Edition
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Ad Martyras
I.
[1] Inter carnis alimenta, benedicti martyres designati, quae vobis et domina mater ecclesia de uberibus suis et singuli fratres de opibus suis propriis in carcerem subministrant, capite aliquid et a nobis quod faciat ad spiritum quoque educandum. Carnem enim saginari et spiritum esurire non prodest. Immo, si quod infirmum est curatur, aeque quod infirmius est neglegi non debet
[2] Nec tantus ego sum, ut vos alloquar; verumtamen et gladiatores perfectissimos non tantum magistri et praepositi sui, sed etiam idiotae et supervacui quique adhortantur de longinquo, ut saepe de ipso populo dictata suggesta profuerint.
[3] Inprimis ergo, benedicti, «nolite contristare Spiritum sanctum», qui vobiscum introiit carcerem. Si enim non vobiscum nunc introisset, nec vos illic hodie fuissetis. Et ideo date operam ut illic vobiscum perseveret et ita vos inde perducat ad Dominum.
[4] Domus quidem diaboli est et carcer, in qua familiam suam continet. Sed vos ideo in carcerem pervenistis, ut illum etiam in domo sua conculcetis. Iam enim foris congressi conculcaveratis.
[5] Non ergo dicat: «In meo sunt, temptabo illos vilibus odiis, defectionibus, aut inter se dissensionibus.» Fugiat conspectum vestrum, et in ima sua delitescat contractus et torpens, tamquam coluber excantatus aut effumigatus. Nec illi tam bene sit in suo regno, ut vos committat, sed inveniat munitos et concordia armatos: quia pax vestra bellum est illi.
[6] Quam pacem quidam in ecclesia non habentes a martyribus in carcere exorare consueverunt. Et ideo eam etiam propterea in vobis habere et fovere et custodire debetis, ut, si forte, et aliis praestare possitis.
Traduction
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Aux martyrs
I.
Bienheureux martyrs désignés, pendant que l'Eglise, notre mère et notre maîtresse, vous nourrit du lait de sa charité, et que le généreux désintéressement de vos frères apporte dans votre prison de quoi soutenir la vie du corps, permettez-moi aussi de contribuer pour ma part à la nourriture de votre âme. Vous le savez, engraisser la chair et laisser jeûner l'esprit, ne sert à rien. Il y a mieux: si l'on soigne ce qui est faible, à plus forte raison ne faut-il pas négliger ce qui est plus faible encore. Mais qui suis-je pour oser vous encourager? Toutefois, les gladiateurs les plus consommés dans leur art permettent non-seulement aux maîtres de la science et à leurs chefs, mais encore aux ignorants et aux inhabiles, de leur adresser des exhortations. Le peuple lui-même les anime de loin, et quelquefois utilement.
Je vous recommanderai avant tout, bienheureux confesseurs, de ne pas «contrister l'Esprit saint» qui est entré avec vous dans la prison. S'il n'y était pas entré avec vous, certainement vous n'y seriez pas enfermés aujourd'hui. Travaillez donc à ce qu'il demeure toujours avec vous, afin que de là il vous conduise au Seigneur. La prison est la forteresse où le démon enferme sa famille. Mais pour vous, vous n'avez franchi ces portes que pour fouler aux pieds l'ennemi jusqu'au centre de son empire, et y achever un triomphe commence ailleurs. Qu'il ne puisse donc pas dire: Ils sont chez moi; je les tenterai par de basses animosités, par de lâches affections, par des rivalités jalouses. Non; qu'il fuie à votre aspect; qu'il aille se cacher au fond de son repaire, honteux et rampant, comme un de ces reptiles que l'on chasse par des paroles ou des flammes magiques. Qu'il ne soit point assez heureux pour vous commettre l'un avec l'autre jusque dans son domaine; mais qu'il vous trouve toujours prêts et armés de concorde. Car votre paix à vous, c'est sa plus cruelle guerre; paix, au reste, si précieuse, que les infortunés qui l'ont perdue dans l'Eglise, vont d'ordinaire la demander aux martyrs dans leurs cachots. Raison de plus pour la garder parmi vous, pour la maintenir avec persévérance, afin qu'il vous soit possible de la distribuer aux autres.