LXVI VÉRUS L'EX-COMTE
[1] A Ancyre de Galatie, dans la ville elle-même, j'ai rencontré un certain Vérus, clarissime, dont j'ai eu même une longue expérience, qui était ex-comte, avec son épouse Bosporie. Ils en vinrent à un tel point de ferme espérance qu'ils frustrèrent même leurs enfants, en considérant pratiquement l'avenir. En effet ils dépensent les revenus de leurs campagnes sur ceux qui sont pauvres. Ils ont deux filles et quatre fils, à qui ils ne donnent pas de dot, excepté à celles qui ont été mariées, en disant ceci : « Après notre départ de la vie, tout est vôtre. » Mais apportant les fruits de leurs possessions, ils les distribuent dans les églises des villes et des villages. [2] Et certes, sous ce rapport, ceci également est en eux une preuve de vertu. Une famine étant survenue, qui s'attaquait même aux affections, ils ramonèrent les hérésies à l'orthodoxie, ayant fourni dans beaucoup de campagnes leurs greniers à blé pour l'alimentation des pauvres. Puis pour le reste de leur train de vie, l'ayant repris très grave tout à fait et modique, ils portent des vêtements fort peu chers, vivent d'une nourriture très peu coûteuse, pratiquant la tempérance en vue de Dieu, séjournant la plupart du temps dans leurs terres et fuyant les villes, de peur que par le plaisir partagé là, ils ne contractent quelque chose des troubles des villes et ne déchoient de leur dessein.