XLV - PHILOROMUS
[1] [Nous avons rencontré en Galatie et nous avons séjourné longtemps avec le prêtre Philoromus, homme très avancé en ascétisme et très patient. Il était issu d'une mère domestique et d'un père libre. Mais il montra une telle noblesse de sentiments dans le genre de vie selon le Christ que les invincibles eux-mêmes sous le rapport de la race révéraient sa vie et sa vertu. Il renonça au monde dans les jours de Julien, l'infâme empereur, et il lui parla avec franchise. Lui le fit raser et souffleter par déjeunes enfants. S'étant résigné à la chose, il lui exprima même de la reconnaissance, ainsi qu'il nous le raconta. [2] Dans les débuts, s'acharna sur lui la guerre de la fornication et de la gourmandise.
Il chassa cette passion en s'enfermant, en portant des fers et en s'abstenant de pain de blé et de tout ce qui est cuit au feu. S'étant contraint à cela pendant dix-huit ans. il chanta au Christ l'hymne du triomphe. Combattu diversement par les esprits de malice, il tint bon dans un seul monastère pendant quarante ans. Et il racontait ceci : « Pendant trente-deux ans je n'ai touché à aucun fruit. » Puis une fois, la timidité lui ayant livré des assauts, il s'enferma, pour la surmonter, six ans dans un tombeau. [3] Le bienheureux évêque Basile, charmé de son austérité et de sa fermeté, avait tout à fait soin de lui. Encore maintenant il n'a pas renoncé au calame et au quaternion pour écrire, et il est peut-être dans sa quatre-vingtième année. Il a dit ceci : « Depuis que j'ai été initié aux mystères et régénéré jusqu'aujourd'hui, je n'ai pas gratuitement mangé le pain d'un antre, mais de mes propres labeurs. » Ainsi devant Dieu, il nous persuada qu'il avait donné à des estropiés deux cent cinquante pièces de monnaie provenant du travail de ses mains, n'ayant jamais fait tort à personne. [4] Par un trajet à pied, il est allé aussi jusqu'à Rome même, pour prier sur le martyrium du bienheureux Pierre. Et il poussa auparavant aussi jusqu'à Alexandrie, pour prier sur le martyrium de Marc. Puis + il alla + aussi pour la seconde fois à Jérusalem, étant parti sur ses pieds et ayant suffi à ses dépenses. Et il disait ceci : « Je ne me souviens pas de m'être éloigné de Dieu une fois en esprit. »