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Histoire de l'Église
CHAPITRE XV.
Concile de Milan.
Magnence s'étant emparé depuis la mort de Constant de l'Empire d'Occident, Constance partit pour aller en Europe, et pour s'opposer à l'établissement de sa tyrannie. Mais cette guerre là n'assoupit pas l'autre guerre qu'il avait déclarée aux 122 Catholiques. Car les Ariens qui le tenaient engagé dans leur erreur, et qui lui persuadaient tout ce qu'ils voulaient, lui persuadèrent de convoquer un Concile à Milan ville d'Italie, et de contraindre les Évêques qui y seraient assemblés, d'approuver la déposition qui avait été ordonnée à Tyr par de méchants Juges, et de les obliger ensuite à faire un nouveau formulaire de foi, depuis qu'Athanase avait été chassé de l'Église d'Alexandrie. Les Évêques se rendirent à cette ville là selon l'ordre de l'Empereur. Mais ils n'y firent rien de ce qu'il désirait. Au contraire ils eurent le courage de lui reprocher que ce qu'il ordonnait était injuste et impie, en haine de quoi ils furent exilés aux extrémités de l'Empire. Le grand Athanase parle de ceci dans son Apologie en ces termes.
« Qui pourrait jamais raconter tous les maux qu'ils ont faits ? Comme les Églises jouissaient il n'y a pas longtemps d'une paix assez profonde, et que les peuples étaient assemblés pour faire la prière en commun, Libère Évêque de Rome, Paulin Évêque de la Métropole des Gaules, Denys Évêque de la Métropole d'Italie, Lucifer Évêque de la Métropole de l'île de Sardaigne, et Eusèbe Évêque d'une ville d'Italie, tous ces Prélats dis-je recommandables par la pureté de leur vertu, et par le zèle avec lequel ils prêchaient la vérité, furent enlevés, et emmenés en exil ,à cause seulement du refus qu'ils faisaient de consentir à l'hérésie Arienne, et de signer notre condamnation. Est-il nécessaire que je parle du grand Osius, de ce célèbre Prélat qui jouit d'une si heureuse vieillesse, et qui a confessé si gé- 123 néreusement la foi ? Il n'y a personne qui ne sache qu'il est du nombre des exilés. C'est sans doute le plus illustre Ecclésiastique du siècle. Y a-t-il eu quelque Concile, où il n'ait pas présidé, et où il n'ait pas persuadé tous les esprits par la force de ses discours ? Y a-t-il quelque Église qui ne conserve pas de glorieuses marques de ses soins ? Y a-t- il quelqu'un qui dans son affliction ait eu recours à lui, et qui n'en ait pas reçu de la consolation ? Y a-t-il quelqu'un qui ait imploré son secours, et qui n'ait pas senti les effets de sa charité ? Cependant leur cruauté n'a pas épargné ce grand homme, parce que la connaissance qu'il avait de la fausseté de leurs accusations, l'avait empêché de consentir par écrit à la trame qu'ils brassaient pour nous perdre. »
On peut connaître par ce que je viens de transcrire les violences que les Ariens exercèrent contre ces saints hommes. Ce que le même Évêque raconte dans le même ouvrage fait voir l'adresse, et la malice des intrigues que les principaux de cette dangereuse faction, formèrent contre plusieurs autres personnes. Voici ses paroles.
