XXIX - ÉLIE
[1] Un ascète, Elie, fut fort ami des vierges : il existe en effet de telles âmes en faveur de qui rend témoignage leur but qui tend à la vertu. Pour lui, ayant eu compassion de la classe des femmes menant la vie ascétique, ayant de quoi dépenser dans la ville d'Athribé, il construisit un grand monastère, et, à l'intérieur, il rassembla toutes les errantes, prenant soin d'elles en conséquence, leur procurant toute sorte de délassement, des jardins, des ustensiles et ce que leur vie réclame. Elles, amenées là au sortir de vies différentes, engageaient des luttes continuelles les unes avec les autres. [2] Comme il lui fallait donc et les écouter et mettre la paix, car il en rassembla environ trois cents, il se trouvait dans la nécessité d'être pendant deux ans au milieu d'elles. Cela étant, traversant l'âge de la jeunesse, car il avait environ trente ou quarante ans, il fut tenté de volupté. Et s'étant éloigné à jeun du monastère, il errait en remontant le désert pendant deux jours, demandant ceci en ces termes : « Seigneur, ou tue-moi, afin que je ne les voie pas affligées, ou prends ma passion, afin que je m'occupe d'elles conformément à la raison. » [3] Or le soir s'étant fait, il s'endormit dans le désert, et trois anges étant venus à lui, à ce qu'il racontait, le saisirent, et ils disent : « Pourquoi es-tu sorti du monastère des femmes? » Et il leur racontait l'affaire : « Parce que j'ai craint de leur nuire ainsi qu'à moi. » Ils lui disent : « N'est-ce pas. si nous te débarrassions de la passion, tu pars, tu t'occupes d'elles? » Il donna son assentiment là-dessus. Ils exigent de lui un serment. [4] Et il disait que le serment était tel : « Jure-nous ceci : Par celui qui prend soin de moi, je prends soin d'elles ». Et il leur jura. Alors ils lui saisirent un les mains et un les pieds et le troisième ayant pris un rasoir lui coupa les testicules, non en réalité mais au figuré. Il lui sembla donc avoir été même guéri, comme on dirait, dans l'extase. Ils l'interrogent : « T'es-tu aperçu de l'avantage? » Il leur dit : « J'ai été fort soulagé et je suis persuadé que je suis délivré de la passion. » [5] Ils lui disent : « Va-t'en donc. » Et s'en étant retourné après cinq jours, le monastère étant dans le deuil, il y entra, et dès lors il demeura à l'intérieur dans une cellule de côté, d'où étant plus près il leur faisait la correction continuellement, autant qu'il était en lui. Puis il vécut quarante autres années, assurant aux pères ceci : « La passion ne monte plus dans ma pensée. » Tel fut le don de ce saint qui s'occupa ainsi du monastère.