous bûmes trois fois de l'eau; mais lui n'ayant goûté à rien, marchant à pied, il récita par cœur quinze psaumes, ensuite le grand, puis l'épitre aux Hébreux, puis Isaïe et une partie de Jérémie, puis Luc l'Évangéliste, puis les Proverbes. Et cela se passant ainsi, nous ne pouvions lui emboîter le pas. [4] A la lin agité par une sorte de feu, il ne put résider dans sa cella, mais étant parti pour Alexandrie, par une dispensation (divine), il chassa, comme on dit, son clou avec un clou. En effet, il tomba volontairement dans l'indifférence et plus tard trouva le salut sans le vouloir. Car il fréquenta théâtre et hippodromes, etilava.it les passe-temps des cabarets. Et de la sorte, gourmand et ivrogne, il tomba dans la fange de la concupiscence féminine. [5] Et comme il était résolu à pécher, ayant rencontré une mime, il l'entretenait de ce qui avait trait à sa plaie. Cela s'accomplissant ainsi, il lui vint un anthrax sur le gland même, et il fut tellement malade pendant une période de six mois que ses parties furent gangrenées et tombèrent. Mais plus tard, étant en pleine santé sans ces membres-là, et revenu à une mentalité religieuse, il vint confesser tout cela aux pères. Et n'ayant pas eu le temps de se mettre à l'œuvre, il mourut au bout de quelques jours.