« Quelqu'un de ceux qu'ils ont une fois entrepris de persécuter, est-il jamais tombé entre leurs mains, sans qu'il ait souffert toute sorte d'outrages ? Ont-ils jamais trouvé aucun de ceux qu'ils cherchaient, sans qu'ils l'aient fait mourir misérablement, ou sans qu'ils l'aient au moins estropié de tous ses membres ? Les exécutions que les Juges ordonnent, doivent être imputées à ces hérétiques, puisque les Juges ne sont que les ministres de leur rage, et de leur vengeance. Y a-t-il quelque lieu qui 124 n'ait point de vestiges de leur cruauté ? Quelqu'un a--il eu le courage de le déclarer contre leurs sentiments, sans qu'ils l'aient opprimé de la même sorte que Jézabel opprima autre fois Naboth ? Y a-t'il quelque Église que leur injustice n'ait pas jetée dans la douleur et dans la tristesse ? Antioche regrette la perte d'Eustate ce Prélat Orthodoxe, et ce Confesseur intrépide. Balanée, pleure l'absence d'Euphration. Palte, et Antarade celle de Cymatius, et de Cartere. Andrinople gémit pour les rigueurs exercées contre Eutrope très chéri de Dieu, et contre Lucius son successeur, que ces hérétiques ont plusieurs fois chargé de chaines, sous la pesanteur desquelles il a enfin rendu le dernier soupir. Ancyre, Berée, et Gaza, sont dans l'affliction a cause de Marcel, de Cyrus, et d' Asclepas qui ont été chargés d'outrages, et envoyés en exil par les violences de. cette artificieuse secte. Ils ont fait chercher Theodule, et Olympius Évêques de Thrace. Ils nous ont aussi fait chercher, et les Prêtres de notre Diocèse, et il n'y a pas lieu de douter qu'ils ne nous eussent fait mourir, s'ils eussent pu nous trouver. Mais nous nous échappâmes contre leur attente, dans le temps même qu'ils avaient envoyé des ordres à Donat Proconsul, contre Olympius, et qu'ils en avaient envoyé d'autres à Philagre contre nous. »
Voila l'excès de l'insolence où cette faction impie se porta contre les personnes les plus recommandables par la pureté de leur vertu. Au reste Osius dont parle Athanase, était Évêque de Cordoue, avait fort paru dans le Concile de Nicée, et avait 125 depuis tenu le premier lieu dans celui de Sardique.
J'ai dessein d'insérer dans cet ouvrage, la conférence que Libère Évêque de Rome eut avec l'Empereur Constance, pour faire voir la générosité avec laquelle il défendit la foi. Des personnes de piété qui vivaient en ce temps là, recueillirent cette conférence à dessein d'exciter le zèle des autres par l'exemple de cet Évêque de Rome, qui avait succédé à Jules successeur de Silvestre.
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The Ecclesiastical History of Theodoret (CCEL)
Chapter XVII. Synodical Act of Damasus, Bishop of Rome, and of the Western Bishops, about the Council at Ariminum.
The condemnation of this formula by all the champions of the truth, and specially those of the West, is shewn by the letter which they wrote to the Illyrians 1. First of the signatories was Damasus, who obtained the presidency of the church of Rome after Liberius, and was adorned with many virtues 2. P. 83 With him signed ninety bishops of Italy and Galatia 3, now called Gaul, who met together at Rome. I would have inserted their names but that I thought it superfluous.
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“The bishops assembled at Rome in sacred synod, Damasus and Valerianus 4 and the rest, to their beloved brethren the bishops of Illyria, send greeting in God.
“We believe that we, priests of God, by whom it is right for the rest to be instructed, are holding and teaching our people the Holy Creed which was founded on the teaching of the Apostles, and in no way departs from the definitions of the Fathers. But through a report of the brethren in Gaul and Venetia we have learnt that certain men are fallen into heresy.
“It is the duty of the bishops not only to take precautions against this mischief, but also to make a stand against whatever divergent teaching has arisen, either from incomplete instruction, or the simplicity of readers of unsound commentators. They should be minded not to slide into slippery paths, but rather whensoever divergent counsels are carried to their ears, to hold fast the doctrine of our fathers. It has, therefore, been decided that Auxentius of Milan is in this matter specially condemned. So it is right that all the teachers of the law in the Roman Empire should be well instructed in the law, and not befoul the faith with divergent doctrines.
“When first the wickedness of the heretics began to flourish, and when, as now, the blasphemy of the Arians was crawling to the front, our fathers, three hundred and eighteen bishops, the holiest prelates in the Roman Empire, deliberated at Nicæa. The wall which they set up against the weapons of the devil, and the antidote wherewith they repelled his deadly poisons, was their confession that the Father and the Son are of one substance, one godhead, one virtue, one power, one likeness 5, and that the Holy Ghost is of the same essence [^55] and substance. Whoever did not thus think was judged separate from our communion. Their deliberation was worthy of all respect, and their definition sound. But certain men have intended by other later discussions to corrupt and befoul it. Yet, at the very outset, error was so far set right by the bishops on whom the attempt was made at Ariminum to compel them to manipulate or innovate on the faith, that they confessed themselves seduced by opposite arguments, or owned that they had not perceived any contradiction to the opinion of the Fathers delivered at Nicæa. No prejudice could arise from the number of bishops gathered at Ariminum, since it is well known that neither the bishop of the Romans, whose opinion ought before all others to have been waited for, nor Vincentius, whose stainless episcopate had lasted so many years, nor the rest, gave in their adhesion to such doctrines. And this is the more significant, since, as has been already said, the very men who seemed to be tricked into surrender, themselves, in their wiser moments, testified their disapproval.
“Your sincerity then perceives that this one faith, which was founded at Nicæa on the authority of the Apostles, ought to be kept secure for ever. You perceive that with us, the bishops of the East, who confess themselves Catholic, and the western bishops, together glory in it. We believe that before long those who think otherwise ought without delay to be put out from our communion, and deprived of the name of bishop, that their flocks may be freed from error and breathe freely. For they cannot be expected to correct the errors of their people when they themselves are the victims of error. May the opinion of your reverence be in harmony with that of all the priests of God. We believe you to be fixed and firm in it, and thus ought we rightly to believe with you. May your charity make us glad by your reply.
“Beloved brethren, farewell.”
[^55] : ὑπόστασις
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The letter is given in Soz. vi. 23. The Latin text (Coll. Rom. ed. Holsten. p. 163) differs materially from the Greek. ↩
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These were displayed after his establishment in his see. He was the nominee of the Arian party, and bloody scenes marked the struggle with his rival Ursinus. “Damasus et Ursinus, supra humanum modum ad rapiendam episcopatus sedem ardentes, scissis studiis asperrime conflictabantur, adusque mortis vulnerumque discrimina progressis.…Constat in basilica ubi ritus christiani conventiculum uno die centum triginta septem reperta cadavera peremptorum.” Amm. Marc. xxvii. 3, 13. “But we can say that he used his success well, and that the chair of St. Peter was never more respected nor more vigorous than during his bishopric.” Mr. Moberly in Dict. Christ. Biog. i. 782. Jerome calls him (Ep. Hier. xlviii. 230) “an illustrious man, virgin doctor of the virgin church.” But not his least claim to our regard is that in the Catacombs it was his “labour of love to rediscover the tombs which had been blocked up for concealment under Diocletian, to remove the earth, widen the passages, adorn the sepulchral chambers with marble, and support the friable tufa walls with arches of brick and stone.” “Roma Sotterranea,” Northcote and Brownlow, p. 97. ↩
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Γαλάται = Κέλτοι , the older name, which exists in Herodotus II. 33 and IV. 49. Pausanias (I. iii. 5) says ὀψὲ δέ ποτε αὐτοὺς καλεὶσθαι Γαλάτας ἐξενίκησε, Κέλτοι γὰρ κατά τε σφᾶς τὸ ἀρχαῖον καὶ παρὰ τοῖς ἄλλοις ὠνομάζοντο. Galatia occurs on the Monumentum Ancyranum. Bp. Lightfoot (Galat. p. 3) says the first instance of Gallia (Galli) which he has found in any Greek writer is in Epictetus II. 20, 17. ↩
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In Sozomen, Valerius, Bishop of Aquileia. “But little is known of his life, but under his rule there grew up at Aquileia the society of remarkable persons of whom Hieronymus became the most famous.” Dict. Christ. Biog. iv. 1102. ↩
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χαρακτήρ ; contrast the statement in Heb. i. 3 , that the Son is the χαρακτήρ of the person of the Father. χαρακτήρ in the letter of Damasus approaches more nearly our use of “character” as meaning distinctive qualities. cf. Plato Phæd. 26 B. ↩